24 septembre 2016

Le Coin de la Conjoncture (24 septembre 2016) – La Réunion, Les prévisions de l’OCDE

La tentation protectionniste stigmatisée par l’OCDE

 Dans ses dernières « Perspectives » paru cette semaine, l’OCDE considère que la croissance de l’économie mondiale patine. L’organisation a revu à la baisse ses prévisions de croissance. Au-delà du risque du piège de la croissance molle, c’est les tentations protectionnistes qui inquiètent les économistes du Château de la Muette.

 Selon les prévisions de l’OCDE, la croissance de l’économie mondiale sera de 2,9 % cette année et de 3,2 % en 2017, soit un taux bien inférieur aux moyennes de long terme qui se situent autour de 3,75 %.

 Pour les États-Unis, l’organisation considère que la faiblesse de l’investissement amputera la croissance de plusieurs dixièmes de point. Elle ne devrait être que de 1,4 % en 2016. En 2017, un léger mieux est attendu avec un taux de 2,1 %.

 La croissance de la zone euro devrait atteindre 1.5 % en 2016 et 1.4 % en 2017. En Allemagne, elle devrait être de 1,8 % en 2016 et de 1.5 % en 2017 et, en 2016 et 2017, de 1,3 % en France et de 0,8 % en Italie. L’OCDE prévoit un ralentissement de l’économique britannique. Le taux de croissance devrait revenir en-dessous de 2 % (1,8 %). Pour 2017, le taux de croissance ne serait plus que de 1 %.

 Au Japon, l’OCDE ne croit pas à la reprise. La stagnation perdurerait avec un taux de croissance de 0.6 % en 2016 et  de 0.7 % en 2017.

 La croissance de la Chine devrait être de 6,5 % en 2016 et de 6,2 % en 2017. L’Inde devrait continuer sur sa lancée avec un taux de 7,4 % en 2016 et de 7,5 % en 2017. L’OCDE à la différence d’autres instituts de conjoncture ne voit pas de sortie de récession pour le Brésil qui verrait son PIB se contracter de 3,3 % cette année et de 0,3 % de plus en 2017.

 Si depuis la Seconde Guerre Mondiale, la progression du PIB mondial a été tirée par celle des échanges dans un contexte de libéralisation, ce lien tend à disparaître depuis 2008. Ces dernières années, le taux de croissance du commerce mondial a diminué de moitié par  rapport à la période pré-crise. Il a encore décliné ces derniers trimestres, avec une faible progression des échanges concentrés en Asie. Des facteurs d’ordre conjoncturel expliquent en partie cette rupture mais il y a également des facteurs plus structurels. La phase de mondialisation amorcée dans les années 80 touche à sa fin. Les pays émergents cessent de n’être que des pays ateliers ; ils privilégient désormais la demande intérieure. Par ailleurs, l’augmentation des niveaux de vie entraîne une modification des habitudes de consommation se traduisant par la montée en puissance des services au détriment des biens.

 Mais, au-delà des facteurs de modification des modes de développement, l’OCDE met l’accent sur « la régression de l’ouverture des marchés mondiaux aux échanges ». La Chef économiste de l’OCDE, Catherine Mann, souligne que « si la faiblesse de la demande contribue assurément au ralentissement des échanges, l’absence de soutien politique en faveur de politiques commerciales dont les bienfaits pourraient être largement partagés est très préoccupante ».

L’organisation internationale met également en garde contre les taux d’intérêt exceptionnellement bas – voire négatifs qui faussent le fonctionnement des marchés de capitaux et accentuent les risques à l’échelle du système financier dans son ensemble. Elle craint en cas de correction des prix des actifs des mouvements financiers violents qui pourraient mettre en difficulté des investisseurs.

Comme le FMI, l’OCDE réclame que les États sollicitent moins la politique monétaire et mettent en œuvre des politiques budgétaires et structurelles plus actives.

Les entreprises françaises jouent dans la cour des grands

Si La France souffre d’un manque d’entreprises de taille intermédiaire, en revanche, elle possède un grand nombre de groupes dits multinationaux. Dans les 100 plus grandes entreprises mondiales classées par leur chiffre d’affaires, 8 sont françaises (Total, Axa, BNP Paribas, Société Générale, Groupe Carrefour, Crédit Agricole, Électricité de France et Engie). Dans les 300 premières figurent 20 entreprises françaises.

Les grandes entreprises nationales sont fortement présentes à l’international tant au niveau de la commercialisation qu’au niveau de la production.

En 2013, les groupes français multinationaux (hors secteur bancaire) contrôlaient ainsi 37 000 filiales à l’étranger. La majorité du chiffre d’affaires de ces entreprises (53 %) est réalisée à l’étranger. 55 % de leurs effectifs, soit 5,4 millions de salariés travaillent en-dehors du territoire national. 38 % de ces derniers travaillent dans un pays de l’Union européenne (UE), en premier lieu au Royaume-Uni, en Allemagne et en Espagne.

Les grands groupes restent les vecteurs essentiels du déploiement international, comptant à eux seuls 84 % du chiffre d’affaires et 80 % des effectifs à l’étranger. Les groupes de taille intermédiaire réalisent 15 % du chiffre d’affaires et emploient 17 % de leurs salariés à l’étranger. Les PME ne représentent que 3 % des effectifs et un peu moins de 2 % du chiffre d’affaires à l’étranger.

La moitié des groupes français multinationaux est implantée dans au moins 3 pays. La moitié des grands groupes l’est dans au moins 17 pays. Avec 2,1 millions de salariés, soit 38 % des effectifs, l’Union européenne (UE), hors France, reste la première zone d’implantation des groupes français multinationaux. Le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Espagne regroupent à eux seuls plus d’un million de salariés (respectivement 370 000 au Royaume-Uni, 352 000 en Allemagne et 304 000 en Espagne). Derrière l’UE, les Bric (Brésil, Russie, Inde, Chine) et les États-Unis arrivent en deuxième et troisième positions, avec respectivement 24 % et 11 % des effectifs.

Entre 2012 et 2013, le nombre d’emplois à l’étranger des groupes français multinationaux s’est accru de 90 000. Cette progression est bien moindre que celle des années précédentes. Pour la première fois, entre 2012 et 2013, les groupes français multinationaux ont d’ailleurs davantage accru leur emploi en France (+ 130 000) qu’à l’étranger.

Hors UE, entre 2012 et 2013, les effectifs ont particulièrement progressé aux États-Unis (+ 36 000 salariés), mais aussi en Russie (+ 21 000), en Inde (+ 19 000) et au Brésil (+ 12 000). A contrario, les effectifs en Chine se sont contractés (– 27 000).

En 2013, 39 % des salariés des groupes français multinationaux qui travaillent à l’étranger sont employés dans des filiales industrielles et 57 % dans les activités tertiaires (22 % dans le commerce et 35 % dans les services). L’Allemagne est le pays où les implantations françaises sont les plus orientées vers l’industrie : 53 % des salariés des groupes français y travaillent dans des filiales industrielles. En Roumanie ou en République tchèque, 52 % des salariés des groupes français travaillent également dans l’industrie.

 Au Brésil, l’emploi des implantations françaises se concentre particulièrement dans les activités tertiaires (71 %) et notamment dans le commerce. La part de salariés des groupes français travaillant dans le tertiaire est également élevée en Inde (64 %) et aux États-Unis (62 %). Les implantations françaises sont davantage orientées vers l’industrie en Chine et en Russie, ce secteur employant respectivement 43 % et 42 % des salariés des groupes français.

 Au Royaume-Uni ou en Allemagne, les salariés des groupes français ne représentent que 1 % de l’emploi salarié total. Ce poids est le plus élevé dans les pays frontaliers et dans ceux les moins peuplés. Il s’élève à 8 % au Luxembourg et à 3 % en Belgique. L’Île Maurice est le troisième pays ayant la proportion d’emploi de groupes français la plus importante. Cette part représente 2 % de l’emploi salarié de ce pays.

 En 2013, les groupes français multinationaux ont réalisé 58 milliards d’euros d’investissements corporels hors de France, soit 5 % de leur chiffre d’affaires consolidé à l’étranger. Les groupes effectuent 63 % de leurs investissements à l’étranger hors UE, soit 36,5 milliards d‘euros.

 20 pays captent à eux seuls 44,2 milliards d’euros d’investissements corporels, soit plus des trois quarts des investissements des groupes multinationaux à l’étranger. Ces 20 pays sont aussi bien dans l’UE qu’en dehors. Comme en 2012, les investissements restent les plus importants aux États-Unis (4,7 milliards), mais l’écart s’est fortement réduit avec le Royaume-Uni, deuxième pays receveur en 2013 (4,6 milliards).

La Réunion, une île jeune à fort potentiel

 Dans le débat économique français, il est rarement fait mention des départements et régions l’Outre-Mer qui pourtant comptent plus de 1,6 million d’habitants (plus de 2 millions en prenant les collectivités d’outre-mer sur un total de 66,6 millions d’habitants). Placés en lisière de régions à forte croissance ou à fort potentiel (Océan Indien, Caraïbes, Océan Pacifique), dotés de larges zones maritimes, ces territoires demeurent méconnus. Les problèmes sociaux récurrents (chômage, pauvreté, prix chers) et les déséquilibres commerciaux font oublier que leur potentiel de croissance est important.

 À l’exception de la Guyane, tous les départements et collectivités d’outre-mer sont des îles. À l’insularité s’ajoute l’éloignement ; ce qui peut constituer un frein pour le développement économique. Les départements d’outre-mer en tant que régions ultrapériphériques font partis de l’Union européenne en bénéficiant de règles spécifiques. De ce fait, les relations avec l’Europe et la métropole sont favorisées au détriment, dans un certain nombre de cas, des relations avec les États voisins. Du fait de marchés de taille réduite, de l’insularité et de l’éloignement, avec une faible concurrence en matière de distribution, le débat sur la vie chère est au cœur des préoccupations des ultra-marins. Figurent également les questions de la formation et des débouchés économiques.

 Comme les autres régions d’Outre-Mer, La Réunion a été confrontée avec retard à la crise de 2008/2009. L’île a été plus touchée par le ralentissement de 2011/2012. Le retournement est intervenu en 2015 avec une amélioration de la situation de l’emploi et une augmentation des revenus. Néanmoins, une dégradation a été constatée en début d’année avec une nouvelle augmentation du chômage qui a atteint un point haut au mois de février 2016 avec plus de 138 000 demandeurs d’emploi.

 La Réunion, une île jeune en plein océan indien

 Au sein de l’Outre-mer, La Réunion est la région la plus peuplée. Tête de Pont française dans l’Océan Indien entre l’Afrique et l’Asie, cette île qui a souffert à la fin du 19ème siècle du percement du Canal de Suez est en plein repositionnement avec le décollage de l’Asie et plus récemment de l’Afrique Subsaharienne. Autrefois à l’écart des grands mouvements commerciaux, elle tente de valoriser son fort potentiel touristique, le haut niveau de formation de ses actifs et la bonne qualité de ses infrastructures. L’engagement de travaux d’importance au niveau du Port et la réalisation de la Nouvelle Route du Littoral devraient renforcer les atouts de la Réunion qui, d’autre part, met en avant son melting-pot.

 D’un territoire, près de quatre fois plus petit que la Corse, 2 520 kilomètres carrés contre 8 680 kilomètres carrés pour la Corse, La Réunion bénéficie d’une forte vitalité démographique qui contribue, depuis plusieurs années, au dynamisme de la consommation et à la croissance économique. Avec la Guyane et Mayotte, La Réunion est la région française qui connaît la plus forte progression démographique. La population réunionnaise s’élève à plus de 843 000 habitants. Elle a, en 30 ans, augmenté de plus de 300 000 habitants. Un processus de ralentissement de la croissance s’est néanmoins engagé depuis 2009. Le taux de progression est passé de plus de 1,5 % par an à 0,5 % par an (ce qui correspond au taux national), preuve que l’Ile n’échappe pas au processus de vieillissement général. Si le solde naturel de La Réunion reste positif, en revanche, son solde migratoire est négatif depuis 2009 (-0,6 % en moyenne entre 2008 et 2015).

 Ces dernières années, l’espérance de vie des femmes et des hommes de La Réunion s’est rapprochée de la moyenne nationale (respectivement 83,7 et 77,1 ans contre 85,4 et 79,3). Un effort sanitaire important a été réalisé à partir des années 60 qui a permis de rattraper le retard en matière de mortalité infantile.

 Malgré le tassement de la croissance démographique, en 2030, la population de la Réunion devrait dépasser le million d’habitants. L’ile restera un des départements les plus jeunes de France. En 2060, les plus de 60 ans représenteront près de 26 % de la population contre 31 % en France métropolitaine.

 Du fait de la superficie réduite et du caractère volcanique de l’île, la population se concentre dans quelques villes. La Réunion est la 4ème région de France en termes de densité de population (334 habitants au km²). Elle se situe derrière l’Île-de-France, Mayotte et la Martinique. En prenant en compte les territoires montagneux et volcanique, La Réunion connaît de très forte densité de population au sein de ses principales agglomérations (plus de 900 habitants par kilomètres carrés).

 L’économie réunionnaise, une économie tertiaire un peu trop administrée

 Comme dans presque toutes les iles, l’économie de La Réunion repose essentiellement sur les services (85 % de la valeur ajoutée contre 78 % pour la France métropolitaine). Même si son poids est modeste, 2,5 % de la valeur ajoutée, le tourisme génère des revenus extérieurs et contribue à alimenter d’autres secteurs d’activités comme le bâtiment. À ce titre, le BTP qui a enregistré une forte croissance au début des années 2000 s’est replié. Il est passé de 9,7 % de la valeur ajoutée en 2007 à  6,6 % en 2014. Le recul du tourisme avec l’épidémie du Chikungunya, en 2006, a également touché le secteur de la construction. Le ralentissement des investissements publics s’est fait également ressentir. Avec la Nouvelle Route du Littoral, un regain est attendu.

 L’industrie représente 2,5 % de la valeur ajoutée et l’agriculture 1,4 %. Leur poids respectif a également reculé depuis le début du siècle.

 Comme cela est traditionnel au niveau des îles et en outre-mer, les services non-marchands représentent un poids économique important, plus de 37 % de la valeur ajoutée à La Réunion contre 22,5 % en métropole. La fonction publique emploie plus de 84 000 personnes. Les collectivités territoriales sont responsables de plus de la moitié des emplois publics, l’État 38 % (dont les trois quarts dans l’éducation nationale). La part des contrats aidés représentent 11 % des emplois (2 % au niveau national).

 La Réunion entre l’embellie et les doutes

 La Réunion a connu une forte croissance dans les années 2000. En une dizaine d’années, le PIB s’est accru de plus de 40 %. Deux périodes peuvent être distinguées : jusqu’en 2007 où le taux de croissance réel moyen était  supérieur à 4 %. Après 2007, la croissance tend à se tasser. Le PIB s’est contracté de 3 % en 2009. Après une reprise en 2011, la croissance est restée faible en 2012 et 2013. L’activité semble s’être ressaisie à partir de 2014 avec une croissance qui tourne autour de 3 %. La Réunion fait nettement mieux que la métropole ainsi que la Martinique et la Guadeloupe. De 2004 à 2014, le taux de croissance de la Réunion est, en réel, de 2%.

 Le PIB par habitant était, en 2015, de 21 400 euros contre 32 200 euros pour la moyenne nationale. Le PIB par habitant réunionnais représente 63 % du PIB par habitant national en 2014 contre 50 % en 2000. Il reste inférieur à celui enregistré en Martinique, en Nouvelle Calédonie ou à Saint Pierre et Miquelon.

 Une croissance soutenue par une consommation dynamique

 Lors de ces dix dernières années, la consommation s’est accrue de 40 % à la Réunion (croissance annuelle de 3,6 %). Les ménages profitent de la baisse des taux d’intérêt pour souscrire des nouveaux crédits ce qui favorise la consommation et les dépenses d’investissement en logement.

 L’investissement en hausse grâce au BTP

 Depuis 2004, l’investissement a connu, de son côté, une croissance de 77 % (croissance annuelle de 5,9 %). Ce dernier est porté par la loi de programme pour l’Outre-Mer et par la réalisation de la nouvelle route littorale.

  Un fort déséquilibre commercial

 Comme pour toutes les îles, le commerce extérieur est fortement déséquilibré. Le taux de couverture des échanges est de 6,3 %. La Réunion dépend des approvisionnements en biens et en matières premières d’où un déficit commercial structurel. Il faut néanmoins souligner que le taux d’importation par rapport au PIB est de 28,4 %, soit un taux relativement faible au regard des taux constatés au sein d’autres îles voisines (63 % îles Fidji, 63 % à Maurice).

 La métropole assure un peu moins de 60 % des importations de La Réunion. Les autres pays européens représentent  13,5 %. Sinon, figurent également parmi ses principaux fournisseurs, la Chine, l’IIe Maurice, l’Afrique du Sud et Madagascar.

 Près de 60 % des exportations sont constituées de produits alimentaires dont plus de 48 % proviennent de l’industrie sucrière. Les produits de la pêche constituent la deuxième ressource d’exportation. Le sucre réunionnais est exporté en France, en Espagne, en Allemagne et au Royaume-Uni. Le rhum est acheté à plus de 85 % par la France métropolitaine. La France métropolitaine absorbe plus de 36 % des exportations de La Réunion. Arrivent loin derrière le Vietnam, Madagascar, le Japon et les États-Unis.

L’emploi, le paradoxe de La Réunion

 Le nombre d’emplois s’élève à plus de 267 000. Il a progressé de 10 000 depuis 2001 mais son accroissement ne permet pas de compenser l’augmentation assez rapide de la population active. Le paradoxe de La Réunion s’est d’être, tout à la fois, une des régions les plus dynamiques en matière de création d’emplois mais aussi une de celles où le taux de chômage est très élevé. Il atteint plus de 24 % de la population active contre 9,9 % pour la métropole. En 2015, pour la première année depuis la crise de 2008/2009, une diminution a été enregistrée. Néanmoins, la hausse a repris à la fin de l’année avec un pic intervenu au mois de janvier 2016. Le taux d’emploi est de 47 % contre 64,3 % pour la métropole.

 Cette situation est liée à la jeunesse de la population et à la progression du taux d’activité en particulier féminine avec un phénomène de rattrapage par rapport à la métropole. Le taux d’activité de LA Réunion reste néanmoins  relativement faible 62,6 % contre 70 % en métropole. Le taux d’activité des femmes est de 56,5 % contre 67,5 % en métropole. Le taux de chômage est très préoccupant. Plus d’un jeune de moins de 25 ans, actif, sur deux est à la recherche d’un travail quand en métropole le taux de chômage des jeunes est de 23,7 %.

 Depuis 2007, l’emploi non-salarié connaît une forte progression, + 4 % par an, quand l’emploi salarié ne progresse que de 1 %. Mais, il faut souligner que 90 % des emplois à la Réunion sont des emplois salariés comme en métropole. Du fait de la montée en puissance des dispositifs fiscaux Girardin, le secteur de la construction a été fortement créateur d’emplois entre 2000 et 2007. Depuis, il a été, comme en métropole, fortement destructeur d’emplois. Néanmoins, à partir de 2014, avec la Nouvelle Route du Littorale, les travaux publics augmentent leur nombre d’emplois. Depuis deux ans, ce sont les services marchands qui sont responsables de la création d’emplois.

La question lancinante des revenus et des inégalités

 La moitié des foyers fiscaux déclarent un revenu annuel inférieur à 10 000 euros contre un quart au niveau national. Trois quarts des foyers fiscaux ne sont pas redevables de l’impôt sur le revenu contre 50 % pour l’ensemble de la France.

 Comme dans l’ensemble des DOM, les inégalités de revenus sont beaucoup plus importantes qu’en métropole. Depuis 2013, les revenus des ménages sont de nouveau orientés à la hausse. Ils progressent légèrement plus vite que la moyenne nationale.

La problématique des retraites

 Même si la Réunion est une région jeune, elle n’en est pas moins confrontée à la question des retraites. En effet, plus du quart (27 %) de la population retraitée, 119 500 personnes en 2012, reçoivent le minimum vieillesse quand ce taux est de 3 % en France métropolitaine. Les retraités du secteur agricole doivent faire face à une situation très difficile. La quasi-totalité des 15 000 retraités agricoles vit en-dessous du seuil de pauvreté et 64 % touchent moins que le RSA (524 euros par mois). 25 % toucheraient même moins de 100 euros par mois. D’ici 2040, la population retraités à la Réunion augmentera rapidement pour représenter un quart de la population contre 15 % en 2015.

Un positionnement économique à affirmer

 La Réunion doit définir un mode de croissance compatible avec l’insularité en prenant en compte l’évolution de la zone géographique où elle est située. Avec le décollage de l’Afrique Subsaharienne et de Madagascar en particulier, avec le repositionnement de l’Île Maurice, La Réunion, grâce à ses atouts, peut continuer à enregistrer un fort taux de croissance. Elle bénéficie d’une main d’œuvre bien formée qui est certes plus chère que celle des pays voisins mais sa productivité est supérieure. Les autorités doivent tenter à cette fin d’éviter l’émigration des meilleurs éléments vers la métropole et de développer des secteurs à forte valeur ajoutée. Les autorités de l’Île Maurice, conscientes que le tourisme ne saurait suffire pour assurer un développement équilibré et pérenne, jouent une diversification ciblée de leur économie. Elles ont ainsi favorisé l’émergence d’un pôle financier et assurantiel afin de jouer le rôle de passerelle. Elles mettent également l’accent sur les nouvelles technologies (information, biotechnologies en particulier). Par ailleurs, Maurice souhaite retrouver son rôle en tant que port franc de l’Océan Indien.

Le tourisme réunionnais en plein repositionnement

 L’industrie touristique réunionnaise compte près de 4 700 entreprises employant 13 000 personnes soit près de 7 % des effectifs salariés. Les dépenses des touristes extérieurs ne représentent que 1,9 % du PIB en 2013, mais elles sont néanmoins la première source d’exportation de La Réunion.

 La fréquentation touristique de La Réunion a connu une forte croissance dans les années 90, avec une hausse annuelle du nombre de touristes extérieurs de 7,9 % en moyenne entre 1990 et 2000. Depuis, la fréquentation stagne autour de 400 000 touristes ce qui est peu au regard du potentiel. La crise sanitaire liée à l’épidémie du chikungunya en 2006 et les attaques de requins ont nui à l’image de l’île. Les touristes affinitaires (qui viennent rendre visite à leur famille ou à des amis) constituent la première origine des touristes de La Réunion (près de 50 % de la fréquentation). La destination Réunion est fortement dépendante du marché métropolitain (81 % des touristes extérieurs), qui stagne depuis plusieurs années pour les destinations lointaines. Les professionnels du tourisme de la Réunion essaient de promouvoir l’île sur le marché européen, le marché sud-africain et sur  les nouveaux marchés (Chine ou Inde), via l’île Maurice.

  La Réunion un hub pour les navires

 La Réunion tente comme Maurice de capter une partie du trafic maritime qui transite dans l’Océan Indien. Des investissements importants ont été réalisés à Port Réunion pour pouvoir accueillir un plus grand nombre de navires du fait de la décision de CMA-CGM de choisir, depuis le 1er janvier 2016, ce port comme hub pour ses navires en direction de l’Asie et de l’Afrique. En nombre d’unités de chargement manutentionnées, le volume a déjà  progressé de 32 %. .