8 juillet 2017

Le Coin de la Conjoncture du 8 juillet 2017

Comptes et mécomptes autour de la CSG

Lors de sa déclaration de politique générale, le Premier Ministre a confirmé la suppression les cotisations sociales chômage (2,4 %) et maladie (0,75%) avec en contrepartie l’augmentation de la CSG de 1,7 point. L’objectif est d’accroître le pouvoir d’achat des actifs. Pour les indépendants et les fonctionnaires qui n’acquittent pas de cotisation chômage, une compensation devrait être instituée. Les retraités qui acquittent la CSG à 6,8 % et les détenteurs de revenus de capitaux devraient, en revanche, enregistrer des pertes de revenus du fait de l’augmentation de la CSG.

Ainsi, un salarié rémunéré au SMIC devrait améliorer sa situation de 260 euros par an, une personne rémunérée à 3000 euros brut devrait avoir un gain de 533 euros et celle  rémunérée à 5000 euros brut, 888 euros. Néanmoins, pour les salariés, les calculs mis en avant ne prennent pas en compte l’assujettissement du gain à l’impôt sur le revenu. Par ailleurs, le Gouvernement n’a pas clairement indiqué si la CSG serait déductible ou non de l’impôt. En cas de non déduction, le gain pour les contribuables se situant dans les tranches 41 % et 45 % peut être effacé.

L’exonération de charges représente 3,15 % sur le salaire brut dans la limite de quatre fois le plafond de la sécurité sociale. La hausse de la CSG devrait s’appliquer sur 98,25 % du salaire brut,  ce qui correspond à une hausse de 1,67 % sur l’ensemble du salaire. Le salaire net augmenterait dans ces conditions de 1,43 %.

Néanmoins, il convient de prendre en compte le fait que la CSG sera calculée sur le salaire augmenté du gain généré par la suppression des cotisations sociales. Par ailleurs, le cas échéant, les salariés paieront de l’impôt sur le revenu sur les gains générés par la baisse des charges sociales. La question sera alors de savoir si 1,7 point de CSG sera déductible ou pas de l’impôt sur le revenu.

Gain brut avant impôt sur le revenu

 

  suppression
Cotisations sociales
CSG

1,7 % sur 98,25 % du salaire

CS-GSG
Evolution en % -3,15 +1,67 1,48

Gain après impôt sur le revenu en %

 

taux marginal d’imposition 14 30 41 45
IR avec CSG

non déductible

0,441 0,945 1,2915 1,4175
gain net 1,039 0,535 0,1885 0,0625
IR avec CSG déductible 0,2072 0,444 0,6068 0,666
gain net 1,2728 1,036 0,8732 0,814

Rien n’est simple, mais rien n’est complexe

En ce milieu d’année 2017, certains États ont renoué avec le plein emploi comme l’Allemagne, la République tchèque, les États-Unis ou le Royaume-Uni et d’autres connaissent des situations de chômage massif comme la Grèce, l’Espagne, l’Italie ou la France. Quels sont les facteurs qui peuvent expliquer de tels écarts au sein de pays assez proches en termes de structures et de niveau de développement ?

 

Depuis de nombreuses années, une protection excessive de l’emploi est jugée contreproductive en empêchant la mobilité, en instituant des effets de rente. Ces protections favorisent ceux qui sont en emploi quand ceux qui sont en-dehors éprouvent les pires peines à obtenir un contrat à durée indéterminée. Si les États-Unis et le Royaume-Uni se caractérisent par leur faible niveau de protection de l’emploi, en revanche, l’Allemagne se situe au même niveau que la France en la matière.

L’accès aux marchés, un facteur pas complètement discriminant

La faiblesse de la concurrence renchérit les coûts,  ce qui empêche l’arrivée de nouveaux entrants et pénalise à terme l’emploi. L’OCDE considère que la France est un pays ne favorisant pas la concurrence. Le secteur de la distribution est souvent visé ainsi que ceux de l’automobile et des transports. Mais les États-Unis ou la Suède sont tout aussi, voire davantage,  protecteurs que la France sans que cela les empêche d’obtenir de bons résultats en termes d’emplois.

 

Les qualifications de la main d’œuvre seraient-elles un bon juge de paix ?

Un niveau insuffisant des compétences de la population est considéré comme un frein à la transformation des emplois en emplois plus sophistiqués. Elle empêche la montée en gamme et expose les pays concernés à la désindustrialisation, à la concurrence des pays émergents ou des pays d’Europe Centrale et Orientale. La France, l’Italie et l’Espagne mal classées à l’enquête PIAAC sont aussi des pays connaissant un fort taux de chômage des jeunes.

Le temps de travail, la France derrière l’Allemagne

La France se caractérise par un des meilleurs taux de productivité au niveau de l’OCDE mais, en contrepartie, le nombre d’heures travaillées figure parmi les plus faibles. L’assouplissement des 35 heures n’a pas modifié la donne. Pour certains, l’atonie de la demande explique cette évolution ainsi que la montée en puissance du travail à temps partiel et intérimaire.

Le coût du travail, certes mais encore

Au sein de l’Union européenne, la France arrive en 5e position en matière de coût du travail. Avec la généralisation du SMIC et les augmentations salariales en Allemagne, les deux pays se retrouveraient en 2017 à égalité. La question du coût du travail n’est pas en soi discriminante à condition d’avoir un bon positionnement économique. Les pays ayant des coûts équivalents ou supérieurs à ceux de la France se sont spécialisés dans le haut de gamme (Europe du Nord, Allemagne, Luxembourg).

Le rôle de la recherche & Développement et des robots

Un pays réalisant un important effort de recherche obtient, en règle générale, de meilleurs résultats en termes d’emplois. Cette règle s’applique aux États d’Europe du Nord, à l’Allemagne, aux États-Unis mais pas à la France qui fait pourtant partie des pays consacrant le plus d’argent à la recherche.

Le nombre de robots peut être également pris en compte. Un nombre élevé témoigne d’une industrie spécialisée sur le haut de gamme et donc compétitive. Il en est ainsi pour l’Allemagne, le Japon ou les États-Unis. Au Royaume-Uni, la faiblesse du nombre de robots témoigne du faible poids occupé par l’industrie.

 À l’exception du Royaume-Uni, les pays ayant les meilleurs résultats au niveau de l’emploi ont conservé des secteurs industriels dynamiques. Certes, l’Italie peut être considérée comme un contre-exemple mais le caractère dual de la péninsule italienne explique cette situation. Si l’Italie du Nord a conservé un fort secteur industriel, ce dernier est inexistant dans le Sud.

 À ces différents facteurs, il conviendrait d’ajouter le poids des dépenses publiques et celui des prélèvements obligatoires pour lesquels la France fait la course en tête. Ainsi, si la situation de la France n’est pas, point par point, catastrophique, c’est le cumul de notes moyennes qui peut expliquer l’atonie économique de ces dernières années et le maintien d’un fort chômage dans notre pays.

 

La Russie en pleine convalescence

Au premier trimestre 2017, la croissance a atteint 0,5 %. Elle a été soutenue par les investissements. En revanche, la consommation des ménages a continué à diminuer. Néanmoins, depuis le mois de mars, les ventes au détail ont enregistré une croissance de +0,9 % en avril et les ventes automobiles ont progressé de 5,1 % permettant d’espérer un deuxième trimestre plus porteur pour la consommation.

Les Russes bénéficient d’une stabilisation de l’inflation, en mai, qui n’a été que de 4,1 % contre 7,3 % il y a encore un an. Par ailleurs, les salaires demeurent orientés à la hausse ce qui ouvre droit à une augmentation du pouvoir d’achat. La baisse du chômage constitue également un point favorable pour la reprise de la consommation.

Comme en Europe, les indices de confiance sont en nette progression tout comme la production industrielle, soit +5,6 % en mai. Les résultats des entreprises sont en forte hausse. En 2016, les profits ont enregistré une progression de 38 %. Le nombre d’entreprises liquidées s’est stabilisé à 9,9 pour 1000 en février et mars 2017 alors qu’il s’élevait à 19,1 pour 1000 en décembre 2016. L’investissement est en augmentation grâce à la diminution des taux d’intérêt.

La situation des banques s’est fortement améliorée. Elles ont renoué avec les bénéfices qui ont retrouvé leur niveau d’avant crise. Le déficit de liquidités a disparu permettant le règlement des importations.

Les finances publiques demeurent sous contrôle. Ainsi, le déficit budgétaire du gouvernement fédéral s’élevait à 1,7 % du PIB sur les cinq premiers mois de l’année 2017, soit en baisse de 2,9 points par rapport à l’année dernière. Cette amélioration est imputable à l’accroissement des recettes en provenance du pétrole et du gaz. Par ailleurs, les  dépenses du gouvernement ont diminué de près de 3 points de PIB. Hors recettes issues du pétrole et gaz, le solde public est de 7,9 % du PIB en baisse de 4,6 point depuis la fin de l’année dernière. Sur les trois premiers mois de l’année, le déficit a été financé à 70 % par des prélèvements sur le fonds de réserve, le solde ayant été financé par des émissions de dette sur le marché domestique. Près de 60 % des dépenses de l’État étaient affectées aux retraites et à la défense.

La Russie dégage toujours un abondant excédent au niveau de sa balance des paiements de plus de 4,1% du PIB (soit près de deux points de PIB supplémentaires par rapport au premier trimestre de l’année dernière). Le solde courant a augmenté de 1,6 point de PIB pour atteindre 6,7% du PIB grâce à la hausse des prix du pétrole et du gaz. Dans le même temps, en dépit des importants remboursements de dette de la part des banques, le déficit du compte financier a légèrement diminué de 0,4 point de PIB à 2,6 % du PIB.

Le taux de croissance pour l’ensemble de l’année devrait se situer autour de 1,4 %. En 2018, un taux de 1,6 % est prévu. L’inflation serait de 4,5 % tant en 2017 qu’en 2018. Une éventuelle baisse du prix du pétrole pourrait handicaper la Russie et contraindre les autorités à puiser plus fortement que prévu dans les fonds de réserve.