26 mai 2018

Le Coin des Epargnants du 26 mai 2018

Le tableau financier de la semaine

 

 

Résultats25 mai 2018

Évolution

sur 5 jours

Résultats

31 déc. 2017

CAC 40

5 542,55

-1,28 %

5 312,56

Dow Jones

24 753,09

+0,15 %

24 754,06

Nasdaq

7 433,85

+1,08 %

6 959,96

Dax Allemand

12 938,01

-1,07 %

12 917,64

Footsie

7 730,28

-0,62 %

7 687,77

Euro Stoxx 50

3 573,76

+0,23 %

3 503,96

Nikkei 225

22 450,79

-2,09 %

22 764,94

Taux de l’OAT France à 10 ans (20 heures)

0,721 %

-0,106 pt

0,778 %

Taux du Bund allemand à 10 ans (20 heures)

0,570 %

-0,164 pt

0,426 %

Taux du Trésor US à 10 ans (20 heures)

2,935 %

-0,136 pt

2,416 %

Cours de l’euro / dollar(20 heures)

1,1664

-0,89 %

1,1848

Cours de l’once d’or en dollars (20 heures)

1 304,040

+0,88 %

1 304,747

Cours du baril de pétrole Brent en dollars (20 heures)

76,222

-3,08 %

66,840

 

Les marchés en arrêt face à l’accumulation des dangers

Ralentissement économique confirmé en Europe sur fond de hausse du prix du pétrole, coalition des extrêmes en Italie, motion de censure contre le Premier ministre espagnol, report peut être sine die du sommet États-Unis / Corée du Nord, décisions protectionnistes de Donald Trump, toutes ces mauvaises nouvelles ont fini par avoir raison du moral des investisseurs.

La Bourse de Paris ne réussit pas la passe de 9 semaines consécutives de hausse. Le CAC 40 a enchainé 8 semaines de progression avec un gain de plus de 10 %. Cette semaine, le recul est de 1,28 %. Toutes les places européennes on rouge ont cédé du terrain. L’euro poursuit son recul et passe en-dessous de 1,17 dollars. Il perd près de 5 % en un mois par rapport au dollar. Cette dépréciation est censée favoriser les exportations de la zone euro.

 

Une nouvelle crise espagnole

La crainte de dislocation de l’Espagne cède la place à une crise politique de facture plus classique. L’absence de majorité au sein du Congrès des députés la rendait prévisible. Le PSOE essaie d’obtenir de nouvelles élections législatives en déposant une motion de censure faisant suite à la condamnation pour corruption du Parti populaire (PP) du chef du gouvernement Mariano Rajoy qui ne dispose que d’une majorité relative. Cette affaire de corruption date des années 90/2000. Une motion de censure a ainsi été présentée par le PSOE contre le gouvernement en place et pourrait rallier à sa cause les centristes et l’extrême gauche. Pour gouverner, le Parti populaire a besoin de l’appui du Parti socialiste ou du moins de son abstention.

Malgré tout, l’adoption de la motion de censure n’est pas aisée. L’article 113 de la Constitution prévoit que le Congrès des députés « peut mettre en cause la responsabilité du gouvernement » en adoptant une motion de censure. Elle doit être proposée par au moins un dixième des députés. Cette motion s’accompagne de la présentation d’un candidat au poste de président du gouvernement. Or, pour qu’elle soit validée par les députés, il faudrait un accord entre le PSOE et Podemos ainsi qu’avec les centristes.

Le vote est prévu moins cinq jours après le dépôt du texte, En cas de rejet, aucun signataire ne pourra présenter une nouvelle motion au cours de la même session ordinaire. En cas de succès, le candidat à la présidence est automatiquement considéré comme investi et prête serment devant le roi. A trois reprises, une motion de censure a été proposée au Congrès des députés, mais sans succès. Il en fut ainsi en mai 1980, en mars 1987 et en juin 2017.

 La menace protectionniste

Donald Trump a annoncé, le 24 mai dernier, l’application de droits de douane de 25 % sur les véhicules étrangers en vertu de la section 232 de la loi sur le commerce de 1962 autorisant la mise en place de protections commerciales au nom de la « sécurité nationale » des États-Unis. Ce même texte a été mis en œuvre pour l’instauration des taux de 25 et 10 % sur l’acier et l’aluminium en mars dernier. Cette mesure est justifiée selon l’administration américaine par le fait que durant ses vingt dernières années, les importations de véhicules particuliers sont passées de 32 % à 48 % du total des véhicules commercialisés aux États-Unis. 8,3 millions de véhicules ont été importés en 2017 pour une valeur totale de 192 milliards de dollars (environ 165 milliards d’euros), dont 2,4 millions en provenance du Mexique, 1,8 million du Canada, 1,7 million du Japon, 930 000 de Corée du Sud et 500 000 d’Allemagne. Dans le même temps, les États-Unis ont exporté 2 millions de véhicules pour une valeur totale de 57 milliards de dollars (49 milliards d’euros). Des mesures de restrictions de cette ampleur pourraient grandement perturber le marché, ce serait tout à fait déplorable », a estimé devant la presse le ministre japonais du Commerce et de l’Industrie, Hiroshige Seko. Les actions des constructeurs allemands et japonais ont baissé dans la foulée de l’annonce. À la Bourse de Tokyo, jeudi 24 mai, Toyota a perdu 3,05 %, Honda 3,39 % et Nissan 1,76 %. L’indice Nikkei a abandonné plus de 2 % sur l’ensemble de la semaine. La Commission européenne a fait souligner qu’il était difficile de comprendre des taxes américaines sur les automobiles. La décision unilatérale des États-Unis d’augmenter les droits de douane sur les voiture serait, selon Jyrki Katainen, le vice-président de la Commission européenne « contraire aux règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ».  Il considère en outre qu’il serait « très difficile d’imaginer que (les importations d’automobiles) créent la moindre menace à la sécurité nationale » américaine. Les États-Unis sont, derrière la Chine, le deuxième marché d’exportation des constructeurs allemands. Volkswagen, Daimler et BMW disposent tous d’usines d’assemblage sur le territoire américain. En mars dernier, Donald Trump avait déjà mis en garde les Européens. « Si l’Union européenne veut augmenter encore les énormes taxes et barrières douanières imposées aux compagnies américaines (les GAFA) qui y font du business, alors nous appliquerons une taxe sur leurs automobiles qui inondent librement les États-Unis » avait-il « tweeté ». Les excédents commerciaux allemands et chinois sont de plus en plus pointés du doigt par Washington. Si, depuis plusieurs années, des organisations internationales, comme le FMI et l’OCDE, soulignent les dangers de ces déficits excessifs et appellent les États concernés à prendre des mesures afin de relancer leur marché intérieur, les États-Unis ont décidé d’opter pour une autre méthode moins coopérative et amicale.

 

La dette italienne et la nouvelle coalition ne font pas bon ménage 

La nouvelle coalition gouvernementale italienne constituée de la Ligue du Nord et du mouvement 5 Etoiles, avec son programme économique peu orthodoxe a eu pour conséquence immédiate d’accroitre les spreads de taux (les écarts de taux entre l’Italie et les autres pays européens). Les taux italiens sont, en effet, passés de 1,7 à 2,5 points en un mois.

Le programme de l’alliance pourrait coûter 125 milliards d’euros sur quatre ans. Il comporte notamment la baisse des impôts sur les particuliers et les entreprises. Les deux barèmes ne comporteraient plus que deux tranches 15 % et 20 %. Serai créé « un revenu de citoyenneté » de 780euros par mois qui concernerait une dizaine de millions d’Italiens. L’âge de départ à la retraite serait abaissé. Il devait passer à 67 ans dès 2019 quand aujourd’hui il se situe entre 65 ans et 7 mois et 66 ans et 7 mois selon le sexe et le secteur d’activité.

L’effet conjugué de la hausse des taux et de l’augmentation du déficit risque de replacer la question de soutenabilité de la dette publique au sein d’un pays où elle représente plus de 130 % du PIB.

Même si dans le programme de gouvernement ne figurent pas la sortie éventuelle de la zone euro, les deux partis de la coalition ont mené campagne contre l’Europe, ce qui ne peut que tendre les relations avec les autres Etats membres. L’exécutif européen a alerté la coalition contre les dérapages budgétaires.

Le chantier de réforme de la zone euro, lui, risque d’être encore un peu plus plombé par cette donne politique italienne. Alors que le gouvernement allemand s’oppose à plusieurs idées poussées par Emmanuel Macron – un ministre des finances européen et un Parlement de la zone euro –, la demande transalpine de « revoir, avec les partenaires européens, le cadre de la gouvernance économique » – et notamment les règles budgétaires – devrait encore compliquer la donne.