2 août 2014

France, la consommation ne pourra pas tout !

Même si les professionnels se plaignent des mauvais résultats des soldes, au niveau statistique, les Français se sont fait plaisir au deuxième trimestre en renouant avec la consommation. La consommation au mois de juin a, en effet, enregistré une croissance de 0,9 % faisant suite à une progression de 0,7 % en mai, portant la hausse du deuxième trimestre à 1 %. Certes, cette augmentation trimestrielle est liée avant à la progression des dépenses en énergie survenue en mai.

Ce résultat de la consommation devrait éviter à la France de passer en négatif pour la croissance du PIB au deuxième trimestre. Néanmoins, le Premier Ministre a, le 31 juillet, plus ou moins admis que la croissance serait faible voire nulle.

Autre point positif, la confiance des ménages a cessé de se détériorer. Selon l’Insee, la confiance des ménages français est restée stable au mois de juillet. L’indicateur demeure néanmoins nettement en dessous de son niveau moyen sur longue période. Au mois de juillet, l’opinion des ménages sur leur situation financière future s’améliore pour le troisième mois consécutif avec un gain de 2 points. Il est de même pour la situation financière personnelle passée qui gagne trois points. La proportion de ménages considérant comme opportun de faire des achats importants est quasi stable (–1 point). En revanche, ces trois soldes demeurent nettement en dessous de leur moyenne de longue période.

L’opinion des ménages sur leur capacité d’épargne actuelle baisse légèrement en juillet (–2 points). Celle sur leur capacité d’épargne future est quasi stable (–1 point), après une hausse de 7 points en juin. Ces deux soldes se maintiennent au-dessus de leur moyenne de long terme.

La proportion de ménages considérant qu’il est opportun d’épargner est stable et reste également au-dessus de sa moyenne de longue période.

Indicateur synthétique de confiance des ménages

Au niveau de la production, l’optimisme n’est pas de rigueur. La croissance française est entravée par la baisse du chiffre d’affaires des entreprises de l’industrie manufacturière. Il s’s’est contracté fortement de 1,4 % faisant suite à une baisse de 0,2 % au mois d’avril. Au cours des trois derniers mois, le chiffre d’affaires diminue dans l’industrie manufacturière de 0,7 % et dans l’ensemble de l’industrie de 1,1 %.

Ce recul s’accompagne d’un repli pour l’exportation de 3 % prouvant la perte de compétitivité de l’industrie française à l’extérieur.

Manuel Valls a, avant le départ en vacances du Gouvernement, souligné que la situation française était plus compliquée que prévue. Il semble vouloir préparer la majorité et la population à un tour de vis à la rentrée. Il est vrai que compte tenu de la croissance actuelle, la France ne pourra pas respecter son objectif de déficit public de 3 % en 2015. Compte tenu de l’absence de croissance, le déficit devrait être de 4 % en 2014 au lieu des 3,5 % prévus. En 2013, le déficit s’était élevé à 4,3 %. Face à la dérive, le Gouvernement pourrait être amené à réduire le train de vie de l’Etat d’une dizaine de milliards d’euros d’ici la fin de l’année ou d’augmenter les prélèvements obligatoires d’un même montant. Un mix des deux est probable. La taxe intérieure sur les produits énergétiques pourrait être relevée d’autant plus qu’il faut compenser le manque à gagner de l’écotaxe. Plusieurs autres taxes liées à la consommation pourraient être aussi augmentées. La question qui pourrait se poser, d’ici quelques semaines, est l’éventuel relèvement de la CSG pour financer les dépenses d’assurance-maladie. Il faudra également trouver des ressources pour couvrir les dépenses liées à la réforme attendue de la dépendance. Il est certes envisagé de différer cette réforme à des temps meilleurs. Côté économies, les marges sont faibles. Il est difficile au Gouvernement d’aller plus loin dans la rigueur avec les fonctionnaires. Il pourrait certes réduire plus drastiquement les embauches. Le projet de loi de finances pour 2015 qui est en cours de finalisation sera très tendu. Il devra intégrer la faible croissance de 2014 sans pour autant reposer sur une reprise de l’économie l’année prochaine.