28 février 2015

L’Allemagne en mode cigalle

L’Allemagne peut-elle se muer en cigale méditerranéenne ?

Sous la menace d’une procédure pour excédents commerciaux excessifs, l’Allemagne serait-elle en train de changer de modèle en privilégiant la demande intérieure ? L’Allemagne a construit sa croissance, ces dernières années, sur ses exportations et donc sur les déficits commerciaux de ses voisins qu’elle a alimentés en retraitant sous forme de prêts l’épargne accumulée. La vertu se nourrissait des vices de ses partenaires en les favorisant.

Plusieurs données économiques semblent prouver que l’Allemagne entend jouer la demande intérieure comme vecteur de croissance.

Les salaires augmentent plus vite que la moyenne de la zone euro ; la création du SMIC a amélioré, en particulier, dans le secteur des services, le pouvoir d’achat de plusieurs millions d’actifs. Le salaire minimum allemand est, selon Eurostat, plus élevé en Allemagne qu’en France. Par ailleurs, la revalorisation de certaines prestations sociales notamment les pensions de retraite favorise la demande interne.

Ce changement de modèle se traduit par une détérioration des marges des entreprises et une diminution de leurs profits. Pour le moment, il n’a pas d’incidence sur les résultats du commerce extérieur. En effet, les exportations allemandes bénéficient d’une faible élasticité prix. Les augmentations des prix ont peu de conséquences sur les ventes. Néanmoins, les entreprises allemandes pourraient à terme être handicapées d’autant plus que le niveau de l’investissement reste faible. Il faut corriger ce point en soulignant que si les entreprises investissent peu, elles le font de manière très ciblée en privilégiant les équipements de pointe.

 

Avec ce changement de modèle, l’Allemagne soutiendra, dans les prochains mois, un peu plus la croissance européenne. Pour les marchés financiers, cela signifie que la balance des paiements courants sera moins excédentaire. La capacité d’épargne diminuera également. Cela devrait contribuer à accélérer la baisse de l’euro par rapport aux autres devises.