9 août 2014

France, il faudra souffrir

La rentrée sera donc au mieux grise. La France peut-elle entrer en récession d’ici la fin de l’année ? Pas impossible d’autant plus que la remise en ordre des finances publiques passe bien souvent par une récession. La France doit, en outre, corriger son déficit commercial ce qui suppose de réduire le niveau de consommation de la population ou d’améliorer la compétitivité des entreprises françaises. Pour rééquilibrer les échanges extérieurs, une réduction de la demande interne est souvent nécessaire pour inciter les entreprises à chercher à l’extérieur des parts de marché. Le problème, c’est que la France est un pays de services. Le potentiel d’exportation de la France s’est contracté ces dernières années. La France doit donc attirer des capitaux extérieurs et développer ses activités touristiques afin de rééquilibrer sa balance des paiements courants. Pour atteindre les 3 % du PIB de déficit public en 2015, il faudrait le diminuer de 24 milliards d’euros ce qui représente une réduction de plus de 25 %. Une telle contraction que ce soit par majoration des prélèvements obligatoires ou par réduction des dépenses aura un impact récessionniste évident.

L’Espagne, le Portugal, l’Irlande ou la Grèce n’ont pas échappé à la récession qui a été provoquée par la mise en place d’assainissement. La France essaie de se convaincre qu’il est possible de revenir à 3 % de déficit public en souffrant un peu mais pas trop et en surfant sur la ligne de la stagnation. Avec une dette à 93 % du PIB et avec un déficit qui flirte avec les 4 %, il n’y a pas de marges de manœuvre. Il faut prendre des mesures énergiques et impopulaires. Certes, Manuel Valls en appelle à la Commission européenne en espérant l’engagement d’un plan de relance. Certes, il peut rêver que la croissance américaine arrive jusqu’à nos rives et qu’elle se maintienne au niveau atteint au 2ème trimestre (c’est un peu illusoire). Or, malheureusement, le scénario risque d’être tout autre.

Le Gouvernement français met la pression sur l’Allemagne afin qu’elle relance son économie. Or, ce n’est pas dans l’habitude de cette dernière de mener des actions de soutien de la consommation. En outre, du fait d’une population âgée et relativement bien payée, la demande intérieure est peu sensible aux stimuli keynésiens. Un accroissement des salaires pourrait ainsi favoriser l’épargne et non la consommation.

En demandant au gouvernement allemand de l’aider, les autorités françaises espèrent par ricochet que la nouvelle Commission de Bruxelles soit plus souple et qu’elle mette en œuvre un plan de soutien à l’activité.