28 mars 2015

La grande panne de la productivité

Panne de productivité, est-ce grave docteur ?

 

Crise financière, surendettement, injections de liquidités, tout cela ne masquerait-il pas un mal profond, une diminution des gains de productivité ? Pourtant de nombreuses études répètent que nous sommes à l’aube d’une mutation historique de l’économie qui devrait connaître une forte croissance.  . Une étude de McKinsey a ainsi pronostiqué que d’ici 2025 une dizaine d’innovations majeures (énergie, production, santé, matériaux, métiers du savoir…) devrait créer ou déplacer l’équivalent de la moitié du PIB mondial actuel. Mais, pour le moment, les pessimistes, les déclinologues semblent l’emporter. Rien de tangible sur le front de la productivité !

 

Depuis le début de la révolution industrielle, à la fin du 18ème siècle, nous considérons que la croissance est portée par le progrès technique. Or, aujourd’hui, ce progrès est remis en cause et en outre, il se fait plus rare ou du mois son apport se révèle plus faible à moins que nous sachions plus le mesurer.

 

Aux Etats-Unis, la productivité globale des facteurs n’a progressé que de 0,7 % depuis l’an 2000 contre 1,4 % dans les années 90. Pour la zone euro, nous sommes passés de 0,8 % à 0 d’une décennie à l’autre. La productivité par tête qui était de 2,7 % par an de 2000 à 2006 n’est plus que de 1,5 % de 2007 à 2013. Même le secteur des hautes technologies est touché. La productivité par tête est ainsi passée, dans ce secteur, de 15,2 % entre 1990 à 1999 à 1,6 % entre 2007 et 2013. Une autre étude de McKinsey souligne que la rentabilité de l’industrie pharmaceutique qui était de plus de 13 % dans les années 90 se situe entre 4 et 9 % depuis les années 2000. Une étude du cabinet Alix Patners montre que le coût de développement par génération de microprocesseurs augmente de 30 %. L’intensité capitalistique s’accroît fortement ce qui joue contre la croissance. De 1980 à 2013, cette intensité aurait, selon certaines études, doublé. Il en résulte une baisse du rendement du capital physique ce qui ne peut jouer que contre les salaires et l’emploi. Le développement des emplois à faible qualification, emplois de services à domicile, restauration, hôtellerie… pèse également sur le niveau général de la productivité. Pour paraphraser l’économiste américain Robert Solow, aujourd’hui l’on trouve des objets connectés partout « sauf dans les statistiques de la productivité ».

 

Cette panne de productivité est-elle d’ordre structurel en relation avec un épuisement du progrès ? Est-elle un signe d’une mauvaise orientation de l’économie vers des secteurs ne permettant pas de dégager de la croissance ou sommes-nous sur un palier entre deux cycles schumpétériens ?