9 septembre 2017

Le Coin de la Conjoncture (9 septembre 2017)

Les crises économiques seront-elles plus fréquentes et violentes ?

Dix ans après la survenue de la grande récession, faut-il s’attendre à l’arrivée prochaine d’une nouvelle crise ? Par ailleurs, la violence des chocs économiques est-elle amenée à s’accroître ?

De nombreux facteurs favorisent la montée des risques. Le niveau sans précédent de l’endettement constitue une des menaces les plus sérieuses. L’aversion aux risques, des agents économiques échaudés par 2008, l’importance donnée à la liquidité et l’interconnexion des grandes places financières facilitent les mouvements de capitaux. Néanmoins, la convergence de toutes les zones économiques en termes d’endettement limite les possibilités d’arbitrage. L’interdépendance contribue à auto-bloquer le système.

La flexibilité croissante des marchés du travail peut également accélérer et amplifier les crises. Les ajustements sur l’emploi sont plus rapides pouvant provoquer une rapide progression du chômage. L’éclatement des chaînes de production entraîne la transmission des crises d’une zone économique à une autre d’autant plus que le zéro stock est devenu la règle. Lors de la grande récession de 2008, le commerce international s’est effondré de manière instantanée tant par crainte de ne plus être payé que par chute de la demande.

En raison des niveaux d’endettement, les États ne disposent plus de marges de manœuvre pour endiguer une récession. Il en est de même pour les politiques monétaires. Les banques centrales pourraient certes adopter des mesures exceptionnelles comme la distribution sans contrepartie de monnaie mais avec un risque d’accroître l’incendie.

Pour le moment, les marchés financiers anticipent peu le risque de tsunamis économiques. Les primes de risques sont légèrement supérieures à la moyenne pour les actions mais, elles sont faibles pour les obligations. De fait, le marché obligataire est faussé par les interventions des banques centrales.

Les investisseurs commettent-ils une erreur d’anticipation en sous-évaluant le risque de chocs de grande ampleur ou ont-ils intégré le nouveau cadre de l’économie mondiale ? Considèrent-ils qu’un endettement élevé soit un état normal de l’économie moderne ? Il est indéniable qu’il y a une accoutumance des acteurs à ce niveau élevé et sans précédent de l’endettement.

 

La République tchèque, le nouveau dragon

Dans les années 80, l’économie mondiale avait ses quatre dragons asiatiques, Taïwan, la Corée du Sud, Singapour et Hong-Kong qui accumulaient les succès avant de laisser la place aux pays émergents dans les années 2000. Les années 2010 ne marqueraient-elles pas le retour sur le devant de la scène de quelques pays d’Europe de l’Est et tout particulièrement celui de la République tchèque ? Ce pays figure parmi les meilleurs élèves de la classe européenne en termes de croissance et d’emploi.

Du fait du plein emploi, le salaire moyen tchèque a tendance à augmenter fortement. La hausse sur un an atteint 7,6 % au second trimestre de cette année. Cette progression est la plus forte enregistrée depuis 2008. Il est désormais de 1 130 euros (en France, le salaire moyen est de 2230 euros).

La croissance est soutenue tant par la demande intérieure, favorisée par le plein emploi, les revalorisations de salaires et l’amélioration des prestations sociales, que par les exportations. En 2016, la balance commerciale a été excédentaire de 18 milliards d’euros, soit 10 % du PIB. Son excédent commercial est ainsi supérieur en valeur relative à celui de l’Allemagne.

La République tchèque est  intégrée dans la chaîne de production allemande, l’industrie tchèque bénéficiant du dynamisme de l’économie de son voisin. Parmi d’autres facteurs jouant positivement, il faut citer la reprise des marchés automobiles en Europe et la réduction de la facture énergétique. Le pays exporte des équipements industriels et matériels de transport qui représentent 55 % du total des ventes, les seuls véhicules automobiles assurent 25 % des exportations totales. Les machines et matériels électriques (+12 %), les pièces détachées automobiles (+13,1%), suivis des matériels informatiques (- 0,9 %) et des machines et équipements industriels (+8,2 %) complètent la liste des principaux produits tchèques exportés.

En raison d’une situation budgétaire équilibrée (déficits publics inférieurs à 1 % du PIB et dette publique inférieure à 38 % du PIB en 2016), les autorités ont pu relever les minimas sociaux. Le minimum social est passé, cette année, de 9 900 couronnes (380 euros) à 11 000 couronnes (422 euros) et il devrait connaître une nouvelle réévaluation début 2018, en passant à 12 200 couronnes (468 euros). Le salaire minimum devrait ainsi être supérieur au seuil de pauvreté en République tchèque.

La République tchèque doit faire face à plusieurs défis dont le vieillissement de la population et la réorientation de son modèle ainsi que la lutte contre les inégalités.

La République tchèque est, avec l’Espagne et l’Italie, l’État ayant un des plus faibles taux de natalité au monde : 1,27 enfant par femme. À défaut de recourir à l’immigration, cette situation entraînera une baisse assez rapide de la population active et une augmentation des dépenses de retraite.

L’économie tchèque dépend fortement du secteur des transports. Pour éviter d’être dépendant des aléas de ce secteur, les autorités encouragent l’accroissement de l’effort de recherche et une plus forte présence des entreprises dans les secteurs de pointe (techniques de l’information, numériques, robots, santé). La montée en gamme constitue une nécessité pour un pays qui enregistre une forte augmentation de ses coûts salariaux.

L’économie tchèque doit aussi conquérir des parts de marché à l’extérieur de l’Europe. Aujourd’hui, sept pays, l’Allemagne, la Slovaquie, la France, l’Espagne, le Royaume-Uni, la Pologne et l’Italie, absorbent une grande partie des exportations. Cette concentration a tendance à s’accroître depuis 2013.

Le troisième axe d’inquiétude est lié aux inégalités qui demeurent importantes. Le salaire médian, qui sépare la population entre la moitié qui gagne plus et celle qui gagne moins, est de 955 euros. Certes, il a augmenté de 8,2 % au second trimestre mais il s’accompagne d’un écart important entre les 10 % les plus riches et les 10 % les plus pauvres. Par ailleurs, les inégalités de revenus entre les hommes et les femmes restent fortes. Le salaire médian pour les premiers est de 27 181 couronnes (1 043 euros) et, pour les secondes, de 22 300 couronnes (855 euros).

La République tchèque, tout en respectant tous les critères du Traité de Maastricht, recule sa date d’entrée au sein de la zone euro. Les autorités souhaitent pouvoir conserver des marges de manœuvre monétaires bien que, dans les faits, depuis plusieurs années, le taux de change est assez stable. Sur le plan diplomatique, la discrétion est de rigueur même si les responsables en place sont assez proches des dirigeants hongrois ou polonais. Néanmoins, en ce qui concerne la question des travailleurs détachés, afin de ne pas accommoder ses principaux clients, le Premier Ministre tchèque se situe sur la même ligne qu’Emmanuel Macron et Angela Merkel.

 

 

Quand le sport détrône le bricolage

En 2016, les ménages français ont consacré 100,5 milliards d’euros à leurs dépenses de loisirs, ce qui représente 9 % de leurs dépenses de consommation.

L’an dernier, les ménages ont dépensé 15 milliards d’euros pour les services culturels (musées, cinémas, théâtres, spectacles vivants, abonnements télévisuels), 14,5 milliards d’euros pour la presse et les livres, 9 milliards d’euros pour les jeux de hasard,  7 milliards d’euros pour le jardinage et 6 milliards d’euros pour les animaux de compagnie.

L’autre grand poste du budget de loisirs est désormais le sport qui pèse près de 6,5 milliards d’euros.

Le poste loisirs a fortement évolué au cours de ces dernières décennies. Les changements ont concerné les loisirs en plein air qui regroupent le jardinage, le sport, le camping et les parcs d’attraction. Ce poste de dépenses a progressé de 7,5 % en valeur par an en moyenne depuis 1960, soit un taux de progression plus élevé que celui de l’ensemble de la consommation (+7,2 %). En 2015, toujours en moyenne, un ménage a dépensé 1 050 euros pour les services de loisirs en plein air, soit au total 39 milliards d’euros.

 Les ménages consacrent une part croissante de leur budget aux activités sportives que ce soit pour s’équiper ou pour pratiquer. Les achats dédiés au sport augmentent de  8,2 % par an. Cette progression s’effectue au détriment des dépenses de jardinage (+ 6,8 % par an). De ce fait, si en 1960, le jardinage était la première activité de loisirs en ce qui concerne les dépenses, cette place est désormais occupée par les activités sportives. Cette évolution est liée à l’urbanisation de la population ainsi qu’au changement des modes de vie. La pratique du sport s’effectue tant pour des raisons ludiques que pour des raisons de maintien en bonne forme.

Sur les achats de biens durables en matière de loisirs extérieurs, depuis 1960, de profonds changements sont constatés. Si les achats liés à l’équipement extérieur des maisons étaient importants durant les 30 Glorieuses avec la progression du nombre de résidences secondaires, ils sont en net repli depuis les années 80.

Entre 1960 et 1973, les ménages se sont fortement équipés en bicyclettes, camping-cars, caravanes et remorques. La période 1998-2007 est marquée non seulement par une phase de reprise économique en début de période, mais aussi par un tournant numérique et technologique. Le digital révolutionne la photographie. Les ménages qui s’équipaient d’appareils photo dans les années 80 les délaissent au profit des Smartphones.

Dans les années 2000, les dépenses de loisirs se réalisent de plus en plus en ayant recours à Internet, pour commander ses places de spectacles comme pour acheter ses articles de sports. 17 % des articles de sports seraient ainsi achetés en ligne (source Fevad – Fédération e-commerce et vente à distance).

Au sein du budget « sports d’extérieur », deux tiers des dépenses correspondent à l’achat de bicyclettes et d’articles de sport (balles, ballons, boules de pétanque, clubs de golf, raquettes de tennis, etc.). Le tiers restant recouvre des dépenses en services de remontées mécaniques et en inscriptions dans une association sportive.

Si les achats d’articles de sports et de bicyclettes progressent régulièrement depuis 1960, les inscriptions dans une association sportive connaissent une très forte progression depuis 1982. Les ménages ont davantage de temps pour leurs loisirs et n’hésitent plus à s’inscrire dans des clubs de sports. Par ailleurs, les enfants pratiquent de manière plus fréquente que dans le passé des activités sportives en dehors de l’école. L’arrivée à l’âge de la retraite des premières générations du baby-boom au cours des années 2000 a également joué également favorablement. Les jeunes retraités se remettent fréquemment au sport et apprécient les activités au sein des clubs. Cette augmentation du nombre des inscriptions est également imputable à l’augmentation de l’offre sportive, qu’elle soit d’origine publique ou privée. De nouvelles activités se créent dans les sports de glisse, l’escalade ou encore les sports nautiques. D’autres se démocratisent comme le tennis, le golf et l’équitation. Enfin, de nouvelles installations sportives sont construites.

Les profils de consommation en sports d’extérieur dépendent beaucoup des caractéristiques sociodémographiques. Selon l’enquête Budget de famille 2011, un cadre a deux fois plus de chances qu’un ouvrier d’effectuer au moins une dépense en sports d’extérieur. L’accès aux sports d’hiver est réservé à une partie de la population. Une démocratisation relative est constatée depuis trente ans avec des prix qui se stabilisent.

La consommation en sports de plein air dépend également du lieu d’habitation. Ainsi, les ménages résidant dans des unités urbaines de taille moyenne (entre 10 000 et 100 000 habitants) sont les plus à même d’effectuer ces dépenses, à l’inverse des habitants de l’agglomération de Paris. Ces derniers pratiquent essentiellement en intérieur, grâce notamment à la présence de nombreuses salles de sport.

Les sports de plein air attirent davantage les consommateurs de moins de 26 ans que leurs aînés. Toutefois, ceux de 36 à 45 ans achètent davantage de vélos : pour 40 % des ménages qui achètent des vélos, la personne de référence se situe dans cette tranche d’âge.

Le jardinage demeure une activité majeure pour les retraités

 Depuis 1960, les dépenses des ménages pour les articles de jardinage progressent régulièrement en volume (+ 2,9 % par an en moyenne). Cependant ce rythme est inférieur à celui de l’ensemble des dépenses en loisirs de plein air. Ainsi, Le marché du jardinage, composé essentiellement d’achats de plantes et de végétaux extérieurs, est en effet arrivé à maturité dans les années 1980, après s’être développé dans les années 1960. Les couples sans enfant, en particulier les couples de personnes âgées, sont les plus enclins à dépenser pour le jardinage. Ce sont les ouvriers et employés qui dépensent le plus dans ce domaine. Cela vient en partie du fait qu’un ménage sur trois dont la personne de référence est un cadre réside dans l’agglomération parisienne, en appartement pour la plupart. Par ailleurs, les ménages ouvriers et employés, pour des raisons budgétaires, partent moins en vacances et pratiquent moins d’activités sportives. Le jardin leur permet, en outre, à travers le potager, de réaliser des économies en ce qui concerne l’alimentation.

Dans les loisirs extérieurs, les achats de bateaux de plaisance ont connu une forte progression (+ 9,3 % par an en moyenne). Le développement de la voile et des petits bateaux à moteur contribue à cet essor.

Dans les années 2000, les Français ont pris l’habitude de se rendre dans les parcs d’attraction et à y consacrer des sommes de plus en plus importante. Un retournement de tendance est intervenu dans les années 2000. L’augmentation du prix d’entrée de ces parcs et les contraintes de transports et de temps (embouteillage, file d’attente, etc.) ont freiné les dépenses en volume. Les manèges et parcs d’attraction pèsent pour 27 % dans ces dépenses en 2011. Ces activités sont principalement pratiquées par les plus jeunes (moins de 26 ans) ou les couples avec jeunes enfants.

Les dépenses de loisirs sont stables depuis la crise mais cette situation est imputable à un recours croissant à des activités financées par les collectivités publiques (musées, activités de plein air). Le numérique a modifié l’exercice la pratique de nombreuses activités dont évidemment celles liées à la photographie, à la musique. Le coût d’accès à la télévision ou aux jeux tend également à diminuer. Les plateformes collaboratives effacent les frontières entre le travail et les activités de loisirs. Il est possible soit à titre gracieux ou onéreux d’effectuer des heures de bricolages ou de jardinage. Pour le sport, certains mettent en place sur leurs loisirs des activités de coaching ou organisent des évènements (randonnée, running, etc.).