15 octobre 2016

Le Coin de la Conjoncture (15 octobre 2016)

Allemagne, quel est le sens de la pente ?

En bute au ralentissement de la Chine et des pays émergents, la croissance de l’économie allemande a bien résisté avec un taux de croissance de 2,3 % en rythme annuel. Elle profite d’une politique monétaire accommodante, de la dépréciation de l’euro et de la politique budgétaire à nouveau dynamique. La consommation est portée par l’arrivée des migrants. En revanche, l’investissement demeure toujours le talon d’Achille de l’Allemagne. Après avoir stagné depuis mi-2015, les exportations augmentent vivement depuis le deuxième trimestre. En raison du ralentissement de la zone euro, de l’augmentation du prix du baril, de la dissipation des effets de la baisse de l’euro, la croissance devrait être moindre au cours du second semestre. Le taux annuel pourrait revenir à 1,3 %. L’industrie pourrait connaître une stagnation même si les indicateurs de confiance des entreprises du secteur manufacturier demeurent correctement orientés.

Sur l’année, le PIB devrait s’accroître de 1,7 à 1,9 %, soit bien plus que la France, 1,3 %. Dans les prochains mois, le Gouvernement devrait augmenter les dépenses de l’État fédéral de 3,7 % à 328,7 milliards d’euros représentant 10,5 % du PIB. L’accroissement des dépenses est affecté à l’accueil des réfugiés, à la sécurité et aux retraites. Le plan de réduction fiscale est assez modeste au regard des excédents budgétaire. L’effort sera de 2,6 milliards d’euros en 2017 et pourrait atteindre 10 milliards d’euros après les élections du mois d’automne. Les marges de manœuvre de la Chancelière sont réduites du fait des contraintes constitutionnelles allemandes. Afin de passer la dette publique en-dessous de 60 % du PIB, le Gouvernement doit ramener le déficit structurel à 0,35 % du PIB en 2017.

L’Allemagne craint que ses excédents commerciaux qui sont, par ailleurs, jugés excessifs par la Commission européenne, plus de 7 % du PIB, en 2015, ne fondent. La réorientation économique de la Chine devrait réduire les exportations des biens d’équipement. Par ailleurs, les négociations sur le Brexit devraient peser sur le climat des affaires en Europe, sur le volume des investissements et sur les exportations allemandes vers le Royaume-Uni. L’Allemagne est également très vigilante face à la montée du protectionnisme à l’échelle mondiale.

Dans ces conditions, la croissance pourrait n’être que de 1,3 % en 2017. Malgré tout, le taux de chômage devrait se stabiliser autour de 4 %. La population active augmenterait de 0,5 % entre 2015 et 2017 en raison de l’arrivée de réfugiés et de ressortissants européens. Les dépenses de consommation devraient être portées par les réfugiés et par les retraités qui ont bénéficié d’une augmentation de 4,25 % des pensions versées par l’État au mois de juillet dernier (+5,95% à l’est de l’Allemagne). Le salaire minimum sera, en 2017, de son côté, augmenté de  4 %. En revanche, la hausse des prix de l’énergie jouera comme dans l’ensemble de l’Europe contre la consommation.

Au vu de la multiplication des permis de construire, la construction de logements devrait rester dynamique, le marché étant soutenu par l’immigration. Si durant des années, le prix de l’immobilier baissait en Allemagne, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Ainsi, dans les grands centres urbains, les prix ont progressé sur ces quatre dernières années de plus de 15 %. A Hambourg, l’augmentation atteint 70 %.

En raison de l’extrême prudence des entreprises rechignant à investir et des ménages maintenant un fort effort d’épargne, l’Allemagne dégage un excédent de la balance des paiements courants de plus de 8 % du PIB, soit le deuxième plus important à l’échelle mondiale, juste derrière la Chine.

 

Le transport aérien ne connait pas la crise  

Les carnets de commandes des deux constructeurs sont pleins pour plusieurs années. Ce sont avant tout les court-moyens courriers et les longs courriers biréacteurs qui mènent la danse. Les passagers souhaitent relier le plus vite possible sans correspondance leur lieu de destination. Cela a fait le succès de l’A320 et du Triple 7. En revanche, le A380 souffre pour trois raisons :

  • L’A380 est pénalisé au niveau de sa consommation en kérosène, un quadriréacteur consommant plus par passager transporté qu’un biréacteur ;
  • L’A380 est un avion destiné à la desserte de hubs et suppose une concentration des passagers au départ et à l’arrivée. Cette option n’est pas celle que recherchent les touristes ;
  • L’A380 oblige les aéroports et les compagnies à mettre en place des infrastructures et des logistiques coûteuses. ;
  • Les coûts de fabrication de l’A380 sont élevés du fait du choix de Toulouse qui nécessite d’importants ruptures de charges pour le convoyage des éléments fabriqués dans les différentes usines du Groupe et chez ses partenaires.

Face aux faibles commandes d’A380, Airbus a rapidement réagi en développant l’A350 qui a vocation à s’installer sur le créneau des long-courriers biréacteurs marché dominé par Boeing avec le B777 et le B 787. Même si le secteur de l’aviation dépend de plus en plus des compagnies asiatiques ou du Moyen-Orient, le marché européen demeure important et enregistre toujours une croissance non négligeable. Ainsi, en 2015, 918,3 millions de passagers ont voyagé par avion dans l’Union européenne, soit une hausse de 4,7 % par rapport à 2014 et de 22,0 % par rapport à 2009.

Ce transport se décompose de la manière suivante :

  • le transport intra-européen représente 45,2 % du transport aérien total de passagers dans l’Union ;
  • le transport extra-UE représente 37,2 % ;
  • le transport national représente 7,6 %.

En Europe, c’est le transport intra-européen qui connait la plus forte croissance, deux fois le taux global.

Source : EurostatLe Royaume-Uni est le pays ayant le plus grand nombre de passagers. Cela est évidemment lié à son caractère insulaire et au développement des compagnies low cost. Ainsi au sein de l’Union, en 2015, un passager aérien sur quatre a été enregistré au Royaume-Uni avec un total de 232 millions de personnes. Suivaient l’Allemagne (194 millions de passagers), l’Espagne (175 millions), la France (141 millions) et l’Italie (128 millions).

Par rapport à 2014, le nombre de passagers aériens transportés en 2015 a augmenté dans tous les États membres. Les hausses les plus importantes ont été relevées en Slovaquie (+16,3 %) ainsi qu’en Roumanie (+15,3 %). La France a enregistré une croissance de 3,3 % en 2015, soit moins que l’Allemagne (4 %) et le Royaume-Uni (5,6 %). Toujours, en 2015, la France a enregistré 28 millions de passagers nationaux (20 %), 62 millions de passagers intra-européens (44 %) et 51 millions extra-européens (36 %).

Au niveau des aéroports, c’est London/Heathrow qui est resté, en 2015, le plus fréquenté avec un total de 75 millions de passagers transportés, en légère hausse (+2,2 %) par rapport à 2014. Paris/Charles de Gaulle occupe la deuxième position avec près de 66 millions de passagers et précède Frankfurt/Main (60.9 millions). Sur les trente premiers aéroports, 5 sont britanniques contre trois français (Paris-Roissy, Paris-Orly et Nice).