23 mars 2019

Le Coin des Epargnants du 23 mars 2019

Le tableau financier de la semaine

  Résultats 22 mars 2019 Évolution sur 5 jours Résultats 31 déc. 2018
CAC 40 5 269,92  -2,50 % 4 678,74
Dow Jones 25 502,32  -1,34 % 23 097,67
Nasdaq 7 642,67 -0,60 % 6 583,49
Dax Allemand 11 364,17 -2,75 % 10 558,96
Footsie 7 207,59 -0,29 % 6 733,97
Euro Stoxx 50 3 305,73 -2,37 % 2 986,53
Nikkei 225 21 627,34 +0,82 % 20 014,77
Shanghai Composite 3 104,15 +2,73 % 2493,89
Taux de l’OAT France à 10 ans (18heures) 0,357 % -0,095 pt 0,708 %
Taux du Bund allemand à 10 ans (18 heures) -0,011 % -0,093 pt 0,238 %
Taux du Trésor US à 10 ans (18 heures) 2,455 % -0,147 pt 2,741 %
Cours de l’euro / dollar (18 heures) 1,1296 -0,24 % 1,1447
Cours de l’once d’or en dollars (18 heures) 1 312,290 +0,79 % 1 279,100
Cours du baril de pétrole Brent en dollars (18 heures) 66,920 -0,15 % 52,973

Les marchés s’enrhument et les taux baissent

Sur fond de menace de ralentissement économique, les principaux indices ont fortement reculé durant la semaine. Le CAC 40 a ainsi perdu 2,50 %. Les investisseurs se sont précipités sur les obligations souveraines des pays jugés sûrs. Ainsi, le taux du Bund allemand est redevenu négatif, ce qu’il n’avait pas connu depuis l’automne 2016. La nervosité est de mise depuis qu’aux Etats-Unis l’écart des rendements entre les taux à 3 mois et ceux à 10 ans est tombé en début de séance sous les 10 points de base, pour la première fois depuis septembre 2007. Une courbe des taux inversée, où les rendements à court terme sont supérieurs à ceux de long terme, est traditionnellement considérée comme un signal fiable de récession, pas forcément à très court terme, mais plus généralement dans l’année qui vient. Le climat est d’autant plus pesant que plusieurs indicateurs notamment européens sont mauvais. L’indice manufacturier a reculé de 2,2 points à 47,7 points en première estimation de mars dans la zone euro, ceux concernant la France et l’Allemagne étant également inférieurs à 50, signifiant que la tendance économique est récessive. L’indicateur est à 49,8 dans l’Hexagone et 44,7 outre-Rhin, un plus bas niveau de près de sept ans. Aux Etats-Unis, les indicateurs sont également mauvais. L’indice PMI manufacturier a reculé de 0,5 point en mars, à 52,5 points. Les stocks du commerce de gros ont enregistré en janvier leur plus forte hausse en plus de six ans, +1,2%, pourcentage le plus élevé depuis septembre 2012, ce qui pourrait signifier une baisse des ventes.

Endettement, les pouvoirs publics veulent éviter l’emballement

Dans son communiqué du 18 mars, le Haut Conseil de la Stabilité Financière (HCSF) qui est l’autorité macro prudentielle française chargée d’exercer la surveillance du système financier dans son ensemble, a souligné que l’endettement du secteur privé non financier continue de croître pour atteindre 133,3 % du PIB au troisième trimestre 2018. Les ménages sont endettés à hauteur de 59,2 % et les entreprises non financières à hauteur de 74,1 %. Le Haut Conseil constate une forte croissance du taux d’endettement des agents privés non financiers. En France, ce taux est supérieur à la moyenne de la zone euro. Sur un an, pour les entreprises, la progression est de 6 % (janvier 2019). Elle est portée à la fois par la progression des encours de crédit bancaire et de dette de marché. La progression du crédit concerne toutes les tailles d’entreprises, avec une croissance toujours robuste du crédit bancaire aux PME (+6,3 % sur un an en janvier 2019).  L’encours de crédit aux ménages a enregistré sur un an une hausse de 5,5 % (janvier 2019), principalement porté par le crédit immobilier. Les faibles taux d’intérêt expliquent évidemment cette évolution. Le faible recours au financement par actions en France renforce cette tendance. Pour éviter l’apparition d’un risque systémique, le Haut Conseil juge que cette hausse est un peu trop rapide et appelle à une plus grande modération de la part des banques. À cet effet, il leur demande d’augmenter leurs réserves. Sur proposition du gouverneur, le HCSF a ainsi décidé de renforcer ce que les autorités appellent « le coussin contracyclique », un matelas de fonds propres imposé aux banques en fonction de leur exposition au marché français.

Changement de cap confirmé pour la FED

Mercredi 20 mars, le comité monétaire de la Réserve fédérale (FED) a décidé de ne pas modifier son taux directeur. Cette décision n’était pas une surprise et avait été était largement anticipée. La FED maintient ainsi en place son taux dit des « Fed funds » entre 2,25 et 2,50 %. Le programme de relèvement des taux est ainsi suspendu. Cette décision est justifiée par une croissance plus lente des dépenses des ménages et des dépenses d’investissement des entreprises au premier trimestre 2019. La réduction de l’inflation rend également moins urgente le relèvement des taux.

Lors de la conférence de presse, le Président de la banque centrale américaine, Jay Powell, a jugé que le niveau actuel de taux était proche de la neutralité. Cette position lui semble appropriée aujourd’hui et pourrait l’être pour des mois. Si la FED n’a pas affirmé que les taux seront stables jusqu’en 2020, elle a laissé clairement entendre que la position d’attente prise en mars pouvait perdurer jusqu’en décembre. Cette décision remet en cause le programme de hausse en vertu duquel les taux devaient atteindre 3 % à la fin de l’année.

Le Livret A toujours en pointe

Sur la lancée du mois de janvier, le Livret A continue au mois de février avec une collecte nette positive de 1,93 milliard d’euros, collecte supérieure à celle enregistrée l’année dernière (1,7 milliard d’euros). Sur deux mois, le Livret A a déjà enregistré une collecte de près de 6 milliards d’euros, soit plus que sur la même période de 2018 (4,66 milliards d’euros). Le Livret de Développement Durable et Solidaire (LDDS) a connu également une collecte positive de 580 millions d’euros en février et de 1,21 milliard d’euros sur les deux premiers mois.À fin février, l’encours du Livret A atteint un nouveau sommet à 289,7 milliards d’euros. Celui du LDDS s’élève à 108,9 milliards d’euros.

Le mois de février est traditionnellement un mois moyen pour le Livret A avec une collecte moyenne d’un milliard d’euros. Ces dix dernières années, trois décollectes ont été constatées (2014, 2015 et 2016). Le bon résultat du mois de février 2019 prolonge celui du mois de janvier (+4 milliards d’euros). Comme au mois précédent, le Livret A a bénéficié de l’apport des mesures annoncées par le Président de la République au mois de décembre dernier. Une partie des gains de pouvoir d’achat est thésaurisée.

Le résultat de février traduit la volonté des ménages de renforcer leur poche d’épargne de précaution. Il s’inscrit dans la tendance d’augmentation du taux d’épargne qui se situerait, selon la dernière note de conjoncture de l’INSEE, à 15,5 % du revenu disponible brut contre 15,3 % au cours de l’automne 2018. Même si le moral des consommateurs est de nouveau en hausse, cela ne les conduit pas pour le moment à réduire leur effort d’épargne. Le contexte économique et social reste encore trop incertain pour entraîner une évolution du comportement des ménages.

Le Livret A ne pâtit pas de la retenue à la source. Pour certains, la fin du prélèvement par tiers provisionnel aurait pu conduire à une réduction de l’effort d’épargne. Or, tel n’est pas le cas. Pour d’autres, le rendement réel négatif du Livret A devait aboutir à une diminution de la collecte. Or, même si cela est dénoncé, dans les faits, les ménages recherchent avant tout des placements sûrs et liquides et acceptent la faiblesse du rendement.Le Livret A devrait continuer tout au cours du premier semestre à enregistrer une collecte positive assez marquée. Une légère inflexion pourrait intervenir au cours de l’automne.

Brexit, à qui perd gagne

Le Brexit tourne à la Comédie Del Arte à moins que cela ne soit une Tragédie antique. Le mercredi 20 mars, en milieu de journée, après quelques heures d’atermoiements, Donald Tusk, le président du Conseil européen, a finalement reçu la lettre de la première ministre britannique Theresa May demandant un report « court » du Brexit. Elle a proposé le 30 juin.  Donald Tusk a répondu qu’une courte extension était possible, mais qu’elle serait conditionnée à un vote positif de la Chambre des communes sur le traité de retrait. Faute de quoi, un nouveau Conseil européen pourrait entériner un hard brexit. Le report qui ne s’accompagnerait pas d’une avancée sur l’adoption de l’accord soulèverait plusieurs problèmes dont ceux concernant l’élection éventuelle de députés européens britanniques et du règlement de la participation du Royaume Uni au budget européen.

Face à ces problématiques, les Européens ont opté pour un report la date butoir du 29 mars au 12 avril. Deux voies s’ouvrent aux Britanniques. En cas de vote favorable sur l’accord élaboré avec les Européens, un report jusqu’au 22 mai serait possible afin d’en finaliser les conditions. En cas de refus, le no deal entrerait en vigueur à compter du 12 avril. Les dates ont été choisies en prenant en compte les futures élections européennes qui se tiendront dans les 27 Etats membres entre le 23 et le 26 mai prochains. Le 12 avril correspond à la date butoir permettant aux Britanniques d’organiser d’éventuelles élections, le 22 mai se situant la veille du premier jour d’élections en Europe. Les Européens seraient prêts à ce que les Britanniques participent aux élections mais dans le cadre d’un véritable plan B organisant les relations entre les différentes parties. La possibilité que le Royaume-Uni participe aux prochaines élections européennes rencontre peu de soutien au sein de l’Union européenne. L’inquiétude se porte, en particulier, sur le rôle que pourrait avoir Londres dans la nomination du prochain président de la Commission européenne.