12 décembre 2015

Le Coin de la Conjoncture du 12 décembre 2015

Mais quand la hausse des prix sera-t-elle de retour ?

Le taux d’inflation tarde à remonter en France comme dans les pays de la zone euro. Au mois de novembre, l’indice des prix à la consommation (IPC) s’est, selon l’INSEE contracté de 0,2 % après une hausse de 0,1 % en octobre. Corrigé des variations saisonnières, il diminue de 0,1 % sur un mois. Sur un an, les prix à la consommation sont stables, après une légère hausse en octobre (+0,1 %).

Ce recul est imputable à la baisse des cours pétrolier et à celle des prix des services de transport et des produits alimentaires frais. La diminution des prix des services est liée à la fin de la saison touristique.  Les prix des produits manufacturés diminuent également.

Si le taux d’inflation reste à ce niveau d’ici le mois de février, le taux du Livret A pourrait être logiquement abaissé à 0,25 % au lieu de 0,5 % si le Gouvernement retenait la formule en vigueur. La BCE a demandé à la France à plusieurs reprises d’abaisser le taux de rémunération de son épargne réglementée. Sans nul doute que dans les prochaines semaines, le débat sera de nouveau ouvert !

La Banque de France, dans ses dernières prévisions, a retenu un taux d’inflation de 1 % en 2016 et de 1,6 % en 2017. Après trois ans de quantitative easing, l’inflation se rapprocherait des fameux 2 %. Ce résultat peut apparaître décevant mais il faut prendre en compte les facteurs externes qui jouent et joueront sur le niveau des prix.

Ainsi, la forte chute des cours du pétrole depuis un an a fortement pesé sur les prix. Si conformément aux attentes, le prix du baril se stabilise au cours de l’année 2016, le taux d’inflation de la zone euro devrait progressivement se rapprocher de l’inflation sous-jacente évalué actuellement à 0,9 %. En revanche, il est fort probable que la dépréciation de l’euro se ralentisse. De ce fait, l’inflation importée qu’elle a générée ces derniers mois devrait disparaitre et contrebalancer l’effet prix du pétrole.

Le maintien d’un fort volant de chômage en zone euro, avec un taux qui dépasse 9 % devrait contribuer au maintien de la rigueur salariale. L’accélération des coûts salariaux n’intervient en Europe, en règle générale, seulement quand le chômage descend en-dessous de 8 %.

La forte concurrence internationale avec une guerre des changes plus ou moins larvée devrait, par ailleurs, peser sur les prix des produits industriels. Cette sagesse des prix serait également entretenue par la structure démographique. Plus une population vieillit, moins elle consomme de biens industriels. Le vieillissement se traduit également par une réduction de l’exposition aux risques de la part des épargnants. Le choix d’actifs à rendements fixes contribue également à entretenir un climat déflationniste. Il faut souligner que l’augmentation du crédit au regard du niveau des taux d’intérêt reste modeste au sein de la zone euro surtout après déduction des prêts renégociés.

Si plusieurs facteurs devraient favoriser la hausse des prix, plusieurs autres pourraient, au contraire, tirer vers la déflation la zone euro. Pour le moment, les facteurs déflationnistes l’emportent et cela pourrait durer au moins jusqu’en 2017.

 L’Espagne à la veille d’élections législatives cruciales 

La croissance de l’Espagne a été de 1,4 % en 2014. Elle pourrait dépasser les 3 % cette année avant de revenir autour de 2 %. La vigueur de la reprise espagnole a surpris. Si la croissance s’est nourrie d’un effet de rattrapage, elle bénéficie de la compétitivité accrue des entreprises espagnoles qui ont pratiqué une déflation salariale. Depuis quelques mois, l’Espagne a pu compenser la baisse des échanges internationaux par une reprise de la consommation et de l’investissement. UN cycle vertueux de croissance semble se mettre en place au-delà des Pyrénées.

L’Espagne est actuellement, avec l’Irlande, le pays qui connait la plus forte croissance.

Le dimanche 20 décembre auront lieu les élections législatives en Espagne. La population a traversé une longue période de récession de 2011 à 2014 qui a eu pour conséquence l’émergence d’un mouvement d’extrême gauche, Podemos. La croissance de ces deux dernières années n’a pas permis d’effacer les stigmates de la crise. Pour un Gouvernement, la phase de sortie de crise est politiquement toujours délicate. En effet, les électeurs ont encore en mémoire les affres de la crise et ne portent pas aux crédits du pouvoir en place les premiers bénéficies tirés de la reprise.

Mais, si aux élections locales, l’extrême gauche a bousculé les partis traditionnels, il est probable que le Parti populaire sorte en tête des urnes. Les sondages donnent, en effet, pour le moment le parti du Premier Ministre sortant, le Parti Populaire, en tête mais il est en net recul par rapport aux élections de 2011.

Le Parti Populaire devrait obtenir 28 % des voix quand le PSOE de Pedro Sánchez serait crédité de 21 % des suffrages talonné par le parti des citoyens (parti catalogué au centre et opposé au séparatisme catalan, C’s (19 %). Le parti d’extrême gauche serait crédité de près de 16 % des voix. Ce parti progresserait dans les intentions de vote. Le C’s bénéficie de l’aura de son responsable, Albert Rivera qui, a 36, est l’homme politique qui inspire le plus confiance aux Espagnols. Pour le moment le candidat du Parti socialiste (PSOE) récuse toute idée de grande coalition avec le PP. En revanche, il s’est dit ouvert à des négociations avec d’autres partis. Il faut néanmoins souligner que ce parti a voté à plusieurs reprises en faveur des projets de réforme proposé par le Gouvernement.

Le Premier Ministre sortant met en avant son expérience et son bilan. Le chômage qui a dépassé 25 % est revenu autour des 21,2  %. La gauche conteste cette diminution en mettant en avant l’augmentation de la précarité. Le Gouvernement a fait adopter de nombreuses réformes structurelles qui portent notamment sur la libéralisation du marché du travail.

Ainsi, la réforme de 2012 du marché du travail a institué une décentralisation des négociations salariales, donnant la priorité aux accords réalisés au sein des entreprises et aux accords de branche. Les coûts de licenciement sans justification ont été réduits (passés de 45 jours de compensation par mois travaillés à 33 jours, avec un maximum de 24 mois). Les mécanismes d’ajustements internes des firmes, en facilitant les modifications des contrats de travail, ont été rendus plus faciles à utiliser.

Le Gouvernement a mis en œuvre des politiques actives du marché du travail incluant notamment le développement de la formation continue pour les employés et la requalification des chômeurs, la création de subventions à l’embauche des plus jeunes (via des réductions de charges et d’impôts), l’établissement d’un portail unique d’offre d’emplois et la promotion d’un suivi personnalisé à la recherche d’emploi.

Le Gouvernement a également fait adopter des réformes concernant le marché des biens et services. Des plans de libéralisation des services et du commerce de détail ont été votés avec à la clef une réduction des barrières à l’entrée. Les tarifs imposés concernant certains « services professionnels » protégés ont été éliminés (sauf pour les notaires). L’objectif est à la fois de faciliter le lancement de nouvelles entreprises espagnoles et d’encourager les investissements directs étrangers.

Les autorisations à obtenir pour l’ouverture d’un commerce ont été simplifiées. Les règles relatives aux horaires d’ouverture des commerces ont été assouplies. Les périodes des soldes ont été étendues.

Des mesures visant à faciliter la création d’entreprise ont été prises. La loi sur l’entreprenariat approuvée en juillet 2013 introduit une série de simplifications administratives pour les start-ups, qui permettent à la fois de réduire le coût de création d’une société à responsabilité limitée et de faciliter les procédures et les charges financières en cas d’insolvabilité.

La loi d’unification du marché de 2013 constitue un enjeu de premier plan. Elle a pour objectif de fluidifier l’économie ibérique qui était jusque-là pénalisée par de nombreux obstacles juridiques qui entravent le potentiel de croissance des firmes. Le FMI a dénombré plus de 2700 barrières réglementaires, la plupart au niveau régional.

L’Espagne n’en a pas fini avec l’éclatement de sa bulle immobilière et de la quasi-faillite de son système financier au début des années 2010. Parmi les stigmates figure la dette publique qui pourrait atteindre la barre des 100 % du PIB cette année. Certes, le déficit budgétaire diminue lentement (il était de 5,9 % du PIB en 2014 et pourrait être de 4,7 % cette année) mais la Commission de Bruxelles doute de la capacité de l’Espagne de passer en dessous des 3 % en 2017.

A terme, la croissance espagnole pourrait pâtir de l’inquiétant déclin démographique du pays, déclin qui s’est accentué avec le développement de l’émigration durant la crise. Le nombre d’enfants par femme (1,3) est l’un des plus faibles de la zone euro (1,55 en moyenne). Selon les projections de la Commission européenne, la population en âge de travailler (15-64 ans) devrait baisser de 0,5 % par an jusqu’à 2025.

La demande d’indépendance de la Catalogne est aux côtés des problèmes économiques l’autre sujet de la campagne électorale. Si la droite et le centre sont contre le référendum, l’extrême gauche y est favorable. Le PSOE après quelques hésitations semble se ranger du côté des anti-référendum et des anti-sécessionnistes.

Israël, une économie sous contraintes mais toujours en pointe

Israël est connu pour ses start-up et sa recherche de pointe. Dans un contexte géostratégique compliqué et malgré la faiblesse de ses ressources énergétiques, Israël a réussi à construire, en quelques décennies, une économie diversifiée

Israël, c’est 8,1 millions d’habitants. La croissance démographique est élevée, près de 2 % par an, du fait de l’immigration. Cette augmentation de la population contribue à celle de la consommation.

Israël a été fortement touché par le ralentissement, entre 2011 et 2013, de la zone euro, par la guerre contre le Hamas et plus récemment par le climat de violence provoqué par les agressions notamment au couteau orchestrées à la sortie de l’été. La consommation en particulier à Tel-Aviv qui était peu habituée par ce type d’attaques à la différence de Jérusalem s’est repliée assez brutalement.

Le PIB par habitant était, en 2014, de 33 243 dollars soit un peu moins que celui de la France (38 870 dollars). Le PIB par habitant de l’Allemagne est, à titre de comparaison, de 44 985 dollars et celui des Etats-Unis de 54 353 dollars.

Israël se caractérise par des écarts de revenus importants au sein de la population et par un taux de pauvreté élevé. 25 % des Israéliens vivent en-dessous du niveau de pauvreté contre 14 % pour les Français. Le taux de chômage est relativement faible, avoisinant les 6 %

Si l’agriculture n’occupe que 2 % de la population active, le pays est auto-suffisant et est même exportateur pour certaines productions de fruits.

Israël est bien représenté dans les secteurs de la chimie, de la pharmacie (génériques), la plasturgie et les hautes technologies. Les industries de pointe (aéronautique, électronique, logiciels, biotechnologies, télécommunications) assurent 40 % du PIB. Les autres grands secteurs d’activité sont le tourisme, la taille des diamants et l’orfèvrerie ainsi que le textile.

Israël est un pays commercialement très ouvert. Les échanges commerciaux représentent 70 % du PIB. Les exportations pèsent plus de 24 % du PIB. La balance commerciale qui était structurellement déficitaire parvient de plus en plus à être en équilibre. La baisse des prix de l’énergie et des matières premières contribue à ce rééquilibrage, Israël dépendant en la matière des importations.

Israël joue la carte de l’internationalisation avec des sociétés cotées sur les marchés étrangers. Ainsi, il est au deuxième rang après le Canada pour le plus grand nombre de firmes d’origine étrangère cotées à Wall Street.

En ce qui concerne la situation conjoncturelle, l’OCDE est relativement optimiste. Pour 2015, l’organisation internationale prévoit un taux de croissance atour de 3 %. Ce taux devrait être de 3,6 % pour 2016. Pour cette année, du fait des attentats, il est possible que ce taux soit légèrement inférieur. Néanmoins, la dépréciation de la monnaie, le shekel, favorise les exportations. La baisse du cours de l’énergie et des matières premières a réduit le montant des importations permettant au commerce extérieur de contribuer positivement à la croissance. L’économie bénéficie également de taux d’intérêt toujours bas et d’une pause dans le processus d’assainissement budgétaire en 2015. Compte tenu des taux bas, il y a un risque de bulle immobilière en Israël. Le prix de l’immobilier est de plus en plus mal accepté par la population.

L’OCDE souligne que les pouvoirs publics doivent renouer avec l’assainissement des comptes publics compte tenu du niveau de la dette publique qui est de 70 % du PIB.