25 novembre 2017

Le Coin de la conjoncture du 25 novembre 2017

Les États-Unis peuvent-ils déjouer les probabilités ?

Les États-Unis sont entrés depuis sept ans dans un cycle de croissance. Une telle durée est légèrement supérieure à la moyenne des cycles précédents, soit six ans. De ce fait, certains craignent un ralentissement de l’activité arguant de l’absence de réserves de croissance. Ainsi, le taux de chômage est passé de 10 % à  4,1 % de 2010  à 2017. La croissance pourrait donc buter sur un manque de main d’œuvre sauf à améliorer sensiblement le taux participation au marché de l’emploi en jouant sur les personnes d’âge actif qui ne cherchaient plus un emploi. Le taux de chômage de 4,1 % n’est pas au standard européen. Il devrait être plus proche de 6 % si les mêmes règles d’indemnisation étaient appliquées.

L’autre frein pesant sur la croissance provient de la faiblesse des gains de productivité. La tertiarisation de l’économie et le développement des emplois sous qualifiés expliquent en partie l’atonie des gains de productivité. Dans ces conditions, la croissance potentielle de l’économie américaine se situerait autour de 1,4 %. Cette croissance est calculée en prenant en compte les fondamentaux de l’économie. Depuis 2010, la croissance des États-Unis est en moyenne de 2,4 % par an. L’écart avec la croissance potentielle s’explique par un effet de rattrapage, la récession ayant amené à une sous-utilisation des capacités de production, et par un effet dopage généré par la politique monétaire accommodante. À ce titre, certains s’inquiètent des niveaux d’endettement élevés rendus possibles par les taux bas. Ont été ainsi mis en avant les emprunts étudiants, les emprunts immobiliers et les emprunts pour l’achat de voitures. Plus récemment, avec les déboires d’Altice, le risque « entreprise » constituerait une nouvelle menace. La bulle étudiante ou automobile reste assez limitée. Les entreprises devraient enregistrer, pour 2017, une progression de leurs résultats.

Pour contrecarrer la baisse de la croissance potentielle, à défaut de jouer sur l’emploi, les pouvoirs publics ne pourront donc tabler que sur une hausse des gains de productivité ou sur un accroissement des revenus des acteurs économiques provoqué, par exemple, par une baisse des impôts.

Sur les gains de productivité, l’investissement étant déjà à un haut niveau, un retournement n’est pas attendu à court et moyen terme. La Productivité Globale des Facteurs tend même à ralentir. Le remplacement d’emplois qualifiés par des emplois non qualifiés et la disparition de postes dans l’industrie au profit de postes dans le secteur tertiaire expliquent cette évolution.

Cette analyse ne repose-t-elle pas sur une erreur d’appréciation liée à une mauvaise évaluation des gains de productivité et plus globalement de la croissance ? La sophistication des outils numériques ne se traduit pas dans la chaine des prix. Par ailleurs, la multiplication des applications liées à l’usage d’Internet et aux objets connectés est-elle bien retraduite dans le calcul du PIB qui reste par nature un indicateur de flux monétaires ? A plusieurs reprises, l’institut statistique américain a réévalué, à postériori, le montant de son PIB pour intégrer les apports du numérique.

Le plan fiscal de Donald Trump est une arme à double tranchant. S’il peut améliorer la rentabilité des entreprises, il risque d’accroître un peu plus le déficit public et le déficit commercial. L’effort des pouvoirs publics américains devraient porter sur l’investissement et la formation avec comme objectif, le redressement des gains de productivité.

La fin du cycle de croissance des États-Unis n’est pas inscrite. La durée de 6 ans n’est qu’une moyenne et n’est pas en soi une indication. L’envolée de la bourse reste pour le moment soutenable au regard du ratio dividende / prix des actions. Les hausses des taux directeurs, certes limitées, n’ont pas cassé la croissance, ni perturbé la sphère financière américaine et mondiale.

 

Chiens, chats et fleurs, un secteur qui ne connait pas la crise

Au sein des pays occidentaux, la France se démarque par la forte appétence de sa population non seulement pour le bricolage mais aussi pour les végétaux et les animaux de compagnie. Le commerce de détail spécialisé dans ces domaines a enregistré durant des années un fort taux de croissance. Le chiffre d’affaires est néanmoins très sensible aux variations des niveaux de vie de la population. En période de crise, les ménages ont la possibilité de différer les achats de fleurs ou de végétaux. Ainsi, en moyenne annuelle, entre 2000 et 2015, le chiffre d’affaires a augmenté de 3,2 % en valeur. Il s’est replié entre 2012 et 2015 avec la stagnation du PIB et la baisse du revenu disponible des ménages. Avec le retour de la croissance, l’activité a repris en 2016 avec une croissance de 4,2 %. Les enseignes les plus répandues sur le territoire sont « Gamm Vert », « Jardiland », et « Truffaut ».

Le secteur comprend 13 200 entreprises qui emploient 35 000 salariés. Elles réalisent 6,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires, 2,7 milliards de marge commerciale et 1,6 milliard de valeur ajoutée. Ce secteur représente 4 % du chiffre d’affaires du commerce de détail spécialisé en produits non alimentaires (biens culturels, pharmacie, habillement, équipements du foyer, etc.).

Seules 500 de ces entreprises appartiennent à un groupe. Elles font partie des plus grandes du secteur, en matière d’effectifs salariés, et génèrent la moitié de son chiffre d’affaires. Dans huit cas sur dix, le groupe est lui-même spécialisé dans la vente au détail ou en gros de végétaux et d’animaux de compagnie. Ce secteur d’activité est donc dominé par quelques grandes enseignes mais comprend toujours un nombre important de petites structures : 78 % ont au plus un salarié. Ces petites structures réalisent 20 % du chiffre d’affaires du secteur contre 10 % dans les autres secteurs du commerce de détail non alimentaire en magasin spécialisé. Les unités de 10 salariés ou plus réalisent 60 % du chiffre d’affaires du secteur. Pour près de huit d’entre elles sur dix, la surface de vente moyenne par magasin est inférieure à 120 m². À l’opposé, pour les 6 % plus grandes, elle est supérieure à 400 m².

Les unités dont la surface moyenne de vente est comprise entre 400 et 2 500 m² ne représentent que 5 % des entreprises mais elles génèrent un peu plus du tiers du chiffre d’affaires total du secteur.

Le cœur du secteur est constitué par la vente des fleurs et des plantes ainsi que celle des animaux et des produits qui leurs sont attachés. Les végétaux génèrent un chiffre d’affaires de 3,4 milliards d’euros contre 1,2 milliard pour les animaux, soit pour ces deux postes 72 % du total. Les autres produits, comme l’outillage, les accessoires de jardin ou de décoration, génèrent les 28 % restants.

Près de 1 000 commerces sont spécialisés dans la vente d’animaux de compagnie. Ces animaleries réalisent 6,5 % du chiffre d’affaires total du secteur. Les entreprises du commerce de végétaux et d’animaux sont peu concurrencées par les hypermarchés et les magasins de meubles et de bricolage. Ces derniers réalisent moins de 4 % du chiffre d’affaires de la vente de végétaux et d’animaux de compagnie. Les ventes par Internet sont aussi négligeables. Pour les animaux, la concurrence provient des éleveurs exerçant une activité agricole et par ceux faisant de l’élevage à titre amateur.

Répartition du chiffre d’affaires en % entre les différentes catégories

  Le taux de marge commerciale qui reflète la seule activité de négoce est relativement élevé (45 %), soit sept points au-dessus de celui de l’ensemble du commerce spécialisé non alimentaire. Il est supérieur de plus de dix points à celui des commerces de détail de biens culturels et de loisirs ou d’équipements de l’information et de la communication. Cette plus forte différence entre le coût d’achat et le prix de vente des produits peut s’expliquer par le travail artisanal de mise en valeur des produits réalisé par le fleuriste ou le grand magasin, ainsi que par les coûts d’entretien dus à la nature des produits vendus. Les pépinières doivent gérer des stocks importants, exigeant une forte attention. Elles peuvent être des producteurs de plantes et d’arbres, ce qui améliore leur taux de marge. La valeur ajoutée produite permet principalement de rémunérer le personnel et les apporteurs de capitaux et de financer l’investissement. La part des frais de personnel salarié est plus importante dans ce secteur que dans ceux de comparaison. En effet, les animaleries ou les pépinières nécessitent un personnel plus important que les autres formes de commerce.