26 novembre 2022

Hier et aujourd’hui – climat économique – immigrés – télétravail

Les ménages français résilients

En novembre, selon l’INSEE, la confiance des ménages est quasi stable malgré la progression de l’inflation et l’accumulation des menaces. À 83, l’indicateur qui la synthétise augmente d’un point (après +2 en octobre). Il reste néanmoins au-dessous de sa moyenne de longue période (100 entre janvier 1987 et décembre 2021).

Cercle de l’Épargne – données INSEE

En novembre, le solde d’opinion des ménages relatif à leur situation financière future continue d’augmenter (+2 points), tout comme celui sur leur situation financière passée (+2 points). Les mesures de soutien en faveur du pouvoir d’achat peuvent expliquer cette amélioration ainsi que la bonne tenue du marché de l’emploi.  En revanche, la proportion de ménages estimant qu’il est opportun de faire des achats importants est quasi stable, le solde correspondant perd un point. La prudence prédomine en matière de consommation.

En novembre, l’opinion des ménages sur leur capacité d’épargne, actuelle comme future, progresse. Le solde d’opinion relatif à la capacité d’épargne future gagne cinq points et celui sur la capacité d’épargne actuelle en gagne trois. Ces deux soldes se situent au-dessus de leur moyenne de longue période. Malgré tout, la part des ménages estimant qu’il est opportun d’épargner baisse de nouveau légèrement. Le solde d’opinion correspondant perd deux points mais demeure au-dessus de sa moyenne de longue période. Les résultats précédents s’expliquent par un optimisme plus important en ce qui concerne l’évolution du pouvoir d’achat. La part de ménages qui considèrent que le niveau de vie en France va s’améliorer au cours des douze prochains mois continue d’augmenter. Le solde correspondant gagne 4 points mais reste néanmoins bien inférieur à sa moyenne de longue période.

La part de ménages qui considèrent que le niveau de vie en France s’est amélioré au cours des douze derniers mois est quant à elle inchangée. Le solde correspondant se situe également bien au-dessous de sa moyenne. En novembre, la part des ménages estimant que les prix vont accélérer au cours des douze prochains mois diminue. Le solde associé perd 3 points mais demeure bien au-dessus de sa moyenne de longue période. La part des ménages qui considèrent que les prix ont augmenté au cours des douze derniers mois continue quant à elle d’augmenter. Le solde d’opinion associé gagne 4 points et se rapproche de son plus haut niveau depuis l’été 2008. En novembre, les craintes des ménages concernant l’évolution du chômage augmentent de nouveau. Si le solde correspondant gagne 4 points, il demeure néanmoins en dessous de sa moyenne de longue période.

Les ménages sont moins pessimistes que les citoyens sur la situation économique de la France. La chute du niveau de vie relayée par les médias ne se retrouve pas dans les statistiques et les indicateurs de l’INSEE.

Climat des affaires en France, ni plus, ni moins

En novembre, selon l’INSEE, le climat des affaires en France reste stable et cela malgré les annonces répétées de survenue prochaine d’une récession. L’indicateur qui le synthétise, calculé à partir des réponses des chefs d’entreprise des principaux secteurs d’activité marchands, se situe à 102 pour le troisième mois consécutif et reste donc légèrement au-dessus de sa moyenne de longue période (100). Par rapport à octobre, la situation conjoncturelle se détériore quelque peu dans l’industrie, le bâtiment et les services, mais s’améliore dans le commerce de gros par rapport à septembre. Elle est par ailleurs stable dans le commerce de détail.

Eurostat

Dans l’industrie, l’indicateur de climat des affaires diminue, les chefs d’entreprise étant moins positifs concernant leur activité récente et leurs carnets de commandes. Dans le bâtiment, le climat des affaires se dégrade, principalement du fait du recul des soldes d’opinion relatifs à l’activité, tant passée que prévue. Dans les services, l’indicateur de climat des affaires se détériore aussi, sous l’effet d’une légère dégradation des anticipations d’activité des chefs d’entreprise interrogés. Dans le commerce de détail (y compris commerce et réparation automobiles), le climat des affaires est stable, sous sa moyenne de longue période. Dans le commerce de gros, le climat des affaires s’améliore en novembre 2022 par rapport à septembre, porté par une hausse des soldes d’opinion relatifs aux livraisons reçues de l’étranger et aux ventes passées.

En novembre, en matière d’emploi, l’optimisme continue de prédominer. L’indicateur synthétique de climat de l’emploi perd juste un point et se situe à 108, restant ainsi bien au-dessus de sa moyenne de longue période (100). Il oscille entre 107 et 110 depuis mai dernier. Cette légère dégradation en novembre résulte principalement du recul du solde d’opinion relatif à l’évolution récente des effectifs dans les services (hors agences d’intérim).

Les immigrés, 10 % de la population française

En 2021, selon l’INSEE, la France comptait 6,9 millions d’immigrés, soit 10,2 % de la population. Notre pays qui fut l’un des premiers au sein des pays dits avancés à connaître une baisse de son taux de fécondité a eu recours à très tôt à l’immigration à la différence de nos voisins comme l’Italie ou l’Espagne qui étaient des terres d’émigration. En 1911, avant même la Première Guerre mondiale, 1,1 million d’émigrés vivaient en France métropolitaine. Les pertes humaines de cette guerre, la grippe espagnole et la dénatalité qui en découla conduisirent à une augmentation sensible de l’immigration jusqu’à la crise de 1929. Les besoins de main-d’œuvre après la Seconde Guerre mondiale pour assurer la reconstruction du pays ont amené à une nouvelle vague d’immigration. En 1954, le nombre d’immigrés a atteint 2,3 millions. La forte croissance durant les Trente Glorieuses s’accompagne d’un fort mouvement d’arrivée de travailleurs étrangers. Le nombre d’immigrés s’élève ainsi à 3,9 millions en 1975. Les deux chocs pétroliers et les crises qui suivirent avec à la clef une montée du chômage ont conduit les gouvernements à prendre des mesures tendant à limiter l’immigration. Une augmentation est intervenue au tournant du siècle qui s’est interrompue depuis 2015. Le solde net migratoire se situe désormais entre 70 000 et 100 000 par an.

52 % sont des femmes contre 44 % en 1968. L’augmentation de la proportion de femmes n’est pas en lien avec le regroupement familial. Elles sont plus nombreuses que les hommes à vouloir suivre des études en France ou trouver un emploi. Parmi les immigrés arrivés en 2020, les femmes sont majoritaires (52 %), en particulier parmi ceux originaires du Cambodge, du Laos et du Vietnam (64 %), de Chine (61 %), d’Amérique et d’Océanie (56 %) et du Maghreb (54 %).

En 2021, 47 % des immigrés sont nés en Afrique et 30 % sont originaires du Maghreb. En dix ans, le nombre d’immigrés originaires d’Afrique a augmenté de 2,9 % par an en moyenne (4,6 % pour l’Afrique hors Maghreb). Un tiers des immigrés (34 %) viennent d’Europe, contre 66 % en 1975. Le développement économique de l’Italie, de l’Espagne et du Portugal ont tari les principales sources d’immigration pour la France. Par ailleurs, ces pays se caractérisent par des taux de fécondité plus faibles que celui de la France. 14 % des immigrés sont originaires d’Asie.

La France compte 7,3 millions de descendants d’immigrés (10,9 % de la population) qui n’ont pas connu eux‑mêmes la migration. 43 % d’entre eux sont nés de deux parents immigrés. Dans 9 cas sur 10, les deux parents immigrés ont le même pays d’origine. En 2021, 54 % des descendants d’immigrés ont moins de 30 ans. 39 % des descendants d’immigrés ont une origine européenne. Un tiers des descendants d’immigrés sont originaires du Maghreb. Parmi ceux‑ci, deux sur trois ont moins de 30 ans. Entre 2011 et 2021, le nombre de descendants d’immigrés originaires d’Afrique a augmenté de 2,5 % en rythme annuel (3,4 % pour l’Afrique hors Maghreb) pour atteindre, en 2021, 45 % de l’ensemble des descendants. L’immigration plus récente en provenance d’Afrique explique que 69 % de leurs descendants ont moins de 30 ans

Selon une étude réalisée par l’OCDE portant sur les 25 États membres pour la période 2006-2018, la contribution des immigrés sous la forme d’impôts et de cotisations est supérieure aux dépenses que les pays consacrent à leur protection sociale, leur santé et leur éducation. Le poids des dépenses de santé est proportionnellement plus faible que pour le reste de la population malgré un taux de pauvreté qui est en moyenne trois fois supérieur. Les immigrés, en raison d’un âge plus faible que le reste de la population, contribue au financement du système de retraite.

Le vieillissement de la population occidentale se traduit par des déficits d’emploi de plus en plus marqués dans un nombre croissant de secteurs d’activité (hébergement, restauration, transports, commerces, santé, services à la personne, etc.). Sans apport de travailleurs immigrés, de nombreuses activités pourraient connaître de véritables blocages. En Île-de-France, le maintien d’un service continu de bus est déjà problématique. L’accès aux services de santé, sans apport extérieur, sera de plus en plus difficile. Les pays qui aujourd’hui ferment leurs frontières à l’immigration sont ceux qui se caractérisent par un faible taux de croissance potentielle (l’Italie, Japon). L’Allemagne a opté pour un apport élevé de travailleurs étrangers afin de compenser les départs massifs à la retraite. Certains pays d’Europe de l’Est qui ces dernières années avaient adopté des législations anti-immigration, étudient aujourd’hui des assouplissements (Hongrie, Bulgarie).

Les accords collectifs sur le télétravail en plein essor

Le télétravail, peu courant avant la crise, s’est fortement accru lors des mesures de confinement de la population à partir du printemps 2020 et demeure bien plus pratiqué qu’auparavant. Après la crise du Covid-19, le nombre d’accords collectifs portant sur le télétravail augmente et passe, selon la DARES, de 390 en 2017 à 40 701 en 2021. Les accords de télétravail représentent ainsi 67 % des accords traitant de conditions de travail en 2021. Près de 40 % des travailleurs français ont télétravaillé en 2021 et 22 % l’ont fait chaque semaine. L’année dernière, selon l’INSEE, 55 % des cadres ont télétravaillé chaque semaine, alors que ce n’était le cas que de 22 % des professions intermédiaires et de 17 % des employés qualifiés. Le télétravail était quasi inexistant tout au long de l’année chez les employés peu qualifiés ou les ouvriers, ce qui traduit le fait qu’ils occupent en très grande majorité des professions pour lesquelles le télétravail n’est pas pratiqué. Les cadres représentent ainsi 60 % des télétravailleurs, contre seulement 22 % de l’ensemble des salariés ayant travaillé au moins une heure au cours de la semaine.

Dares

Une large diffusion du télétravail au sein des différents secteurs d’activité

Depuis 2018, l’industrie ainsi que les activités spécialisées, scientifiques et techniques sont les secteurs les plus représentés dans la signature d’accords sur le télétravail. En 2021, ils comptent chacun pour un cinquième des accords sur le télétravail. Le nombre d’accords signés par le commerce, les transports et l’hébergement-restauration augmente nettement et a atteint 620 en 2021, soit une hausse de 225 % par rapport à 2019. Dans l’administration publique, l’enseignement, la santé et l’action sociale, 600 accords de télétravail sont signés en 2021, contre 200 en 2019. En revanche, la part des accords de télétravail signés dans les activités financières et d’assurance diminue, passant, selon la DARES, de 21 % en 2017 à 10 % en 2021. Dans ce secteur, le développement du télétravail avait commencé avant la crise du Covid-19.

Le télétravail, les PME de plus en plus concernées

Le nombre d’accords progresse dans les unités quelle que soit leur tranche de taille. La part des accords signés par des unités employant moins de 50 salariés est ainsi passée de 8 % à 21 % en 2021. Près de la moitié des accords de télétravail provient de structures employant entre 50 et 299 salariés.

Des critères d’éligibilité du télétravail visés par les accords

Les accords fixent les populations concernées et les modalités d’application du télétravail. Les critères d’éligibilité sont variables mais visent à préciser les conditions techniques d’exercice du télétravail. Le salarié est censé disposer d’un espace calme et isolé sur son lieu de télétravail ; les installations électriques doivent être aux normes et le débit Internet suffisant. La compatibilité entre le poste occupé et le télétravail porte essentiellement sur le fait que tout ou partie du travail soit réalisé à partir de supports informatiques et sur la capacité d’autonomie dont dispose le salarié dans la réalisation de ses tâches. Une compatibilité avec le travail en équipe peut également être requise. Les critères se rapportant aux caractéristiques du contrat de travail varient davantage suivant les accords de télétravail. L’ancienneté dans l’entreprise est un critère récurrent. Elle peut aller de « pas de conditions d’ancienneté » à un minimum de 24 mois. Le seuil est, en moyenne, de 3 mois.

Les entreprises entendent conserver la maîtrise du télétravail

La durée d’application de l’accord est une information fréquente. 51 % des accords sont à durée déterminée et 38 % à durée indéterminée. Pour les accords à durée d’application déterminée, cette dernière est relativement courte, 21 mois en moyenne. Il est possible qu’un accord précise la durée de validité de l’avenant au contrat de travail permettant la mise en place du télétravail. Elle est alors exclusivement de 12 mois. Dans de nombreux accords, les parties prenantes ont prévu des clauses de suspension ou d’abandon du télétravail moyennant le respect d’un délai de prévenance. Les périodes d’adaptation permettent de vérifier si le télétravail est compatible avec l’organisation du travail et les compétences techniques des salariés. Les accords peuvent indiquer le lieu de réalisation du télétravail. Le domicile principal est systématiquement visé et peut être accompagné d’autres possibilités, comme la résidence secondaire ou tout autre lieu autorisé au préalable par le manager. De nombreux accords et avenants réservent la possibilité de télétravailler uniquement au domicile principal. Quelques accords ont été signés en 2021 permettant le télétravail depuis l’étranger à hauteur de 30 jours par an. Des autres ont intégré les espaces de coworking comme lieux possibles du télétravail.

Trois formes de télétravail sont traitées dans les accords de télétravail :

  • le télétravail régulier ;
  • le travail occasionnel ;
  • le travail exceptionnel.

Le télétravail régulier est la forme de télétravail la plus fréquemment abordée dans les accords (71 % des cas). Le télétravail régulier peut être défini à la semaine, plus rarement au mois ou à l’année. Les journées de télétravail sont alors fixes, les mêmes jours chaque semaine pendant toute la durée d’application de l’accord ou flexibles, des jours pouvant être différents d’une semaine à l’autre. Un nombre important d’accords stipule l’impossibilité de télétravailler le lundi ou le vendredi. Les accords dans leur grande majorité prévoient que le choix des jours télétravaillés relève du manager en concertation avec les salariés. 75 % des accords autorisent des reports de journées de télétravail mais 60 % interdisent le cumul. Le nombre de journées maximum « télétravaillables » par semaine s’étend entre une demi-journée et 5 jours. Dans 56 % des accords, le nombre de jours par semaine est de deux. Les accords de télétravail à hauteur de 4 jours ou plus par semaine sont signés par des entreprises de plus grande taille: la moitié émane d’unités employant 300 salariés ou plus.

36 % des accords concernent le télétravail occasionnel. Le volume de journées « télétravaillables » est alors défini au mois ou à l’année. La combinaison possible entre télétravail régulier et occasionnel est prévue dans plusieurs accords. Parfois, le salarié peut choisir entre télétravail régulier et télétravail occasionnel ; dans d’autres accords, le télétravail occasionnel vient en complément du télétravail régulier. Le télétravail occasionnel peut être aussi ouvert à des salariés exclus du télétravail régulier car ne répondant pas aux critères d’éligibilité exigés. Il est rare que le télétravail exceptionnel soit la seule forme de télétravail traitée dans un accord. Il est, en revanche, abordé dans près de la moitié des accords. Il est mis en œuvre en cas d’évènements extérieurs à l’entreprise (épidémie, grève des transports, pic de pollution).

L’équipement des salariés

81 % accords prévoient la mise à disposition de matériels pour l’exercice du télétravail. Les entreprises fournissent le plus souvent un ordinateur portable aux salariés. Des accords comportent des dispositions visant à équiper le salarié d’un second écran, d’une souris et d’un clavier d’ordinateur, tandis que d’autres prévoient la mise à disposition de mobilier de bureau. Les accords abordant l’octroi d’équipements supplémentaires sont en majorité associés à des formules de télétravail de 3 jours ou plus par semaine.

Un peu moins de la moitié des accords et avenants de l’échantillon mentionnent une indemnisation des frais occasionnés par le télétravail. Il s’agit le plus souvent des indemnisations journalières de 2,50 euros ou mensuelles de 10 euros. Les montants peuvent cependant sensiblement varier entre 8 et 80 euros par mois. Parmi les accords ne prévoyant pas de prise en charge, certains justifient cette position en rappelant que le télétravail est un choix du salarié.

Santé et prévention des risques des salariés

Les accords sur le télétravail rappellent fréquemment les obligations de santé et sécurité (77 % des accords). Le droit à la déconnexion y est fréquemment mentionné. Ces mentions ne s’accompagnent que rarement de la mise en place de dispositifs de prévention ou de sécurité spécifiques et adaptés à un recours au télétravail accru. La possibilité donnée au médecin du travail de visiter les lieux sont rares.

Formation des télétravailleurs et des managers

L’accompagnement voire la formation à l’exercice du télétravail sont évoqués dans 43 % des accords. Certains ciblent uniquement les salariés et d’autres proposent des formations différenciées, destinées aux salariés ou aux managers. Ces actions qualifiées de formations peuvent aller de la simple mise à disposition de documents à l’organisation de séminaires et sessions de formation en bonne et due forme. Le suivi de la pratique du télétravail est traité dans 59 % des accords et avenants de l’échantillon. Il s’agit le plus souvent d’une évaluation au cours de l’entretien annuel. Des points de suivi plus réguliers sont évoqués dans 14 accords et la mise en place d’une commission de suivi est prévue dans 15 accords.