3 juin 2017

Le Coin des tendances (3 juin 2017)

La lutte contre le réchauffement climatique, source de croissance

Le Président des États-Unis a décidé, jeudi 1er juin 2017, de dénoncer l’accord de Paris. Ainsi, le premier pays émetteur de gaz à effet de serre par habitant ne sera plus contraint de respecter les obligations de cet accord négocié à Paris en 2015 dans le cadre de la COP21. Cet accord avait été ratifié par 145 États. Manque également  à l’appel la Russie qui est le 4ème émetteur de CO2 après la Chine et les États-Unis. La décision américaine a avant tout une portée symbolique. Juridiquement, les Etats-Unis ne sortiront de l’accord de Paris que dans 4 ans. En outre, les engagements pris dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre concernent avant tout les entreprises, les Etats fédérés ; l’Etat fédéral jouant avant un rôle clef en matière de négociations des traités. De nombreuses villes et sociétés américaines ont rapidement déclarées leurs intentions de se conformer aux engagements de l’’accord de Paris. La sortie des Etats-Unis n’en demeure pas moins une mauvaise nouvelle car durant les quatre prochaines années, la première puissance économique internationale sera aux abonnés absents en matière de coopération écologique. Sa participation aux projets internationaux pourrait être remise en cause.

 

L’accord de Paris a comme objectif de contenir le réchauffement climatique « bien en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels » et si possible de viser à « poursuivre les efforts pour limiter la hausse des températures à 1,5 °C ».

L’accord souligne la nécessité de réduire le recours aux énergies fossiles, l’objectif étant d’atteindre la neutralité carbone au cours de la seconde partie du siècle. Les émissions devront être alors compensées par les puits de carbone (forêts, océans, techniques de capture et stockage du carbone).

En l’état actuel, de nombreux experts doutent de la capacité des États à maîtriser leurs émissions de gaz à effet de serre. L’objectif de 1,5°C et même de 2°C serait inatteignable. Pour le climatologue, Jean Jouzel, la température pourrait augmenter d’ici la fin du siècle de 3 degrés considérant que la hausse depuis 1800 est d’au moins 1 degré. Pour réduire de 50 % les émissions de CO2 (-1,3 % par an), la part des énergies fossiles dans la consommation totale devrait passer de 82 % à 25 % de 2016 en 2050 (à structure inchangée) ou à 33 % (avec le remplacement du charbon par le gaz naturel).

Donald Trump, pour justifier sa décision, a mis en avant que l’accord bridait l’économie américaine et en particulier son industrie. Pour autant, un rapport récent de l’OCDE établi dans le cadre de la présidence allemande du G20, souligne que la mise en œuvre de mesures de lutte contre le changement climatique peut avoir un impact positif sur la croissance économique à moyen et long terme. La lutte contre le réchauffement climatique pourrait accroître le PIB des pays du G20 de 1 % d’ici 2021 et 2,8 % d’ici 2050. En prenant en compte les retombées économiques positives de l’élimination de certains effets du changement climatique, comme les dommages imputables aux inondations côtières et aux tempêtes, l’augmentation nette du PIB en 2050 serait  proche de 5 %.

Le rapport recommande que les pays du G20, qui représentent 85 % du PIB mondial et 80 % des émissions de CO2, adoptent une série de mesures favorables à l’économie et à l’environnement dans le cadre de leurs stratégies pour une croissance inclusive et le développement. L’OCDE demande en particulier de conjuguer des mesures climatiques telles que la tarification du carbone avec un programme d’investissement dans des infrastructures à faibles émissions et résilientes face au climat. L’organisation internationale indique que les investissements dans les infrastructures, réalisés pendant les dix à quinze ans qui viennent, seront déterminants pour atteindre l’objectif de l’Accord de Paris. Tout retard dans sa mise en œuvre serait préjudiciable pour le climat et la croissance. Le rapport montre ainsi qu’agir après 2025, et non dès maintenant, entrainerait une perte de PIB dans les économies du G20 de 2 % en moyenne au bout de dix ans. Surseoir ainsi imposerait de mettre en œuvre plus précipitamment des mesures climatiques plus strictes, ce qui risquerait d’entraîner des perturbations économiques et environnementales plus profondes.

Le respect de l’accord de Paris nécessite des investissements à hauteur de 6 900 milliards de dollars par an entre aujourd’hui et 2030, soit seulement 10 % de plus qu’une croissance intensive en carbone. De plus, les infrastructures respectueuses du climat sont moins consommatrices en énergies permettant la réalisation de 1 700 milliards de dollars d’économies.

 

L’exclusion par déficit d’éducation financière

Environ un quart des élèves des 15 pays membres de l’OCDE, qui ont participé à la dernière évaluation de la culture financière menée dans le cadre du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) de l’OCDE, sont incapables de prendre la moindre décision relative aux dépenses courantes, et ils ne sont qu’un sur dix à comprendre des concepts complexes tels que l’impôt sur le revenu.

Quelque 48 000 élèves de 15 ans ont participé à cette évaluation (la France n’a pas participé à cette enquête), qui portait sur les connaissances et les compétences des adolescents en matière de questions financières et de finances personnelles, telles que la gestion d’un compte bancaire et d’une carte de débit, ou la compréhension des taux d’intérêt d’un prêt ou des conditions de leur abonnement mobile. « Si la rapidité des transformations socioéconomiques, l’essor des technologies numériques et l’évolution technologique placent aujourd’hui les jeunes face à des décisions financières plus complexes et des perspectives économiques et professionnelles plus incertaines, il apparaît que ces derniers ne possèdent souvent pas l’éducation, la formation et les outils nécessaires pour prendre des décisions éclairées sur des questions influant sur leur bien-être financier », a déclaré le Secrétaire général de l’OCDE, Angel Gurría.

Les élèves chinois issus des provinces de Pékin, Shanghai, Jiangsu et Guangdong ont obtenu les scores les plus élevés, suivis de ceux de la Communauté flamande de Belgique, des provinces canadiennes, de la Fédération de Russie, des Pays-Bas et de l’Australie.

Les élèves ayant une bonne culture financière ont généralement également de bons résultats dans les évaluations du PISA portant sur la lecture et les mathématiques, alors que ceux qui ne possèdent que des compétences financières rudimentaires ont plus de risques d’obtenir des résultats médiocres dans les autres matières évaluées par le PISA. En moyenne dans les 10 pays et économies de l’OCDE participants, environ 38 % des scores obtenus en culture financière relèvent de facteurs ayant trait exclusivement aux compétences financières.

Les élèves plus avantagés sur le plan socioéconomique obtiennent des scores beaucoup plus élevés que ceux issus d’un milieu moins favorisé. De même que à statut socioéconomique équivalent, les élèves autochtones se classent mieux que les élèves immigrés, en particulier dans la Communauté flamande de Belgique, en Italie, aux Pays-Bas et en Espagne. En dépit du lien étroit entre la situation socioéconomique et les résultats des élèves, le soutien des parents ne suffit pas et les établissements pédagogiques ont un rôle à jouer pour assurer l’égalité des conditions.

En moyenne, dans les pays et les économies de l’OCDE ayant participé à l’enquête, 64 % des élèves gagnent de l’argent dans le cadre d’une activité formelle ou informelle, notamment en travaillant en dehors du temps scolaire ou en occupant un emploi informel occasionnel, tandis que quelques 59 % des élèves reçoivent une allocation ou de l’argent de poche.

L’enquête révèle en outre que 56 % des élèves sont titulaires d’un compte en banque, mais que près de deux tiers d’entre eux sont dépourvus des compétences nécessaires pour le gérer et ne savent pas déchiffrer un relevé de compte.

Une enquête menée en 2016 par un groupe d’assurances allemand soulignait que les Français arrivaient parmi les derniers en ce qui concerne les connaissances financières. Ainsi, dans le cadre de cette étude, cinq questions avaient été posées sur des thèmes comme les taux d’intérêt, l’inflation, la notion de risque et de rendement, ou encore, la diversification. Seuls 7 % des Français ont répondu correctement aux cinq questions. Arrivaient en tête les Autrichiens, les Allemands et les Suisses. Parmi les mauvais élèves figuraient les Italiens et les Portugais.

Les Français plus âgés possèdent une culture financière légèrement plus développée que les plus jeunes. Dans le détail, les thèmes les mieux maîtrisés par les Français, sont l’inflation (57 % de bonnes réponses) et les taux d’intérêts (73%). Le concept de risque et rendement (30 %) et de diversification (44 %) sont en revanche bien moins connus des Français.

Une étude plus ancienne du CRÉDOC et de l’Autorité des Marchés Financiers datant de 2011 soulignait l’importance des carences des Français en matière de culture financière. Néanmoins, les ressortissants de plusieurs autres grands pays n’obtenaient alors pas de meilleurs résultats.