6 mai 2017

Le Coin des tendances – 6 mai 2017

La génération 2014 de micro-entrepreneurs passée au crible

L’INSEE réalise des études longitudinales sur les auto-entrepreneurs qui depuis 2015 ont pris le nom de micro-entrepreneurs. Après avoir étudié la génération 2010, l’institut statistique français a décidé de passer au crible celle de 2014.

En 2014, le régime de l’auto-entrepreneur a séduit la moitié des créateurs d’entreprise, avec 283 500 immatriculations. Son succès s’est atténué en 2015 (43 % des créations de l’année). En 2009, année de sa création, le régime représentait 55 % des créations d’entreprises et avait même atteint 58 % à son apogée en 2010. Les trois secteurs les plus attractifs demeurent le commerce, les activités spécialisées, scientifiques et techniques (notamment le conseil pour les affaires et la gestion) et la construction.

En 2014, seuls 60 % des auto-entrepreneurs immatriculés au premier semestre ont réellement démarré leur activité économique avant la fin de l’année. Parmi ceux-ci, 19  % exercent dans les activités spécialisées, scientifiques et techniques (19 %), le commerce (16 %) et la construction (13 %). Parmi les auto-entrepreneurs ayant démarré leur activité en 2014, 54 % en font leur activité principale. Ils sont surtout présents dans le commerce (19 %), les activités spécialisées, scientifiques et techniques (17 %) ainsi que dans la construction (16 %). Quand un auto-entrepreneur devient actif dans le commerce ou la construction, c’est près de deux fois sur trois à titre d’activité principale. Pour les auto-entrepreneurs qui se lancent en activité principale, ce régime apparaît comme un moyen de créer leur propre emploi ; seulement 6 % d’entre eux exercent une autre activité rémunérée en 2014, contre 71 % de ceux démarrant en activité de complément. De plus, 54 % déclarent qu’ils n’auraient pas créé une entreprise sans ce régime, contre 71 % de ceux débutant en activité de complément. Ces proportions sont bien inférieures à celles de 2010 (environ 13 points d’écart).

La répartition par secteur des auto-entrepreneurs exerçant en activité de complément est très différente. Elle est en effet dominée par les activités spécialisées, scientifiques et techniques (22 %), loin devant le commerce (13 %), la construction ou l’enseignement (9 %). Dans les arts, spectacles et activités récréatives, comme dans l’enseignement ou l’information-communication, plus de 55 % des auto-entrepreneurs actifs exercent cette activité à titre complémentaire.

Des créateurs un peu plus créatrices

Entre 2010 et 2014, la part des femmes dans les immatriculations a augmenté de 34 % à 37 %, comme pour les créations d’entreprises individuelles classiques (34 % à 38 %). Elles sont encore davantage présentes parmi les projets concrétisés (41 % en 2014 après 37 % en 2010) car elles démarrent plus souvent leur activité (67 %) que les hommes (56 %). En revanche, le fait d’exercer une activité principale ou de complément n’est pas différencié selon le sexe.

Les femmes sont quasiment absentes du secteur de la construction (2 % des immatriculations en 2014), très minoritaires dans celui de l’information-communication (19 %), mais largement majoritaires dans la santé humaine-action sociale (78 %) et les autres services aux ménages (60 %). Pour les créateurs d’entreprises individuelles classiques de 2014, le taux de féminisation de ces deux secteurs est respectivement de 65 % et 58 %.

Âgés de 38 ans en moyenne à l’immatriculation, les auto-entrepreneurs de la génération 2014 sont légèrement plus jeunes que leurs prédécesseurs de 2010 ou que les créateurs individuels classiques de 2014 (39 ans). Les moins de 30 ans sont en effet plus présents parmi les auto-entrepreneurs immatriculés en 2014 (30 % après 27 % en 2010 et 25 % des créateurs individuels classiques de 2014).

Quand ils commencent une activité, les plus âgés en tirent plus souvent un revenu d’appoint (66 % des 60 ans ou plus) que leurs cadets (46 % des moins de 30 ans). De manière similaire, avoir de l’expérience dans le métier est un atout pour débuter son activité et générer un revenu d’appoint.

Les nouveaux inscrits de 2014 sont plus souvent qu’en 2010 des diplômés du supérieur, de deuxième ou troisième cycle (29 % après 24 %) ; 19 % demeurent sans diplôme qualifiant. Les diplômés du supérieur réussissent mieux à passer le cap du démarrage (65 %) que les créateurs sans diplôme qualifiant (52 %). Ces derniers exercent principalement dans le commerce et la construction quand les plus diplômés s’orientent davantage vers le secteur plus porteur des activités spécialisées, scientifiques et techniques. Lorsqu’ils deviennent actifs, les deux tiers des auto-entrepreneurs sans diplôme qualifiant le sont au titre d’une activité principale. Seuls la moitié des diplômés du supérieur sont dans ce cas : s’ils démarrent plus souvent leur activité, la plupart en tirent un revenu d’appoint

À l’inscription en 2014, les auto-entrepreneurs sont essentiellement des salariés du privé (38 %) et des chômeurs (28 %), loin devant les personnes sans activité professionnelle (15 % dont 5 % de retraités). Les auto-entrepreneurs devenus actifs présentent presque le même profil. En revanche, parmi eux, ceux qui font de leur projet leur activité principale sont plus fréquemment des chômeurs (42 %) et, logiquement, moins souvent des salariés du privé (24 %). Les proportions s’inversent pour une activité de complément, avec seulement 14 % de chômeurs contre 52 % de salariés du privé.

À leur immatriculation en 2014, 50 % des auto-entrepreneurs n’ont rien investi pour monter leur projet. C’est 5 points de plus que pour la génération 2010. De manière générale, les moyens investis sont plus modestes en 2014 qu’en 2010, aussi bien pour les auto-entrepreneurs que pour les créateurs individuels classiques. Cette tendance prévaut également pour les auto-entrepreneurs ayant débuté une activité, qu’elle soit principale ou de complément.

Les auto-entrepreneurs en activité principale engagent davantage de moyens financiers que pour une activité de complément : en 2014, 18 % des premiers ont investi au moins 4 000 euros contre seulement 7 % des seconds. Inversement, seuls 39 % des premiers avaient un capital nul contre 55 % des seconds. Les secteurs où la mise de fonds est le plus souvent nulle (l’enseignement, l’information-communication ainsi que les activités spécialisées, scientifiques et techniques) sont plus propices à fournir un revenu d’appoint.

Des créateurs plus aidés en 2014 qu’en 2010

Plus d’un tiers des auto-entrepreneurs inscrits en 2014 a bénéficié d’un dispositif d’aide publique. C’est 6 points de plus que pour la génération 2010. Au contraire, les projets des créateurs individuels classiques ont été moins souvent aidés en 2014 qu’en 2010. Le dispositif de loin le plus courant est l’aide aux chômeurs créateurs ou repreneurs d’entreprise (Accre) : 34 % des auto-entrepreneurs immatriculés en 2014 y ont eu recours (après 28 % en 2010) et 44 % des créateurs individuels classiques. Bénéficier d’une aide publique favorise le démarrage et l’orientation vers une activité principale. Parmi les auto-entrepreneurs ainsi aidés, 69 % sont devenus actifs (contre 55 % des autres) et les trois quarts d’entre eux exercent alors en activité principale.

Une clientèle essentiellement locale

Parmi les projets concrétisés en 2014, 62 % s’adressent à une clientèle locale ou de proximité et seuls 6 % ont une portée internationale. Parmi les auto-entrepreneurs en activité de complément, 41 % ont un seul ou deux clients contre seulement 27 % de ceux exerçant en activité principale et 13 % des créateurs individuels classiques. À l’opposé, les projets qui atteignent plus d’une dizaine de clients représentent moins d’un auto-entrepreneur sur quatre en activité de complément, mais plus d’un sur trois en activité principale, et six sur dix parmi les créateurs individuels classiques.

Des auto-entrepreneurs pas très connectés

En 2014, comme en 2010, seule une minorité d’auto-entrepreneurs joue la carte du web. Six auto-entrepreneurs actifs sur dix n’utilisent jamais les réseaux sociaux et n’ont pas de site Internet consacré à leur activité ; ceux qui démarrent en activité de complément sont 65 % dans ce cas contre 57 % en activité principale. La situation est similaire pour les créateurs d’entreprises individuelles classiques, dont 61 % sont absents à la fois d’Internet et des réseaux sociaux.

 

La COP 21 est – elle soluble dans la croissance des temps modernes ?

Les pays signataires du Traité de Paris sur l’environnement issu des travaux de la COP21 doivent pour respecter les objectifs climatiques diminuer les émissions de CO² près de 1,5 % par an. Or, pour le moment, nous sommes loin du compte car les émissions augmentent actuellement de 1 % par an.

Pour réduire les émissions de CO², deux solutions sont envisageables, soit améliorer l’efficacité énergétique ou réduire l’intensité carbone de la consommation d’énergie, soit diminuer la croissance.

Depuis 1990, des progrès indéniables ont été réalisés pour améliorer le contenu en énergie de la croissance. Il fallait, en 2016, à l’échelle mondiale 33 % de moins qu’en 1990 d’énergie pour obtenir un point de croissance. En revanche, le ratio des émissions de CO² par rapport à la consommation est resté stable sur la même période. Il a fortement baissé de 2003 à 2012 avant de remonter. Le recours croissant au charbon explique cette évolution. En outre, la consommation est de plus en plus réalisée par les populations des pays émergents qui sont des émetteurs croissants de CO². Avec la reprise de l’activité au sein de l’économie mondiale, les émissions de CO² sont orientées à la hausse. Leur croissance qui était nulle en 2015 a atteint près de 2 % l’année dernière.

Pour atteindre l’objectif de réduction des gaz à effet de serre, la croissance devra moins reposer sur l’augmentation rapide du capital entraînant une consommation accrue d’énergie. A défaut, une substitution rapide d’énergies propres aux énergies fossiles devra être menée. Pour respecter les engagements de la COP21, il faudrait que la part des énergies fossiles passe de 82 % en 2016 à 25 % en 2050 (à structure de consommation inchangée) ou à 33 % (avec le remplacement du charbon par le gaz naturel).

Pour le moment, malgré des efforts de diversification des sources d’énergie, la Chine et les pays émergents asiatiques connaissent une forte croissance de leurs émissions de CO².

Pour réellement modifier la tendance, il conviendrait de passer à un modèle de croissance reposant sur le progrès technique se caractérisant par une augmentation de productivité globale des facteurs. Une telle expansion permet une meilleure utilisation des facteurs de production et est donc économe en énergie. Si, entre 1983 et 2006, une partie substantielle de la croissance est venue du progrès technique, depuis la crise de 2008, la productivité globale des facteurs n’augmente que très peu. La baisse des gains de productivité qui concerne tant les pays avancés que les pays émergents est donc une mauvaise nouvelle pour l’environnement. La capacité à avoir une croissance vertueuse s’amoindrit. La recherche de gains de productivité est donc indispensable. Cela passe par un effort de recherche plus important centré notamment sur l’énergie afin d’améliorer le contenu de la croissance et afin de réduire les émissions des gaz à effet de serre.