25 novembre 2023

Hier et Aujourd’hui – conjoncture France – transfrontaliers

Climat des affaires, les chefs d’entreprise en mode pessimiste

En novembre, selon l’INSEE, le climat des affaires en France se dégrade de nouveau. L’indicateur qui l’évalue, calculé à partir des réponses des chefs d’entreprise des principaux secteurs d’activité marchands, perd un point par rapport à octobre. À 97, il s’éloigne donc de sa moyenne de longue période (100) et traduit un environnement récessif. Cette dégradation est imputable à la détérioration de la situation conjoncturelle dans le commerce de gros et de détail.

Cercle de l’Épargne – données INSEE

Dans l’industrie comme dans les services, le climat des affaires est stable en novembre : au niveau de sa moyenne de longue période dans les services, et juste au-dessous dans l’industrie. En revanche, il baisse dans le bâtiment, principalement du fait de la dégradation du solde d’opinion sur l’évolution à venir des effectifs. Dans le commerce de détail (y compris commerce et réparation d’automobiles), le climat des affaires se détériore de nouveau par rapport à octobre, pénalisé par le recul du solde d’opinion sur les intentions de commandes. Dans le commerce de gros, il se replie fortement par rapport à septembre, sous l’effet du recul des soldes d’opinion concernant les ventes passées et les intentions de commandes.

En novembre, l’indicateur synthétique de climat de l’emploi recule pour le deuxième mois consécutif. À 101, il perd deux points et se situe à peine au-dessus de sa moyenne de longue période (100). Cette baisse s’explique par la diminution du solde d’opinion concernant l’évolution à venir des effectifs dans les services (hors agences d’intérim).

Les zones frontalières, des territoires de plus en plus dynamiques

La France métropolitaine partage ses frontières terrestres avec huit pays (Belgique, Luxembourg, Allemagne, Suisse, Italie, Monaco, Espagne et Andorre). Sept sont membres de l’Union européenne, la Suisse est membre de l’Association économique de libre-échange et  Andorre a signé des accords de partenariat avec l’Union. Les zones frontalières, en Europe, ont été longtemps des zones tampons peu propices à la croissance. Strasbourg s’est ainsi développée en tournant le dos à l’Allemagne. Mais avec la construction européenne et la libre circulation des biens, des personnes et des capitaux, ces territoires connaissent, quand ils ne sont pas marqués par des barrières physiques difficilement franchissables comme les Pyrénées, un essor important se caractérisant par des niveaux de revenus élevés pour les ménages. De nombreux territoires frontaliers enregistrent une forte augmentation de leur population. Ces territoires sont souvent dotés d’infrastructures de transports importantes (autoroutes, voies ferrées, aéroports).

Entre 2013 et 2022, la population augmente dans les territoires autour des frontières avec la Suisse et le Luxembourg. Les départements frontaliers français bénéficient de l’élan économique de ces deux pays, les travailleurs transfrontaliers y étant nombreux (215 200 travaillent en Suisse en 2020, et environ 95 800 au Luxembourg). Autour de Genève et du lac Léman, la population est en forte augmentation en particulier dans le canton de Vaud, dans le canton de Genève et dans celui du Valais. La population augmente également du côté français (+10,8 % en Haute-Savoie et +7,7 % dans l’Ain). En revanche, du fait de la désindustrialisation, la population diminue dans le Territoire de Belfort et dans le Jura.

La croissance de la population est très marquée au Luxembourg (+19,8 % entre 2013 et 2022), et dans une moindre mesure dans les zones frontalières belges et allemandes à proximité. Côté français, la population est quasi stable en Moselle (+0,4 %) et en Meurthe-et-Moselle (-0,1 %). Cette quasi-stabilité masque des évolutions contrastées : en Moselle, la population augmente nettement à proximité de la frontière luxembourgeoise, alors qu’elle diminue à proximité de la frontière allemande autour de Forbach et de Sarreguemines, comme en Sarre de l’autre côté de la frontière. Les évolutions sont contrastées côté allemand le long de la frontière.

La population augmente aussi près de la frontière avec l’Espagne et Andorre, en particulier en Andorre (+14,0 %) ainsi qu’en Haute-Garonne (+11,9 %). La situation de ce département est un peu spécifique puisqu’il inclut seulement une petite partie de frontière et qu’il bénéficie de l’attractivité de Toulouse. La population croît dans la plupart des zones frontalières proches du littoral, comme les Pyrénées-Orientales (+5,5 %) et la province espagnole de Gérone (+3,7 %). Elle augmente plus faiblement, voire diminue, dans les autres zones frontalières éloignées du littoral.

Près de la frontière avec la Belgique, l’évolution démographique est différente de part et d’autre de la frontière : la population augmente dans tous les arrondissements belges, quand du côté français, elle est quasi stable dans le Nord et dans le Pas-de-Calais, et baisse dans la Meuse (-6,5 %), les Ardennes (-5,1 %) et dans l’Aisne (-2,8 %). Les difficultés économiques des Hauts-de-France expliquent cette évolution.

Au niveau de la frontière italienne, la population augmente dans les départements français du Sud-Est (notamment la Savoie, +5,0 %), et croît particulièrement à Monaco (+8,3 %). À l’inverse, elle diminue dans les provinces italiennes voisines. L’Italie est en déclin démographique depuis 2015 et accueille peu d’immigration. Par ailleurs, la barrière naturelle des Alpes limite les déplacements conduisant à un nombre réduit de transfrontaliers.