17 octobre 2015

Le coi de la conjoncture

La crise sans fin japonaise

 Le groupe Sony après avoir abandonné la fabrication de ses ordinateurs Vaio serait sur le point de vendre une partie de son portefeuille de droits musicaux dont ceux des Beatles. Le temps est loin où Sony faisait peur aux Américains en rachetant Columbia.

Le Japon semble ne pas pouvoir s’extraire de la déflation. La diminution de la population et la rigueur salariale aboutissent à peser sur la demande intérieure. La poursuite de la déformation du partage des revenus au détriment des salariés mine la croissance et empêche toute reprise de l’inflation. La Banque Centrale n’a comme solution que la poursuite de sa politique de Quantitative Easing et par voie de conséquence l’amplification de la monétisation de la dette.

Toujours pour contrer les forces déflationnistes, le gouvernement est conduit à adopter de nouveaux programmes de relance par les dépenses publiques empêchant toute réduction du déficit public et donc de la dette publique.

Rien ne semble pouvoir arrêter à court terme cette spirale déflationniste.

La Banque du Japon est amenée à maintenir des taux bas  car toute hausse serait fatale aux banques compte tenu de la taille des portefeuilles obligataires qu’elles détiennent.

Face à cette situation, les investisseurs et les banques japonais diversifient internationalement leurs portefeuilles pour en accroître le rendement avec par voie de conséquence la vente de titres japonais que la Banque centrale est contrainte de racheter.

De ce fait, la taille du bilan de la Banque centrale explose. A une date non fixée, il y a aura, si rien n’est fait pour casser cette spirale, une crise de change avec une chute incontrôlée du yen.

 Europe, l’industrie est à l’est et les touristes à l’ouest

L’industrie européenne est essentiellement concentrée sur une partie du territoire s’étendant du sud de l’Allemagne et sur l’ensemble de la République tchèque (à l’exception de la région-capitale) jusqu’en Pologne et incluant plus au sud des régions de la Slovaquie, de l’Autriche, de la Hongrie et de la Slovénie. La majorité des régions de Bulgarie et de Roumanie affichaient également un fort pourcentage de valeur ajoutée brute issue de l’industrie.

Parmi les dix régions enregistrant la plus forte part industrielle dans la valeur ajoutée brute totale de leur économie, sept se trouvaient en Allemagne et une respectivement en Pologne, en Bulgarie et aux Pays-Bas.

À l’opposé, la contribution de l’industrie à la valeur ajoutée brute totale a été relativement faible dans les régions capitales (où les services sont généralement le principal secteur créateur de richesse) ainsi que dans un certain nombre de régions pouvant être caractérisées comme des destinations touristiques, en particulier autour du bassin méditerranéen.

Dans aucune des régions du Danemark et de France, tout comme à Chypre, en Lettonie et au Luxembourg, l’industrie n’a représenté plus de 30 % de la valeur ajoutée brute totale. Globalement, dans l’UE, 24 % des régions ont enregistré une part industrielle supérieure à 30 % de la valeur ajoutée brute, et 33 % affichaient une part industrielle comprise entre 20 % et 30 %.

En 2012, les régions de l’UE à la plus forte intensité de recherche et développement (R&D) étaient Province du Brabant Wallon en Belgique (où les dépenses de R&D représentaient 7,8 % du PIB), Braunschweig (7,3 %) et Stuttgart (6,2 %), toutes deux en Allemagne. Parmi les treize régions de l’UE dont les dépenses de R&D étaient supérieures à 4 % du PIB, six se situaient en Allemagne, deux au Royaume-Uni et une respectivement en Belgique, au Danemark, en France, en Autriche et en Suède. Dans l’ensemble de l’UE, 35 régions affichaient une intensité de R&D supérieure à 3 % du PIB. À l’autre extrémité de l’échelle, les régions de Ciudad Autónoma de Ceuta en Espagne, « Sud-Est » en Roumanie, Ionia Nisia en Grèce et Severen tsentralen en Bulgarie (environ 0,1 % pour chacune) étaient les régions de l’UE affichant les plus faibles intensités de R&D. Sur les dix régions de l’UE dont les dépenses de R&D étaient inférieures à 0,2 % du PIB, trois étaient situées en Bulgarie, deux respectivement en Grèce, en Espagne et en Roumanie et une en Pologne. La région Midi-Pyrénées arrive en 5ème avec des dépenses de recherche et développement qui représentent 4,5 % du PIB.

Au niveau de l’activité touristique, la carte européenne est tout autre. Les touristes se concentrent sur les côtes européennes et dans les villes capitales. Il y a évidemment de fortes disparités d’un pays à un autre. En outre, la France, l’Italie et l’Espagne se distinguent par le poids des touristes non-résidents.

Il convient de souligner que de plus en plus de  touristes résidents passent leurs vacances dans la famille ou en louant une résidence ou un logement quand les touristes non-résidents privilégient l’hôtel.

Et si les taux américains ne remontaient pas ?

Depuis plusieurs mois, l’économie mondiale et les places financières attendent le relèvement des taux d’intérêt par la Banque centrale américaine. Prévu à l’automne, différé à l’hiver, certains espèrent qu’il pourrait être reporté en 2016. Pour justifier ce report, la FED pourrait prendre en compte le ralentissement de la croissance, la faible hausse des salaires, la crise du secteur pétrolier, l’appréciation du dollar et la décrue de l’inflation aux Etats-Unis.

Un report sine die du relèvement des taux par la FED ne serait pas en soi une très bonne nouvelle et pourrait être porteur de dangers à moyen ou long terme. L’écart anormale entre taux d’intérêt et taux de croissance facilite l’émergence de bulles  sur les prix des actifs et encourage à l’endettement. Les faibles taux maintenus sur le long terme privent la Banque centrale d’outils en cas de choc économique. L’abandon du projet de relèvement pourrait conduire à une dépréciation du dollar et favoriser la guerre des changes entre les pays des grandes zones économiques.

Italie, bon ou mauvais élève ?

L’Italie est souvent décriée de ce côté-ci des Alpes or, ce pays qui doit faire face certes à une dette publique supérieure à la nôtre a, depuis trois ans, entrepris des réformes structurelles qui commencent à donner des résultats.

Le Gouvernement de Mateo Renzi a opté pour une politique de croissance reposant sur des baisses d’impôt et sur une libéralisation accrue de l’économie. Comme la France, l’Italie est soumise à la surveillance de la Commission européenne qui demeure méfiante vis-à-vis des intentions budgétaires du Gouvernement.

Le projet de budget 2016 qui a été transmis au Parlement pourrait poser problème car en l’état il ne semble  pas respecter les normes fixées par l’Union européenne, que ce soit en ce qui concerne la dette ou le déficit structurel. Au lieu de réduire le déficit structurel de 0,5 point de pourcentage comme prévu, l’Italie se propose en effet de l’augmenter de 0,4 point.

Le mois dernier, le gouvernement a porté son objectif de déficit 2016 de 1,8 % à 2,2 % du PIB, ce qui est inférieur à celui de la France, et a revu en hausse sa prévision de dette publique, la plus importante de la zone euro après la Grèce, de 130,9 % à 131,4 % du PIB.

Sur le plan fiscal, le gouvernement italien s’est engagé à supprimer l’impôt sur les résidences principales et le matériel agricole et industriel, tout en réduisant l’impôt sur les sociétés (IRES), des mesures dont le coût est évalué à cinq milliards d’euros.

La situation économique s’est nettement améliorée depuis le début de l’année

Après des années de récession et de stagnation, l’économie italienne renoue avec la croissance. Ainsi, le taux de croissance a été de 0,4 % au premier trimestre et de 0,3 % au deuxième. Sur l’année, la croissance pourrait atteindre 0,7 % soit le plus haut niveau enregistré depuis 2011.

Cette croissance repose sur la croissance des exportations dopées par la baisse de l’euro et par la bonne réputation des produits italiens. Les exportations ont progressé de 25 % au cours des huit premiers mois aux Etats-Unis. Preuve du dynamisme italien, la production industrielle s’est accrue de 0,5 % au premier comme au deuxième trimestre. En revanche, comme dans d’autres pays européens, l’investissement reste toujours mal orienté.

La consommation des ménages progresse à nouveau, avec un gain de 10 points depuis le milieu de l’année 2013.

Le taux de chômage commence à reculer. Il est passé de 12,5 à 11,9 % de janvier à juin. Le taux de chômage des jeunes âgés de 15 à 24 ans a reculé de 43 % à 40,7 %.

L’Italie profite à plein du rebond du secteur touristique qui représente 10 % du PIB et 5 % de l’emploi. L’Italie bénéficie de l’effet positif de l’exposition universelle (Expo Milan 2015) qui n’est certainement pas étrangère aux bonnes performances du secteur touristique en Italie cet été. Ces expositions rencontrent toujours un grand succès. Ainsi, Hanovre en 2000 a enregistré plus de 19 millions de visiteurs et Shanghai, en 2010, 73 millions. L’Exposition de Milan 2015 aurait déjà accueilli 16 millions de visiteurs à fin septembre, sachant que cinq millions de plus sont attendus d’ici la fin du mois d’octobre.

Le Gouvernement italien demeure réformiste

Le « Jobs Act », récemment approuvé, a introduit de nouvelles règles relatives au licenciement individuel. De plus, les charges sociales ont été abaissées sur les nouvelles embauches et les coûts de main-d’œuvre ont été exclus du calcul de la taxe régionale des entreprises (IRAP). Le Gouvernement s’est également engagé dans les réformes des marchés des biens et services, de la fonction publique, de l’éducation, et des systèmes judiciaire et fiscal. Ces réformes devraient aboutir à accroitre le PIB d’un point.