13 décembre 2014

Fitch dégrade la France, what’s else ?

Les Français et les gouvernements commencent à prendre l’habitude des annonces de dégradation de la note de la France par les agences de notation. Le 13 décembre, Fitch a ainsi abaissé la note de  »AA+ » à  »AA » avec « une perspective stable ».

Cette dégradation fait suite aux perspectives négatives qui avaient été énoncées au mois d’octobre dernier. Fitch considère que l’abaissement de la note était inévitable du fait qu’il n’y avait pas de changement de trajectoire de la dette publique. Les annonces de réduction des dépenses par le Gouvernement qui portent sur 3,6 milliards d’euros sont jugées insuffisantes. Elles ne représentent que 0,17 % du PIB et ne permettraient de diminuer le déficit public qu’à 4,1 % contre 4,3 % initialement prévu.

L’agence note que depuis 2013 la France est incapable de réduire son déficit public. En effet, l’objectif de 2015 à 4,1 % est le résultat du déficit atteint en 2013. Elle prend acte que désormais le taux de 3 % ne sera atteint au mieux qu’en 2017.

L’agence indique que la France devrait flirter avec une dette publique représentant 100 % du PIB. Or, seule la Belgique, avec un tel niveau de dette est classée AA avec des perspectives négatives, par ailleurs et cela malgré des efforts conséquents réalisés ces dernières années. Fitch considère que la dette publique ne reviendra sous la barre des 95 % qu’à la fin de la décennie.

Fitch constate que le déficit des paiements courants s’est stabilisé après une tendance à la détérioration durant  10 ans en raison de la perte de parts de marché d’exportation de la France. Il n’est pas jugé excessif. En revanche, la dette extérieure nette de la France est significativement plus élevée que celle des pays ayant la même note.

L’agence est pessimiste sur les évolutions à court terme compte tenu des faibles perspectives de croissance et d’inflation et souligne que l’atteinte des objectifs gouvernementaux n’est pas garantie. Malgré l’effet bénéfique de la baisse des cours du pétrole, de la dépréciation de l’euro et des faibles taux d’intérêt, Fitch s’attend à une croissance de 0,8 % en 2015 quand le Gouvernement espère 0,9 %. Le taux de chômage devrait avoisiner 10,5 % l’année prochaine. Fitch note que le taux de croissance de la France est désormais inférieur à la moyenne de la zone euro. Elle considère que les réformes structurelles si elles sont menées à leur terme pourraient générer un surcroit de croissance de 0,6 point par an durant les prochaines années.

Points positifs, Fitch juge que le risque de financement de la France est faible, du fait que la durée moyenne des titres est de 7 ans, que les coûts d’emprunt sont réduits et que le pays dispose d’une grande flexibilité de financement. La dette publique est entièrement libellée en euros plutôt qu’en monnaie étrangère. Par ailleurs, l’agence prend en compte que la France a une économie riche et diversifiée, que l’endettement des ménages est maîtrisé. Leur taux d’épargne élevé figure, en outre, parmi les plus élevés d’Europe. La stabilité et la gouvernance politique est ancré par des institutions civiles et sociales solides et efficaces.

L’agence Fitch considère que le secteur financier est relativement solide. Au cours des dernières années, les bilans ont été nettoyés avec un renforcement de la liquidité, du capital et de l’effet de levier.

Si l’analyse de Fitch est sans concession, elle n’aura à court terme pas de conséquence sur les conditions d’emprunt de la France. Notre pays bénéficie de circonstances favorables du fait des taux historiquement bas et de la réduction des besoins financiers de l’Allemagne qui est situation d’équilibre budgétaire. Le ralentissement économique au sein des pays émergents incite les investisseurs à trouver des placements sûrs en Occident.