19 mai 2023

Hier à demain – inflation – chômage – emploi – alimentation

Un taux de chômage inconnu depuis quarante ans

Au premier trimestre 2023, selon l’INSEE, le nombre de chômeurs au sens du Bureau international du travail (BIT) a légèrement diminué par rapport au trimestre précédent (7 000), pour s’établir à 2,2 millions de personnes. Le taux de chômage au sens du BIT demeure ainsi stable à 7,1 % de la population active en France (hors Mayotte). Le taux de chômage est ainsi inférieur de 0,3 point à son niveau du premier trimestre 2022 et de 3,4 points à son sommet de la mi-2015. Hors période de covid, des niveaux équivalents ont été mesurés au premier trimestre 2008 (7,2 %) et au deuxième trimestre 1982 (7,1 %). La France semble mettre un terme à quarante ans de chômage de masse.

Cercle de l’Épargne – données INSEE

Sur le trimestre, le taux de chômage des jeunes diminue très légèrement, de 0,2 point, à 16,6 %. Il se situe presque au même niveau qu’il y a un an (‑0,1 point) et 5,2 points au-dessous de son niveau d’avant la crise sanitaire (fin 2019). Le taux de chômage des 25-49 ans est quasi stable (‑0,1 point) sur le trimestre, à 6,4 %, soit 0,3 point au-dessous de son niveau de début 2022. Le taux de chômage des 50 ans ou plus est, en revanche, en hausse sur le trimestre (+0,2 point) à 5,2 %. Il demeure malgré tout inférieur à son niveau d’un an auparavant (‑0,3 point).

Sur le trimestre, le taux de chômage des hommes est stable à 7,4 % et celui des femmes quasi stable (0,1 point) à 6,8 %. Un an auparavant leurs taux de chômage respectifs étaient presque au même niveau (7,4 % pour les hommes, 7,3 % pour les femmes). L’écart entre les hommes et les femmes tend à s’accroître au détriment des premiers. Jusqu’en 2008, le taux de chômage des hommes était inférieur à celui des femmes. La dégradation de la situation des hommes face à l’emploi est liée à la désindustrialisation qui les a plus touchés que les femmes, et aux difficultés d’insertion des jeunes hommes.

Cercle de l’Épargne – données INSEE

Parmi les chômeurs, 569 000 personnes en moyenne au premier trimestre 2023 déclarent être sans emploi et en rechercher un depuis au moins un an. Le taux de chômage de longue durée est stable (‑0,1 point) sur le trimestre, à 1,8 % de la population active. Ce niveau est inférieur de 0,4 point à celui de début 2022 et au plus bas depuis le premier trimestre 2009 (1,7 %) hors période covid.

Le taux d’emploi au plus haut

Même si la France a un taux d’emploi inférieur à la moyenne de l’Union européenne, celui-ci est en augmentation et a atteint son plus haut niveau depuis que l’INSEE le mesure (1975). En moyenne au premier trimestre 2023, le taux d’emploi des 15-64 ans augmente de 0,3 point et atteint 68,6 %. Il se situe 0,6 point au-dessus de son niveau du premier trimestre 2022.

Sur le trimestre, le taux d’emploi augmente pour toutes les classes d’âges. Pour les jeunes, il augmente de 0,2 point sur le trimestre, portant à +0,7 point la hausse sur un an, pour atteindre 35,3 %, son plus haut niveau depuis 1990. Pour les 25-49 ans, le taux d’emploi augmente de 0,3 point sur le trimestre à 83,0 %. Il se situe 0,6 point au-dessus de son niveau d’il y a un an, et au plus haut depuis début 2008. Enfin, le taux d’emploi des 50-64 ans augmente de 0,3 point sur le trimestre et de 1,0 point sur un an, à 66,5 %, ce qui constitue un nouveau point haut depuis 1975.

Cercle de l’Épargne – données INSEE

Le sous-emploi en baisse

Au premier trimestre 2023, 4,4 % des personnes en emploi sont en situation de sous-emploi. Cette part diminue de 0,2 point sur le trimestre et se situe 0,3 point au-dessous de son niveau du premier trimestre 2022, 1,5 point sous son niveau de fin 2019.

En moyenne sur le trimestre, 16,5 % des participants au marché du travail (personnes actives ou dans le halo autour du chômage) se trouvent contraints dans leur offre de travail, que celle-ci ne soit pas utilisée (au chômage ou dans le halo autour du chômage), ou sous-utilisée (en sous-emploi). Cette part est stable sur le trimestre mais elle se situe 0,3 point au-dessous de son niveau d’un an auparavant et 2,4 points au-dessous de son niveau de fin 2019.

Près de 32 heures par semaine par emploi

Au premier trimestre 2023, le nombre moyen d’heures travaillées par emploi s’établit à 31,7 heures par semaine (en données corrigées des variations saisonnières), soit 0,3 % au-dessus de son niveau du quatrième trimestre 2019. Cette légère hausse par rapport à l’avant-crise résulte notamment d’un effet calendaire lié au faible nombre de congés scolaires en début d’année 2023, alors que le nombre de personnes absentes de leur emploi pour congé maladie demeure plus élevé qu’avant-crise.

Plus de la moitié des actifs en CDI

Le taux d’emploi en contrat à durée indéterminée (CDI) des 15-64 ans est quasi stable (+0,1 point) sur le trimestre, à 50,6 %. Il se situe 0,8 point au-dessus de son niveau d’avant la crise sanitaire (fin 2019). Le taux d’emploi en contrat à durée déterminée (CDD) ou en intérim augmente de 0,1 point sur le trimestre, soit à 6,8 %, et retrouve ainsi son niveau d’avant-crise. Les taux d’emploi des indépendants et des alternants sont stables sur le trimestre et se maintiennent au-dessus de leur niveau d’avant-crise (respectivement de 0,5 point et 0,6 point).

Le taux d’activité en augmentation

Avec l’amélioration du marché de l’emploi, un nombre croissant de personnes s’y présentent faisant augmenter le taux d’activité. Ce dernier progresse pour les 15-64 ans de 0,2 point sur le trimestre à 73,9 %. Il dépasse de 0,5 point son niveau de début 2022 et de 1,1 point son niveau de fin 2019. Il est à son plus haut niveau depuis que l’Insee le mesure (1975).

Sur le trimestre, le taux d’activité des jeunes est quasi stable (+0,1 point), à 42,3 %, comme celui des 25-49 ans à 88,6 % (+0,1 point). Le taux d’activité des 50-64 ans augmente quant à lui de 0,5 point et atteint 70,3 %.

La part des jeunes ni en emploi ni en formation en légère baisse

Au premier trimestre 2023, la part des jeunes de 15 à 29 ans qui ne sont ni en emploi, ni en formation, ni en études (NEET) diminue de 0,2 point à 12,3 %, après une hausse de 0,9 point au trimestre précédent. Malgré la forte hausse de leur taux d’emploi, cette part se situe 0,4 point au-dessus de son niveau de début 2022.

Cercle de l’Épargne – données INSEE

Dans un contexte de ralentissement de l’activité économique, le taux de chômage se stabilise après une période de forte baisse. Le nombre important des départs à la retraite, 800 000 par an, concourt à la diminution du nombre de chômeurs. L’INSEE comme la Banque de France s’attendent à une légère dégradation au courant de l’année, dégradation qui resterait néanmoins légère. Si les professionnels du bâtiment annoncent des destructions d’emplois dans leur secteur d’activité, force est de constater que les délais d’attente pour la réalisation de travaux demeurent élevés.

16 % des Français ne mangent pas à leur faim !

Selon une étude du Crédoc, publiée au mois de mai, la proportion de personnes, en France, déclarant ne pas avoir assez à manger est passée de 12 % à 16 % au courant de l’année 2022. Ce taux n’avait augmenté que de 3 points entre 2016 et 2022. Toujours selon le Crédoc, 45 % des Français déclarent aujourd’hui avoir assez à manger, mais pas toujours les aliments qu’ils souhaiteraient. Depuis un an, les Français sont nombreux à déclarer devoir se restreindre au niveau alimentaire (41 % en novembre). Ce sentiment avait fortement diminué durant la crise covid. Cette dégradation est imputée à la résurgence de l’inflation qui empêcherait de nombreuses personnes d’acheter autant que nécessaire à des produits alimentaires. Le taux d’inflation pour ces produits a atteint 15 % en rythme annuel en janvier 2023. Ce sont les Français à revenus modestes qui sont les plus touchés par la hausse des prix, la part de leur budget consacrée à l’alimentation étant plus forte. À la différence des dépenses préengagées dont il n’est pas possible de faire varier le montant en fonction des circonstances, celles liées à l’alimentation peuvent être ajustées. Les ménages peuvent réduire leurs achats ou se tourner vers des produits moins chers. Le Crédoc constate que face à l’augmentation des coûts de transports ou de chauffage, les ménages ont arbitré en défaveur de l’alimentation.

La précarité alimentaire est une des expressions de la fragilité sociale qui touche des ménages français. Les personnes en état de précarité alimentaire sont les mêmes qui ont des difficultés de logement, des problèmes de santé ou un déficit de relations sociales. Le lien entre santé et précarité alimentaire est élevé et s’explique notamment par des contraintes budgétaires. 52 % des personnes ne pouvant se nourrir convenablement s’imposent des restrictions sur les soins médicaux contre 28 % pour les personnes pouvant manger ce qu’elles veulent. 34 % des personnes vivant dans des logements surpeuplés ou pour qui les dépenses de logement représentent une part importante de leur budget, ne peuvent pas se nourrir convenablement. 26 % des personnes ne rencontrant pas de façon régulière leur famille proche et recevant moins d’une fois par mois des amis ou des relations manquent de nourriture, contre 14 % des personnes non isolées.

La précarité alimentaire touche plus souvent les jeunes, les femmes et les pauvres. Les jeunes adultes (moins de 40 ans) sont les plus concernés par l’insuffisance alimentaire quantitative (24 %). Ce taux est de 17 % pour les 50-59 ans et de 7 % des 60-69 ans.

Taux d’inflation en zone euro confirmé en hausse en avril

Selon Eurostat, le taux d’inflation annuel de la zone euro s’est établi à 7,0 % en avril 2023, contre 6,9 % en mars. Un an auparavant, il était de 7,4 %. Le taux d’inflation annuel de l’Union européenne s’est établi à 8,1 % en avril 2023, contre 8,3 % en mars. Un an auparavant, il était de 8,1 %.

Les taux annuels les plus faibles ont été observés au Luxembourg (2,7 %), en Belgique (3,3 %) et en Espagne (3,8 %). Les taux annuels les plus élevés ont quant à eux été enregistrés en Hongrie (24,5 %), en Lettonie (15,0 %) et en Tchéquie (14,3 %). Par rapport à mars, l’inflation annuelle a baissé dans vingt-deux États membres et a augmenté dans cinq autres. La France (6,9 %) se situe dans la moyenne de la zone euro.

En avril les plus fortes contributions au taux d’inflation annuel de la zone euro provenaient de l’alimentation, alcool & tabac (+2,75 points de pourcentage, pp), suivi des services (+2,21 pp), des biens industriels hors énergie (+1,62 pp) et de l’énergie (+0,38 pp).