3 mars 2018

Le Coin de la Conjoncture du 3 mars 2018

 

Faut-il encore avoir peur des dettes publiques des États périphériques ?

Avec l’augmentation prévisible, à moyen terme, des taux d’intérêt, la question de la soutenabilité de la dette publique se pose pour certains États de la zone euro. La remontée des taux américains, la fin annoncée des rachats d’actifs par la Banque Centrale Américaine et le retour du risque politique notamment en Italie sont autant de facteurs pouvant contribuer à une progression du rendement des obligations des États périphériques.

Si l’Allemagne a réussi à réduire de près de 15 points de PIB son niveau d’endettement de 2010 à 2017 (il est passé de 80 à 65 % du PIB), les autres grands pays européens l’ont au mieux stabilisé. Ainsi, la dette publique atteint 135 % du PIB en Italie, 98 % en Espagne et 97 % en France. La dette publique portugaise est néanmoins en recul depuis 2016. Pour l’Espagne, une décrue commence à être enregistrée.

Dans tous les États de la zone euro, à l’exception de la France, les budgets sont excédentaires avant paiement des intérêts. La France et l’Espagne devraient sortir de la liste des pays à déficits excessifs. La France a intégré cette liste il y a déjà plus de 10 ans. Le retour de la croissance allège le poids des dettes par rapport au PIB, accroît naturellement les recettes publiques et contribue à la baisse des dépenses sociales.

La balance des paiements courants est devenue excédentaire pour la quasi-totalité des pays de la zone euro. Cette situation permet de contourner l’arrêt de la mobilité des capitaux entre les pays de la zone euro. Quand l’Allemagne, le pays qui dégage un excédent de plus de 7 % du PIB, par précaution, a mis fin à son recyclage, les États périphériques ont été confrontés à un problème de financement de leurs déficits publics et de leurs dettes publiques, d’où la hausse des taux d’intérêt. Le rééquilibrage de leurs comptes extérieurs est alors devenu une nécessité. Désormais, leurs déficits publics sont donc essentiellement financés par leur épargne nationale, ils sont passés d’emprunteurs nets à prêteurs nets.

Par rapport à 2010, le financement des dettes publiques est plus national et donc moins dépendant des achats des non-résidents. Pour qu’il y ait une crise de la dette, il faudrait donc que les résidents du pays refusent de détenir leur propre dette nationale.

Le risque politique n’a pas disparu au sein de la zone euro. Il existe essentiellement en Italie avec des élections incertaines prévues le 4 mars et en Espagne en raison de la demande de sécession de la Catalogne. En Italie, la coalition de droite (formée de Forza Italia – le parti de Silvio Berlusconi-, la Ligue du Nord, Frères d’Italie et quelques autres petits partis régionaux) est en tête des sondages avec 46 % des sièges. Arrive en 2e position le Mouvement 5 étoiles avec 28 % des sièges suivi par la coalition de gauche qui pourrait recueillir 25 % des sièges. Les élections du 4 mars pourraient ne dégager aucune majorité, ce qui pourrait conduire à de nouvelles élections d’ici la fin de l’année et la possible nomination d’un gouvernement technique. Certains espèrent que les coalitions explosent après les élections afin de constituer un gouvernement pro-européen qui serait soutenu par le Parti démocrate et Forza Italia. Ce scénario n’est pas impossible compte tenu des caractéristiques du jeu politique italien mais il s’annonce néanmoins difficile au regard des propos tenus durant la campagne électorale par les responsables de ces deux partis.

En 2010, l’Espagne, l’Italie, le Portugal n’assuraient pas leur solvabilité budgétaire. Aujourd’hui, cette dernière est assurée sauf pour la France. Les pays d’Europe du Sud ont mis en œuvre des politiques qui améliorent sensiblement leur compétitivité. Il en a résulté un rééquilibrage réel de leur balance des paiements. Le retour de la croissance et, même si elle est encore modeste, de l’inflation érodent le poids relatif de la dette publique. Pour l’Italie, le principal facteur de risque est donc de nature politique. De ce fait, en l’état actuel, malgré la hausse prévisible des taux, la menace des dettes publiques est plus faible qu’en 2010.

 

L’Europe à plusieurs vitesses

En 2016, en standards de pouvoir d’achat, le PIB régional par habitant variait, au sein de l’Union européenne, de 29 % de la moyenne pour la région bulgare de Severozapaden à 611 % dans la région d’Inner London – West dans le Royaume-Uni.

Derrière l’Inner London – West au Royaume-Uni, les régions qui occupaient la tête du classement des PIB régionaux par habitant étaient le Grand-Duché de Luxembourg (257 %), suivi de Southern & Eastern en Irlande (217 %), puis de Bruxelles en Belgique et Hambourg en Allemagne (200 % dans les deux cas).

En 2016, 19 régions disposaient d’un PIB par habitant situé 50 % ou plus au-dessus de la moyenne de l’Union. Cinq se situent en Allemagne, trois au Royaume-Uni, deux en Autriche, une respectivement en Belgique, en République tchèque, au Danemark, en Irlande, en France, aux Pays-Bas, en Slovaquie, en Suède et au Grand-Duché de Luxembourg. La région Île-de-France a un PIB par habitant de 75 % supérieur à la moyenne européenne et situe au 9e rang européen.

Après Severozapaden en Bulgarie (29 % de la moyenne), les régions ayant le plus faible PIB par habitant étaient Mayotte en France (33 %), Severen tsentralen et Yuzhen tsentralen en Bulgarie (34 % chacune), ainsi que Nord-Est en Roumanie (36 %). Parmi les 21 régions disposant d’un PIB par habitant en dessous de 50 % de la moyenne de l’Union, cinq étaient situées respectivement en Bulgarie et en Pologne, quatre en Hongrie, trois respectivement en Roumanie et en Grèce, et une en France. Il convient de noter cependant que, dans certaines régions, le niveau du PIB par habitant peut être fortement influencé par les flux de navetteurs. Les arrivées nettes de navetteurs dans ces régions accroissent la production à un niveau qui ne pourrait être atteint par la seule population active résidente. L’effet inverse est observé dans les régions où habitent les navetteurs. Le Grand-Duché de Luxembourg et Londres se trouvent dans cette situation.

À l’exception de l’Île-de-France, de Mayotte et de la Guyane, le PIB par habitant varie peu entre les différentes régions françaises. La Région Auvergne-Rhône-Alpes se situe dans la moyenne européenne (100). En métropole, la région la plus pauvre est celle des Hauts-de-France avec un PIB par habitant inférieur à 83 % de la moyenne européenne. La Corse arrive derrière avec un PIB par habitant qui représente 86 % de la moyenne européenne. Dans les départements d’Outre-Mer, la Guyane (51 %) suit Mayotte (33  %). La Martinique est la région d’outre-mer ayant l’écart à la moyenne européenne le plus faible (24 points) contre 32 points pour la Guadeloupe et 49 points pour la Réunion.