5 octobre 2019

Le Coin de la Conjoncture

La résilience de l’économie française confirmée par l’INSEE

Dans sa note de conjoncture d’automne, l’INSEE confirme que la France résiste aux vents mauvais qui parcourent l’économie mondiale depuis plusieurs mois. Le taux de croissance devrait être de 0,3 % tant pour le troisième que pour le quatrième trimestre, portant la croissance pour l’ensemble de l’année à 1,3 %. La croissance française serait ainsi supérieure à la moyenne de la zone euro (1,2 %) et surtout à celle de l’Allemagne (0,5 %).

La croissance soutenue par l’amélioration du pouvoir d’achat des ménages

Le pouvoir d’achat des ménages bénéficie tout à la fois des mesures annoncées après la crise des « gilets jaunes » par le Président de la République et par la diminution de l’inflation au cours du premier semestre. Au deuxième semestre, l’inflation pourrait légèrement remonter sous l’effet notamment de prix alimentaires, en raison de la sécheresse de l’été. La hausse des prix pourrait atteindre 1,3 % en décembre en glissement annuel. Au cours du premier semestre, les revenus des ménages ont été accrus par les primes exceptionnelles de pouvoir d’achat, l’augmentation de certaines prestations sociales (prime d’activité notamment) et par les baisses d’impôts et de cotisations (exonération d’impôts et de cotisations sociales à la charge des salariés sur les heures supplémentaires, allègements de la CSG pour certaines catégories de ménages). Au quatrième trimestre, les ménages profiteront de la deuxième vague de réduction de la taxe d’habitation. Compte tenu des augmentations décidées par les entreprises, le salaire moyen par tête croîtrait de 0,5 % par trimestre au second semestre.

Dans ces conditions, le pouvoir d’achat du revenu disponible brut des ménages progresserait de 2,3 % en 2019 (soit 1,8 % par unité de consommation), nettement plus qu’en 2018 (+1,2 %, soit 0,7 % par u.c.).

Les ménages consomment avec modération et épargnent par précaution

La consommation des ménages augmenterait de 0,3 % par trimestre au second semestre, dans le prolongement du début d’année. Sur l’année, la consommation des ménages progresserait de 1,1 % en 2019, en légère accélération par rapport à 2018 (+0,9 %), mais l’augmentation serait inférieure aux gains de pouvoir d’achat. Les ménages, malgré ou à cause des taux d’intérêt négatifs, accentuent leur effort d’épargne. Sur l’année, le taux d’épargne augmenterait de près d’un point (15,1 % en moyenne annuelle en 2019, après 14,2 % en 2018). Les ménages souhaitent renforcer leur épargne de précaution face à une éventuelle dégradation de la situation économique. Par ailleurs, cette augmentation de l’épargne peut également s’expliquer par la baisse des taux. Pour atteindre l’objectif implicite de patrimoine souhaité, il convient, pour les ménages, d’accroître leur apport en capital.

L’investissement des entreprises un peu moins porteur dans les prochains mois

L’investissement des entreprises ralentirait au second semestre (+0,5 %) par trimestre, après +0,6 % au premier et +0,9 % au deuxième trimestre). Cette moindre augmentation serait imputable à la baisse de l’activité. Le taux d’utilisation des capacités de production dans l’industrie décroît après son sommet de début 2018, tout comme les tensions sur l’offre. L’investissement en services demeurerait dynamique avec une hausse de 1,0 % par trimestre au second semestre.

L’investissement public en hausse pour raisons électorales

En cette année précédant les élections municipales, l’investissement des administrations publiques serait porté par les administrations publiques locales. Les communes accélèrent traditionnellement les chantiers avant les élections. De ce fait, l’investissement public accélérerait en 2019 à +3,8 % après +2,4 % en 2018 et +0,5 % en 2017.

L’investissement des ménages porté par l’immobilier

Les ménages maintiendraient le rythme de croissance de leur investissement. Plus d’un million de transactions immobilières est attendu en 2019.

Les exportations françaises repartent au second semestre

Au premier semestre, les exportations françaises ont marqué le pas (0,0 % au deuxième trimestre après +0,1 % au premier). Une progression est attendue au second semestre en raison de fortes livraisons aéronautiques et navales. En moyenne annuelle, les exportations françaises progresseraient de 2,3 %, un peu plus rapidement que la demande mondiale adressée à la France (+1,9 % en 2019). Comme dans la plupart des grands pays, ce rythme traduirait toutefois un ralentissement assez net par rapport à 2018 (+3,5 %) et 2017 (+4,0 %).

La pause qu’ont connue les importations durant le printemps se prolongerait durant l’été (+0,1 % après -0,2 %). Les importations retrouveraient ensuite une croissance de +1,0 % à l’automne en lien notamment avec le dynamisme des exportations. Au total, la contribution du commerce extérieur à la croissance du PIB serait nulle en 2019 après avoir été nettement positive l’année précédente (+0,7 point).

La création de l’emploi reste soutenue

Malgré le ralentissement de la croissance depuis 2018, l’économie française continue à créer des emplois. Ainsi, au premier semestre, 166 000 emplois ont été créés. Les créations d’emploi salarié dans les services hors intérim et la construction ont contribué à ce résultat. Un léger tassement est attendu au second semestre qui devrait enregistrer 98 000 nouveaux emplois. Cette année, les emplois aidés ne pèseraient quasiment plus sur l’évolution d’ensemble, contrairement à 2018 et 2017.

Grâce aux créations d’emploi, le taux de chômage baisserait de 0,1 point par trimestre, passant de 8,5 % au printemps à 8,3 % à la fin de l’année.

Des incertitudes

Sans surprise, l’INSEE estime que, malgré sa résilience, l’économie française pourra être touchée par des évènements extérieurs comme le Brexit ou la contraction du commerce international. La France qui dégage un excédent commercial avec le Royaume-Uni, sera impactée en cas de hard Brexit. Plusieurs secteurs pourraient être pénalisés comme l’industrie agro-alimentaire ou les transports. Au-delà de l’instauration de droits de douanes de part et d’autre de la Manche, la désorganisation des échanges dans les premières semaines serait la plus préjudiciable à l’activité.

Le mini-plan de relance engagé par le Gouvernement joue actuellement un rôle d’amortisseur face au ralentissement de l’économie mondiale. L’effet de ce plan devrait s’estomper dans les prochains mois. L’évolution de la croissance de la France dépendra donc un peu de celle de son principal partenaire, l’Allemagne. En cas d’aggravation de la situation économique Outre-Rhin, la France ne pourra pas échapper à une décrue de sa croissance. Certes, le poids élevé du secteur tertiaire, et en particulier du tourisme, constitue un atout.

Le commerce international poursuit son ralentissement

La croissance des années 1990 et 2000 s’est construite essentiellement sur celle du commerce international. La mondialisation et le décollage des pays émergents, en particulier, ont donné lieu à une forte augmentation des échanges internationaux. L’éclatement des chaines de production s’est traduit par l’essor des porte-conteneurs qui symbolisent cette période. Avec la crise de 2008, une première rupture est intervenue. Le commerce international s’est mis à croître au même rythme que le PIB quand il était deux fois supérieur auparavant. Une deuxième rupture semble se dessiner depuis 2018 et l’engagement de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine. Selon les dernières prévisions des économistes de l’OMC, publiées mardi 1er octobre, le volume des échanges à l’échelle de la planète ne devrait augmenter que de 1,2 % en 2019 quand le PIB devrait augmenter de 2,8 %. La survenue d’un Brexit sans accord à la fin du mois d’octobre pourrait accentuer cette tendance du commerce international.

Le taux de croissance des exportations de l’Amérique du Nord s’est contracté de -2,8 points entre 2018 et 2019, passant de 4,3 % à 1,5 %. En Asie, le ralentissement est de deux points en moins (3,8 % en 2018 contre 1,8 % en 2019). Du côté de l’Europe, les chiffres sont moins décevants puisque le rythme de croissance des exportations devrait passer de 1,6 à 0,6 %. Cette baisse est avant tout supportée par l’Allemagne et les Pays-Bas.

Le commerce international pourrait être touché par l’autorisation accordée le 2 octobre par l’OMC aux États-Unis de mettre en place des droits de douane contre Airbus, accusé d’avoir bénéficié de subventions illégales. Par ailleurs, l’Union Européenne accuse de son côté Boeing d’avoir reçu 19,1 milliards de dollars de subventions interdites entre 1989 et 2006 de la part de diverses branches du Gouvernement américain. Une possible transaction entre les deux grandes zones économiques n’est pas impossible.

Pourquoi la zone euro est-elle à la traîne des États-Unis ?

Depuis une génération, à l’exception de quelques rares périodes, la croissance américaine dépasse celle de la zone euro, l’écart pouvant atteindre près de deux points. Depuis vingt ans, le PIB a augmenté de plus de 60 % aux États-Unis contre 35 % pour la zone euro.

Le différentiel de croissance entre ces deux zones économiques assez similaires peut apparaître assez surprenant. Quels sont les facteurs qui peuvent l’expliquer ?

Une démographie pénalisante pour la zone euro

Les États-Unis ont l’avantage d’avoir une démographie plus dynamique que celle de la zone euro. Si en termes de population, les espaces économiques sont de taille comparable, 340 millions pour la zone euro et 327 millions pour les États-Unis, la première ne connait qu’un accroissement annuel que 0,2 % contre 0,6 % outre-Atlantique (chiffres Banque Mondiale 2018). L’écart est encore plus important au niveau de la population active. La situation démographique de la zone euro pèse négativement sur son taux de croissance potentielle.

Un rapport au progrès différent

La zone euro est constituée d’États ayant joué un rôle clef dans les précédentes révolutions industrielles. Leurs capacités de recherche figurent toujours parmi les plus importantes à l’échelle mondiale. Néanmoins, depuis plusieurs décennies, du fait de la segmentation du marché européen et des barrières linguistiques, l’Europe est moins présente dans le secteur des nouvelles technologies. Cette moindre présence n’est pas imputable à une perte de dynamisme au niveau des créations d’entreprise. En effet, la zone euro est plus performante, en la matière que les États-Unis. Le nombre de créations d’entreprise par habitant est deux fois plus importante en zone euro qu’aux États-Unis (0,6 créations par an pour 100 habitants en zone euro contre 0,3 aux États-Unis).

L’Europe a, décroché en matière de technologies de l’information et de la communication au début des années 2000. Les investissements dans les TIC représentaient 0,7 % du PIB en 2006 dans les deux régions. En 2018, ce poids est de 1,1 % pour la zone euro et de 1,9 % aux États-Unis. Au niveau du stock de robots industriels, le décrochage a eu lieu en 2008. En effet, le stock de robots est passé de 1,4 à 2,25 % de l’emploi manufacturier aux États-Unis de 2008 à 2018 quand pour la zone euro il est passé de 1,4 à 2,25 %.

L’Europe est pénalisée par la faiblesse du financement par le marché des entreprises. Les levées de fonds pour les PME et ETI atteignaient, en 2018, 206,5 milliards d’euros aux États-Unis contre 97,3 milliards d’euros en zone euro. Les introductions en bourse sont trois fois plus importantes aux États-Unis qu’en zone euro.

L’Europe se caractérise par le poids des actifs liquides et de taux dans le patrimoine des agents économiques. Les actifs sans risque (monnaie, obligations du secteur public) constituent 70 % des actifs financiers en Europe contre 60 % aux États-Unis. Les actions cotées représentent 80 % du PIB en zone euro contre 120 % du PIB aux États-Unis. Pour les résidents, les actions cotées constituent 18 % du patrimoine et 30 % aux États-Unis. Les actifs liquides pèsent 220 % du PIB en zone euro contre 100 % aux États-Unis.

L’Europe a pris du retard dans l’investissement au sein des secteurs porteurs. Cette situation pèse sur sa croissance. Sous l’effet cumulatif, le fossé tend à devenir assez large. L’aversion aux risques, élevée en zone euro, constitue un handicap qui se traduit par la faiblesse du financement des entreprises par les actions. L’épargne des ménages en Europe s’oriente vers les États, les obligations et l’immobilier, quand elle est plus fortement investie dans les entreprises aux États-Unis. Ce n’est pas le dynamisme entrepreneurial qui est en cause mais plutôt le rapport aux risques et aux technologies qui est différent de part et d’autre de l’Atlantique.

L’emploi et les mutations « schumpétériennes »

Selon l’analyse de Schumpeter, les mutations économiques associent destructions et créations. La montée en puissance de nouvelles technologies entraîne la disparition des entreprises et des emplois dont la productivité est remise en cause. Elle s’accompagne par l’apparition de nouvelles activités, entreprises et emplois. Destructions et créations ne sont pas obligatoirement simultanées. Entre les deux temps, des périodes de frictions peuvent survenir. Selon Schumpeter, l’appui aux anciennes activités est contreproductif car il ralentit la diffusion du progrès et pèse sur la croissance. La mutation économique est de nature darwinienne, les mauvaises activités devant céder la place aux nouvelles plus efficientes.

La sphère économique doit faire face à plusieurs mutations économiques qui ont et auront de fortes conséquences sur l’emploi. Après la mondialisation des années 90/2000, la digitalisation et la transition écologique modifient en profondeur le tissu économique. À ces deux mutations, il convient également d’ajouter le vieillissement de la population et la progression à l’échelle mondiale de la classe moyenne. Les secteurs les plus exposés sont le secteur de l’énergie, les transports, les services financiers et le commerce de détail. D’autres secteurs devraient du fait de l’évolution de la demande connaître également de profondes évolutions.

L’automobile face à l’une de ses plus grandes mutations

Au sein de la zone euro, plus de 2,2 millions de personnes travaillent dans ce secteur de l’automobile. Le passage à la voiture électrique modifie la chaine de valeur. Le moteur qui était l’élément central des automobiles jouera un moindre rôle. L’Europe avait un savoir-faire technique reconnu pour les moteurs thermiques. Ferrari, Porsche, BMW mais aussi Renault ou Peugeot étaient avant tout des motoristes. Dans une voiture électrique, le moteur est relativement simple. La batterie est l’élément important tant en termes de prix que sur le plan technologique. En la matière, l’Europe dépend de la Chine. Cette dernière dispose d’une capacité de production de batteries électriques de 217 GWh. Les États-Unis arrivent en deuxième position avec une capacité de 50 GWh, suivis par la Corée (23GWh) et le Japon (14 GWhs). La France arrive en huitième position avec une capacité de 1,1 GWh. Les véhicules sont de plus en plus connectés. Ils sont géolocalisés et l’automatisation de certaines procédures (parking) se développent. L’informatique et le recours au cloud deviennent essentiels. Les fournisseurs de services de communication deviennent des acteurs majeurs de l’automobile au détriment des constructeurs.

Les voitures électriques donneront lieu à moins de réparation de moteurs, ce qui aura des incidences sur les réseaux de garages. De même, par nature, il faudra plus de bornes électriques et moins de stations essence. À plus long terme, les voitures autonomes devraient prendre le relais. Le principe de location prendra alors le dessus sur la possession.

Les services financiers face à la digitalisation et à la baisse des taux

Les services financiers avec la digitalisation à la fois de la banque de détail (moyens de paiement, crédits), de la banque d’investissement (transactions sur actifs financiers), de la gestion d’actifs (ETF…) ainsi que de l’assurance devront redéployer leurs effectifs. Les emplois après avoir augmenté rapidement dans les années 90 et 2000 sont en baisse constante depuis 2009. Ils sont passés au sein de la zone euro de 4,2 à 3,8 millions. Les emplois de gestion des dossiers devraient diminuer au profit de ceux liés à la conception des produits, au marketing digital et de la communication. Le traitement personnalisé des clients devrait également générer des emplois.

Le commerce de détail et la révolution du commerce en ligne

Le commerce de détail et les services immobiliers sont en pleine mutation avec le développement des plateformes Internet qui se substituent à la distribution traditionnelle. Le commerce de détail au sein de la zone euro emploie 2,6 millions de personnes auxquelles il faut ajouter 1,6 million pour les services immobiliers. Cela représente, en 2018, près de 9,5 % de la population active. Cette proportion est déjà en déclin. Elle s’élevait à plus de 10 % en 2008. Le canal Internet a amené la disparition de points de vente. La vente en ligne a capté plus de 10 % des ventes des biens de consommation. Elle pourrait atteindre plus de 15 % dans les prochaines années.

L’énergie face au défi de la décarbonisation

L’énergie a été un grand pourvoyeur d’emploi depuis soixante-dix ans. L’accès à l’énergie repose sur la constitution de grands réseaux capables de gérer la production et la distribution sur tout le territoire. 1,1 million de personnes travaillaient, en 2018, dans l’énergie au sein de la zone euro. En 2002, c’était plus de 1,2 million. Avec l’électrification du parc automobile, la disparition du chauffage par le fioul, les points de distribution sont amenés à diminuer. La production d’énergie pourrait être plus décentralisée et automatisée et donc moins créatrice d’emplois.

La robotisation de l’industrie

Dans l’ensemble de l’industrie manufacturière, le recours croissant aux robots devrait accélérer la baisse des effectifs qui s’est engagée dès la fin des années 60 dans certains pays de l’OCDE. Les emplois dans l’industrie sont passés, au sein de la zone euro de 24,5 à 13 millions de 2002 à 2019. Dans le même temps, le stock de robots industriels est passé de 0,8 à 1,8 % de l’emploi manufacturier. En cas de relocalisation d’activités industrielles, le nombre d’emplois créés devrait être faible.

De la destruction à la création, temps long ou temps court

La question est d’apprécier les nouveaux gisements d’emplois. Lors des révolutions précédentes, les destructions concernaient des secteurs à faible valeur ajoutée quand les créations étaient réalisées dans des secteurs à productivité supérieure, ce qui alimentait la croissance économique. Aujourd’hui l’ajustement « schumpétérien » de l’emploi est plus complexe à évaluer.

Le secteur des nouvelles technologies est fortement créateur d’emplois. Son poids est passé en vingt ans de 2,6 à 3 % de l’emploi total. Plus de 4,6 millions de personnes travaillent dans les technologies de l’information et de la communication en 2018. À cela, il faut ajouter toutes les personnes salariées dans les « vieux secteurs » mais affectées à des emplois en relation avec ces nouvelles technologies. La croissance de l’emploi dans le secteur des TIC n’est pas sans limite comme le prouve les États-Unis où depuis cinq ans, les effectifs se sont stabilisés autour de 5 % de la population active.

Les services à la personne, les transports et le tourisme sont de grands pourvoyeurs d’emploi au sein des pays avancés. De 2002 à 2018, leur poids dans la population active est passé au sein de la zone euro de 10 à 12,5 %. 20 millions de personnes travaillent dans ces secteurs en 2018 contre 15 millions en 2002. Dans les prochaines années, si le tourisme devrait connaître encore une croissance de ses effectifs, une robotisation est attendue dans les secteurs des transports et du magasinage. L’automatisation des chemins de fer, avec le développement après 2030 des camions et voitures sans conducteurs, devrait aboutir à des destructions d’emplois.

La santé est l’autre grand secteur connaissant une forte croissance des effectifs en liaison avec l’accroissement de la demande de soins. Le vieillissement de la population pèse fortement sur cette demande. 6 % de la population active de la zone euro travaille dans le secteur de la sabré en 2018 contre 4,6 % en 2002, soit plus de 6 millions de personnes. Du fait de l’augmentation de la population de plus de 65 ans, les besoins en personnels sont importants. Les créations butent sur un problème de qualification et d’attraction.

Dans de nombreux secteurs (automobile, services financiers, commerce de détail, énergie, globalement industrie) l’évolution technologique conduit ou conduira donc à des destructions importantes d’emplois. Dans un processus « schumpétérien » normal, ces destructions sont compensées par des créations d’emplois plus sophistiqués. Actuellement, dans le cadre d’un processus de polarisation d’emploi, les créations apparaissent certes dans le secteur des nouvelles technologies mais surtout dans les services à la personne. Cette évolution pose le problème de l’évolution des rémunérations et des compétences dans ces services. Par ailleurs, le redéploiement dans les secteurs des nouvelles technologies suppose une adaptation des qualifications des actifs.