6 mai 2023

Hier et Aujourd’hui – automobiles – inflation – emploi

Le parc automobile français en pleine mutation

83 % des ménages français disposent aujourd’hui d’une ou plusieurs voitures. Ce taux était de moins de 20 % en 1960 et de 65 % en 1990. Depuis les années 2010, le taux de possession est relativement stable. Plus du tiers des ménages ont au moins deux voitures.

Le marché français est devenu au fil des années un marché de renouvellement. Avec leur meilleure solidité, mais également en raison de leurs coûts croissants, des incertitudes sur la réglementation et des problèmes de pouvoir d’achat, les Français conservent plus longtemps leurs voitures. Ils recourent également de plus en plus aux voitures d’occasion. En 2022, 5,2 millions de ventes d’occasion ont été enregistrées contre 1,5 million de ventes de véhicules neufs.

Au 1er janvier 2022, le parc roulant de voitures s’élève à 38,7 millions, contre 38,5 millions un an plus tôt. L’âge moyen des voitures en circulation est de 10,5 ans au 1er janvier 2022 contre 9 ans en 2011. Dans les années 1980, l’âge moyen était de 6 ans. En Europe, le parc de voitures vieillit, l’âge moyen était de 12 ans en 2022.

Cercle de l’Épargne – données : SDES, Rsvero,

95 % du parc roulant, en France est constitué de voitures à énergie thermique essence ou diesel. Les voitures diesel restent majoritaires (55,2 % du parc) mais leur part décroît depuis 2016 (-8,6 points). En 2022, Les véhicules hybrides non rechargeables représentaient 2,5 % du parc automobile français (87 % en motorisation hybride essence). Les motorisations électriques, hydrogènes, hybrides rechargeables et bicarburation essence-GPL représentaient 2,3 % du parc au 1er janvier 2022.

En 2022, 12,9 % des immatriculations ont concerné des véhicules électriques. Elles ont représenté la première motorisation alternative aux carburations exclusivement essence ou diesel, devant la motorisation hybride rechargeable. Celle-ci a progressé de 8,0 % en 2022. La motorisation bicarburation essence-GPL, qui était la principale motorisation alternative aux moteurs thermiques en 2012, est désormais devancée par les motorisations électriques et hybrides rechargeables.

Cercle de l’Épargne – données : SDES, Rsvero,

Un rebond confirmé des ventes en avril

En 2022, le marché de l’automobile, était entré dans un profond marasme après le rebond de 2021. Les incertitudes économiques et réglementaires dissuadaient les Français à acheter des véhicules neufs qui de toute façon étaient rares en raison des problèmes d’approvisionnement que rencontraient les constructeurs. Depuis quelques semaines, le marché connait une nette amélioration. Selon les chiffres publiés par la Plateforme automobile (PFA), les immatriculations de voitures particulières neuves ont augmenté de 21,9 % en avril par rapport au même mois de l’année précédente. Sur les 4 premiers mois de l’année, les constructeurs automobiles ont enregistré 553 396 nouvelles immatriculations, soit une hausse de 16,7 %. Les ventes n’ont pas néanmoins retrouvé leur niveau d’avant crise.

En avril, les véhicules électriques ont représenté 13 % des ventes en avril et 15 % sur les 4 premiers mois de l’année. En comptant les véhicules hybrides, la hausse est de 21 % sur le mois d’avril.

L’emploi toujours en mode positif

En mars, le taux de chômage corrigé des variations saisonnières de la zone euro était, selon Eurostat, de 6,5 %, en baisse par rapport au taux de 6,6 % enregistré en février et par rapport au taux de 6,8 % enregistré en mars 2022. Le taux de chômage de l’Union européenne était de 6,0 % en mars, stable par rapport au taux enregistré en février, et en baisse par rapport au taux de 6,2 % enregistré en mars 2022

Eurostat estime qu’en mars 2023, 12,960 millions personnes étaient au chômage dans l’Union, dont 11,010 millions dans la zone euro. Par rapport à février 2023, le chômage a diminué de 155 000 dans l’Union et de 121 000 dans la zone euro. La République tchèque a le taux de chômage le plus faible d’Europe (2,6 %). Il est le plus élevé en Espagne (12,8 %). La France avec un taux de 6,9 % reste au-dessus du taux moyen de la zone euro.

Cercle de l’Épargne – données Eurostat

En mars 2023, 2,763 millions de jeunes (de moins de 25 ans) étaient au chômage dans l’Union dont 2,264 millions dans la zone euro. En mars 2023, le taux de chômage des jeunes s’est établi à 14,3 % dans l’Union et dans la zone euro, en baisse par rapport aux taux respectifs de 14,5 % et 14,4 % enregistrés au mois précédent. Le taux de chômage des jeunes en France reste supérieur à la moyenne européenne (17,9 %).

Cercle de l’Épargne – données Eurostat

L’emploi en France fait de la résistance

Au premier trimestre 2023, l’emploi salarié privé a continué d’augmenter malgré la faible croissance. La progression de l’emploi a été 0,2 %, comme au trimestre précédent. Entre fin décembre 2022 et fin mars 2023, 42 000 créations nettes d’emplois ont été ainsi enregistrées après +44 400 emplois au trimestre précédent. Il s’agit du neuvième trimestre consécutif de hausse de l’emploi salarié privé. En un an, il a augmenté de 1,3 % (soit +271 100 emplois). Par rapport à son niveau d’avant la crise sanitaire, le nombre d’emplois a progressé de 1,2 million.

Cercle de l’Épargne – données INSEE

Cercle de l’Épargne – données INSEE

L’emploi intérimaire en fort recul

Au premier trimestre 2023, l’emploi intérimaire se replie nettement. La baisse atteint 2,6 % (soit ­21 400 emplois). Ce recul compense intégralement la hausse des deux trimestres précédents. L’emploi intérimaire est inférieur de 2,4 % à son niveau du premier trimestre 2022 mais supérieur de 1,9 % à son niveau d’avant la crise sanitaire. L’évolution de ces derniers mois s’explique autant par le ralentissement de la croissance que par la volonté des employeurs de sécuriser leurs effectifs en convertissant des emplois en intérim en des emplois à durée indéterminée.

Les services créateurs de nombreux emplois

L’emploi salarié privé industriel (hors intérim) est stable au premier trimestre 2023, après une hausse de +0,2 % au trimestre précédent. Il est supérieur de 1,0 % (soit +31 500 emplois) à son niveau d’un an auparavant. Après avoir rattrapé son niveau d’avant-crise au quatrième trimestre 2021, il le dépasse désormais de 1,5 % (soit 48 100 emplois nets créés depuis fin 2019).

Dans la construction, l’emploi salarié privé (hors intérim) baisse au premier trimestre 2023 de 0,2 % (soit -3 200 emplois). Il s’agit du premier trimestre de baisse dans ce secteur depuis le quatrième trimestre 2016. La diminution du nombre de construction de logements et la persistance de certaines pénuries de biens intermédiaires expliquent cette dégradation de la situation de l’emploi dans le bâtiment. L’emploi salarié privé dans la construction dépasse toutefois de 0,2 % son niveau du premier trimestre 2022 (+3 600 emplois) et de 7,6 % son niveau de fin 2019 (+111 600 emplois).

Dans le tertiaire marchand hors intérim, les créations d’emploi salarié privé augmentent au premier trimestre 2023, +0,5 % après +0,1 % (soit +57 400 après +17 700 emplois). Ce résultat dépasse son niveau d’un an auparavant (+1,9 % soit +232 700 emplois) et celui d’avant-crise (+7,2 % par rapport à fin 2019 soit +831 200 emplois).

L’emploi salarié privé (hors intérim) du tertiaire non marchand accélère également au premier trimestre 2023 : +0,4 % (soit +9 900 emplois), après une stabilité au quatrième trimestre 2022 (0,0 %, soit +1 300 emplois). Il dépasse son niveau du premier trimestre 2022 de 0,9 % (soit +24 800 emplois) et celui de fin 2019 de 4,9 % (soit +128 000 emplois).

Les créations d’emploi pourraient se restreindre au cours du deuxième trimestre avec la confirmation de la persistance de la stagnation économique. Le point rassurant est la capacité de l’économie à créer des emplois avec une faible croissance ; le point inquiétant, c’est que ces créations traduisent une baisse de la productivité ce qui entrave le retour de la croissance.

Inflation en zone euro, stop ou encore ?

Le taux d’inflation annuel de la zone euro a été estimé à 7,0 % en avril, contre 6,9 % en mars selon Eurostat, l’office statistique de l’Union européenne.

S’agissant des principales composantes de l’inflation de la zone euro, l’alimentation, alcool & tabac ont enregistré, en rythme annuel, une hausse de 13,6 %, comparé à 15,5 % en mars, suivi des biens industriels hors énergie, 6,2 %, comparé à 6,6 % en mars), des services, 5,2 %, comparé à 5,1 % en mars et de l’énergie, 2,5 %, comparé à -0,9 % en mars.

Parmi les 20 pays partageant la monnaie unique, le Luxembourg (2,7 %) et la Belgique (3,3 %) connaissent le taux d’inflation le plus faible. L’inflation, en hausse en France, à 6,9 % en avril, est néanmoins plus contenue qu’en Allemagne (7,6 %) et en Italie (8,8 %). La France fait en revanche moins bien que l’Espagne (3,8 %). Les taux les plus élevés sont toujours enregistrés dans les pays baltes : Estonie (13,2 %), Lituanie (13,3 %) et Lettonie (15 %).

Le résultat du mois d’avril marque la fin d’une série de cinq baisses mensuelles consécutives. Il est supérieur aux prévisions des analystes qui tablaient sur un taux de 6,9 %. En revanche, l’inflation sous-jacente qui exclut l’énergie, l’alimentation, l’alcool et le tabac, est pour la première fois depuis le mois de janvier 2022, en repli. Elle est passée de 5,7 à 5,6 %. En excluant seulement l’énergie et les produits alimentaires non transformés, l’indice d’inflation est passé de 7,5 % à 7,3 %. Ce recul conforte l’idée que le cycle de resserrement monétaire arriverait bientôt à son terme. Malgré tout, les économistes du FMI prônent toujours la poursuite du durcissement de cette politique. Par ailleurs, la BCE doit tenir compte des performances divergentes au sein de la zone euro. Les Pays Baltes enregistrent toujours les taux les plus élevés à deux chiffres.

Économie française, l’inflation dicte sa loi

En ce début d’année, l’économie française est fragilisée par la persistance de l’inflation. L’INSEE estime que celle-ci pourrait enfin se ralentir à compter du mois de juin. La croissance de son côté resterait modérée au deuxième trimestre, autour de +0,2 %, soit le même taux qu’au premier trimestre. L’acquis de croissance pour 2023 s’élèverait à +0,5 % à mi-année.

L’inflation en France se situe depuis près d’un an sur un plateau autour de 6 %, mais  l’indice des prix a progressé de 12 % depuis janvier 2021. Les prix de l’énergie ont augmenté de 41 % entre janvier 2021 et avril 2023, ceux de l’alimentation de 20 %, ceux des produits manufacturés de 8 % et ceux des services de 7 %. L’inflation a été portée à ses débuts par l’énergie et cela avant même la guerre en Ukraine. La forte croissance post covid a expliqué cette progression avant de céder la place aux effets des embargos croisés. Depuis plusieurs mois, l’alimentation a pris le relais de l’énergie dont les prix se sont stabilisés voire ont diminué comme pour le gaz et l’électricité. Les prix des produits alimentaires sont responsables de 40 % de l’inflation en avril quand ces produits ne représentent que de 16 % du panier moyen de consommation. Les entreprises répercutent ces dernières semaines la hausse des coûts que ce soit dans l’industrie ou dans les services.

L’INSEE perçoit « des signes avant-coureurs d’une détente de certains prix ». L’institut statistique pressent, de ce fait, un ralentissement dans les prochains mois de l’inflation. Cette appréciation n’est pas totalement corroborée par son analyse par secteur d’activité. L’INSEE note, en effet, que les prix des produits alimentaires continueraient à progresser à un rythme soutenu (entre 15 et 16 % sur un an). Le glissement annuel des prix des biens manufacturés demeurerait en-dessous de 5 % sur un an d’ici la mi-2023. Les prix des services continueraient à accélérer avec un glissement annuel prévu à +3,5 % en juin, la revalorisation du SMIC au 1er mai. Par effet de base, l’énergie devrait contribuer à la baisse de l’inflation dans les prochains mois. L’INSEE parie sur un baril à 75 dollars. Compte tenu des hypothèses retenues par l’institut statistique, l’inflation reviendrait à 5,4 % en juin.

L’inflation mine la consommation quand le relèvement des taux d’intérêt pèse sur l’investissement. La consommation des ménages est au même niveau qu’au dernier trimestre 2019, niveau dépassé entre la mi-2021 et la mi-2022. Cette période était marquée par un phénomène de rattrapage. La consommation alimentaire a nettement reculé en volume : -9 % sur un an en mars. Ce recul correspond tout à la fois à une diminution du volume d’achats qu’à des changements de gamme.

L’INSEE souligne que la confiance des ménages dans la situation économique reste dégradée en avril, malgré un léger regain. Au deuxième trimestre 2023, la consommation serait toujours étale. La consommation de biens, notamment la consommation alimentaire, continuerait de se replier, tandis que celle de services progresserait de nouveau légèrement avec le retour de la période estivale. Les dépenses en énergie poursuivraient leur rebond.

L’INSEE n’attend pas d’amélioration sur le terrain de l’investissement des entreprises qui devrait ralentir en raison de la montée des taux d’intérêt. Celui des ménages diminuerait de nouveau, en lien avec la baisse de la construction de logements neufs et des transactions immobilières. Le commerce extérieur pourrait en revanche soutenir légèrement la croissance au printemps, comme ce fut le cas au premier trimestre.

Dans l’industrie manufacturière, les difficultés d’approvisionnement continuent de refluer, même si elles demeurent plus élevées qu’avant la crise sanitaire. Les inquiétudes vis-à-vis de la demande augmentent. Les stocks de produits finis sont d’ailleurs jugés plus importants en avril qu’en mars. La production manufacturière qui n’a pas retrouvé son niveau de 2019 pourrait se contracter à nouveau au deuxième trimestre, malgré une relative bonne tenue de la fabrication de matériels de transport.

Dans la construction, l’activité économique poursuivrait son recul au printemps, L’activité serait atone dans le commerce tandis qu’elle progresserait légèrement dans les services, soutenue, entre autres, par un rebond dans les services de transport.

Depuis l’été 2022, la croissance trimestrielle du PIB est relativement modeste, de l’ordre de +0,1 % en moyenne. Elle témoigne d’une certaine résilience mais reste inférieure à son niveau potentiel. La France devrait ainsi éviter la récession.