26 octobre 2014

La bataille du rail est de retour

La bataille du rail est de retour ou l’histoire d’un rapport qui tombe à pic

Le rapport de la Cour des Comptes sur la grande vitesse ferroviaire qui avait donné lieu à des fuites a été rendu public le 23 octobre dernier. La Cour des Comptes a émis un jugement sans appel sur le modèle économique et financier des TGV. Les lignes sont de moins en moins rentables et cela est d’autant plus marqué pour celles qui ont été construites récemment.

Du fait de coûts salariaux en progression et de l’augmentation du tarif des péages dus à RFF, la marge opérationnelle de l’activité TGV s’est sensiblement dégradée, de 29 % du chiffre d’affaires en 2008 à 12 % en 2013. Le renouvellement à venir du matériel devrait encore faire baisser cette rentabilité.

Selon la Cour des Comptes, le recours aux collectivités locales pour financer les lignes et la politique d’endettement de Réseaux Ferrés de France ont faussé les calculs de rentabilité. En l’état actuel et malgré la progression des redevances, la dette de RFF n’est pas soutenable. La Cour indique clairement que le modèle économique du TGV pèse sur l’investissement et les dépenses d’entretien du réseau.

Le réseau actuel de 2 036 km de LGV françaises doit atteindre 2 700 km d’ici 2018 et 5 000 km à échéance plus longue. A priori, compte tenu des informations données par la Cour des Comptes et des problèmes budgétaires, l’extension du réseau a de forts risques d’être remise en cause. Le rapport tombe à pic pour justifier l’enterrement de certaines promesses.

La Cour des Compte a également tordu le nez à une légende liée l’impact supposé positif du TGV sur l’environnement. Le bilan carbone de la grande vitesse serait moins bon qu’escompté. La prise en compte de la construction des lignes et de la circulation de rames faiblement occupées sur les liaisons classiques dégraderait le bilan carbone des TGV. En termes d’aménagement du territoire, les lignes TGV ont, toujours selon la Cour, accentué la polarisation autour des grandes métropoles et n’ont pas favorisé le développement économique des villes moyennes.

Le pari du train à grande vitesse reposait sur la captation du trafic aérien et d’une partie du trafic automobile. Si dans un premier temps les résultats ont dépassé les espérances, il est à noter que le renchérissement du prix du billet a entrainé une stagnation du trafic et le développement de systèmes concurrents de transports comme le covoiturage, le transport par car ou le transport aérien « low cost ».

Au-delà du rapport de la Cour des Comptes, il faut souligner que le développement des lignes TGV a fragilisé Air France qui est déficitaire sur son réseau intérieur. Par ailleurs, la SNCF s’est focalisée sur le TGV au détriment du transport de marchandises.

Dans le cadre de son rapport, la Cour des Comptes a énoncé les recommandations suivantes :

Avoir des études socio-économiques fiables sur les projets de LGV à réaliser d’ici 2030 ;

  • Concentrer les moyens financiers sur l’entretien des équipements actuels ;
  • Améliorer la transparence financière des lignes de TGV pour pouvoir réellement apprécier leur rentabilité ;
  • Réduire le recours des TGV sur les lignes classiques et diminuer le nombre de dessertes ;
  • Clarifier les règles de paiement des péages à RFF ;
  • Stabiliser le ratio d’endettement de RFF