29 avril 2023

Hier et Aujourd’hui – croissance – inflation – emploi – e-commerce

La croissance en France sauvée par le commerce extérieur

Au premier trimestre 2023, le commerce extérieur a sauvé la croissance de l’économique française qui a atteint +0,2 %, faisant suite à une stagnation au dernier trimestre 2022 et à une hausse de +0,1 % au troisième trimestre 2023. L’économie est sur un plateau depuis plus de neuf mois du fait d’une demande intérieure étale. Contrairement à ses habitudes, le commerce extérieur a contribué positivement à la croissance lors du dernier trimestre.

Cercle de l’Épargne – données INSEE

Une production en hausse

La production totale a enregistré, une progression de +0,4 % au premier trimestre, après +0,1 % au quatrième trimestre 2022. Cette accélération provient notamment du dynamisme de l’industrie manufacturière (+0,7 % après ‑0,4 %). Après les grèves, la production a augmenté dans les raffineries (+13,1 % après ‑11,4 %). La production dans les matériels de transport est également en hausse (+2,8 % après +1,5 %) tout comme celle des biens d’équipement (+2,1 % après +0,3 %). Par ailleurs, la production d’énergie poursuit son rebond du trimestre précédent à la suite de la réouverture des centrales nucléaires (+3,1 % après +1,3 %). La production de services augmente légèrement (+0,2 % après +0,1 %). Elle reste portée par le secteur du tourisme. L’activité de l’hébergement et de la restauration est en progrès de +1,5 % après +0,2 %. Le secteur de l’information et communication demeure dynamique (+1,3 % après +1,1 %). La production dans les transports est, en revanche, en recul (‑0,7 % après +0,6 %).

La consommation des ménages au point mort

Après une contraction de 1 % au dernier trimestre 2022, la consommation est restée stable au cours du premier trimestre 2023. La baisse des achats de biens par les ménages est moins marquée qu’au trimestre précédent (‑0,2 % après ‑2,2 %), même si la consommation alimentaire recule pour le cinquième trimestre consécutif (‑2,3 % après ‑3,1 %). En revanche, la consommation d’énergie est en nette hausse (+3,7 % après ‑6,4 %), en lien avec une hausse de la consommation effective, et avec la réduction des mesures de soutien des pouvoirs publics (ristourne, etc.). La consommation des ménages en services est en hausse de 0,6 % (après +0,5 % au trimestre précédent). Cette légère accélération est portée par l’hébergement et la restauration (+1,6 % après +0,2 %) ainsi que par les services aux ménages (+1,3 % après +1,1 %). Face à la hausse des prix, les ménages privilégient les activités de loisirs au détriment des achats alimentaires. Les produits bio sont ainsi moins demandés. En revanche, les ménages ne puisent pas dans leur épargne pour maintenir leur consommation.

L‘investissement en mode repli

L’investissement, la formation brute de consommation fixe (FBCF) a reculé de 0,2 % au premier trimestre, après une stagnation au dernier trimestre 2022. Cette diminution s’explique par la baisse de la FBCF en produits manufacturés (‑0,5 % après +0,6 %), pénalisée en particulier par le reflux de l’investissement en biens d’équipement (‑1,2 % après +3,3 %). La FBCF en services marchands est, en revanche, en hausse au premier trimestre (+0,4 % après ‑0,2 %), tirée par le dynamisme de l’investissement en information-communication (+1,5 % après +1,1 %). La FBCF en construction diminue de nouveau au premier trimestre 2023 (‑0,4 % après ‑0,2 %).

La FBCF des ménages, essentiellement composé des achats de biens immobiliers, se replie pour le sixième trimestre consécutif (‑1,4 % après ‑1,6 %). Cette contraction est liée à la baisse de la construction de logements neufs et à celle des transactions immobilières dans le neuf et dans l’ancien.

Le commerce extérieur, vecteur de croissance

La contribution du commerce extérieur à la croissance du PIB est positive au premier trimestre de +0,6 point, après +0,2 point au trimestre précédent). Ce solde positif est imputable à une hausse des exportations et à un recul des importations.

Les exportations augmentent de 1,1 % au premier trimestre après +0,9 % notamment grâce aux ventes de matériels de transport (+9,5 % après +0,1 %). À l’inverse, les exportations en produits agricoles reculent fortement (‑21,5 % après +3,5 %). Les importations se sont contractées de 0,6 % au premier trimestre, après +0,1 % au dernier trimestre 2022. Les importations en produits manufacturés diminuent de ‑2,4 % après +1,0 %. Les importations de pétrole raffiné se réduisent de 18,5 %, après une forte hausse de +21,8 % au quatrième trimestre 2022 provoquée par les grèves dans les raffineries. Les importations de matériels de transport restent dynamiques (+7,8 % après +3,8 %). Les importations de services restent orientées à la hausse (+3,3 % après +3,9 %), portées par celles des services de transport (+6,1 % après +10,5 %).

Léger déstockage des entreprises

Les variations de stocks contribuent négativement à la croissance du PIB à hauteur de de ‑0,3 point, après +0,2 point au quatrième trimestre 2022. Les entreprises ont réduit leurs stocks du fait des incertitudes sur le cours de la croissance.

La croissance de l’économie française pour le premier trimestre est fragile. Elle résulte avant tout du solde positif du commerce extérieur qui a été dopé par la réduction des achats d’énergie à l’étranger. Celle-ci est la conséquence du redémarrage des centrales nucléaires et de la diminution des achats de produits raffinés. En revanche, la consommation des ménages reste étale. Par ailleurs, la contraction de l’investissement est préoccupante. L’objectif d’une croissance de 1 % pour l’ensemble de l’année reste atteignable sous réserve d’une réelle reprise de la consommation au cours du second semestre.

Croissance sur le fil du rasoir en zone euro

Au cours du premier trimestre 2023, selon Eurostat, le PIB corrigé des variations saisonnières a augmenté de 0,1 % dans la zone euro et de 0,3 % dans l’Union européenne, par rapport au trimestre précédent. Au cours du quatrième trimestre 2022, le PIB était resté stable dans la zone euro et avait diminué de 0,1 % dans l’Union.

Parmi les États membres pour lesquels les données pour le premier trimestre 2023 sont disponibles, le Portugal (+1,6 %) a enregistré la hausse la plus importante par rapport au trimestre précédent, suivi de l’Espagne, de l’Italie et de la Lettonie (+0,5 % chacune). Des baisses ont été enregistrées en Irlande (-2,7 %) ainsi qu’en Autriche (-0,3 %). La France se situe, avec un taux de +0,2 %, juste au-dessus de la moyenne. En Allemagne, l’activité est restée étale au premier trimestre. Les taux de croissance par rapport à l’année précédente ont été positifs pour tous les pays à l’exception de l’Allemagne (-0,1 %). Sur un an, la croissance de la France est de 0,8 %.

Cercle de l’Épargne – données Eurostat

Légère augmentation de l’inflation française en avril

La France n’en a pas encore fini avec l’inflation. En avril, selon les données provisoires de l’INSEE, le taux d’inflation sur un an s’est élevé à 5,9 %, après +5,7 % le mois précédent. Cette hausse de l’inflation serait notamment due à l’accélération des prix de l’énergie (la baisse sur un an des prix des produits pétroliers étant moins marquée que celle du mois dernier) et de ceux des services. Les prix du tabac accéléreraient également. À l’inverse, les prix de l’alimentation auraient moins progressé qu’en mars. Ceux des produits frais décéléreraient, tandis que ceux de l’alimentation hors produits frais augmenteraient sur un an à un rythme proche de celui du mois précédent. Enfin, la hausse sur un an des prix des produits manufacturés serait proche de celle de mars.

Sur un mois, les prix à la consommation augmenteraient de 0,6 % en avril, contre +0,9 % en mars. Les prix de l’énergie se replieraient légèrement du fait d’une baisse des prix du gaz et des produits pétroliers. Les prix de l’alimentation ralentiraient, du fait notamment d’un repli des prix des produits frais, tout comme ceux des produits manufacturés et du tabac. À l’inverse, les prix des services accéléreraient en lien avec le rebond des prix des services de transport et de l’accélération de ceux des « autres services ».

Sur un an, l’indice des prix à la consommation harmonisé augmenterait de 6,9 % en avril, après +6,7 % en mars. Sur un mois, il croîtrait de 0,7 %, après +1,0 % le mois précédent.

L‘inflation française reste sur une crête et n’a pas encore entamé sa décrue que le gouvernement espère désormais pour le second semestre.

Cercle de l’Épargne – données INSEE

L’économie américaine en décélération

Au premier trimestre, le PIB américain n’a progressé que de 1,1 % en rythme annualisé, selon les chiffres publiés par le BEA, l’office statistique du département du Commerce. Ce résultat est inférieur aux prévisions des économistes qui avaient parié sur un taux de 2 % de croissance annualisée. Au dernier trimestre, l’économie américaine avait encore crû de 2,6 % par rapport au trimestre précédent.

L’affaiblissement de la croissance est avant tout lié aux comportements des entreprises qui n’ont pas reconstitué leurs stocks. Les dépenses des consommateurs sont, en revanche, en hausse de 3,7 % par rapport au trimestre précédent.

Le ralentissement de l’économie est l’objectif recherché par la Réserve fédérale qui a remonté les taux d’intérêt de 0 % à 5 % en seulement un an afin de lutter contre l’inflation. Elle espère limiter des investissements des entreprises et des ménages, par exemple dans la construction. La hausse des prix qui dépassait les 9 % sur un an en juin 2022, a ralenti à 5 % sur un an en mars.

L’atterrissage en douceur de l’économie américaine semble être de mise. Le marché de l’emploi reste dynamique avec encore 236 000 créations nettes en mars. Les entreprises pourraient être amenées à reconstituer leurs stocks, ce qui soutiendra la croissance au deuxième trimestre. Par ailleurs, les investisseurs parient sur la fin prochaine des hausses des taux directeurs par la banque centrale.

Demandeurs d’emploi, baisse dans un contexte de faible croissance

Dans un contexte de ralentissement de la croissance, le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi a néanmoins continué de diminuer.

En moyenne au 1er trimestre 2023, en France métropolitaine, le nombre de personnes inscrites à Pôle emploi et tenues de rechercher un emploi (catégories A, B, C) s’établit à 5 089 600. Parmi elles, 2 801 400 personnes sont sans emploi (catégorie A) et 2 288 100 exercent une activité réduite (catégories B, C).

En France métropolitaine, le nombre de demandeurs d’emploi en catégorie A baisse de 1,3 % (-35 600) ce trimestre et de 5,8 % sur un an. Le nombre de personnes exerçant une activité réduite courte (catégorie B) augmente de 0,3 % par rapport au trimestre précédent et sur la même période celui des personnes en activité réduite longue (catégorie C) croît de 0,9 %. Au total, le nombre de demandeurs d’emploi en catégories A,B,C diminue de 0,4 % ce trimestre (-19 000) et de 3,0 % sur un an.

Au premier trimestre, 707 600 personnes inscrites à Pôle emploi ne sont pas tenues de rechercher un emploi. Elles sont soit non immédiatement disponibles et sans emploi (catégorie D, par exemple : formation, contrat de sécurisation professionnelle, maladie), soit pourvues d’un emploi (catégorie E, par exemple : création d’entreprise, contrat aidé). Sur ce trimestre, le nombre d’inscrits en catégorie D augmente de 0,2 % et celui des inscrits en catégorie E diminue de 0,7 %.

En France (y compris les départements-régions d’outre-mer, hors Mayotte), le nombre de demandeurs d’emploi s’élève à 3 016 000 pour la catégorie A. Il diminue de 1,2 % sur le trimestre (-5,9 % sur un an). Pour les catégories A, B, C ce nombre s’établit à 5 369 300. Il diminue de 0,4 % sur ce trimestre et de 3,0 % sur un an.

Cercle de l’Épargne – données DARES

Légère remontée du moral des ménages en France

En avril, la confiance des ménages dans la situation économique s’améliore légèrement, selon l’INSEE. L’indicateur qui la synthétise gagne un point et atteint 83. Il reste bien au-dessous de sa moyenne de longue période (100 entre janvier 1987 et décembre 2022). En ce début de printemps, le moral des ménages est en légère hausse avec l’espoir que la vague inflationniste touche à sa fin.

Cercle de l’Épargne – données INSEE

En avril, les ménages sont moins nombreux à considérer que leur situation financière personnelle se dégradera dans les prochains mois. Le solde d’opinion associé augmente de trois points. En revanche, le solde d’opinion des ménages relatif à leur situation financière passée est quasi stable. Ces deux soldes restent bien au-dessous de leur moyenne de longue période.

Le solde relatif à l’opportunité de faire des achats importants perd deux points. Il reste nettement au-dessous de sa moyenne de longue période. En avril, la part des ménages estimant qu’il est opportun d’épargner diminue de nouveau. Le solde d’opinion correspondant perd deux points mais demeure bien au-dessus de sa moyenne de longue période. L’opinion des ménages sur leur capacité d’épargne future s’améliore nettement. Le solde d’opinion correspondant gagne cinq points, après une hausse de trois points en mars. En revanche, celui relatif à la capacité d’épargne actuelle des ménages en perd deux. Ces deux soldes se situent au-dessus de leur moyenne de longue période.

En avril, l’opinion des ménages sur le niveau de vie en France au cours des douze prochains mois s’améliore. Le solde correspondant augmente de trois points mais reste cependant bien inférieur à sa moyenne de longue période. L’opinion des ménages sur l’évolution passée du niveau de vie en France est quasi stable. Le solde associé gagne un point et demeure inférieur à sa moyenne de longue période. Les craintes des ménages concernant l’évolution du chômage sont stables. Le solde correspondant demeure en-dessous de sa moyenne de longue période.

E-commerce, près de 150 milliards d’euros

La vente en ligne a réalisé, selon la FEVAD, en 2022, un chiffre d’affaires de 146,9 milliards d’euros, représentant près de 13 % des dépenses de consommation des ménages. Ce chiffre d’affaires est en hausse de près de 14 % en un an. Les ventes de produits sur Internet ont baissé de 7 % par rapport à l’année 2021 qui était encore marquée par des confinements. Par rapport à 2019, la progression est de 33%. Les ventes de services ont progressé de 36 % en lien avec le retour à la normale des activités liées aux loisirs. Par rapport à 2019, la hausse est de 50 %. 2,3 milliards de transactions ont été enregistrées en ligne. Le panier moyen s’élève à 65 euros, en hausse de 6,9 % par rapport à 2021.

Le nombre de sites marchands actifs progresse de 5 % avec plus de 10 000 nouveaux sites en un an. Les secteurs qui progressent le plus sont la Beauté-Santé et le Mobilier-Décoration (respectivement +29 % et +19 % depuis 2019). Les ventes en ligne de produits de grande consommation, qui avaient le plus accéléré pendant la pandémie, ont augmenté de 1 % par rapport à 2021. Leur niveau se situe à un niveau supérieur de 56 % par rapport à 2019. Les sites de Voyage-Tourisme ont progressé de 55 % en 2022, en progression de 16 % par rapport à 2019. Les ventes réalisées pour le compte de tiers (sur les places de marché) sont en léger retrait par rapport à l’an dernier (-1,6%) mais en hausse de 30 % par rapport à 2019.