28 mars 2015

Et si les Allemands étaient nos meilleurs amis

Depuis le début de la crise, il est de bon ton de railler l’égoïsme allemand. La Chancelière, Angela Merkel, est accusée sur le plan économique d’être psychorigide et d’imposer une austérité qui n’aboutit qu’à accroitre la pauvreté. Or, au-delà des  effets de manche, la réalité est peut être toute autre. L’Allemagne est en train de consentir des efforts de grande ampleur pour sauver la zone euro. Ce qui est certain c’est qu’elle met en œuvre une politique qui n’est pas totalement conforme à ses intérêts de court terme.

 

L’euro faible n’est pas en soi profitable pour l’Allemagne. Au-delà des considérations historiques et psychologiques, un euro faible est, en effet contre-productif pour l’économie allemande. Le processus de production de l’Allemagne repose sur un fort volume d’importations de biens intermédiaires en provenance des pays émergents ainsi que des pays d’Europe orientale et centrale. A titre de comparaison, l’Allemagne importe deux fois plus que la France. La dépréciation de l’euro accroît le coût des importations. Par ailleurs, en raison du niveau élevé de gamme de la production de l’Allemagne, la sensibilité des exportations de l’Allemagne à leur prix est faible ; elle est inférieure à 0,2. De ce fait, une baisse du prix des exportations n’avantage que marginalement l’Allemagne.

 

Les pouvoirs publics et le patronat allemand ont accepté le principe de l’augmentation des salaires et de certaines prestations afin de relancer la demande intérieure. L’instauration du salaire minimum ainsi que les derniers accords salariaux aboutissent à une détérioration de la compétitivité des entreprises allemandes. Une telle politique remet en cause les fondements de la croissance de ces dernières années.

 

L’Allemagne en dégageant des excédents commerciaux et du fait du vieillissement de sa population possède structurellement un fort taux d’épargne. Or, le maintien de faibles taux d’intérêt pèse sur la rémunération de l’épargne et nuit aux épargnants et en particulier aux épargnants retraités.

 

L’Allemagne a accepté de payer de sa personne pour venir en aide à l’Europe du Sud. Certes, ce sacrifice est gagnant sur le long terme. En effet, les Allemands ont besoin d’une Europe du Sud solvable pour recouvrer leurs créances, plus de 3000 milliards d’euros et pour exporter. L’Allemagne n’a pas le choix de sa politique simplement elle n’aime pas se sentir obligée !