21 juin 2019

Le Coin de l’Epargne du 21 juin 2019

Le tableau financier de la semaine

  Résultats 21 juin 2019 Évolution hebdomadaire Résultats 31 déc. 2018
CAC 40 5 528,33 +2,99 % 4 678,74
Dow Jones 26 719,13 +2,41 % 23 097,67
Nasdaq 8 031,71 +3,01 % 6 583,49
Dax Allemand 12 339,92 +2,01 % 10 558,96
Footsie 7 407,50 +0,84 % 6 733,97
Euro Stoxx 50 3 466,92 +2,60 % 2 986,53
Nikkei 225 21 258,64 +0,67 % 20 014,77
Shanghai Composite 3 001,98 +4,16 % 2493,89
Taux de l’OAT France à 10 ans (19 heures) 0,050 % -0,043 pt 0,708 %
Taux du Bund allemand à 10 ans (19 heures) -0,281 % -0,025 pt 0,238 %
Taux du Trésor US à 10 ans (19 heures) 2,063 % -0,024 pt 2,741 %
Cours de l’euro / dollar (19 heures) 1,1362 +1,35 % 1,1447
Cours de l’once d’or en dollars (19 heures) 1 396,310 +4,12 % 1 279,100
Cours du baril de pétrole Brent en dollars (19 heures) 65,160 +5,15 % 52,973

Après les pétroliers, les drones

L’envoi de torpilles contre deux pétroliers dans le détroit d’Ormuz avait inquiété les investisseurs, la semaine dernière, sans pour autant provoquer un réel émoi. L’interception par l’Iran d’un drone américain a confirmé qu’un risque d’escalade existait avec des conséquences difficilement mesurables. La Russie a d’ores-et-déjà mis en garde les Américains sur les conséquences d’une éventuelle attaque.

Les investisseurs ont essayé de ne pas trop prêter attention à ces tensions internationales en constatant avec plaisir que la conjoncture de la zone euro n’est pas aussi sombre que certains voudraient le faire croire. Les indice PMI du mois de juin sont plus positifs que prévu tant dans les services que dans l’industrie manufacturière. L’indice composite (synthèse entre les deux secteurs) atteint 52,1, au plus haut depuis novembre. La France apporte sa pierre à l’édifice avec un indice composite à 52,9, également sur un pic de sept mois, et une composante manufacturière avec un indice à 52 (+1,4 point). En Allemagne, le composite se maintient en territoire d’expansion à 52,6, comme en mai, grâce aux services, mais le ralentissement se poursuit dans le manufacturier. L’amélioration reste néanmoins fragile pour l’ensemble de la zone euro, d’autant que la confiance pour la deuxième partie de l’année est assez faible en raison du poids des incertitudes et de l’aversion des agents économiques.  

Entre les bruits de bottes, les prévisions plus optimistes et l’anticipation de baisses des taux par les banques centrales, les indices « actions » ont connu une nouvelle semaine de hausse. Le CAC 40 a ainsi dépassé 5500 points ce qui n’avait plus été le cas depuis le début du mois de mai.

Le baril de Brent s’est traité à plus de 65 dollars durant la semaine en réaction aux menaces de conflit dans le détroit D’Ormuz.. En période de crise internationale, l’or joue son rôle de valeur refuge. Ainsi, l’once d’or est au-dessus des 1 400 dollars, une première depuis septembre 2013.

Le Président de la FED entre en résistance

Le bras de fer entre le Président de la banque centrale américaine et le Président des États-Unis se poursuit. Face aux pressions et menaces présidentielles, la FED a refusé d’abaisser ses taux directeurs à l’occasion de sa réunion du 19 juin dernier. Cette décision, signe d’indépendance de la banque centrale, devrait, en revanche, contribuer à rendre les relations entre les deux hommes encore plus délétères. Selon une dépêche de l’agence Bloomberg, le Président des États-Unis aurait, cet hiver, imaginé limoger, le Président de la FED, Jerome Powell qu’il a lui-même nommé. Il lui reproche depuis des mois de ne pas baisser le loyer de l’argent aux États-Unis et de contribuer ainsi au ralentissement de l’économie. Le Président de la FED n’entend pas répondre aux rodomontades présidentielles. Il a ainsi déclaré que « la loi est claire. J’ai un mandat de quatre ans que j’entends accomplir complètement ». Le Président américain n’apprécie guère les banquiers centraux et s’en est également pris à Mario Draghi, Président de la Banque centrale européenne qu’il accuse de faire baisser le taux de change de l’euro, ce qui pénalise les entreprises américaines.

En matière d’emploi, la FED a souligné l’absence de problème. Le taux de chômage est, en effet, au plus bas depuis 1969. En revanche, elle admet que le taux d’inflation reste trop bas, bien en deçà des 2 % de moyenne ciblés par l’organisation fédérale américaine. Les prix à la consommation hors alimentation et énergie ont progressé de seulement 1,6 % sur un an en avril, et les membres de la FED n’espèrent pas un rebond au-delà de 1,8 % à moyen terme.

Sans l’affirmer de manière explicite, le Président de la FED estime que la dégradation du climat économique n’est pas sans lien avec la multiplication des conflits commerciaux. La baisse des taux directeurs n’aurait qu’un faible effet, dans ces conditions, sur l’investissement.

L’OAT à 10 ans en territoire négatif

Pour la première fois de son histoire, le taux de l’Obligation Assimilable du Trésor à 10 ans est passé, en France, en dessous de 0 % le mardi 18 juin. Il s’est élevé à -0,04 %. Certes, il reste bien plus élevé que le taux équivalent allemand (-0,3 %), mais ce passage en territoire négatif de l’OAT à 10 ans est tout un symbole. Il a suffi que le Président de la Banque Centrale Européenne, Mario, Draghi prononce, au forum annuel de la banque, un discours indiquant qu’il pourrait le cas échéant baisser les taux et engager un nouveau processus de rachats d’actifs pour que les taux des pays du cœur de la zone euro diminuent. Il a en outre déclaré que « si la crise a montré quelque chose, c’est que nous utiliserons toute la flexibilité dont nous disposons dans le cadre de notre mandat pour le remplir – et nous le ferons à nouveau pour relever tout défi à la stabilité des prix dans l’avenir. Toutes ces options ont été évoquées et discutées lors de notre dernière réunion ».

Depuis plusieurs semaines, les taux sont orientés à la baisse. Les investisseurs font le pari que les banques centrales américaine et européenne vont prendre des mesures accommodantes afin de contrecarrer le climat déflationniste et peu porteur pour la croissance à venir. La diminution des taux d’inflation concourt à cet état d’esprit. Ils sont repassés assez nettement en-dessous de 2 % au mois de mai pour la zone euro.

La poursuite de la baisse des taux d’intérêt est une aubaine pour les emprunteurs. Les taux des emprunts de l’immobilier devraient encore diminuer dans les prochains jours.

Pour les épargnants fortement investis dans les produits de taux, ce n’est pas une bonne nouvelle. Les taux des livrets bancaires qui sont en France de 0,26 % devraient encore baisser. Le rendement des fonds euros sera mis à dure épreuve. Il était de 1,8 % en 2018. En revanche, même si le rendement réel est encore négatif (l’inflation étant de 1,2 % en rythme annuel), le taux du Livret A reste fixé à 0,75 % ce qui est dans le contexte actuel très bien payé.

Logiquement, une baisse des taux devrait favoriser les actions sous réserve que les perspectives économiques ne soient pas trop dégradées. Elle devrait conduire par ailleurs à la poursuite du processus de valorisation des prix de l’immobilier même si à un moment donné les capacités de remboursement des ménages ne sont pas extensibles à l’infini.

Le libra, une crypto-monnaie aux 2,4 milliards d’utilisateurs potentiels

La décision de Facebook de créer une crypto-monnaie est-elle une révolution systémique ou une tentative pour son Président Mark Zuckerberg de se repositionner sur un secteur en plein essor, les nouveaux moyens de paiement ? Il y a encore quelques années, l’administration américaine considérait que la création par un réseau d’une monnaie virtuelle constituait une menace. Depuis, le Bitcoin a connu un essor et quelques soubresauts. Les banques centrales sont passées d’une opposition franche à l’idée d’un accompagnement du processus voire de l’initier comme en Suède.

Facebook a donc décidé de créer une crypto-monnaie, une « monnaie » non adossée à un État ou à une banque centrale qui reposera sur des algorithmes numériques et sur les techniques de la blockchain (techniques de transmission et de stockages de données).

Pour élaborer sa crypto-monnaie, Facebook s’est associée avec une vingtaine d’entreprises internationales pour en gérer la stabilité et la gouvernance, le projet est dirigé par David Marcus qui est un des anciens dirigeants de PayPal.

Le libra sera accessible à tous les membres de Facebook contre un paiement en devise. Avec les libras, il sera possible d’acheter en ligne des biens vendus sur le réseau et sur tous les sites qui les accepteront. Les entreprises comme Uber, eBay, Spotify ou Booking ont indiqué que la crypto-monnaie de Facebook pourra servir de moyen de paiement sur leur site. Elle pourrait également servir à acheter des biens et prestations dans des points de vente physiques. Avec cette crypto-monnaie, Facebook devrait autoriser les transferts entre membres de Facebook avec un smartphone de manière instantanée.  

Facebook parie sur la simplicité. Son PDG espère qu’il sera rapidement possible d’acquitter des factures, en appuyant juste sur un bouton. Les équipes de Facebook travaillent sur une dématérialisation totale des règlements. Il devrait être possible de régler un café en scannant un code, ou prendre les transports en commun sans avoir de liquide ou de titre de transport sur soi. Le versement ou le paiement en libras pourra également s’effectuer directement dans ses applications Messenger et WhatsApp. Une application spécifique sera également créée et prendra le nom de Calibra.

Un des objectifs de Facebook est notamment de rendre accessible à des personnes ne disposant pas de compte bancaire. La moitié des adultes dans le monde n’ont pas de compte bancaire souligne l’entreprise.

Facebook pour éviter les fluctuations du bitcoin entend adosser sa crypto-monnaie sur un panier de monnaies officielles dont le dollar et l’euro. En se dotant d’une « réserve libra », gérée par la Libra Association, les dirigeants de l’entreprise entendent parier sur la transparence et la crédibilité. « Cette approche est similaire à la façon dont ont été introduites d’autres monnaies par le passé », explique le communiqué de la Libra Association. Le libra devrait être échangeable contre une collection d’actifs à faible volatilité.

Le recours à une structure associative pour gérer la crypto-monnaie vise à garantir une relative indépendance du libra par rapport à Facebook qui a été confrontée à plusieurs scandales en 2018. Cette organisation à but non lucratif, basée à Genève, rassemble aujourd’hui vingt-huit membres, parmi lesquels des entreprises comme Mastercard, Visa, PayPal, Uber, Booking, eBay, Vodafone ou encore Iliad. Facebook en fait partie, par l’intermédiaire de sa filiale Calibra, créée pour l’occasion. La crainte est l’utilisation à des fins commerciales des données financières. Dans son communiqué, Facebook a affirmé que les informations collectées ne seront pas partagées sauf en cas de problème de sécurité (criminalité, terrorisme, fraude).

Le Livret A en lévitation

Le Livret A n’en finit pas d’enregistrer des collectes importantes en cette année 2019. Pour le mois de mai, elle a atteint 1,22 milliard d’euros soit deux fois plus que pour le même mois de l’année dernière. Avec le LDDS, la collecte atteint même 1,61 milliard d’euros. L’encours du Livret A bat un nouveau record au mois de mai avec 294,9 milliards d’euros. En y ajoutant le LDDS, l’encours est de 405,2 milliards d’euros.

Le cinquième mois de l’année était jusqu’à maintenant une charnière. Avec la proximité des vacances, les ménages commençaient, à la fin du printemps, à ralentir leur effort d’épargne. Les années précédentes, les impôts expliquaient également, par le jeu des tiers provisionnels, le reflux de l’épargne à compter de mai, ce qui n’est plus le cas avec l’instauration de la retenue à la source.

Depuis le début de l’année, les ménages français continuent d’arbitrer en faveur de l’épargne leurs gains de pouvoir d’achat. Les revenus sont en hausse du fait de la mise en œuvre de plusieurs mesures de soutien annoncées au mois de décembre dernier par le Président de la République (prime exceptionnelle défiscalisée, baisse de la CSG pour les retraités, revalorisation de certaines prestations sociales). Sur l’ensemble de l’année, les gains de pouvoir d’achat sont évalués à 2,1 %, soit le plus fort gain depuis 2007. Ces derniers sont également liés au repli de l’inflation qui est revenue de 2 à 1 % en quelques mois.

Cette préférence pour l’épargne s’explique par un niveau de confiance relativement faible. Même si l’indicateur de l’INSEE qui mesure la confiance des ménages était en hausse au mois de mai, il reste, et cela depuis un an, en-dessous de sa moyenne de longue période. Les ménages doutent de la réalité de l’amélioration de leur situation financière et surtout de sa durabilité. Ils anticipent une détérioration de la situation. Les tensions entre les États-Unis et la Chine ainsi qu’avec l’Iran peuvent justifier la prudence des ménages. Par ailleurs, l’idée d’une prochaine récession a été évoquée à plusieurs reprises. L’impact des incertitudes et les annonces pessimistes peuvent aboutir à une autoréalisation de la crise. Il n’est donc pas étonnant que le taux d’épargne soit passé de 13,7 à 15,3 % du revenu disponible brut du premier trimestre 2018 au premier trimestre 2019.

Le Livret A ne pâtit pas de son faible rendement qui reste en valeur réelle, une fois l’inflation prise en compte, négatif. Compte tenu de la baisse des taux sur le marché obligataire, son rendement peut apparaître néanmoins élevé pour un placement de court terme bénéficiant d’une garantie en capital.