8 avril 2017

Le Coin des Programmes du 8 avril 2017 : retraite et dépendance

Les retraités représentent le tiers de l’électorat français. Avec le vieillissement de la population, leur poids électoral continuera à s’accroître jusque dans les années 2040. La question des retraites et de la répartition des charges qui en résultent est donc sensible. Les différents candidats à l’élection présidentielle de 2017 ont tous prévu de revaloriser le minimum vieillesse dont bénéficient désormais moins de 700 000 retraités contre 3 millions dans les années 70. La situation actuelle des retraités apparaît, en moyenne, plutôt bonne. Leur taux de pauvreté est de 7,6 % contre 14,3 % pour l’ensemble de la population, ce taux étant de 20 % pour les jeunes de moins de 25 ans. Un peu plus d’un million de retraités vivent sous le seuil de pauvreté.

Le niveau de vie des retraités correspond à 104 % de celui de l’ensemble de la population et 99 % de celui des seuls actifs. Le patrimoine étant majoritairement détenu par les plus de 50 ans, les retraités bénéficient d’avantage des revenus de l’épargne que le reste de la population. Par ailleurs, 74,1 % des plus de 65 ans sont propriétaires (chiffres INSEE – 2013) contre 57,9 % pour l’ensemble de la population. En outre, plus des trois quarts des retraités propriétaires sont libérés de tout remboursement d’emprunts.

A la question « jugez-vous que votre pension est ou sera suffisante pour vivre correctement », les Français interrogés dans le cadre de l’enquête citée ci-dessous, ont répondu à 71 % non. Ce taux est de 79 % chez les actifs et de 50 % chez les retraités.

La fixation de l’âge légal de départ à la retraite fait encore débat. Le retour de la retraite à 60 ans est proposé par Jean-Luc Mélenchon et par Marine Le Pen quand François Fillon opte pour son report à 65 ans. Selon, la dernière enquête du Cercle de l’Épargne / Amphitéa, les Français sont plutôt très réservés à l’idée de repousser l’âge légal de départ à la retraite ; 40 % des sondés jugent ce report acceptable. Les plus fidèles supporters du report se trouvent parmi les indépendants (53 % favorable), les cadres supérieurs ainsi que les professions libérales (50 %). Ce résultat est assez logique étant donné que les membres de ces catégories sociales partent en moyenne au-delà de 62 ans. En revanche, 81 % des ouvriers et 62 % des employés sont opposés à un recul à 65 ans de l’âge légal de départ à la retraite.

 

Les régimes de retraite, de base et complémentaires, en excluant le Fonds de Solidarité Vieillesse qui a en charge le financement de plusieurs dispositifs sociaux en faveur des retraités, sont à l’équilibre ou presque. Le report de l’âge légal à 62 ans, les augmentations de cotisations, la non revalorisation des pensions ainsi que toutes les mesures prises depuis 1993 ont contribué à économiser près de 4 points de PIB. Jusqu’en 2020, l’assurance-vieillesse devrait évoluer autour de l’équilibre, mais une dégradation devrait survenir par la suite surtout si les gains de productivité restent inférieurs à 1,5 % et si le chômage ne se réduit pas fortement. En outre, la baisse du solde migratoire pourrait à terme peser sur les équilibres démographiques. Le Conseil d’orientation des Retraites a revu à la baisse les flux migratoires en sa calant avec le niveau atteint ces dernières années. Le solde migratoire est en effet de 100 000 par an quand il avait été évalué à plus de 150 000  pour les vingt prochaines années. Pour le seul régime général (salariés), il y avait 13 millions de cotisants en 1975 pour 4 millions de retraités ; en 2015, ce rapport est de 17,5 pour 13,6. Il devrait continuer à se dégrader jusqu’en 2040.

Les propositions des différents candidats sur la retraite

 Benoît Hamon

 Benoît Hamon propose une revalorisation du minimum vieillesse de 10 %. Il entend renforcer le dispositif de prise en compte de la pénibilité. Il entend également développer le don de trimestres entre conjoints afin de permettre le cas échéant à un conjoint de pouvoir partir plus tôt. Cette proposition reprend l’idée de mutualisation des « droits retraite » au sein des couples.

Emmanuel Macron

 La principale proposition d’Emmanuel Macron en ce qui concerne la retraite est la création d’un « système universel de retraite par points ». Une telle réforme aboutirait à la suppression des régimes spéciaux, des systèmes en vigueur dans la fonction publique et des régimes complémentaires. Le candidat d’En Marche n’a pas précisé s’il instituait un système avec des comptes notionnels sur le modèle suédois. Les comptes notionnels permettent de prendre en compte l’espérance de vie au moment de la liquidation. Le passage au régime unique qui devrait prendre la forme d’un régime à points sur le modèle de l’AGIRC et de l’ARRCO s’effectuerait sur 10 ans.

Le candidat propose d’augmenter le minimum vieillesse de 100 euros par mois. L’allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa), qui a remplacé le minimum vieillesse en 2006, s’élève au maximum à 801 euros par mois pour un retraité célibataire et à 1 243 euros par mois pour un retraité vivant en couple.

Considérant que le Régime social des indépendants (RSI) ne fonctionne pas correctement, Emmanuel Macron souhaite le supprimer. Le RSI gère notamment la retraite de base et la retraite complémentaire des artisans, des commerçants et des chefs d’entreprise. Le candidat n’a pas précisé les modalités de sa suppression.

Dans le cadre de la moralisation de la vie politique, Emmanuel Macron prévoit de supprimer le régime de retraite spécifique des parlementaires.

Emmanuel Macron propose de revaloriser le minimum vieillesse et a pris parti contre le report de l’âge légal et le rallongement de la durée de cotisation.

François Fillon

 François Fillon a annoncé dès les primaires son intention de porter progressivement l’âge de départ à la retraite de 62 à 65 ans sans toucher à l’âge de la retraite à taux plein qui resterait fixé à 67 ans. La mesure serait effective en 2025 avec un gain attendu de 20 milliards d’euros. Le dispositif de départ pour carrières longues serait  étendu pour permettre de partir à 63 ans. Le candidat « LR » entend également rapprocher les règles des régimes publics et privés avec la suppression à terme des régimes spéciaux. Les nouveaux entrants seraient automatiquement affiliés au régime général. Il souhaite supprimer le compte pénibilité.

François Fillon a promis aussi de revaloriser de 300 euros annuels les petites retraites inférieures à 1000 euros et d’augmenter de 10 % les petites pensions de réversion.

Jean-Luc Mélenchon 

Jean-Luc Mélenchon souhaite avancer l’âge légal de départ à la retraite à 60 ans à taux plein et ramener la durée de cotisation de 43 à 40 ans. Les petites retraites inférieures au SMIC seraient revalorisées. Le minimum vieillesse serait porté au niveau du seuil de pauvreté.

Marine Le Pen 

Comme Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen rétablit la retraite à 60 ans et revient à une durée de cotisation à 40 ans. Si elle veut supprimer le compte de pénibilité, elle souhaite mettre en place une « évaluation personnalisée » réalisée par la médecine du travail, pouvant entraîner une majoration des annuités de retraite. Elle compte rétablir la défiscalisation de la majoration des pensions pour les parents de famille nombreuse et revaloriser le minimum vieillesse en le réservant aux nationaux ou aux résidents depuis vingt ans. Les retraites inférieures à 1.500 euros par mois bénéficieraient, comme les salaires, de sa « prime de pouvoir d’achat ».

Marine Le Pen a indiqué qu’il faudrait examiner un par un les régimes spéciaux. Elle considère que certains sont légitimes comme ceux des marins-pêcheurs ou de l’armée. 

La dépendance

La France compte 1.3 million de personnes âgées dépendantes, elle dépense 24 milliards d’euros par an pour le financement public de la dépendance, les familles, elles, déboursent 7 milliards.

L’instauration d’une 5e branche de la Sécu pour la dépendance, au programme de la candidate du FN, coûterait en outre 9,2 milliards d’euros par an.

François Fillon

François Fillon met en avant la prévention, l’investissement dans l’aide professionnelle à domicile, le soutien aux aidants. Il a souligné la nécessité de garantir les moyens de financement dévolus à la dépendance. Il n’est pas opposé à une réflexion sur l’instauration de nouveaux dispositifs d’assurance dépendance dans le cadre de contrats labellisés. Il a rappelé qu’il faudra que les pouvoirs publics disposent de marges de manœuvre pour apporter des financements nouveaux en direction de la dépendance la plus lourde.

Jean- Luc Mélenchon

Le candidat de la « France insoumise » veut créer 10 000 places par an drns des établissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes (Ehpad) pendant le mandat, avec des tarifs accessibles. Il prévoit de réduire le reste à charge de 500 euros par mois pour les personnes en établissement et d’augmenter de 50 % le montant de l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) pour ceux qui restent à domicile. Pour le financement, il a prévu que les personnes ayant des revenus professionnels élevées donnent une journée de travail.

 Benoît Hamon

 Le candidat du PS veut encourager la création de places dans les Ehpad publics ou ceux relevant de l’économie sociale et solidaire. Il a prévu une augmentation de 30 % de l’APA. Un effort de formation en faveur des aidants serait engagé. Il allouerait un milliard d’euros supplémentaire à destination des personnes dépendantes issues des milieux modestes et de leurs familles. Il instaurera un crédit à taux zéro et un crédit d’impôts « bien vieillir » pour permettre à toutes les familles d’adapter leurs logements.

Marine Le Pen

La candidate du FN souhaite la création d’une cinquième branche destinée à la dépendance. Les ressources proviendraient de la lutte contre la fraude en matière de dépenses de santé et de la suppression de l’aide médicale d’État pour les étrangers.