8 février 2015

Japon, une génération en déflation

Le Japon est confronté depuis 1995 à une déflation qui mine l’économie. Les prix ont diminué de manière quasi ininterrompue depuis vingt ans à l’exception de la période de forte hausse des matières premières entre 2005 et 2007. Le déclin démographique joue un rôle crucial dans le processus déflationniste. La difficile ouverture sur l’extérieur de l’archipel nippon explique l’enracinement de la déflation. Entre 1992 et 2012, la croissance japonaise a été inférieure à 0,8 %. Mais du fait de la diminution de la population, le PIB par habitant a continué à croître assez rapidement surtout si l’on ne retient que les actifs. L’augmentation y a été supérieure à celle constatée aux Etats-Unis et en zone euro. Elle a ainsi permis de rendre acceptable la déflation d’autant plus que le Japon est en situation de plein emploi.

Jusqu’à maintenant, la politique du Premier Ministre, Shinzo Abe, n’a qu’imparfaitement pu enrayer le cycle déflationniste. Avec la mise en place de la politique d’assouplissement quantitatif, près de 70 000 milliards de yen investis par an soit 13,5 % du PIB, le taux d’inflation est remonté, passant de -0,3 à °+3,7 % de janvier 2013 à mai 2014. Ce redressement du taux d’inflation est également le produit du relèvement de 3 points de la TVA au mois d’avril 2014, relèvement qui a provoqué une récession de l’économie japonaise. Ce taux d’inflation est, depuis, redescendu du fait de la baisse des prix de l’énergie. Sur l’ensemble de l’année 2014, les prix n’ont, en effet, progressé que de 0,7 % et pourraient être même en territoire négatif au cours du premier semestre 2015.

Afin d’endiguer le mouvement de diminution des prix et pour casser la spirale déflationniste, le Gouvernement fait pression sur le patronat afin d’obtenir des augmentations de salaire. Les négociations en cours devraient aboutir à une augmentation de 2,6 % en 2015 contre une hausse de 2,2 % en 2014. Mais cette progression ne concerne que les salariés syndiqués des grandes entreprises soit 17 % de la population active. Pour l’ensemble des salaires, la progression pourrait être de 1,6 % en 2015 et de 2,8 % en 2016. Avec une telle revalorisation, la Banque centrale espère néanmoins une hausse de l’inflation de 1,6 % en 2016.