29 août 2020

Le Coin des Graphiques

Les urgences ne sont pas devenues un recours automatique

En 2017, 18 % des personnes assurées à l’un des trois grands régimes de la Sécurité sociale se sont rendues dans une structure des urgences hospitalières en France. Les passages aux urgences sont de plus en plus nombreux chaque année, de 16,9 millions en 2009, ils sont passés à 20,7 millions en 2017. La progression annuelle de +2,5 % en moyenne est cinq fois plus élevée que la croissance de la population résidant en France. Ce recours croissant aux urgences est souvent perçu comme un dysfonctionnement, lié au nombre insuffisant de médecins de ville ou à l’évolution du comportement des patients. Ces derniers par facilité, par conviction d’être mieux traités et par souci d’économie, privilégient les services d’urgence qui sont par ailleurs ouverts 24 heures sur 24. Une récente étude de la Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques du Ministère des Solidarités et de la Santé[1], semble démontrer que ces allégations ne seraient pas validées par les statistiques.

Près de neuf patients sur dix passés par les urgences hospitalières en 2017 ont également consulté un médecin généraliste en ville au cours des 12 mois qui précédaient ce passage.

Cercle de l’Épargne – données DREES

Ces patients pris en charge aux urgences ont un nombre plus élevé de consultations en ville que les autres patients ayant recours dans l’année à un médecin généraliste : 6,0 consultations contre 4,6 par an en moyenne.

Cercle de l’Épargne – données DREES

Les patients qui se rendent aux urgences plusieurs fois par an font également fortement appel à la médecine de ville. Ils sont très peu nombreux à ne recourir qu’exclusivement aux urgences. S’ils fréquentent de manière plus importante les urgences et les services de santé, cela est dû soit à leur âge, soit à la présence de maladie de longue durée. Les populations les plus jeunes et les plus âgées sont celles qui utilisent le plus les urgences. Les taux de recours sont de 33 % sur l’année pour les moins de 5 ans et de 30 % pour les plus de 85 ans. Les personnes ayant une affection de longue durée (ALD) ou qui présentent un facteur de risque ont un taux de recours de respectivement 23 % et 32 %. Les personnes à revenus modestes figurent également parmi les principaux utilisateurs. Les bénéficiaires de la couverture maladie universelle complémentaire (CMU-C), populations précaires en plus mauvaise santé que les autres assurés, ont un taux de recours de 30 % de recours contre 19 % pour les moins de 65 ans en général.

La venue aux urgences s’inscrit souvent dans un épisode de soins plus large du patient. Ainsi, plus d’un patient sur six a consulté un généraliste en ville durant la semaine qui a précédé son passage aux urgences.



[1] (Layla Ricroch et Tom Seimandi (DREES), août – 2020, « 9 patients sur 10 qui se rendent aux urgences consultent aussi leur médecin de ville », Études et Résultats, n°1157, Drees)