16 juin 2018

En Bref (16 juin 2018)

L’équilibre précaire des régimes de retraite

Les régimes de retraite pourraient rester excédentaires en 2018 et 2019, mais la situation pourrait être tout autre à l’avenir. D’après le rapport annuel du Conseil d’Orientation des Retraites sur les équilibres financiers des régimes, le besoin de financement des retraites en 2022 s’élèverait à 0,2 point de PIB, soit 4,5 à 5 milliards d’euros. Par rapport aux prévisions du mois de novembre dernier, une légère dégradation est attendue.

Après une phase d’aggravation culminant autour de 2030 (9 à 11 milliards d’euros de besoin de financement annuel), le retour à l’équilibre interviendrait a priori au début de la décennie 2040 à condition que la croissance de la productivité atteigne 1,5 % par an. Or, depuis plusieurs années, elle est nettement inférieure à ce taux, ce qui rend incertain le retour à l’équilibre.

Le Conseil d’orientation des retraites souligne la baisse tendancielle de la pension moyenne par rapport aux revenus d’activité. Ce ratio va diminuer de 21 à 36 % d’ici à 2070. Cela « ne signifie pas un appauvrissement en termes réels des futures générations de retraités ». Cette situation est la conséquence des réformes engagées depuis 1993 et notamment de la mise en œuvre de la désindexation des salaires de référence.

  

Une loi en faveur de la dépendance en 2019 

Lors du 42e congrès de la Mutualité française à Montpellier, Emmanuel Macron a prononcé, un discours sur la politique sociale qu’il entend mener. Le Président de la République a centré son intervention sur trois grands défis : la santé, l’âge et l’exclusion et a fait le diagnostic du système de santé et de retraites actuels, « Il faut produire pour redistribuer », a plaidé le chef de l’État dont le « combat pour ce quinquennat » est « une vie digne », avec « le travail comme clé de l’émancipation ». Il a souligné que le système social est « plus inégalitaire qu’il y a trente ans ». Il a dénoncé l’écart entre « droits réels » et « droits promis ».

En matière de santé, Emmanuel Macron a tenu à placer la prévention au cœur de ses priorités. « Notre système soigne bien mais prévient mal ». Trois nouvelles consultations seront mises en place pour renforcer le dépister des troubles visuels et auditifs de l’enfant. Ces consultations seront effectuées par le médecin traitant ou scolaire. Il a également souligné la nécessité de faciliter l’accès des Français aux soins. « Le remboursement des lunettes ne sert à rien si on met douze mois à avoir un rendez-vous avec un ophtalmologue ! (…) Il faut aller plus loin dans la formation des opticiens, nous augmenterons le nombre d’audioprothésistes ». Il a évoqué « cinq services minimum » pour les patients.

Sur les retraites, le Président de la République a répété le calendrier de la réforme avec une adoption définitive prévue pour l’été 2019. Il a réaffirmé les principes de la réforme. Le système de retraite par points sera un système de répartition « avec solidarité intergénérationnelle ». « Un euro cotisé devra donner pour tous les mêmes droits ».

Attendue depuis des années, Emmanuel Macron a annoncé qu’une loi sur le risque de dépendance serait votée avant fin 2019, pour réformer et financer la prise en charge des personnes dépendantes.

 

Révision des prévisions de croissance à la baisse

Selon les projections de la Banque de France finalisées fin mai 2018, la croissance du PIB français s’élèverait en 2018, à 1,8 %. Elle se réduirait ensuite légèrement à 1,7 % en 2019 et 1,6 % en 2020.

Passée la faiblesse du début d’année 2018, la croissance s’installerait sur un rythme de l’ordre de 0,4 % par trimestre avec une composition équilibrée. La consommation des ménages pénalisée en 2018 par la hausse du prix du pétrole, s’améliorerait dès 2019 grâce au regain du pouvoir d’achat. L’investissement ralentirait mais resterait plus soutenu que le PIB. Les exportations, sauf amplification de la guerre commerciale, devraient rester soutenues avec une contribution neutre du commerce extérieur net à la croissance.

L’inflation augmenterait temporairement à 2,0 % en moyenne annuelle en 2018 sous l’effet de l’augmentation des prix de l’énergie et des hausses de taxes sur le tabac et les carburants, avant de se replier à 1,5 % en 2019. Elle se situerait en 2020 à 1,8 %. La Banque de France parie sur une appréciation des salaires à partir de 2019 en relation avec la baisse du chômage.

Dans ce contexte économique, le ratio de déficit public (2,6 % du PIB en 2017) diminuerait faiblement cette année à 2,5 % du PIB. Ce taux est supérieur à celui notifié à Bruxelles.

La Banque de France considère que les créations d’emploi seraient en légère baisse en 2018 et 2019 notamment en relation avec la diminution des contrats d’emplois aidés. Les créations nettes d’emploi totales seraient ainsi proches de 200 000 en 2018 puis se maintiendraient sur un rythme de l’ordre de 180 000 par an, malgré la baisse du taux de croissance du PIB, soutenues par la transformation du CICE (crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi) en allègements de cotisations sociales employeurs. Le taux de chômage passerait ainsi de 9,2 % au premier trimestre 2018 à 8,2 % fin 2020, son plus bas niveau depuis fin 2008.

En Allemagne, la Bundesbank a également révisé à la baisse son taux de croissance pour 2018 de 2,5 à 2 %. Pour 2019 et 2020, la banque centrale a retenu un taux de respectivement de 1,9 et 1,6 %. Elle prend en compte pour 2018 la moindre progression de la production industrielle. La croissance serait entravée comme en France par l’augmentation du prix du pétrole.