11 mars 2023

Le Coin de l’Economie – vieillissement – transition énergétique – politique monétaire – démocraties vs dictatures

L’impossible équation du vieillissement

Tous les pays occidentaux font face au vieillissement de leur population qui se traduit par une augmentation du nombre des retraités et par la stagnation voire le déclin du nombre d’actifs. Ce phénomène concerne également des pays de l’Asie du Sud Est comme la Chine. Quels sont les outils dont disposent les Etats pour contrecarrer les effets de ce vieillissement : l’immigration et les gains de productivité ?

Un vieillissement rapide de la population en Occident et en Chine

Le ratio entre la population âgée de plus de 65 ans et la population âgée de 20 à 64 ans est en hausse dans tous les pays. Ce processus devrait se poursuivre, voire s’accélérer jusqu’en 2050. Il devrait ainsi passer entre 2002 et 2030 de 0,2 à 0,35 aux États-Unis, de 0,27 à 0,45 au sein de l’Union européenne, de 0,3 à 0,58 au Japon et de 0,1 à 0,3 en Chine. En Amérique Latine, ce ratio restera inférieur à 0,25 en 2030 quand il ne dépassera pas 0,1 en Afrique. Depuis 2012, la population active diminue au sein de l’Union européenne. Elle est en baisse au Japon depuis 2022. Elle n’augmente aux États-Unis que de 0,2 % par an entre 2018 et 2022. En Chine, la population active diminue depuis 2018. En revanche, elle augmente de 3 % par an en Afrique et de 1,5 % par an en Inde (période 2018/2022). Elle devrait continuer à un rythme soutenu tant en Afrique qu’en Inde jusqu’en 2030.

Pas de compensation par les gains de productivité

L’augmentation du nombre de retraités et la diminution de la population active se traduisent par une diminution de la croissance. Plus de consommateurs et moins de producteurs conduisent logiquement à une faible croissance, d’autant plus que la demande tend à se déformer en faveur des services domestiques (aides à la personne, santé, etc.). Pour maintenir voire augmenter la production, les entreprises peuvent opter pour l’immigration ou réaliser des gains de productivité. Le Canada, l’Allemagne et les États-Unis maintiennent des flux élevés d’immigration à l’inverse du Japon, de l’Italie ou de la France. Les gains de productivité ont tendance à s’éroder au sein de tous les pays occidentaux ou émergents. Les pays ayant le moins recours à l’immigration enregistrent une baisse encore plus marquée que les autres des gains de productivité, certainement en lien avec la diminution du poids de l’industrie. Lissée sur trois ans, la croissance de la productivité en 2022 était de 2 % aux États-Unis, de 0,2 % au sein de l’Union européenne et de 0 % au Japon. Elle était en 1 % en Afrique et de 2 % en Chine.

L’immigration un sujet de tension entre États et au sein des États

L’Allemagne a implicitement opté pour une augmentation de la population active via une immigration soutenue. Le Canada y a recours de manière explicite. Pour certains secteurs en tension, le gouvernement français entend faciliter l’immigration mais pourrait peiner à trouver une majorité sur ce texte. Aux États-Unis, les tensions sont fortes entre Républicains et Démocrates sur ce sujet. Au Royaume-Uni, la ministre de l’Intérieur Suella Braverman a présenté mardi 7 mars un projet de loi visant à expulser automatiquement les migrants arrivés irrégulièrement, sans qu’ils puissent demander l’asile, ce qui serait un précédent.

Face à la dégradation du rapport actifs/inactifs, une fuite générale en avant est à l’œuvre au sein d’un grand nombre d’États. Pour le moment, la voie empruntée est celle de l’endettement qui compense la faiblesse des gains de productivité. L’endettement est une forme de redistribution, les épargnants finançant les dépenses de ceux qui empruntent en contrepartie d’un espoir de gains. Tant que cet espoir subsiste, le processus peut perdurer. La perte de la confiance pourrait en revanche déboucher sur un ajustement brutal.

Avantage, jeu, set et match pour les démocraties ?

Depuis quelques années, une idée se répand en vertu de laquelle les régimes autoritaires auraient de meilleurs résultats que les démocraties empêtrées dans leurs divisions et leur complexité. La Chine et la Russie ont été un temps citées en exemples. En période de confusion, les populations tendent à apprécier les solutions qui, à défaut d’être efficaces, sont simples à comprendre. L’expérience des dernières crises, prouve la résilience et l’efficience des démocraties et de l’économie de marché.

Le débat sur l’efficacité des régimes autoritaires

Les démocraties sont des structures fragiles qui avancent par à-coups. La ligne droite n’est pas leur caractéristique. La France le démontre, par exemple, sur le sujet du nucléaire. Les gouvernements doivent tenir compte des fluctuations des opinions et de la composition de la majorité parlementaire. Les élections libres peuvent modifier les décisions politiques, les citoyens sont libres de manifester ou de se mettre en grève. Les systèmes démocratiques se caractérisent par la multitude des parties prenantes (partis politiques, syndicats, associations, ONG, etc.). Le respect de l’état de droit limite les marges de manœuvre et peut allonger les délais de mise en œuvre des décisions. Les régimes autoritaires peuvent s’affranchir des règles de droit et peuvent réduire le rôle des opposants. Cette capacité leur donne logiquement une liberté d’action plus grande. Après la Seconde Guerre mondiale, il a été admis que démocratie et économie de marché marchaient de pair. L’économie ne pouvait s’épanouir que dans un système démocratique. Or, depuis une vingtaine d’années, la Chine semble prouver l’inverse. Sur cette même période, les démocraties sont confrontées à un recul de leur croissance, de leurs gains de productivité sur fond de fragmentation des opinions. Si dans les années 1990 et 2000, le consensus était de mise au sein des démocraties, il est de plus en plus difficile à établir depuis. En moins d’une décennie, les démocraties sont passées de « la fin de l’histoire » cher à Fukuyama qui prédisait leur victoire définitive à une période de doutes. Les responsables des régimes autoritaires soulignent leurs piètres résultats et mettent en exergue un soi-disant déclin.

Les régimes autoritaires obtiendraient de meilleurs résultats que les États-Unis ou les pays européens. Dans les faits, que ce soit sur le plan économique, social et sociétal, l’avantage est nettement en faveur des démocraties.

La Russie, un déclin sans en aucun doute

La Russie dont le PIB est équivalent à celui de l’Espagne ou du Benelux, malgré ou à cause de la richesse générée par ses ressources naturelles, connaît une faible croissance depuis une vingtaine d’années émaillées de crises importantes. Le PIB de ce pays représentait, en 2002, 10 % du PIB de l’Union européenne et 11 % du PIB des États-Unis. En 2022, les taux respectifs sont de 9,5 et 7,5 %. Depuis 2010, la Russie en est à sa troisième récession (2016/2020/2022). La croissance qui était de 5 % au début du XXIe siècle en Russie était passée en-dessous de 2 % (lissée sur trois ans) avant la crise sanitaire. Les régimes autoritaires sont contraints de garantir les revenus pour éviter la contestation. Les autorités russes utilisent la rente pétrolière pour financer d’importantes dépenses sociales. Si elle était amenée à durer, la guerre en Ukraine imposerait de réduire la prodigalité publique. Les sanctions devraient ralentir les investissements ce qui pèserait à terme sur la croissance. L’éclatement de l’URSS n’est pas, comme le pensait Hélène Carrère d’Encausse, la conséquence de la montée des revendications régionalistes et religieuses des peuples situés dans les Républiques du Sud mais de la Guerre en Afghanistan, de la compétition technologique avec l’Occident (guerre des étoiles) et de l’affaiblissement du pouvoir central.

La Russie a été un des pays confronté au plus grand nombre de décès en matière de covid. Cette exposition élevée à l’épidémie s’explique par une proportion importante de personnes âgées mais aussi par une faible vaccination et par la vétusté du système de santé. La population s’est révélée défiante vis-à-vis du vaccin russe dont le développement avait été pourtant loué par Vladimir Poutine.

La Russie essaie de conserver son statut de grande puissance par tous les moyens. Les difficultés rencontrées en Ukraine mettent à mal l’aura militaire dont elle s’était parée ces dernières années. L’annexion de son voisin était censée replacer la Russie au cœur de l’échiquier en termes de population et de PIB. Pour le moment, l’aventure la place au ban des puissances occidentales.

La Turquie, la régression après une décennie de succès

La Turquie a été considérée dans les années 2000 comme le deuxième pays industriel de l’Union européenne. Son adhésion à l’Union aurait ainsi couronné un développement économique rapide. De 2010 à 2019, ce pays a enregistré en moyenne une croissance supérieure à 5 % l’an. La politique de Recep Tayyip Erdoğan, Président de la République, est devenue au fil des années de plus en plus illébérale et de plus en plus illisible. Afin de ne pas perdre le soutien de la population, les autorités turques baissent les taux d’intérêt au fur et à mesure de la progression de l’inflation progresse. La valeur de la lire turque par rapport au dollar a été divisée par trois, alimentant une inflation importée. La diminution des salaires réels due à l’inflation provoque une baisse de la consommation et une récession.

La Chine dans le statut de « is no good »

La Chine s’imagine comme première puissance économique mondiale. Xi Jinping ne manque pas d’ironiser sur le déclin de l’Occident et sur le concept des droits de l’Homme. Si en 2020, la Chine a semblé être en capacité de maîtriser la pandémie au prix d’une réduction des libertés sans commune mesures avec celle subies en Occident, trois ans plus tard, la politique du « zéro covid » s’est avérée une erreur obligeant les autorités de faire machine arrière. Ce changement de politique a conduit à un nouvel affaiblissement de la croissance qui est désormais sous la barre des 5 % quand elle dépassait 10 % au début des années 2010. Il marque également l’inquiétude du pouvoir central face aux mouvements sociaux. Depuis les années 1990, ce dernier a vendu des augmentations de revenus et l’accès à la société de consommation pour faire oublier le contrôle politique des individus. Si la croissance disparaît, les autorités chinoises resteront-elles légitimes aux yeux de la population ?

La Chine est confrontée à un rapide vieillissement de sa population qui ne bénéficie pas d’un système de couverture retraite comme en Occident. Pour se garantir du risque vieillesse, les Chinois sont contraints d’épargner des sommes importantes. Ils ont ainsi investi dans l’immobilier alimentant une bulle qui menace d’éclater. Le nombre de logements construits dépasse les besoins, ce qui peut provoquer à tout moment une chute des prix de l’immobilier. Pour soutenir l’économie, les autorités locales s’endettent via des structures non-bancaires, au risque de créer une crise financière.

La Chine avait accepté les grands principes de l’économie marché sans pour autant les appliquer totalement. Depuis six ans, le régime de Pékin est de plus en plus en plus interventionniste et entend contrôler les multinationales chinoises, alimentant les suspicions d’espionnage à l’encontre des Occidentaux et en premier lieu des États-Unis. La multiplication des sanctions économiques pourrait à terme peser sur sa croissance qui dépend toujours de ses exportations.

La liste des régimes autoritaires dont les résultats économiques sont calamiteux est longue. L’Iran figure en haut de ce classement. Avec une population de près de 90 millions de personnes, ce pays doté de richesses naturelles importantes, situé à proximité de l’Europe et de l’Asie, a vocation à devenir une plaque tournante de l’économie mondiale.

Les démocraties traversent mieux les crises que les régimes autoritaires même si, au début, elles semblent hésiter sur le chemin à suivre et peiner sur les solutions à mettre en œuvre. Elles ont réussi à protéger leur population durant l’épidémie tout en garantissant l’état de droit. Sur moyenne période, elles demeurent performantes sur le plan économique et social. Les inégalités sont moins prononcées au sein de l’Union européenne qu’en Russie ou en Chine.

La transition énergétique, l’inflation et la croissance

La transition énergétique est une source potentielle d’inflation et  de moindre croissance. Parée de ces deux caractéristiques, elle est un dilemme pour les pouvoirs publics. Elle peut accentuer les inégalités et accroître les tensions sociales, d’où la multiplication des demandes concernant l’accompagnement des ménages à revenus modestes. En réduisant les recettes et en augmentant les dépenses publiques, elle contribue à l’accélération de l’endettement.

La transition énergétique, source d’inflation

La transition énergétique est inflationniste pour deux raisons. Premièrement, en raison du caractère aléatoire des énergies renouvelables, les États doivent être à tout moment en capacité de disposer de ressources d’appoint. Le stockage de l’énergie ou la construction de centrales traditionnelles dont l’usage est limité aux périodes d’absence de production d’énergies d’origine éolienne ou solaire, génèrent des coûts plus élevés. En l’état actuel des techniques, le prix de l’énergie d’origine renouvelable est plus élevé que celui des énergies carbonées. Le stockage que ce soit dans des batteries ou en produisant de l’hydrogène vert provoque une perte de 50 à 60 % de l’électricité initialement produite. De ce fait, les capacités de production doivent être nettement supérieures à la demande. L’énergie renouvelable est deux fois plus coûteuse que les énergies traditionnelles sans prendre en compte pour ses dernières les externalités négatives en lien avec les effets sur le climat des émissions des gaz à effet de serre.

Deuxièmement, la transition énergétique provoque l’obsolescence d’investissements qui n’étaient pas encore totalement amortis. Dans l’industrie ou les transports, les entreprises doivent à rythme accéléré changer leurs matériels ou leurs flottes de véhicules. La décarbonation nécessite également des investissements importants dans l’immobilier. Ces dépenses aboutissent à une augmentation des prix. Celle-ci sera d’autant plus forte que tous les pays appliquent en même temps les mêmes politiques générant des tensions sur les matières premières indispensables pour la production des énergies renouvelables ou sur les biens d’équipement utilisés pour les investissements de décarbonation.

La transition énergétique pourrait générer un surcroît d’inflation de 0,75 à 1 point par an au sein des États occidentaux. Face à ce risque inflationniste, les banques centrales peuvent soit laisser faire et enterrer leur objectif des 2 %, soit relever leurs taux directeurs pour permettre son respect. Dans ce dernier cas, l’investissement et la croissance seront pénalisés et le coût de la dette sera accru. Or, celle-ci pourrait être amenée à s’accroître pour plusieurs raisons. Tout d’abord, les États devront financer des investissements de décarbonation. En outre, ils devront prendre à leur charge une partie des coûts supportés par les ménages les plus modestes. Le supplément de dépenses pourrait atteindre 0,5 point de PIB chaque année. Avec des taux d’intérêt en hausse, le service de la dette pourrait croître rapidement avec un risque d’étouffement des États. Pour ne pas générer un problème de soutenabilité de la dette publique, les banques centrales pourraient accepter implicitement une inflation supérieure à 2 %. Si l’inflation augmente continuellement et plus rapidement qu’auparavant, le débat sur l’indexation des salaires risque de se poser assez vite. Cette réindexation des salaires rendrait les économies plus instables avec une possibilité de stagflation.

Plus d’inflation, moins de croissance seraient le prix à payer pour réaliser la transition énergétique nécessaire pour essayer de limiter le réchauffement climatique. Avec des gains de productivité qui s’étiolent, le pari sera délicat à réaliser. La tentation sera grande de recourir au protectionnisme qui aurait un effet amplificateur au niveau de la baisse de la croissance et des pertes de pouvoir d’achat des ménages. Cette tentation est déjà à l’œuvre que ce soit entre les États-Unis, l’Europe et la Chine, ou à l’intérieur même de l’Union européenne. Les malus institués en France contre les voitures ont ainsi visé essentiellement les marques étrangères et en particulier allemandes. Les pays émergents et en développement seront certainement ceux qui seront les plus touchés par l’inflation et la perte de croissance. Le prochain sommet de Paris sur les aides à apporter à ces pays au mois de juin sera sans nul doute un rendez-vous important pour l’économie mondiale des prochaines années. L’ONU, la Banque mondiale, le FMI devraient s’engager dans des politiques innovantes en la matière comme le suggère l’OCDE.

L’efficacité des politiques monétaires restrictives en question

Depuis plus d’un an, les banques centrales ont commencé à abandonner leur politique monétaire non conventionnelle mises en œuvre après la crise des subprimes en 2008/2009 afin de lutter contre l’inflation. Les résultats sont pour le moment ambigus. L’inflation sous-jacente semble se stabiliser aux États-Unis mais poursuit sa hausse en zone euro. Cette différence de part et d’autre de l’Atlantique est sans nul doute assez logique, le durcissement de la politique monétaire de la BCE étant intervenu après celui de la FED. Face à la résistance de l’inflation, des doutes au sujet de l’efficacité des politiques monétaires restrictives se font jour.

La diminution de l’inflation sous-jacente par une politique monétaire restrictive passe par :

  • le freinage de la demande et la production ;
  • l’augmentation du taux de chômage.

Toute politique monétaire restrictive n’a des effets tangibles qu’après un certain délai, évalué entre 6 et 9 mois au vu des expériences passées, délai qui dépend également de l’ampleur des relèvements.

Aux États-Unis, les hausses de taux qui sont en règle générales plus rapides et violentes qu’en Europe ont des effets plus rapides. Les banques centrales européennes sont plus lentes à réagir et remontent moins fortement leurs taux directeurs.

Lors des précédentes vagues d’inflation, en 1999 et 2007, les banques centrales ont durci leur politique monétaire avec des premiers résultats en 2000 et 2008. Pour ces deux épisodes de hausses des prix, l’augmentation des taux directeurs a entraîné une baisse de la production avec un retard de 2 à 3 trimestres. La dégradation de la situation du marché s’est fait ressentir six mois après la hausse des taux. D’autres facteurs peuvent évidemment jouer ; l’éclatement de la bulle Internet et la crise financière de 2008 ont amplifié les effets récessifs de l’augmentation des taux. Les interactions entre ces facteurs ont été fortes dans ces deux vagues d’inflation,

2022/2023, l’inflation fait-elle de la résistance ?

L’inflation sous-jacente a commencé à augmenter aux États-Unis et en Europe à compter du milieu de l’année 2021, sa croissance s’étant accélérée au printemps 2022. Les problèmes d’approvisionnement et les plans de relance expliquent cette hausse en 2021. À partir de 2022, les effets de l’augmentation des cours de l’énergie, des matières premières et des produits agricoles sur les coûts de production contribuent à l’augmentation de l’inflation sous-jacente. Les politiques monétaires deviennent plus restrictives à compter du printemps aux États-Unis et de l’été en zone euro. Estimant qu’une grande partie de l’inflation est d’origine importée, les banques centrales hésitent à relever massivement leurs taux directeurs. L’inflation sous-jacente atteint près de 7 % à l’automne 2022 aux États-Unis. Elle atteint ce taux en Europe au début de l’année 2023.

Le resserrement de la politique monétaire a peu d’effet sur la production. Elle demeure élevée aux États-Unis et est étale en Europe. Les créations d’emploi restent importantes outre-Atlantique. Au sein de la zone euro, de nombreux pays sont en situation de plein emploi. La France a enregistré son meilleur résultat en termes de chômage depuis vingt ans. L’investissement en logements des ménages est certes en baisse sensible aux États-Unis mais ce phénomène n’est pas encore constaté en zone euro. Pour cette dernière, l’effet taux ne devrait se faire ressentir qu’à compter du mois de mars.

Les délais d’action de la politique monétaire pourraient être allongés en raison des mesures prises par les pouvoirs publics pour soutenir le pouvoir d’achat des ménages et les entreprises. Contrairement aux épisodes d’inflation précédents, la demande tarde à diminuer tant en raison du maintien du pouvoir d’achat que de la bonne tenue du marché de l’emploi. Un an après le début du resserrement de la politique monétaire, l’inflation sous-jacente commence tout juste à baisser aux États-Unis. Comme l’Europe a amorcé son virage monétaire plus tardivement, il assez logique que l’inflation sous-jacente soit toujours en progression. Plus la vague inflationniste perdure, plus le risque d’une indexation des salaires sur les prix augmente. Les revendications en faveur du retour des clauses d’indexation se multiplient. Si elles étaient amenées à se généraliser, elles obligeraient les banques centrales à relever plus fortement leurs taux directeurs.