31 octobre 2020

Le Coin de la conjoncture

Le rebond attendu du 3ème trimestre a bien eu lieu

La France a renoué avec la croissance après trois trimestres de recul de son PIB. Après une contraction historique de 13,7 % au deuxième trimestre, le PIB s’est accru de 18,2 % au troisième. La France enregistre le plus fort taux de croissance au sein de l’Union européenne et précède l’Espagne ainsi que l’Italie. Ce rebond est lié à l’importance du recul des deux trimestres précédents. Les trois pays en tête pour la croissance au troisième trimestre se caractérisent par un poids élevé du secteur touristique au sein de leur PIB. La relative bonne tenue de la saison estivale a facilité la reprise. Avec le deuxième reconfinement qui est entré en vigueur le 30 octobre, le dernier trimestre devrait enregistrer une nouvelle diminution du PIB. Le Ministre de l’Économie estime que pour l’ensemble de l’année 2020, le PIB sera en baisse de -11 points contre -10 prévus initialement au cours de l’été.

Cercle de l’Epargne – données INSEE

Malgré la forte hausse du troisième trimestre, le PIB demeure en dessous de son niveau d’avant la crise sanitaire. Par rapport au troisième trimestre 2019, la perte atteint 4,3 points.

Une reprise de la demande intérieure

Toutes les composantes de la demande intérieure ont connu un vif rebond durant l’été. Les dépenses de consommation des ménages ont progressé de 17,3 % entre juillet à septembre. Elles ont presque retrouvé leur niveau d’avant-crise (-2,1 % en glissement annuel). La consommation des ménages en biens dépasse celle de l’an passé (+1,3 % en glissement annuel), portée notamment par la consommation en biens fabriqués (+38,9 % en évolution trimestrielle, +4,2 % en glissement annuel). À l’inverse, la consommation des ménages en services demeure nettement en dessous du niveau d’avant-crise (-5,0 % en glissement annuel) en raison essentiellement des restrictions pesant sur les activités touristiques et de loisirs (hôtellerie, restauration, spectacles, etc.).

La consommation des administrations publiques est légèrement supérieure à son niveau d’avant crise (+0,4 % en glissement annuel).

La formation brute de capital fixe (FBCF) demeure fortement en retrait (-5,1 % en glissement annuel), malgré une hausse de 23 % au trimestre. Au total, la demande intérieure finale hors stocks contribue pour +18,9 points à la hausse du PIB ce trimestre.

Les exportations ont enregistré une hausse de +23,2 % après -25,7 % au deuxième trimestre. Les importations augmentent également mais dans des proportions moins marquées (+16,0 % après -17,1 %). Au total, le commerce extérieur contribue positivement à la croissance du PIB de +1,2 point, contre -2,4 points au trimestre précédent. Les variations de stocks contribuent négativement à l’évolution du PIB (-1,9 point après +0,9 point).

La production inférieure de 5 points à son niveau d’avant crise

La production totale de biens et services rebondit de 17,6 % au deuxième trimestre, après -13,9 %. Elle reste inférieure de 4,8 % au niveau du troisième trimestre 2019. La production de biens est en retrait de 8 points en glissement annuel, notamment dans les branches manufacturières (-9,5 % en glissement annuel). Les services sont relativement plus proches de leur niveau d’avant-crise (-3,8 % en glissement annuel), portés notamment par les services non marchands (administration publique, santé humaine dont la production dépasse légèrement les niveaux de l’an passé (+0,8 % en glissement annuel). Les services marchands demeurent plus en retrait (-4,9 % en glissement annuel), notamment dans les transports et l’hébergement-restauration.

Pour la zone euro, le PIB a augmenté de 12,7 % au troisième trimestre par rapport au trimestre précédent, et de 12,1 % dans l’Union Européenne, selon l’estimation publiée par Eurostat, l’office statistique de l’Union européenne. Au deuxième trimestre, le PIB avait reculé de respectivement 11,8 % et 11,4 %. En comparaison avec le même trimestre de l’année précédente, le PIB a cependant enregistré une baisse de 4,3 % dans la zone euro et de 3,9 % dans l’Union au troisième trimestre.

Parmi les États membres pour lesquels les données pour le troisième trimestre 2020 sont disponibles, la France (+18,2 %) a enregistré la hausse la plus importante par rapport au trimestre précédent, suivie par l’Espagne (+16,7 %) et l’Italie (+16,1 %). La Lituanie (+3,7 %), la Tchéquie (+6,2 %) et la Lettonie (+6,6 %) ont enregistré les hausses les plus faibles. Tandis qu’un rebond a été observé par rapport au deuxième trimestre dans tous les pays qui publient leurs données, les taux de croissance par rapport à l’année précédente restent négatifs.

L’Allemagne résiste bien

L’Allemagne semble avoir également bien négocié son rebond en enregistrant une croissance de 8,2 % par rapport au trimestre précédent. Cette reprise est certes plus faible que celle de la France mais ce résultat s’explique par la moindre contraction subie au deuxième trimestre, -9,8 %. Avec la deuxième vague, le gouvernement fédéral a reçu à la baisse ses prévisions pour la fin d’année. Le taux de croissance pour le quatrième trimestre 2020 serait de 0,4 % contre un pronostic initial de 1,1 %. Sur l’ensemble de l’année, l’économie allemande serait en récession de 5,5 %. Pour 2021, la prévision s’établit à 4,4 % et de 2,5 % en 2022.

Etats-Unis, la croissance quoi qu’il en coûte ?

Au cours du troisième trimestre, le Produit intérieur brut s’est accru de 33,1 % en rythme annualisé, faisant suite à une contraction de 31,4 % au deuxième trimestre. Le niveau de création de richesses de juillet à septembre est supérieur au précédent record de 16,7% datant du premier trimestre 1950. Les autorités américaines privilégient les taux annualisés quand, en Europe, les taux de croissance sont calculés d’un trimestre sur un autre. En retenant ce mode de calcul, le PIB américain a augmenté au troisième trimestre de 7,4 % après une baisse de 9 % au trimestre précédent.

La consommation a été le principal moteur de la croissance américaine avec une hausse annualisée de 40,7 %. Les achats de voitures neuves par les ménages ont par exemple augmenté de 17 %, ceux des équipements de la maison de 12 % et les dépenses pour les soins de santé de 18 %. Les dépenses de vêtements ont, par ailleurs, augmenté de +27,2%.

Le nouveau plan de soutien étant bloqué au Congrès, de nombreux experts craignent un net ralentissement de la croissance pour le dernier trimestre. Le Fonds monétaire international (FMI) parie, pour l’ensemble de l’année, sur une baisse de 4,3% du PIB par rapport à 2019, quand la FED annonce un recul de 3,7 % du PIB.

D’une vague à l’autre

Après le tremblement de terre sanitaire et économique du printemps, l’Europe doit faire face à un deuxième choc  en ce début d’automne. Après la rentrée scolaire et les premiers frimas, le virus s’est réactivé dans toute l’Union européenne avec comme caractéristique une large diffusion. Face aux risques d’engorgement des hôpitaux, les pouvoirs publics sont contraints de mettre en œuvre de nouvelles mesures de confinement. Le calendrier n’est guère favorable tant sur le plan sanitaire qu’économique. L’hiver étant propice aux contagions par virus, la deuxième vague risque d’être plus dure à briser que la première. Pour l’occident, la fin de l’année est une période capitale sur le terrain économique avec les fêtes de fin d’année qui étaient censées compenser le manque à gagner du printemps. Les autorités seront sans doute plus vigilantes au moment du déconfinement pour de nouvelles répliques. La Chine semble avoir mieux réussi la sortie du confinement au prix d’une surveillance sociale très importante. A nouveau en capacité de produire et d’exporter, ce pays enregistre actuellement une forte croissance. L’occident compte sur ses vaccins pour enrayer l’épidémie. Compte tenu des protocoles, ceux-ci ne pourront réellement être déployés au mieux qu’à partir de l’été 2021. Ce déploiement exigera la mise en place de plan de production, de distribution et de vaccination draconiens. Au regard des problèmes rencontrés en France pour effectuer la vaccination de la grippe, le défi à relever sera à la hauteur de la crise. D’ici l’été prochain, les pays européens et plus généralement occidentaux seront soumis à un régime de douche écossaise ou de stop and go. La résilience des entreprises et de l’ensemble des actifs sera mise à rude épreuve. Cette deuxième vague brise le rebond de l’été qui s’étiolait depuis le mois de septembre en raison de l’accumulation des incertitudes.

Cette crise sanitaire et économique est aussi psychologique. Pour la première fois depuis de nombreuses décennies, des millions de personnes sont confrontées à des problèmes majeurs sur lesquels ils n’ont que peu de prise si ce n’est de respecter les règles d’hygiène publique. La réduction des libertés publiques dans les pays démocratiques n’avait pas été vécue par la quasi-totalité des populations. Seules les personnes nées avant 1940 peuvent avoir un réel souvenir des privations liées à la Seconde Guerre mondiale et des appels sous le drapeau pour la guerre d’Algérie. Les confinements, le télétravail, la restriction des liens sociaux ont des effets sur la productivité au travail ainsi que sur la consommation de biens et de services.

La seconde vague qui pour le moment est centrée sur l’Europe aura un coût économique en l’état difficilement évaluable. Avant même l’annonce d’un reconfinement, le Ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, avait admis le 23 octobre que le PIB pourrait diminuer à nouveau au cours du quatrième trimestre. En Outre l’épidémie, le Ministre soulignait que l’économie française devait faire face à de nombreuses incertitudes, dont les prochaines élections américaines et le Brexit. Il espérait alors que le niveau de 2019 serait atteint d’ici 2022. Avec le reconfinement décidé le 28 octobre, la perte attendue de PIB se situerait entre 2 à 5 points en fonction de la durée et de l’ampleur du confinement d’ici fin décembre. Les dépenses publiques devraient augmenter de plus de 10 milliards d’euros quand les recettes publiques se contracteraient d’autant.

L’Europe et les Etats-Unis devraient avoir des bilans différents à la fin de l’année. Sur le plan sanitaire, la situation n’est d’ailleurs pas identique. L’Europe a été touchée par l’épidémie dès mars quand les Etats-Unis l’ont été plus tardivement. La courbe du nombre de cas diffère entre les deux zones. Après une forte croissance entre avril et mai, le nombre de nouveaux cas aux Etats-Unis s’est stabilisé à 40 000 par jour entre la mi-mai et le mois de juin avant de progresser rapidement pour atteindre 80 000 mi-juillet. Une légère décrue est alors intervenue jusqu’en septembre, mois à partir duquel une nouvelle hausse est constatée. Fin octobre, le nombre de cas atteint 70 000 par jour. En Europe, après le pic de mars/avril autour de 40 000 nouveaux par jour, une forte baisse a été constatée entre mai et août avec un nombre de cas inférieur à 10 000. En revanche, la remontée depuis le début du mois de septembre est massive avec plus de 200 000 cas quotidien en octobre. Le taux de mortalité lié à la maladie y est plus élevé que la moyenne mondiale et de celle de l’Europe. Il est en revanche proche de celui du Royaume-Uni (685 décès par million d’habitants contre 672 au Royaume-Uni et 515 en France). Sur ce sujet, avec l’absence de mesures de confinement, la Suède (517 décès par million d’habitants) se situe au même niveau que la France. Aux Etats-Unis, la tendance a été au maintien de l’activité avec des confinements localisés, essentiellement dans les grandes villes, sachant que la politique sanitaire dépend des Etats fédérés. Si le taux de chômage est passé en quelques semaines de 3,5 à 14,7 % aux Etats-Unis quand celui de l’Europe n’est qu’en légère hausse, les créations d’emploi y sont bien plus nombreuses depuis le mois de juin. Le taux de chômage américain est rapidement redescendu à 7,9 % en septembre.

Sur le plan économique, l’Europe est fortement touchée par la chute du tourisme et de l’activité aérienne. Le nombre de passagers jour est passé de 380 à moins de 100 millions par jour de décembre 2019 à août 2020. Les nouvelles mesures de confinement devrait aboutir à une nouvelle baisse du nombre de passagers pour l’Europe. Cela aura des conséquences sur les recettes touristiques qui compensent, pour la France, une part non négligeable du déficit commercial. Le tourisme représente 9 % du PIB français. Aux dépenses de transports, d’hébergement, de loisirs ou de restauration, il faut ajouter celles liées aux achats (luxe, alimentaire, cadeaux, etc.). Le manque à gagner sera important pour la France, l’Italie et l’Espagne.

La deuxième vague de l’épidémie touchera évidemment les fêtes de fin d’année et devrait avoir un effet négatif non négligeable sur la restauration et l’hôtellerie. Le commerce en ligne devrait battre tous ses records pour la fin de l’année. La progression de son chiffre d’affaires pourrait dépasser 40 % cette année.

Avec l’aéronautique, l’industrie automobile devrait replonger avec la deuxième vague. Au sein de l’OCDE, la production industrielle de matériel de transports s’était contractée de 70 % au cœur de la première vague avant de revenir à 10 % de son niveau d’avant crise. Ce secteur au-delà de l’épidémie est confronté au problème de la transition énergétique. Dans le cadre des plans de relance, de nombreux gouvernements ont souhaité l’accélérer au risque de fragiliser un secteur majeur de l’économie de leur pays. Avec la deuxième vague, la capacité de résistance des entreprises sera mise à dure épreuve rendant plus que délicat le maintien de mesures contraignantes sur le plan environnemental.

La poche d’épargne de précaution devrait continuer à s’accroître. Depuis huit mois, les ménages, conservent des montants de plus en plus élevés de liquidités. Le taux d’épargne qui était de 15 % au mois de décembre 2019 a atteint 27 % du revenu disponible brut à la fin du deuxième trimestre. Il a dû reculer à 20 % au cours du troisième. Il devrait automatiquement remonter durant le dernier trimestre. Un taux de 24 % serait assez logique.

La deuxième vague devrait conduire à un nouvel accroissement du déficit public. Au niveau de l’OCDE, il était passé de -2 à -14 % de décembre 2019 à juillet 2020. La dette publique des Etats membres dépasse désormais 120 % du PIB. Un nouveau dérapage de 1 à 3 points de PIB est probable. Cette dérive ne pourra qu’amener les banques centrales a augmenter une nouvelle fois la base monétaire sous couvert de rachats d’obligations. La base monétaire est passée de 12 000 à plus de 20 000 milliards de dollars pour l’OCDE de 2019 à juillet 2020. Dans ce contexte d’épargne et d’augmentation des dettes, la masse monétaire atteint près de 50 000 milliards de dollars en juillet 2020 contre 15 000 milliards de dollars en 2002. L’amplification de ce processus aura des conséquences à terme en fonction des choix réalisés par les agents économiques. Compte tenu de la faible appétence à la consommation, les acteurs économiques pourraient privilégier les actifs immobiliers et financiers conduisant à leur hausse. Il y aurait bien une inflation mais limitée à certains actifs. Ce raisonnement suppose la reproduction du schéma des dernières années. Il est imaginable qu’une défiance généralisée aboutisse à une déflation généralisée avec la conservation d’un montant croissant de liquidités. Une trappe à liquidités pourrait ainsi se produire en cas de persistance de l’épidémie et du fait d’une longue récession. Les Gouvernements pourraient être alors tentés de taxer les dépôts à vue afin de forcer les ménages à dépenser ou à investir.

Cette deuxième vague devrait conduire les banques centrales à retarder, une nouvelle fois, l’arrêt de leurs rachats d’obligations et donc de la monétisation des déficits publics. Un tel arrêt aurait aujourd’hui un coût insupportable pour les Etats et les acteurs économiques à travers une hausse rapide des taux d’intérêt. La sortie des politiques monétaires expansives devra s’accompagner d’une réduction des déficits publics. Or celle-ci par son caractère récessif est également peu admissible en l’état actuel de la situation. Le problème de la sortie du tout endettement qui se posait après la première vague, est évidemment encore plus d’actualité avec la seconde. La monétisation semble être pour le moment la seule porte de sortie.

Essoufflement d’une reprise

Avant même les mesures prises à partir du milieu du mois d’octobre (fermeture des bars, couvre-feu) et le reconfinement annoncé par Emmanuel Macron le 28 octobre, la reprise s’essoufflait. Selon le Ministère du Travail, en septembre, 30 % des salariés travaillent toujours dans une entreprise dont l’activité a diminué (après 32 % en août, 36 % en juillet, 51 % en juin et 71 % en mai). 6 % des salariés travaillent dans une entreprise dont l’activité s’est arrêtée ou a diminué de plus de moitié (après 7 % en août, 9 % en juillet, 13 % en juin et 27 % en mai). La proportion de salariés employés dans des entreprises dont l’activité est inchangée par rapport à ce qui était stagne (62 % en septembre après 60 % en août, 53 % en juillet, 37 % en juin et 22 % en mai). Seuls 8 % des salariés travaillent dans une entreprise dont l’activité est en hausse (11 % en juillet, 12 % en juin et 7 % en mai).

Dans 80 % des cas, le manque d’activité est imputé à l’absence de débouchés. En septembre, les fermetures administratives expliquaient 9 % des arrêts d’activité comme en août mais 25 % dans le secteur de l’hébergement – restauration. Le manque de personnel pouvant travailler pèse sur l’activité pour 7 % des entreprises après 5 % en août. Le secteur agricole est très fragilisé. Ainsi, il a fallu un accord avec le Maroc pour permettre en urgence le ramassage des clémentines corses. Par ailleurs, 4 % des entreprises rencontrent des difficultés d’approvisionnement, contre 7 % en août.

Les chiffres du Ministère du Travail apparaissent moins optimistes que ceux délivrés par l’INSEE qui estime que le déficit d’activité est, en France, de 5 points. À partir des données liées à l’emploi, ce déficit semblerait être plus proche de 10 points avec une tendance à la dégradation depuis le début du mois de septembre. La fin de la période estivale s’accompagne d’un durcissement des mesures sanitaires. Pour le moment, le commerce de biens a bien résisté notamment grâce à la vente en ligne.

Les TPE et les grandes entreprises en souffrance

Les entreprises de moins de 20 salariés sont celles qui enregistrent toujours des déficits d’activité importants (8 % des salariés de ces entreprises n’ont pas repris le travail). Les entreprises de taille moyenne (100 à 250 salariés) sont les moins touchées par la sous-activité.

L’hébergement-restauration en plein marasme dès septembre

Le secteur du tourisme qui pèse plus de 8 % du PIB en France (30 % en Corse) demeure le plus touché par la crise sanitaire. De nombreux établissements ont fermé après la saison estivale. Avec les nouvelles mesures prises en septembre, de nouvelles fermetures ont été programmées pour le début du mois de novembre.

En septembre, dans ce contexte, l’activité se dégrade dans l’hébergement – restauration par rapport à août. 74 % des entreprises sont en baisse d’activité dont 24 % pour plus de 50 % et 4 % à l’arrêt. La dégradation de l’activité a été marquée. En août, 61 % des entreprises de ce secteur connaissaient une baisse d’activité dont 13 % à hauteur de plus de 50 % et 8 % à l’arrêt en août. La saison estivale a été relativement correcte en particulier sur la façade océane du pays. Les hôtels ont connu néanmoins des taux d’occupation plus faible que les années précédentes, les touristes privilégiant les résidences saisonnières et la famille. Les seniors qui traditionnellement assurent la majorité des nuitées en septembre se sont moins déplacés en raison du risque sanitaire.

Les transports toujours handicapés

Les baisses d’activités supérieures à 50 % et les arrêts restent également particulièrement importants dans le secteur des transports. Aucun progrès n’est constaté sur ce secteur. 14 % des entreprises étaient à l’arrêt en septembre contre 13 % en août et 16 % en juillet. Les transports aériens sont fortement pénalisés. Air France réalise au mieux 30 % de son chiffre d’affaires. Le transport ferroviaire est à 70 % de son activité normale.

La culture en panne

Pour les « autres activités de service » le nombre d’entreprises à l’arrêt reste élevé (11 % après 14 % en août et 20 % en juillet). Les entreprises exerçant dans les domaines des arts, des spectacles et des activités récréatives sont en nettes sous-activité. (24 % sont à l’arrêt en septembre après 16 % en août et 38 % en juillet).

L’immobilier résiste jusqu’à quand ?

Le secteur de l’immobilier est toujours dans une phase de compensation de la sous-activité provoquée par le confinement. En septembre, 88 % des entreprises de ce secteur déclarent que leur activité est restée inchangée ou qu’elle a augmenté (après 82 % en août et 80 % en juillet). L’activité a également bien repris dans le secteur de la construction (86 % d’activité inchangée ou qui a augmentée, comme en août, et après 81 % en juillet).

La gestion du risque sanitaire, un sujet complexe pour un grand nombre d’entreprises

Au 30 septembre, les principales difficultés éprouvées par les entreprises relèvent toujours de la gestion des questions sanitaires. Les grandes entreprises sont naturellement plus exposées à ce problème du fait du nombre important des salariés sur les sites. 39 % des entreprises de 500 salariés ou plus déclarent avoir des problèmes pour mettre en place les protocoles sanitaires, contre 22 % pour les entreprises de 10 à 19 salariés. Les secteurs des transports et de l’énergie sont les plus concernés pas la problématique sanitaire.

L’augmentation de la fréquence du nettoyage des postes de travail constitue une contrainte pour de nombreuses entreprises. Elle génère un surcoût non négligeable supérieures à l’octroi de masques.

Un cinquième des salariés travaillent dans une entreprise rencontrant des problèmes financiers

21 % des salariés travaillent dans une entreprise avouant des problèmes financiers. Ce taux est de 23 % pour les entreprises de 500 salariés ou plus contre 18 % pour les entreprises de 10 à 19 salariés. Sans surprise, le secteur de l’hébergement – restauration est les plus concerné par ce type de problème. Ceux de l’énergie et de l’information-communication se caractérisent également par un grand nombre d’entreprises en difficultés financières. Les secteurs de l’agro-alimentaire, de l’immobilier et de la finance sont pour le moment préservés.

Les difficultés d’approvisionnement sont globalement très peu citées, mis à part dans les secteurs de la fabrication de matériels de transport (25 %), des biens d’équipement (18 %), du commerce (15 %) et de la fabrication d’autres produits industriels (12 %). Au 30 septembre, les difficultés liées aux fermetures administratives sont toujours aussi importantes dans l’hébergement-restauration (18 %) et dans les autres activités de service (11 %, dont 23 % dans les arts et spectacles). Enfin, le manque de personnel est particulièrement présent dans l’enseignement privé, la santé humaine privée et l’action sociale (32 %) et le secteur des transports (26 %), alors que la part de salariés travaillant dans une entreprise qui ne rencontre plus aucune difficulté varie entre 10 % dans l’hébergement-restauration et 37 % dans les activités immobilières.

Le manque de débouchés

Les difficultés tenant au manque de débouchés sont régulièrement citées dans la fabrication de matériels de transport (47 % des salariés concernés), l’information -communication (46 %), l’hébergement – restauration (45 %), les biens d’équipements (41 %) et la fabrication d’autres produits industriels (41 %). Elles sont à l’inverse peu présentes dans l’enseignement privé (11 %) et les activités immobilières (14 %).

Des licenciements centrés dans les grandes entreprises

En septembre, la proportion d’entreprises engageant des plans de réduction des effectifs a augmenté par rapport au mois de juillet et août. Cette hausse est significative dans les entreprises de 500 salariés ou plus. Les secteurs les plus exposés sont les secteurs de l’hébergement – restauration, du commerce et du service aux entreprises.

La part de salariés travaillant dans des entreprises ayant vu leurs effectifs augmenter est néanmoins en hausse, 7 % en septembre, après 5 % fin août et 6 % fin juillet. Au 30 septembre, le secteur le plus concerné par les augmentations d’effectifs est le secteur de l’enseignement privé, de la santé humaine privée et de l’action sociale.

Une nouvelle baisse des CDD

Les réductions d’effectifs décidées par les entreprises passent majoritairement par l’annulation ou le report d’embauches prévues (55 % après 47 % fin août). Les non-renouvellements de CDD, très fréquents de mars à mai avant de diminuer entre les mois de juin et d’août, repartent à la hausse en septembre (53 %, après 41 % fin août). La part des ruptures conventionnelles, en nette augmentation depuis mai, a été stable en septembre. Les petites entreprises ont plutôt eu recours à l’annulation ou le report d’embauches prévues (45 %) pour réduire leurs effectifs, quand les grandes entreprises privilégient le non-renouvellement des CDD (67 %).

Recul du recours au chômage partiel en septembre

En septembre, 25 % des salariés travaillent dans une entreprise qui a mis au moins une partie de ses salariés au chômage partiel, après 31 % en août, 38 % ou 58 % en juin. Le recours au chômage partiel est toujours particulièrement important dans l’hébergement, la restauration et dans la fabrication de matériels de transport. Le recours au chômage partiel diminue dans tous les secteurs en septembre excepté les biens d’équipement.

Le manque de débouchés/commandes est devenu la raison principale évoquée par les entreprises qui ont toujours recours au chômage partiel en septembre quand les mois précédents les vacances la problématique de la garde d’enfants arrivaient en tête.

Retour temporaire sur site avant reconfinement

En septembre, la proportion des salariés de retour sur site avait augmenté par rapport au mois précédent (70 % après 55 % en août). Cette hausse par rapport au mois d’août s’expliquait par le retour de congés pour une grande partie des salariés (8 % après 27 % en août, 21 % en juillet et 7 % en juin) et par la volonté des directions de privilégier le présentiel. La part de salariés sur site est supérieure à celle de juin (63 %), mois plus comparable à septembre du point de vue des congés. 12 % des salariés étaient en télétravail au moins une journée par semaine en septembre contre 17 % en juin. Ce taux était, en septembre, de 18 % dans les entreprises de plus de 500 salariés. Au sein des TPE de moins de 20 salariés, il était de 5 %. Le télétravail reste particulièrement fréquent dans les secteurs de l’information et de la communication (46 % des salariés en moyenne sur une semaine, après 36 % en août), et dans les activités financières et d’assurance (31 % après 22 %), pour lequel il était déjà plus répandu avant la crise.

En septembre, les salariés ayant exercé leur droit de retrait demeurent très minoritaires (moins de 1 %), quand la part de salariés en arrêt maladie est en légère augmentation (8 % après 6 % entre juin et août).

Une productivité entamée

Les contraintes sanitaires pèsent sur la productivité de la quasi-totalité des entreprises. Les PME seraient les plus touchées par la hausse des coûts liés à l’épidémie. Les secteurs les plus exposés sont ceux de l’enseignement, la santé humaine et de l’action sociale, ainsi celui de l’agro-alimentaire. Figurent évidemment les transports et l’hébergement – restauration.  La baisse de la productivité est également importante (de plus de 10 %) dans les secteurs de la fabrication de matériels de transports l’hébergement et la restauration, ainsi que du commerce.

À compter du mois d’octobre, une baisse d’activité est à attendre. L’État a pris des engagements comme en mars dernier, pour atténuer le manque à gagner pour les secteurs les plus exposés. Leur résilience sera mise à dure épreuve. Les secteurs du commerce, de l’hébergement, de la restauration et des spectacles continueront d’enregistrer de forte baisse de chiffres d’affaires ainsi que les transports.

L’hétérogénéité de la performance des ETI en France

La France compte 5 400 entreprises de taille intermédiaire (ETI). Cette catégorie rassemble les entreprises qui ont :

  • entre 250 et 4999 salariés ;
  • un chiffre d’affaires de moins de 1,5 milliard d’euros ou un total de bilan de moins de 2 milliards d’euros ;
  • ou moins de 250 salariés, mais un chiffre d’affaires de plus de 50 millions d’euros et un total de bilan de plus de 45 millions d’euros.

Dans leur ensemble, les ETI représentent 25 % de l’emploi, 30 % du chiffre d’affaires, 34 % des exportations, 27 % de la valeur ajoutée, 29 % des immobilisations et 30 % des investissements des entreprises françaises. Ces entreprises constituent de plus en plus l’architecture de l’économie française. En effet, leur croissance est supérieure à celle des autres groupes d’entreprises. De 2010 à 2017, la valeur ajoutée des grandes entreprises a stagné, celle des PME a crû de 18 %, celle des ETI de 26 %. Sur la même période, les exportations des grandes entreprises ont crû de 42 %, celle des ETI de 38 %, celle des PME seulement de 20 %. Leur taux de marge est de 23 % quand celui des grands groupes est de 28 % et celui des PME de 18 %. Les ETI ont en effet un poids dans le chiffre d’affaires, l’investissement et surtout les exportations, supérieur nettement à leur poids dans l’emploi. Cette surreprésentation doit être relativisée en raison de la forte présence des ETI dans le secteur industriel. 34 % des salariés des ETI travaillent dans l’industrie manufacturière, contre 19 % pour les autres catégories d’entreprises, et les ETI représentent 38 % de l’emploi dans l’industrie manufacturière.

Le groupe des ETI est très hétérogène. Il convient en effet de distinguer :

  • les ETI françaises (2088 entreprises) ;
  • les ETI multinationales sous contrôle français (1 658 entreprises) ;
  • les ETI multinationales sous contrôle étranger (1 447 entreprises).

La performance globale des ETI vient des ETI multinationales, et surtout des ETI filiales de multinationales étrangères, qui ont une productivité élevée, qui sont très exportatrices, qui investissent de manière permanente. Les ETI indépendantes françaises ont une productivité assez faible, et sont peu exportatrices.