9 avril 2016

C’est déjà hier (9 avril 2016)

Petit vent d’optimisme dans les pays émergents

Depuis la fin de l’année 2014, la fête semblait être finie dans les pays émergents. L’appréciation continue du dollar a mis en difficulté en raison que les entreprises ont contracté des emprunts en cette monnaie. Par ailleurs, les investisseurs, par crainte des incidents de paiement, des dépréciations monétaires ou de l’inflation, se sont détournés de ces pays. En 2015, selon S&P, les défauts d’entreprises dans les pays émergents ont fortement progressé atteignant le niveau le plus haut de ces six dernières années. D’après les données de la Banque des Règlements Internationaux, la dette des entreprises non financières dans ces pays a atteint 100 % du PIB à la fin de l’année.

La chute du cours des matières premières et de l’énergie a également remis au goût du jour la vulnérabilité des pays qui tirent de ces produits une grande part de leurs recettes d’exportation.

Depuis quelques semaines, quelques signes ont suffi pour créer un léger vent d’optimisme. De nombreux observateurs considèrent que les cours du pétrole ont atteint un plancher et que les pays producteurs pourraient trouver à court ou moyen terme un accord. Un retour du pétrole dans la cible des 60 dollars au cours en 2017 est jugé réaliste. La baisse de la production aux États-Unis et le fait que les réserves découvertes en 2015 aient été inférieures à la consommation constituent autant d’indicateurs que le vent tourne.

Concernant les deux grands malades de l’économie mondiale, le Brésil et la Russie, la sortie du tunnel se rapproche. Le Brésil est certes handicapé par les scandales politiques à répétition. En revanche, les Jeux Olympiques devraient amener un surcroît de recettes grâce à l’afflux de touristes. De son côté, la Russie espère du retournement du marché du pétrole. Elle entend capitaliser ses succès en Syrie et tenter de sortir le mieux possible de l’affaire ukrainienne. En effet, ce pays se doit de trouver une solution d’ici 18 mois avant que ces réserves financières aient complètement fondu.

De son côté, la Chine n’est pas en chute libre comme certains ont pu l’écrire. L’atterrissage économique en cours ne semble pas se muer en récession. La croissance resterait dans la fourchette des 5/7 %.

Enfin, les pays émergents apprécient la gestion monétaire très prudente de la FED qui, sans le dire, regarde de près l’évolution du dollar. La fin de l’appréciation du dollar et la détente sur les taux devraient constituent d’indéniables bonnes nouvelles pour de nombreux pays émergents. Sur ce point, les places financières avaient certainement sur-anticipé les conséquences d’une remontée des taux aux États-Unis.

Au-delà des petits papiers du Panama

Le Panama au-delà du scandale est un État d’Amérique centrale qui a toujours eu une vie économique un peu tourmentée. Le Panama, c’est évidemment le Canal dont le pays n’a recouvré la propriété qu’en 1999. Auparavant, le Canal était possession des Etats-Unis, possession qui comprenait le canal proprement dit et une zone de 8 kilomètres de chaque côté du tracé. Les Etats-Unis sont toujours garants de la sécurité et bénéficient d’une priorité de passage pour leurs navires. Avec le développement de la côte ouest américaine, avec la multiplication des échanges avec la zone pacifique, le Canal est devenu une affaire très lucrative.

L’économie repose sur trois piliers : la Zone franche de Colón (2ème plate-forme de redistribution de biens de consommation au monde), le Centre Bancaire International (100 banques/82 milliards de dollars d’actifs) et les services maritimes (Canal et infrastructures portuaires et de logistique, pavillon de complaisance, etc.). Les activités portuaires génèrent une grande partie des richesses du Panama, État de 3,5 millions d’habitants. Les services assurent 80 % du PIB.

Le Panama capte 5 % du commerce maritime mondial (hors pétrole) et 31 % du commerce Asie-Pacifique/côte Est des États-Unis. C’est un également une plateforme aéroportuaire de première importance.

Le Panama a toujours en raison de son rôle stratégique un Etat franc comme pouvaient l’être les villes franches en Europe. Des pavillons de complaisance aux sociétés écrans montées pour échapper aux radars des législations nationales et internationales, tout était presque possible dans cet Etat, lieu de toutes les rencontres comme peut l’être Singapour pour l’Asie.

Afin de conserver son rôle clef dans les échanges Atlantique /Pacifique, les autorités panaméennes ont engagé, ces dernières années, d’importants investissements : construction d’un 3ème jeu d’écluses permettant le doublement de ses capacités, agrandissement des installations portuaires, réalisation de métros d’ici 2025, construction de nouveaux ponts…

La croissance du Panama est très forte, plus de 8 % sur ces dix dernières années. Le FMI s’inquiète de la surchauffe du pays qui doit faire face à un endettement public et à un déficit de la balance des paiements courants élevés (plus de 40 % pour la dette publique et 10 % pour la balance des comptes courants). La fin des travaux du canal devrait réduire le déficit des paiements courants dans les prochaines années.

Le pays a néanmoins un besoin impérieux d’attirer des investissements d’origine étrangère pour maintenir son taux de croissance. Il tend également de diversifier ses sources de richesses en s’ouvrant à l’international. De nouveaux accords de libre-échange (ALE) avec des partenaires de premier plan (Pérou, États-Unis, Canada, Colombie, zone AELE, Mexique) ainsi que l’important accord d’association UE-Amérique centrale, dont le volet commercial ont été signés. Un accord a été signé en 2014 avec le Mexique lui permettant d’intégrer prochainement l’Alliance du Pacifique. Le Panama espère aussi prochainement concrétiser des accords avec la Corée du Sud, Israël et l’Afrique du Sud.

La réinscription du Panama par plusieurs pays dont la France sur la liste des paradis fiscaux est donc une mauvaise nouvelle pour ce pays. Il n’est pas surprenant que le Président du Panama, Juan Carlos Varela, ait fait part de sa volonté d’instaurer pour son pays l’échange automatique de renseignements entre administrations fiscales tout en menaçant la France de représailles économiques.