2 décembre 2017

Le Coin de la Conjoncture du 2 décembre 2017

 

L’OCDE mesure son enthousiasme

L’OCDE qui a publié ses « prévisions d’automne » le 28 novembre dernier,  prévoit une accélération de la croissance en 2017 à 3,6 % contre 3,1 % en 2016. Pour 2018 et 2019, l’organisation internationale a retenu respectivement comme taux de croissance 3,7 % et 3,6 %. Elle estime que l’économie mondiale n’a pas les moyens de maintenir un taux élevé de croissance compte tenu de la faiblesse de l’investissement et des gains de productivité.

Accélération de la croissance presque partout

Aux États-Unis, la croissance devrait atteindre 2,2 % en 2017 puis 2,5 % en 2018 avant de baisser à 2,1 % en 2019. Pour la zone euro, la croissance devrait s’élever à 2,4 % en 2017 et 2,1 % en 2018. Par rapport aux précédentes prévisions, l’OCDE a réalisé une révision à la hausse pour tenir compte de l’amélioration de la conjoncture au sein des grands pays de la zone comme en Allemagne et en France. Pour 2019, une décélération est attendue à 1,9 %. L’Allemagne devrait enregistrer cette année un fort taux de croissance, soit 2,5 %. Pour 2018 et 2019, le taux de croissance serait respectivement de 2,3 % et 1,9 % en 2019. La France arriverait à obtenir en 2017 et 2018 un taux de 1,8 %. Pour 2019, le taux se tasserait légèrement à 1,9 %. L’Italie se situerait juste derrière avec des taux de croissance de 1,6 %,  1,5 % et 1,3 % pour les trois années mentionnées ci-dessus. L’accélération européenne est imputable à une amélioration du marché de l’emploi, au maintien d’une politique monétaire accommodante et à une hausse tant de la consommation que de l’investissement.

Pour l’OCDE, l’activité au Royaume-Uni devrait poursuivre son ralentissement en raison des incertitudes entourant l’issue des négociations sur le Brexit. La consommation serait pénalisée par la hausse de l’inflation qui pèse sur le pouvoir d’achat des ménages. Dans ce contexte, la croissance de l’économie britannique devrait atteindre 1,5 % cette année, 1,2 % en 2018 et 1,1 % en 2019. Au Japon, il est prévu que la croissance se situe à 1,5 % en 2017 et reste proche de 1 % en 2018 et 2019 sous l’effet de la reprise de l’assainissement budgétaire et de l’accélération du déclin de la population en âge de travailler.

Pour les pays émergents, l’OCDE considère que la croissance devrait s’accroître grâce au rebond des investissements dans les infrastructures en Chine et au relèvement des prix des matières premières. Cette croissance devrait néanmoins être freinée par le ralentissement des efforts de réforme et par l’existence de vulnérabilités financières liées au niveau élevé de l’endettement. Ainsi, en Chine, la croissance devrait atteindre 6,8 % en 2017 et se modérer quelque peu pour s’établir à 6,6 % en 2018 et 6,4 % en 2019. De son côté, l’Inde devrait bénéficier d’une croissance de 6,7 % en 2017, de 7 % en 2018 et de 7,4 % en 2019. L’activité s’accélérerait dans ce pays en raison de la reprise de l’investissement. La Russie confirme sa sortie de récession. L’économie devrait croître au rythme de 1,9 % en 2017 et 2018 puis de 1,5 % en 2019. Le Brésil devrait lui aussi sortir de la récession et enregistrer une croissance ressortant à 0,7 % en 2017, 1,9 % en 2018 et 2,3 % en 2019.

Une croissance fragile ?

L’OCDE met l’accent sur la fragilité de la croissance de l’économie mondiale. L’organisation tire un double signal d’alerte : le premier concerne la faiblesse des gains de productivités et le second, le niveau élevé de l’endettement public comme privé. Par ailleurs, elle met en garde les pays membres contre les risques du protectionnisme.

Les gains de productivité sont en recul au sein de toutes les zones économiques. Pour le moment, le rebond par rapport à la période de crise est faible. Il est inférieur à ce qui a été constaté lors des précédents épisodes de récession. Comme le souligne l’économiste Patrick Artus, l’Europe éprouve des difficultés depuis plus d’une dizaine d’années à rattraper le retard sur les États-Unis. Malgré la diffusion rapide des techniques de l’information et de la communication, la convergence des taux de productivité semble se ralentir. Le digital génère pour le moment un développement assez inégal tant au sein des pays qu’entre eux (polarisation de l’emploi).

La menace des dettes

Après le FMI, l’OCDE met en garde les États contre les risques liés à la croissance de l’endettement privé que ce soit au sein des pays avancés ou des pays émergents. La part non contrôlé d’une partie de cette dette (shadow banking) est une source d’inquiétude pour les économistes de l’organisation internationale.

 

Le sport, un marché porteur

La France organisera la coupe du Monde de Rugby en 2023 et les Jeux Olympiques en 2024. Le sport est aujourd’hui un des éléments clefs du rayonnement d’un pays à l’échelle internationale et une source d’activités économiques incontournable au fil des années. Ainsi, le chiffre d’affaire de ce secteur en France en 2015 représentait environ 37 milliards d’euros, soit près de 2 % du produit intérieur brut (PIB) national. Un chiffre qui comprend à la fois les biens liés au sport, la gestion des infrastructures sportives et les services associés, comme les sponsors ou la billetterie. Le marché de la distribution d’articles de sport génère un chiffre d’affaires de plus de 10 milliards d’euros selon une étude de la Fédération professionnelle des entreprises du sport et des loisirs (FPS). Les ventes d’équipements de sport (ballons, raquettes, etc.) représentent plus d’un tiers du marché des articles de sport, devant le textile (29 %), les chaussures (22 %) et les cycles (15 %).

Ce secteur bénéficie tout à la fois d’un engouement croissant pour les activités sportives et de l’effet de mode. Les vêtements de sport sont de plus en plus souvent achetés pour un usage extra-sportif. Les chaussures sont le meilleur symbole de cette évolution. En deux mois seulement, le PSG a vendu plus de 50 000 maillots floqués du nom de Neymar au prix de 140 euros l’unité.

Au-delà des strass et des paillettes des vedettes qui en sont les symboles médiatiques,  ce secteur repose surtout sur les sportifs amateurs. En effet, au-delà du phénomène de mode et de médiatisation de certains sports, ce secteur d’activité peut compter sur la pratique d’activités physique d’une grande partie de la population. En effet, en 2015, 45 % des femmes et 50 % des hommes de 16 ans ou plus ont déclaré avoir pratiqué une activité physique ou sportive au cours des douze derniers mois. Un tiers des femmes comme des hommes indiquent pratiquer une activité physique ou sportive au moins une fois par semaine.

Entre 2009 et 2015, la part de pratiquants est passée de 40 % à 45 % chez les femmes mais est demeurée stable chez les hommes. Les écarts entre femmes et hommes restent élevés parmi les plus jeunes : 50 % des femmes de 16 à 24 ans ont pratiqué au moins une activité physique ou sportive dans l’année, contre 63 % des hommes de cette classe d’âge. Le manque de temps ou la faible médiatisation du sport féminin peuvent expliquer la moindre pratique physique ou sportive des jeunes femmes.

Les femmes vivant en couple et ayant un ou plusieurs enfants ont moins d’activités sportives que les hommes (écart de 8 points). Les écarts entre femmes et hommes sont ainsi particulièrement marqués parmi les plus jeunes : 50 % des femmes âgées de 16 à 24 ans déclarent avoir pratiqué au moins une activité physique ou sportive dans l’année et 33 %, régulièrement chaque semaine, contre respectivement 63 % et 45 % des hommes de cette classe d’âge. 48 % des femmes âgées de 50 à 64 ans pratiquent au moins une fois dans l’année contre 46 % des hommes du même âge. Pour la pratique hebdomadaire, elles sont également plus nombreuses (36 % contre 30 %).

Le sport de plus en plus pratiqué chez les femmes

 La part de femmes pratiquant une activité physique ou sportive a crû de 5 points entre 2009 et 2015, passant de 40 % à 45 % ; chez les hommes, cette proportion est restée stable sur la période, autour de 50 %. Les femmes sont aussi de plus en plus nombreuses à exercer une activité physique ou sportive chaque semaine : en 2015, c’est le cas de 32 % d’entre elles contre 26 % en 2009 ; la part de pratiquants réguliers chez les hommes a très peu progressé durant ces six années (de 31 % à 33 %).

La marche à pied est l’activité physique ou sportive la plus pratiquée par les femmes comme par les hommes. En 2010, 74 % des femmes ayant pratiqué une activité physique ou sportive au cours des quatre dernières semaines ont fait de la marche à pied ; loin derrière, elles sont 21 % à avoir fait de la gymnastique, 20 % de la natation et 18 % du vélo. La marche à pied est également la première activité exercée par les hommes sportifs (61 % d’entre eux) ; elle devance nettement le cyclisme et la course à pied (27 % et 18 %). La course à pied connait une expansion très rapide. Un quart de la population française court régulièrement. Plus de 30 % des coureurs pratiquent cette activité depuis moins de deux ans. 6 millions de Français affirment courir au moins une fois par semaine.

Les femmes pratiquent peu les sports de raquette. Ainsi, seulement un pratiquant sur trois de tennis, squash, badminton ou tennis de table est une femme ; de même, elles ne représentent qu’un pratiquant sur cinq de sports collectifs (football, basket-ball, volley-ball, handball, etc.). Les contraintes de temps freinent la pratique de ces sports qui exigent des déplacements. Par ailleurs, même si une évolution est en cours, les sports collectifs donnaient lieu à une médiatisation des équipes masculines. En revanche, les femmes sont surreprésentées en danse (de 62 %), et en gymnastique (79 %).

Selon les disciplines, les pratiquants, femmes ou hommes, présentent des profils d’âge assez similaires. Première activité exercée, la marche à pied se pratique à tout âge : environ la moitié des femmes et des hommes qui en font sont âgés de 50 ans ou plus. La course à pied est, elle, moins prisée par les plus âgés, six pratiquants sur dix ayant moins de 40 ans. Les sports de raquette attirent davantage les plus jeunes, en particulier chez les femmes : 46 % des sportives qui en sont adeptes sont âgées de 16 à 24 ans, contre 30 % de leurs homologues masculins ; c’est aussi le cas pour les sports collectifs (66 % contre 46 %).

Les femmes pratiquent leur activité sportive moins longtemps que les hommes

En 2010, parmi les personnes ayant exercé une activité physique ou sportive le jour où elles étaient interrogées, les femmes y ont consacré en moyenne 19 minutes ce jour-là contre 27 minutes pour les hommes. Les sportifs, en particulier les hommes, privilégient le week-end pour la pratique de leur activité physique ou sportive : environ 18 % des femmes s’exercent le samedi après-midi et 8 % le dimanche matin, contre respectivement 22 % et 14 % des hommes. Le dimanche après-midi, les taux de pratique féminin et masculin sont les plus élevés de la semaine : 23 % des femmes et 26 % des hommes s’adonnent à une activité physique ou sportive.

La pratique du sport en club ou au sein de structures dédiées est marginale

Que ce soit en semaine ou le week-end, près de huit personnes sur dix, femmes comme hommes, pratiquant une activité physique ou sportive, le font par leurs propres moyens en 2010. Seuls 20 % pratiquent dans le cadre d’une association ou d’un club et 3 % dans le cadre de leur travail ou de leurs études (association sportive d’entreprise, sport universitaire, etc.). La pratique sans recourir à des structures spécifiques est plus importante chez les sportifs les plus âgés. Les jeunes pratiquent plus fréquemment des sports collectifs les obligeant à passer par des structures collectives.

Se distraire et rester en forme : les principales motivations à la pratique physique ou sportive

En 2010, 79 % des femmes et 83 % des hommes s’adonnant à au moins une activité physique ou sportive déclarent la pratiquer dans le but de se distraire. Pour près des trois quarts des sportifs, le maintien en forme est une source de motivation importante (74 % des femmes et 73 % des hommes). Évacuer le stress est la troisième motivation évoquée, notamment pour les sportives (57 % contre 51 % pour les sportifs).

La recherche de la convivialité constitue un des autres objectifs de la pratique sportive. Près de 50 % des sportifs mettent en avant cet argument, pour 30 %, le sport est également un moyen de faire des rencontres. Les différences de motivation entre femmes et hommes s’atténuent progressivement avec l’âge. Elles sont particulièrement marquées chez les plus jeunes. Parmi les 16 à 24 ans s’adonnant à au moins une activité, 89 % des hommes la pratiquent pour se distraire et 76 % pour passer du temps entre amis, soit respectivement 10 et 11 points de plus que chez les femmes. Par ailleurs, un tiers des hommes pratiquants âgés de 16 à 24 ans font du sport pour dépasser leurs limites, contre seulement 14 % des jeunes sportives. Ces dernières sont 26 % à déclarer pratiquer une activité physique ou sportive pour perdre du poids (9 % chez les jeunes hommes).

Entre 25 et 50 ans, se distraire reste la première des sources de motivation pour 80 % des sportifs, aussi bien chez les femmes que chez les hommes. Devant souvent concilier vie familiale et vie professionnelle, environ deux tiers des pratiquantes et pratiquants de 25 à 50 ans perçoivent le sport comme un moyen d’évacuer le stress. Avec l’âge, la recherche de convivialité dans la pratique physique ou sportive devient secondaire. A contrario, rester en forme prend de plus en plus d’importance : cela devient même la première source de motivation des 65 ans ou plus pratiquant une activité physique ou sportive (pour environ 80 % d’entre eux), juste devant se distraire (environ 75 %).

Trois fois plus d’hommes que de femmes participent à des compétitions

 En 2015, 17 % des femmes ayant pratiqué régulièrement une activité physique ou sportive au cours des douze derniers mois, dans le cadre d’un club ou d’une association, ont participé à une compétition sportive. Cette proportion est trois fois plus élevée parmi leurs homologues masculins (52 %). Sans surprise, pour les femmes comme pour les hommes, participer à des compétitions est plus fréquent chez les jeunes de 16 à 24 ans. Avec l’âge, la pratique compétitive se réduit, mais plus modérément pour les hommes.

Entre 2009 et 2015, la part de participants à des compétitions a progressé chez les femmes (de 14 % à 17 %) comme chez les hommes (de 48 % à 52 %).

L’augmentation de la pratique en compétition est symbolisée par la progression des inscriptions aux différents marathons. Ainsi, au niveau mondial, le nombre de marathons organisés chaque année dépasse 2 500 quand il y en avait moins de 500 dans les années 70. Le nombre de participants est passé de 1800 à 1,5 million de 1970 à 2016.

L’augmentation de la pratique du sport et l’effet mode aboutissent à transformer le commerce d’équipements. Ainsi, les grands fabricants comme Asics, Adidas ou Nike appliquent de plus en plus les règles du luxe. Ils ouvrent leurs boutiques en centre-ville qui sont de véritables showroom afin de vendre une image, une ambiance. Ils n’hésitent pas à augmenter les prix sachant que le sportif est prêt à dépenser plus pour se doter des derniers équipements, chaussures, vêtements. La vente sur Internet constitue un défi pour la grande distribution spécialisée qui a souffert avant de se déporter sur les activités de loisirs. Le marché du sport repose tout à la fois sur d’important effort en matière de marketing et sur l’innovation technique comme en témoignent les nombreux brevets déposés en matière des chaussures de course à pied. En France, en 2016, plus de 10 millions de chaussures de sport ont été vendues pour un chiffre d’affaires de 500 millions d’euros. Le marché connaît une croissance de plus de 10 % par an. En revanche, certains sports et donc les équipements qui y sont attachés sont en repli comme le tennis. Après avoir connu ses heures de gloire dans les années 80 et 90, ce sport du fait des contraintes de lieu et de temps qu’il impose est moins tendance. L’époque est aux activités qui sont facilement compatibles avec des emplois du temps qui sont moins figés aujourd’hui que dans le passé. Les salles de sports ont su s’adapter en allongeant leurs horaires d’ouverture à la différence des structures plus traditionnels que sont les clubs publics. Avec la multiplication des campagnes en faveur de l’activité sportive, voire de la préconisation directe des médecins, le chiffre d’affaires du sport devrait continuer à s’accroître dans les prochaines années.