10 mars 2018

Le Coin de la Conjoncture du 10 mars 2018

 

Le Brésil, toujours à la recherche de la solution

Le Brésil, première puissance économique d’Amérique Latine, est le cinquième pays du monde par sa superficie (8,5 millions de km²) et sa population (206 millions d’habitants, dont 82 % en zone urbaine). Il est aussi en fonction des classements la 7e ou la 9e puissance économique mondiale. Son PIB pourrait dépasser celui de la France d’ici quelques années. Même si les inégalités demeurent importantes, le pays dispose d’une abondante classe moyenne, plus de 100 millions de personnes, ce qui en fait un marché extrêmement recherché par toutes les grandes entreprises internationales.

La diversification de l’économie demeure un atout majeur du pays. L’agriculture est un secteur majeur et représente plus de 5 % du PIB. Le pays est le 3e exportateur agricole mondial avec 7 % des parts de marché mondiales, alors qu’il ne représente environ que 1,4 % du commerce mondial. L’agroalimentaire et le négoce agricole pèsent 20 % du PIB. Le pays est, en effet, le premier producteur mondial de café, de jus d’orange, de sucre, le 2e producteur de soja et de viandes bovines et le 3e en ce qui concerne les volailles et le maïs. Le Brésil est également un important producteur d’énergie et de matières premières. Il dispose de réserves importantes pour le fer, l’aluminium et pour de nombreux métaux précieux. Par ailleurs, le Brésil est le 10e producteur de pétrole mondial avec une production de plus de 2,6 millions de barils/jour. Selon l’Agence Internationale de l’Energie, le pays pourrait devenir le 6e producteur mondial d’ici 2035.

Le Brésil dispose d’une industrie diversifiée (machines outil, énergie, matériels de transport, automobile, aéronautique, électronique). L’entreprise aéronautique Embraer (le 4e constructeur mondial) et la compagnie pétrolière Petrobras rayonnent à l’échelle internationale. Le pays peut également compter sur un secteur tertiaire dynamique en particulier dans les domaines de la banque, l’assurance et de la distribution. Le secteur du bâtiment et des travaux dynamiques est également puissant.

En 2015 et 2016, le Brésil a connu une de ses plus sévères récessions avec un recul du PIB de respectivement de 3,8 %, et de 3,6 %. La récession s’est nourrie des scandales politiques à répétition et a été accentuée par la chute des cours des produits agricoles et des matières premières. L’entreprise publique Petrobras a été à l’origine d’une des plus grandes affaires de corruption de ces 70 dernières années. Elle a contraint la Présidente Dilma Rousseff à la démission et a également touché l’ancien Président Luiz Inácio Lula da Silva. Par ailleurs, l’organisation coup sur coup du Mondial de Football et des Jeux Olympiques de Rio a tout à la fois grevé les finances publiques et accru les tensions sociales. La forte inflation a provoqué une baisse du pouvoir d’achat des Brésiliens et d’importants départs de capitaux. L’arrivée de Michel Temer en tant que Président et le choix de Henrique Meirelles, ancien Gouverneur de la banque centrale, comme Ministre des Finances ont rassuré les milieux d’affaires et les marchés mais au prix d’une très forte impopularité, d’autant plus que les affaires de corruption ont impliqué un nombre croissant de femmes et d’hommes politiques. La politique de lutte contre l’inflation a, à travers une hausse des taux d’intérêt, cassé net le cycle d’investissement et a contribué à la contraction du PIB. Néanmoins, le retour à la normale de l’indice des prix (l’inflation est passée de 10,67 % en 2015 à 2,95 % en 2017) a permis une décrue des taux d’intérêt. Ainsi, en février, la banque centrale a baissé pour la 11e fois son taux directeur qui a atteint un nouveau plancher historique de 6,75 %

En 2017, le pays est donc sorti de la récession, le PIB ayant augmenté de 1 %. La reprise économique intervient à quelques mois des élections législatives et présidentielle prévues pour le mois d’octobre. L’amélioration de la situation économique est, en grande partie, liée à la reprise des exportations du secteur agroalimentaire. Le pays a amplement profité de la forte progression de la production agricole l’année dernière. Par ailleurs, les services ont également renoué avec la croissance à la différence de l’industrie dont la production reste stable.

Le Gouvernement espère une croissance de 3 % en 2018 quand les experts la prévoient entre 2,0 et 2,5 %. Le rebond devrait se nourrir de la diminution de l’inflation et des taux d’intérêt. Depuis quelques mois, les banques se montrent plus flexibles pour le crédit. La baisse du chômage qui est passé de 13,4 à 12,2 % de janvier 2017 à janvier 2018 contribue à la reprise de la consommation. Néanmoins, plus de 12,7 millions de Brésiliens restent sans emploi.

Le pays reste handicapé par un important déficit budgétaire. La crise économique a provoqué une forte augmentation de la dette publique qui a atteint plus de 70 % du PIB en 2017 contre 57 % en 2014. Cette hausse est la conséquence de la dépréciation de la devise brésilienne mais surtout de la forte progression des déficits publics (10,2 % en 2015 et 9,2 % en 2016). Ce dérapage budgétaire a entraîné la dégradation de la note du pays par les trois principales agences de notation. Le Président Temer a, dès le mois d’avril 2016, décidé la mise en œuvre d’un vaste plan d’assainissement des finances publiques. Au mois de décembre 2016, un amendement constitutionnel gelant pour 20 ans l’évolution des dépenses publiques en termes réels a été adopté. Le Gouvernement a, en revanche, faute de majorité dû abandonner sa réforme des retraites, retraites qui absorbent 40 % du budget de l’État. Vendredi 2 mars, l’agence Fitch Ratings a abaissé la note souveraine du Brésil de BB à BB-, évoquant « un revers important dans le programme de réformes, qui mine la confiance dans la trajectoire à moyen terme des finances publiques et dans l’engagement politique sur ce sujet ». Malgré la volonté gouvernementale, le déficit public tarde à diminuer. Il s’est élevé à 2,3 % du PIB en 2017 contre 2,5 % en 2016.

Dans sa dernière étude sur le Brésil, l’OCDE considère que le pays pourrait accroître son PIB d’au moins 20 % sur 15 ans en modernisant ses institutions, en améliorant la réglementation des entreprises et en recueillant les fruits d’une intégration plus poussée dans l’économie mondiale. Cet accroissement aurait un impact positif sur la réduction nécessaire des inégalités et permettrait de financer les charges résultant du vieillissement rapide de la population. L’étude de l’OCDE indique que le Brésil est trop protectionniste. Se privant des avantages liés à l’intégration dans l’économie mondiale. Le Brésil applique des droits de douane très élevés sur les biens intermédiaires et les biens d’équipement, tandis que les obstacles non tarifaires aux échanges, comme les règles de contenu local et les mesures antidumping, sont très nombreux. La levée des obstacles aux échanges renforcerait la compétitivité des entreprises brésiliennes en leur permettant de se procurer leurs matières premières et biens intermédiaires à moindre coût.

L’OCDE préconise un meilleur ciblage des dépenses sociales. Par ailleurs, la croissance du Brésil est entravée par l’insécurité qui, avec la récession, s’est encore accrue. Les violences urbaines obligent un recours croissant à des services de sécurité privés. En outre, elles ne favorisent pas l’investissement. L’insécurité juridique et l’instabilité de la réglementation constituent des freins à la croissance.

Le Brésil est également handicapé par la faiblesse de l’investissement qui a reculé ces dernières années, à la fois, en valeur réelle et en proportion du PIB. Ce qui pèse sur l’ensemble de l’économie et aggrave les goulets d’étranglement existant au niveau des infrastructures. Pour inverser cette tendance, une diversification des financements est indispensable. Une meilleure planification publique est souhaitable. Les pouvoirs publics devraient simplifier les procédures et simplifier la fiscalité. La lutte contre la corruption est, pour l’OCDE, indispensable tant pour créer un climat favorable à l’investissement que pour redonner confiance aux citoyens.

Les élections présidentielles et législatives d’octobre 2018 seront délicates pour le pouvoir en place.  La popularité du gouvernement actuel est très faible (5 % de l’opinion ont une bonne, voire une très bonne image du gouvernement).  Parmi les possibles successeurs figurent l’ancien Président Luiz Inácio Lula da Silva (parti travailliste) et le populiste d’extrême-droite Jair Bolsonaro. Si « Lula » arrive actuellement en tête des intentions de vote, sa condamnation dans une affaire de corruption et de blanchiment d’argent en juillet 2017 pourrait l’empêcher de participer.

 

La Russie à moins de 100 jours de la coupe du monde de football

Le 18 mars prochain, près de 110 millions d’électeurs russes seront appelés à élire leur président. La date de l’élection coïncide avec le 4e anniversaire du rattachement de la Crimée en Russie. Elle intervient après une des plus sévères récessions de l’après chute de l’URSS, récession qui a été favorisée par les embargos croisés avec l’Occident institués en 2014, justement en raison des évènements en Crimée et par la chute du pétrole.

De 2015 à 2017, l’économie a fait preuve d’une certaine résilience. Afin d’atténuer le double choc économique, les autorités russes ont puisé dans les fonds de réserve financés grâce aux excédents générés par les exportations de pétrole.

L’économie russe reste très dépendante du pétrole et du gaz. La chute des cours a eu pour conséquence la contraction des investissements, contraction accentuée par les sanctions des pays occidentaux. La diminution de la production intérieure et des revenus a été arrêtée à la fin de l’année 2016. La forte inflation générée en partie par l’augmentation des prix des produits importés a érodé le pouvoir d’achat des Russes.

Le taux de croissance est redevenu positif en 2017 (+1,5 %), après avoir été négatif en 2015 et 2016 (respectivement -2,8 % et -0,2 %). Pour 2018 et 2019, les experts parient sur une croissance de 1 à 2 % en fonction du niveau des cours du pétrole. La tenue de la Coupe du Monde Football du 14 juin au 15 juillet devrait avoir un effet positif de 0,5 point sur le PIB. Malgré tout, les forts taux d’intérêt pénalisent la croissance. De nombreux investissements ont été différés, ce qui pèse sur la compétitivité de l’économie russe. Dans le secteur pétrolier, la production commence à souffrir de ce sous-investissement.

La reprise économique qui s’est engagée à la fin de l’année 2016, repose sur une augmentation de la consommation et de l’investissement. La consommation est portée par l’amélioration du pouvoir d’achat des ménages. La baisse du taux d’inflation contribue à la progression de la consommation. En effet, il est passé de plus de 15 % à 2,5 % entre 2015 et 2017. Pour 2018, le taux d’inflation devrait rester inférieur à 3 %.

Après avoir fortement reculé, l’investissement est en hausse grâce à la construction de nouveaux oléoducs en Sibérie. Le plan de modernisation des infrastructures en Crimée commence également à avoir des effets sur la croissance.

Le rebond entraîne des achats de biens à l’étranger en particulier pour les biens d’équipement. De ce fait, la contribution du commerce extérieure a tendance à devenir négative contrairement aux années précédentes (les importations progressent plus vite que les exportations). Le solde commercial reste néanmoins positif. L’excédent de la balance des paiements courants devrait atteindre 2 % du PIB en 2018 contre 2 % en 2017. Les réserves des changes sont conséquentes, plus de 350 milliards de dollars à la fin de l’année dernière.

La banque centrale russe, en raison de la baisse de l’inflation, poursuit son programme de baisse de ses taux directeurs. En 2017, ils ont été abaissés à 6 reprises et sont revenus de 17 à 7,5 %.

La récession de 2015/2016 n’a pas provoqué une dégradation des finances publiques. Le déficit public a atteint un sommet en 2016 à -3,7 % du PIB. En 2017, il s’est contracté à -2,2 % du PIB. Pour 2018, il devrait se situer entre 1 et 2 %. La dette des administrations publiques demeure en-dessous de la barre des 20 % du PIB. En 2017, le déficit a été couvert à 55 % par des prélèvements sur le fonds de réserve, à 35 % par des prélèvements sur le fond de richesse nationale et pour le reste grâce aux privatisations. Le fonds de réserves sera épuisé à la fin de l’année. L’État russe bénéficie, depuis 2017, du surcroît de recettes généré par la hausse des cours du pétrole, + 29 % en un an. Le principal poste de dépense publique reste les retraites (6 % du PIB). Le budget de la défense est en retrait à 4 % du PIB, néanmoins plus de deux fois plus élevés qu’en France. La dette publique est contenue en dessous des 20 % du PIB. Depuis 2015, malgré la récession, elle n’a progressé que de 2 points de PIB.

Les enjeux de la campagne présidentielle

Le suspense est faible. Vladimir Poutine devrait être réélu pour un quatrième mandat. Les interrogations concernent le niveau de la participation et le score que le Président sortant obtiendra. Il ne devrait pas y avoir de second tour comme pour les élections précédentes.

Sept hommes et une femme sont candidats. Alexeï Navalny, 41 ans, principal opposant à Vladimir Poutine n’a pas pu se présenter en raison de condamnations pénales. Il a appelé au boycottage de l’élection et à la « grève des électeurs ». Parmi les candidats, figure Pavel Groudinine qui représente le Parti Communiste tout en n’étant pas membre du parti. Directeur du sovkhoze Lénine, une exploitation agricole dans la région de Moscou fondée en 1917 et privatisée en 1995, il est le numéro un de la fraise en Russie. En 2000, il avait participé à la première campagne électorale de Vladimir Poutine avant de démissionner de « Russie Unie », en 2010. Les sondages prédisent qu’il sera en deuxième position après Vladimir Poutine.

Vladimir Jirinovski, président fondateur du Parti libéral-démocrate de Russie (LDPR) défend les valeurs ultranationalistes à l’opposé du libellé de sa formation. Il s’est présenté à toutes les élections présidentielles depuis 1991 à l’exception de celle de 2004. Il obtient entre 8 et 10 % des voix ce qui lui permet d’arriver entre la 3 et la 5e place. Il avait, en 2016, salué l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche.

Ksenia Sobtchak est, à 36 ans, la plus jeune des candidates. Elle est la fille de l’ancien maire de Saint-Pétersbourg, Anatoli Sobtchak, ancien mentor de Vladimir Poutine. Elle est journaliste et se présente comme une opposante résolue à Vladimir Poutine sous l’étiquette « contre tous ». Accusée d’être une « marionnette du Kremlin » par ses détracteurs, elle est néanmoins l’une des rares voix, en Russie, à affirmer que l’annexion de la Crimée est une « violation du droit international ». Soutenue par de riches donateurs, Ksenia Sobtchak veut incarner le courant libéral.

Gregori Lavlinski est un économiste qui a travaillé avec les réformateurs de la perestroïka. En 1993, il a cofondé le parti démocrate « Iabloko » qui attira une partie de l’intelligentsia russe et compta, en 2003, dans ses rangs jusqu’à 16 parlementaires. Candidat à deux reprises à l’élection présidentielle, en 1996 et en 2000, opposé au retour de Vladimir Poutine en 2012, il avait été écarté de la compétition au motif qu’il n’avait pas les deux millions de signatures alors nécessaires.

Boris Titov est le fondateur du Parti de la croissance (libéral et conservateur), il est aussi délégué aux droits des entrepreneurs auprès du président russe. Sa candidature, n’a pas pour objectif de gêner Vladimir Poutine mais de faire entendre la voix des chefs des petites entreprises et de promouvoir l’esprit d’entreprise en Russie.

Sergueï Babourine, député du peuple au dernier Soviet suprême de Russie, en 1990, est l’un des sept élus à avoir voté contre la dissolution de l’URSS. Réélu par la suite, vice-président de la Douma en 2004, il préside le parti La Volonté du peuple, aujourd’hui renommé « Union des peuples russes ». Sergueï Babourine a soutenu publiquement le Serbe Radovan Karadzic, surnommé le « boucher des Balkans », lors de son procès pour « génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre » dans l’ex-Yougoslavie.

Maxime Souraïkine est le président du parti Communistes de Russie, d’obédience marxiste-léniniste. Il avait créé auparavant un mouvement de jeunes qui s’inspirait des jeunesses communistes du temps de l’URSS. Il revendique aujourd’hui 50 000 membres pour son parti qui a obtenu 2,3 % des voix lors des élections législatives de 2016. Il se réclame d’une filiation politique avec Staline.

A 65 ans, Vladimir Poutine se prépare donc à entamer son 4e mandat. Il a été désigné comme le successeur de Boris Eltsine en 1999 et a été élu pour la première fois président de la Fédération de Russie le 23 mars 2000, avec 52,9 % des voix, puis en 2004 avec 71,3 % des voix. La Constitution russe limitant le nombre de mandats présidentiels consécutifs à deux, Vladimir Poutine a pris la place de son premier ministre Dmitri Medvedev en 2008 tandis que celui-ci prenait la sienne au Kremlin après avoir été élu avec 70,2 % des voix. Sous sa présidence, la Constitution a été modifiée afin d’allonger la durée du mandat de quatre à six ans. En 2012, Vladimir Poutine a été réélu avec 63,6 % des voix. Les interrogations concernant cette élection portent sur la préparation de l’éventuelle succession de Vladimir Poutine qui pourrait peut-être intervenir dans 6 ans.

La Russie devrait, après l’élection présidentielle, et au moment de la Coupe de Monde de football, essayer de sortir de son isolement diplomatique. Plusieurs pays occidentaux souhaitent la fin des embargos. Le blocage sur ce dossier est, en partie, liée aux affaires qui minent la présidence de Donald Trump avec l’ingérence supposée de la Russie durant la campagne présidentielle américaine.

 

Le secteur du nettoyage en pointe

En 2015, le secteur du nettoyage génère un chiffre d’affaires de 15 milliards d’euros, soit 4 % de celui des services aux entreprises. Plus de 38 000 entreprises appartiennent à ce secteur d’activité qui emploie plus de 400 000 personnes, soit 294 000 salariés en équivalent temps plein.

Le secteur du nettoyage comprend deux domaines, « le nettoyage courant », qui correspond au nettoyage traditionnel de tout type de bâtiments et le « nettoyage spécialisé » qui renvoie au nettoyage industriel, à l’ultra-propreté, etc. Le « nettoyage courant » occupe une place prépondérante puisqu’il représente les trois quarts du chiffre d’affaires du secteur. Le « nettoyage spécialisé » recouvre principalement le nettoyage industriel au sens large (de locaux et machines industriels ; 2,3 milliards), mais aussi le nettoyage dit 3D (désinfection, désinsectisation et dératisation)

Entre 2005 et 2015, le chiffre d’affaires en valeur du secteur du nettoyage a enregistré une forte progression de plus de 5 %. Cette augmentation s’inscrit dans le processus d’externalisation des activités non liées à leur cœur de métiers par les entreprises. La croissance du secteur du nettoyage est supérieure à celle de celui de la sécurité et des autres activités de soutien aux entreprises. Le secteur emploie désormais plus des trois quarts des personnes en charge du nettoyage, ce qui prouve que le processus d’externalisation arrive à son terme. En 2009, ce taux était de 68 %.

Le secteur connaît une évolution avec une professionnalisation accrue en raison de la multiplication des normes techniques et des exigences des clients. Les entreprises industrielles sont ainsi les plus demandeuses de services de nettoyage spécialisés. Depuis 2005, le chiffre d’affaires du nettoyage dans les bâtiments et du nettoyage industriel a augmenté de 8,1 % contre + 5,3 % pour le nettoyage courant des bâtiments.

Les deux tiers du chiffre d’affaires du secteur du nettoyage proviennent de 22 grandes entreprises et de 2 600 petites et moyennes entreprises. Le dernier tiers est assuré par 170 entreprises de taille intermédiaire) et plus de 34 000 micro-entreprises.

Les 22 grandes entreprises exercent leurs activités sur l’ensemble du territoire national et à l’international où elles réalisent 15 % de leur chiffre d’affaires. Elles recourent fréquemment à de petites structures indépendantes (hors groupe) du secteur de la propreté, qui collaborent en tant que sous-traitantes.

Les petites structures (PME et micro-entreprises) interviennent plutôt au niveau local. Leur petite taille semble plus adaptée sur le segment du nettoyage spécialisé, marché de niche en expansion où elles représentent plus de la moitié du chiffre d’affaires.

Le nombre de micro-entrepreneurs a fortement progressé ces dernières années : 10 000 en 2015, contre 5 500 en 2010, mais leur poids reste limité à 0,6 % du chiffre d’affaires du secteur en 2015 (comme en 2010).

 Pour l’ensemble du secteur, les investissements sont stables sur dix ans. En 2015, l’investissement reste faible (3,6 %) dans le nettoyage courant (3,3 %) comme spécialisé (4,5 %) ; il est très inférieur à celui des services aux entreprises (15,2 %).

Au sein des services aux entreprises, le nettoyage se caractérise – comme toutes les activités de main-d’œuvre – par de moindres consommations intermédiaires (31 % du chiffre d’affaires en 2015 contre 49 % dans les services aux entreprises) et un taux de marge modeste (10 % contre 19 %). Sur la période 2005-2015, le taux de marge baisse de 10,1 % en 2005 à 7,3 % en 2012, puis se redresse : 8,7 % en 2014 et 10,0 % en 2015.

Ce niveau peu élevé du taux de marge est lié à la faiblesse de l’intensité capitalistique du secteur. Par conséquent, les frais de personnel représentent une part importante de la valeur ajoutée, en dépit de rémunérations peu élevées (24 000 euros par an en moyenne par salarié en équivalent temps plein au lieu de 44 000 euros dans les services aux entreprises hors intérim). Ces dernières années, le taux de marge tend à s’améliorer en raison de la mise en place du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) en 2014 et du pacte de responsabilité et de solidarité en 2015.

Malgré la baisse des marges, la rentabilité économique de ce secteur reste très supérieure à celle des services aux entreprises (22 % contre 12 %), en raison du faible montant des immobilisations.

Dans le secteur du nettoyage, la main-d’œuvre est globalement peu qualifiée. En 2015, les salariés y travaillent deux fois plus souvent à temps partiel (44 %) que dans l’ensemble des services aux entreprises. En dépit d’une moindre proportion de contrats courts (16 % des salariés présents au 31 décembre, contre 19 % dans les services aux entreprises), le taux de rotation du personnel (26 %) est plus élevé que celui de la moyenne des services aux entreprises (21 %).

La main-d’œuvre est majoritairement féminine (58 %), plus âgée (38 % de plus de 50 ans, contre 25 % dans les services aux entreprises) et comporte une forte proportion d’étrangers (35 %).

La moitié des salariés cumulent plusieurs emplois. En plus de leur emploi principal dans ce secteur, ils peuvent avoir un second emploi dans une autre entreprise de nettoyage (27 %), mais plus souvent dans la santé humaine et l’action sociale, l’hébergement et la restauration, le commerce, l’administration ou chez des particuliers.

Compte tenu des moindres qualifications et durées du travail, les salariés du secteur du nettoyage perçoivent un salaire annuel brut médian de 19 600 euros (en équivalent temps plein), nettement en deçà du salaire médian des services aux entreprises (27 700 euros).