5 mars 2016

Le Coin de la Conjoncture du 5 mars 2016

Les perdants du ralentissement du commerce international en Europe

Depuis trois ans, le commerce international stagne. Combinée avec la baisse de la croissance de l’économie mondiale, cette situation pénalise les pays dépendants au commerce extérieur. Ainsi, l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Irlande, la Slovaquie et la Slovénie sont, par nature, au sein de l’Union européenne les plus exposés. Même si le solde commercial n’a pas été encore affecté, les exportations allemandes montrent des signes de ralentissement tout comme celles des Pays-Bas. Les pays les moins touchés par le ralentissement de la croissance mondiale hors zone euro devraient être, la France, l’Espagne, l’Autriche, le Portugal et la Grèce. L’Italie, la Belgique et la Finlande sont dans une position intermédiaire. Les exportations de l’Allemagne, hors zone euro, représentent 23 % de son PIB contre. Ce ratio est de 43 % pour la Slovaquie de 35 % pour la Slovénie, de 32 % pour les Pays-Bas et de 30 % pour l’Irlande. Pour la France comme pour l’Espagne ou le Portugal, il s’élève à 12%.

Du fait de la mutation économique chinoise et plus globalement de l’ensemble des pays émergents, l’économie mondiale devient une économie de plus en plus axée « services ». Or, les échanges de services étant de beaucoup plus faible taille que les exportations de biens, la demande adressée aux pays traditionnellement exportateurs devrait se contracter.

 

Le printemps cubain

En 1990, des affiches à Prague annonçaient « les chars russes partent, les Stones arrivent ». À l’époque, Mick Jagger avait financé l’éclairage du château de Prague. 26 ans plus tard, les Stones débarquent à Cuba sous la forme d’un concert gratuit. Ce concert interviendra dans la foulée du voyage historique du Président américain Barack Obama prévu les 21 et 22 mars. Mars sera donc cubain mais au-delà de ces évènements, quel est le potentiel d’une des principales îles des Caraïbes ?

Malgré l’embargo américain persistant depuis plus de 50 ans et le maintien de politiques économiques à dominante marxiste et autarcique, Cuba, peuplé de 11 millions d’habitants, est la première économie de la Caraïbe.

Du fait du passage de trois ouragans et d’une crise de la balance des paiements en 2008, la croissance économique cubaine a ralenti, passant de 2,7 % en 2013 à 1,4 % en 2014. Pour 2015, une reprise semble s’être manifestée surtout à partir du deuxième semestre. La croissance a dû se situer entre 3 et 4 %.

Depuis 2008, le Président Raul Castro a engagé des réformes visant à libéraliser légèrement le système économique socialiste centralisé et planifié cubain. La loi d’investissements étrangers, la création d’une zone de développement économique spéciale autour du port de Mariel, l’ouverture graduelle de certains secteurs d’activité au privé ou la création de marchés automobile et immobilier nationaux.

Si le rétablissement des relations diplomatiques avec les États-Unis, l’assouplissement de l’embargo, devraient accroître l’intérêt des investisseurs étrangers pour ce pays, le poids et la lenteur de l’administration, la complexité du cadre macroéconomique, la forte centralisation des décisions et les difficiles conditions de financements constituent des entraves non-négligeables à l’installation des entreprises étrangères.

Le tourisme, un gisement de richesse pour Cuba

Le tourisme joue un rôle clef ans le développement des îles des Caraïbes qui bénéficient de conditions météorologiques et d’un environnement attractifs. Du fait de sa taille et de son positionnement géographique, Cuba dispose d’un potentiel sans pareil en la matière. Cuba se place déjà troisième au palmarès du tourisme caribéen derrière Cancún au Mexique et la République dominicaine. D’après l’Association des hôteliers et du tourisme de la Caraïbe, Cuba a reçu plus de 3 millions de visiteurs en 2014, soit 5,3 % de plus qu’en 2013. La plupart viennent du Canada, d’Europe et d’Amérique du Sud.

Après l’assouplissement en 2012 de l’interdiction faite aux ressortissants des États-Unis de voyager à Cuba, le nombre de touristes américains a commencé à s’accroitre pour atteindre 98.000 personnes soit une hausse de 33 %. Durant un certain temps, Cuba sera l’endroit à la mode d’autant plus que l’île est encore incroyablement semblable à ce qu’elle était dans les années 50. De nombreux touristes auront l’impression de faire un voyage dans le temps.

Cuba risque néanmoins de buter sur des problèmes d’infrastructures d’autant plus que les investissements ont eu tendance à baisser ces dernières années. Cela devrait limiter les possibilités d’accueil des touristes. Pour certains, en l’état actuel, Cuba ne pourrait attirer que de 4 à 10 % de touristes en plus.

À terme, l’essor touristique de Cuba devrait légèrement rebattre les cartes au sein de la zone « Caraïbes » les îles Vierges américaines, Aruba, les Bahamas et Cancún devraient voir leurs activités touristiques légèrement déclinées.

La France fait partie des dix premiers partenaires commerciaux de Cuba. Les entreprises françaises interviennent essentiellement sur les secteurs de l’agroalimentaire, du tourisme, du nautisme, de la construction, de l’énergie, des biens d’équipements industriels et des transports….

Élections américaines 2016 : le Parti démocrate réussira-t-il la passe de 3 ?

Après le super Tuesday, les jeux semblent faits pour le Parti démocrate où la candidate institutionnelle construit sa victoire, Etat après Etat, sans pour autant générer un fort mouvement populaire. Elle est la candidate de raison d’un parti qui ne souhaite qu’une seule chose, réussir la passe de trois après les deux élections de Barack Obama. Jamais, le Parti Démocrate n’a, en effet, réussi, depuis Truman, à la sortie de la Seconde Guerre Mondiale, à remporter trois élections présidentielles de suite. En revanche, le Parti Républicain l’a fait avec Ronald Reagan et Georges Bush père.

Les propositions des Républicains

Les candidats républicains, en règle générale, demande une abrogation de l’Obamacare, un allégement de la fiscalité pour les entreprises et les ménages, et un changement de politique en matière d’immigration. Ils entendent imposer le retour à l’équilibre budgétaire. Compte tenu des réductions d’impôt proposées, les dépenses publiques devraient fortement diminuer. Par ailleurs, La plupart des candidats Républicains demandent une réduction de l’indépendance de la Fed (en imposant une règle de politique monétaire ou en multipliant les audits).

Les orientations de Trump

« Make America Great Again », tel est le slogan de Trump. Le candidat iconoclaste  met au cœur de sa campagne les thèmes de la sécurité nationale, de l’immigration et du commerce international (renégociation des accords commerciaux avec la Chine, le Japon et le Mexique et renforcement des barrières douanières pour lutter contre les délocalisations).

En ce qui concerne la fiscalité, Trump propose de limiter à quatre le nombre de tranches du barème de l’impôt fédéral sur le revenu (0 %, 10 %, 20 % et 25 %), le taux maximal s’appliquant aux revenus supérieurs à 150 000 $ pour les célibataires et à 300 000 $ pour les couples.

Il prévoit également de supprimer la surtaxe sur les dividendes et les plus-values. Il

propose en parallèle de ramener l’impôt sur les sociétés à 15%.
Les propositions fiscales de Donald Trump pourraient entraîner une baisse des recettes fiscales de 9 500 milliards de dollars sur dix ans (soit 4,0 % du PIB en supposant un impact nul sur la croissance).

Le plan de renvoi de 11 millions d’immigrants illégaux) et le durcissement des procédures d’immigration plus strictes pourraient affecter le potentiel de croissance en limitant la croissance de la population.

Ted Cruz préconise quant à lui l’instauration d’un taux d’imposition sur le revenu unique de 10 %, avec un relèvement à 10 000 dollars de la déduction fiscale forfaitaire par contribuable. Il prévoit également de ramener à 10 % la fiscalité des plus-values et des dividendes et de remplacer l’impôt sur les sociétés par une taxe sur les opérations commerciales de 16 % applicable à l’ensemble des revenus du capital et des salaires versés. Le coût total de ses propositions a été chiffré à 8 600 milliards de dollars sur la prochaine décennie (3,6 % du PIB sans tenir compte des effets sur la croissance).

Le sénateur de Floride Marco Rubio propose de limiter à trois le nombre de tranches du barème de l’impôt fédéral sur le revenu (15 %, 25 % et 35 %). Le taux maximal retenu est le plus élevé des candidats républicains. Il s’appliquerait aux revenus supérieurs à 150 000 dollars pour les célibataires et à 300 000 dollars pour les couples. Le candidat prévoit également de supprimer l’imposition des gains en capital (plus-values et dividendes) générés par les nouveaux investissements. Au niveau des entreprises, ce candidat projette également de ramener l’impôt sur les sociétés à 25 % ainsi qu’une simplification du code des impôts. Le candidat propose également de revenir à un régime fiscal territorial, et d’abandonner le régime fiscal international. Le coût de ses propositions a été évalué à 6 800 milliards de dollars sur la prochaine décennie (2,6 % PIB sans tenir compte des effets sur la croissance).

Les propositions des Démocrates

Le programme démocrate met l’accent sur la lutte contre les inégalités, sur l’éducation financée sur fonds publics et sur la santé. Il préconise un durcissement de la fiscalité pour les ménages les plus aisés.

Bernie Sanders demande la mise en œuvre de mesures visant à lutter contre l’inégalité économique et la corruption du « système de financement des campagnes électorales ». Il souhaite un élargissement des prestations de la Sécurité sociale et notamment du système de retraite par répartition. Il veut rendre l’université publique gratuite et instituer un programme de santé universel à payeur unique. Il propose un programme de dépenses en infrastructures (1 000 milliards de dollars sur 10 ans), le lancement d’un plan de soutien à l’emploi des jeunes. L’estimation du coût de ces programmes est d’au moins de 17 000 milliards de dollars sur 10 ans !

Le programme « Hillary for America » est dans le prolongement de la ligne de conduite par les Démocrates sous l’administration Obama. Elle est favorable au maintien des tranches d’imposition pour les petits ménages avec une pression fiscale plus élevée sur les hauts revenus. Son plan fiscal comprend également une surtaxe de 4 % sur les revenus de plus de 5 millions de dollars et une hausse des impôts sur les gains en capital à moyen terme. La hausse des prélèvements permettrait de financer divers programmes de dépenses : accès à l’université publique, élargissement des prestations sociales (aide à la garde des enfants…). L’Obamacare resterait bien évidemment en vigueur avec l’instauration de nouvelles mesures pour lutter contre la hausse des coûts de soins de santé. Hillary Clinton prévoit également un plan de dépenses en infrastructures (de 250 milliards de dollars sur 10 ans).