29 novembre 2014

Le Coin des Epargnants du 29 novembre 2014

La semaine économique et financière a été marquée par la réunion de l’OPEP, le rapport franco-allemand et la baisse historique des taux de l’OAT à dix ans.

 

  28 novembre

18 heures

21 novembre 14 novembre 1er janvier
CAC 40 4 390 pts 4 357 pts 4 202 pts 4 295 pts
Taux de l’OAT à 10 ans 0,9970 % 1,1480% 1,1620% 2,56 %
Taux du Bund allemand

à 10 ans

0,70 % 0,771% 0,785% 1,94 %
Cours de l’euro / dollars 1,2436 1,2394 1,2521 1,3765
Cours de l’once d’or en dollars (1er fixing Londres) 1 184 1 193 1 154 1 227
Cours du baril de pétrole Brent en dollars 69,90 79,50 79,41 107

La bourse de Paris hésite sur la voie à suivre

 

La bourse de Paris a gagné 0,99 % en cinq jours, frappée d’une langueur toute monotone sur fond de faible inflation. Les menaces déflationnistes ont refroidi les ardeurs des investisseurs qui, du fait de la fermeture des marchés américains en raison de Thanksgiving, ont opté pour la prudence. Les quelques signes encourageants sur un éventuel retour de la croissance au sein de la zone euro ainsi que la baisse du pétrole n’ont pas convaincu. Néanmoins, sur un mois, le CAC 40 a progressé de 7 % effaçant presque complètement les pertes de ces trois derniers mois. Depuis le 1er janvier la hausse s’élève désormais à 2,19 %.

Au niveau international, le Daxx allemand a gagné 2,55 % sur la semaine, le Footsie britannique a perdu 0,42 % et le Dow Jones a progressé de 0,10 %.

 L’Etat emprunte pour rien ou presque

 L’Etat a émis, jeudi 27 novembre, des Obligations Assimilables du Trésor à 10 ans au taux historiquement bas de 0,99 %. La contraction de l’inflation, la politique d’achats de titres de la BCE et la décision de l’OPEP de ne pas réduire les quotas de production favorisent ce processus de baisse. La réduction des besoins d’emprunt de l’Allemagne qui a renoué avec l’équilibre budgétaire contribue également au recul des taux. La France avec ses larges lignes d’emprunts, avec son fort taux d’épargne et sa belle capacité à lever les impôts bénéficie de l’intérêt, tout relatif, des investisseurs. La diminution des taux depuis le mois de janvier est impressionnante, plus de 1,5 point. Cette baisse des taux est une aubaine pour l’Etat, les remboursements d’intérêts se réduisant malgré la hausse de la dette. Le service de la dette devrait ainsi s’élever à moins de 44 milliards d’euros en 2015 en recul par rapport à 2014 de plus de 2 milliards d’euros sous réserve qu’il n’y ait pas un retournement. Par ailleurs, il faut prendre en compte le recul des prix qui augmente les taux d’intérêt réels et qui réduit les recettes fiscales.

 L’OPEP laisse filer pour mieux rebondir ?

L’OPEP a décidé de ne rien faire pour endiguer le mouvement de baisse du baril. L’organisation a, à plusieurs reprises, utilisé cette stratégie afin de reprendre en mains un marché qui a tendance à lui échapper. De ce fait, le baril est passé en-dessous de la barre des 70 dollars. Vendredi, le baril de pétrole « brent » s’échangeait à 69,9 dollars.

L’OPEP ne contrôle plus que 35 % du marché du pétrole contre 42 % en 2008. La montée en puissance des pays non-OPEP avec, en particulier, la forte progression des Etats-Unis et du Canada changent la donne. L’Arabie Saoudite, premier producteur, ne veut pas jouer le rôle de régulateur.

Les pays de l’OPEP peuvent supporter mieux que d’autres la baisse des cours. Les coûts d’exploitations au sein des pays du Golf sont faibles en comparaison de ceux des Etats-Unis, d’Amérique Latine ou de Russie. La baisse des cours risque de remettre en cause la rentabilité de certains gisements. Par ailleurs, sur un point de vue géostratégique, la baisse des cours handicape des pays comme la Russie ou l’Iran. Elle rend moins attractif le pétrole de contrebande en provenance, par exemple, de Daech. Les pays du Golf bénéficient, en outre, des appréciables réserves financières accumulées ces dernières années et l’appréciation du dollar réduit, en partie, l’impact du recul du prix du baril.

L’OPEP fait le pari d’une remontée progressive du prix du pétrole au cours du second semestre 2015. Cette remontée serait notamment liée à l’amélioration de la conjoncture économique. S’il n’y avait pas d’inversion d’ici le milieu de l’année prochaine ou si la chute était trop rapide, l’OPEP serait contrainte de revoir sa position.

En trente ans, l’OPEP est intervenue une cinquantaine de fois : 22 fois pour faire baisser les prix, 27 fois pour les faire remonter. Les précédents démontrent que les à-coups de faiblesse peuvent être suivis de réactions assez rapides de la part de l’OPEP. Ainsi, au début de l’année 1986, les Saoudiens avaient décidé quasi unilatéralement de laisser filer les prix. Le baril était ainsi tombé à moins de 10 dollars le baril. Cette chute fut enrayée dès le mois d’août 1986 avec l’instauration de nouveaux quotas pour la vente de pétrole. En 1998-1999, après la crise asiatique, l’OPEP, confrontée à une forte chute du prix du baril à moins de 12 dollars, avait durci les quotas de production entraînant une hausse.

En 2008, avec la crise économique et financière, le baril est rapidement passé d’un pic de 147 dollars à 35 dollars. Pour enrayer ce mouvement de baisse, l’OPEP avait alors décidé de retirer 4,8 millions de barils en quelques mois, le quota tombant à 24,8 millions de barils permettant une remontée du baril à 100 dollars.

En 2014, l’OPEP fait donc le pari de l’assainissement du marché avec la reprise de l’activité aidée en cela par une réduction naturelle de l’offre. Les difficultés de certaines compagnies pétrolières pourraient lui donner raison d’ici quelques mois.