6 juillet 2018

Le Coin des Tendances

Les migrations, un état des lieux en forme de défi

Les migrations de population sont multiples ; elles peuvent être internes à des zones économiques ou externes. Elles peuvent être fondées sur des considérations familiales, politiques, sociales, ethniques ou religieuses. L’augmentation de la population en Afrique dont le développement n’est pas assez rapide pour garantir à tous un emploi et la multiplication des zones de non droit occasionnent une forte progression du nombre de migrants. Internet en tant que source d’information incite de nombreuses personnes à tenter leurs chances. Le développement de filières tenues par des réseaux plus ou moins mafieux participe à cette croissance.

Plus de 20 millions de personnes se déplacent au sein de du continent africain avec à la clef des risques de déstabilisation de plusieurs États. De leur côté, les pays de l’OCDE, l’Amérique du Nord, l’Amérique latine, l’Europe, le Japon, l’Australie, la Corée du Sud et quelques autres pays développés en ont accueilli, en 2017, plus de 5 millions. Pour la première fois depuis 2011, ce nombre est en baisse de 5 % par rapport à 2016). Cette diminution s’explique par le recul du nombre de réfugiés en particulier à destination de l’Allemagne. L’année dernière 1,23 millions de réfugiés ont été comptabilisés contre 1,64 million en 2016. Ce chiffre est toutefois encore largement supérieur à ceux enregistrés avant 2015. Les trois premiers pays d’origine étaient l’Afghanistan, la Syrie et l’Irak.

En 2016, les États-Unis ont reçu le plus grand nombre de demandes d’asile dans l’OCDE (330 000 demandes), suivis de l’Allemagne (198 000). L’Allemagne a enregistré 1 million d’entrées de nouveaux immigrés permanents environ, soit une hausse de 50 % par rapport à 2015. Cette poussée tient en grande partie au nombre élevé de demandeurs d’asile qui sont arrivés dans le pays en 2015, mais ont obtenu le statut de protection internationale en 2016. Figure en 3e position, le Royaume-Uni avec un flux migratoire de 350 000 personnes en 2016. Suit le Canada avec près de 300 000 nouveaux résidents permanents (+7 % par rapport à 2015) qui a enregistré le plus grand nombre d’entrées depuis la Seconde Guerre mondiale. La France se classe en 5e position avec 260 000 nouveaux immigrés. Elle devance l’Australie (223 000) et l’Italie (212 000).

La migration familiale (regroupement familial) est la première cause d’entrée au sein des pays de l’OCDE. Elle représente presque 40 % des entrées à caractère permanent. Après avoir constamment baissé depuis 2010, cette catégorie est repartie à la hausse à partir de 2015. Le nombre de membres de familles accompagnant des travailleurs est assez stable depuis 2007 ; il s’est établi à 270 000 en 2016. Celui des migrants au titre du regroupement familial ou de la constitution de famille a progressé de 13 % en 2016 pour atteindre 1,6 million. Les États-Unis comptent, pour plus de la moitié, de la migration familiale à destination des pays de l’OCDE et sont à l’origine de la majeure partie de la hausse constatée dans l’OCDE en 2016.  Une forte augmentation du nombre de migrants nationaux a été constatée en Allemagne (+28 %), conséquence du nombre élevé des entrées d’immigrés ces dernières années. La Corée, la Norvège, les Pays-Bas, l’Espagne et le Canada comptent aussi parmi les pays de l’OCDE où cette catégorie de migration a fortement progressé.

Le nombre de migrants pour raisons humanitaires a, au sein de l’OCDE, dépassé 900 000 en 2016 en forte hausse par rapport à 2015 (+78 %). Ce nombre est le plus élevé jamais enregistré. Il représente près d’un cinquième des flux d’entrée. L’Allemagne a accueilli à elle seule près de la moitié des migrants humanitaires. Elle est suivie en la matière par les États-Unis (17 %), la Suède (8 %), le Canada (6 %) et de l’Autriche (3 %). L’immigration pour raisons humanitaires a été la principale catégorie de migration en Suède, où les réfugiés ont représenté 52 % des nouveaux immigrés, et en Finlande (36 %), et s’inscrit en deuxième place en Autriche, en Allemagne, en Norvège et aux États-Unis. Seuls le Danemark, le Royaume-Uni et la Suisse ont, en 2016, vu le nombre de migrants humanitaires se contracter.

Pour la première fois depuis 2007, les migrations de travail permanentes vers les pays de l’OCDE ont augmenté en 2016 (+3 %). Cette catégorie a représenté 10 % des flux de migration. L’amélioration de la conjoncture économique au sein des pays membres de l’organisation explique ce renversement. Les pays confrontés à des situations de plein emploi sont ceux qui ont enregistré les flux de migration de travail les plus importants. La plus forte hausse des entrées de travailleurs migrants a été observée en Allemagne (+23 000 travailleurs ressortissants de pays tiers). Le Japon, a accueilli près de 50 000 travailleurs étrangers permanents en 2016, soit 8 000 de plus qu’en 2015. Dans ce pays, ce flux représente 51 % de l’immigration totale. En Australie, au Canada, au Mexique et en Nouvelle-Zélande, les migrations de travail comptent pour 25 % du total environ. En revanche, en Italie et en Espagne qui connaissent toujours un fort taux de chômage, le nombre de travailleurs migrants ressortissants de pays tiers a diminué de respectivement 8 000 et 6 000 personnes.

Les migrations de travail temporaires entre pays de l’OCDE et à destination de ces derniers ont concerné quelque 4,2 millions de personnes en 2016, chiffre en hausse de 11 % par rapport à 2015. Dans l’Union européenne, le nombre de travailleurs ressortissants de l’Union envoyés par leur employeur dans d’autres pays de l’Union dans le cadre de contrats locaux (travailleurs détachés) a atteint près de 2,2 millions en 2016, chiffre en progression de 8 % par rapport à l’année précédente.

3.3 millions d’étudiants en mobilité internationale étaient inscrits, en 2016, dans l’enseignement supérieur dans un pays de l’OCDE, soit 8 % de plus que l’année précédente. Les tendances récentes aux États-Unis indiquent toutefois une forte baisse du nombre de permis d’étudiant en 2016 (-27 %). En moyenne, les étudiants en mobilité internationale représentent 9 % du nombre total d’étudiants inscrits dans les établissements d’enseignement supérieur des pays de l’OCDE. Ce taux atteint 24 % pour ceux inscrits à des programmes de doctorat.

Le taux d’emploi des immigrés a augmenté d’un point de pourcentage en 2017, pour s’établir à 67,1 %. Leur taux de chômage moyen a lui diminué d’un point de pourcentage, à 9,5 %, et l’écart moyen de taux de chômage de la population immigrée et celle de l’ensemble de la population active de l’OCDE est de 3 points de pourcentage en 2017. L’augmentation de la croissance et le recul du chômage qui en a résulté contribuent au resserrement de l’écart. Pour l’immigration de travail, le durcissement des conditions d’entrée explique également l’amélioration du taux d’emploi. Aux États-Unis, pour la première fois ces dernières années, les taux d’emploi des migrants mexicains et africains ont surpassé ceux des migrants asiatiques respectivement de 1 et 3 points de pourcentage. En revanche, le taux d’activité reste faible pour les migrants demandeurs d’asile. Pour l’ensemble des pays européens, l’impact relatif de l’afflux récent de réfugiés sur la population active est estimé à moins de 0,25 % d’ici décembre 2020.

Plus d’un million d’immigrés en situation illégale pourraient se maintenir au sein de l’Union européenne et occuper ainsi des emplois illégaux. Ce type d’emploi est plus fréquent dans l’agriculture, la construction, les industries manufacturières et les services domestiques.

La population africaine est amenée à doubler d’ici 2050 pour atteindre plus de 2,5 milliards d’habitants. Ce nombre pourrait être de 4 milliards en 2100. Les moins de 18 ans représentent plus de 40 % de la population africaine. Sans une très forte croissance, les migrations ne peuvent que s’accroître. La déliquescence de certains États africains favorise la constitution de groupes armées qui disposent d’importants viviers pour le recrutement. La déstabilisation politiques de certaines régions contribue également aux migrations. La question africaine constitue donc pour l’Europe un défi important. Au vu de son ampleur, la réponse ne peut être que communautaire.

 

Les solidarités intergénérationnelles sont plurielles

En vertu des articles 205 et suivants du Code civil, tout enfant doit aider ses parents dans le besoin, selon ses capacités financières et les besoins des bénéficiaires. Cette obligation peut être invoquée par le ou les parents à qui elle est due, mais aussi par les collectivités chargées de l’aide sociale et les hôpitaux (art. L. 6145-11 du code de la santé publique). C’est au nom de ce principe que les collectivités sont en droit de récupérer sur succession les sommes dépensées au moment d’une éventuelle dépendance. Dans les faits, aujourd’hui, ce sont les retraités qui sont amenés à aider financièrement ou logistiquement leurs enfants et leurs petits-enfants. Près d’un tiers des retraités sont amenés, au-delà des cadeaux liés aux anniversaires et aux fêtes de fin d’année à aider financièrement un membre de leur famille non-retraité, essentiellement enfants et petits-enfants. 14 % des non-retraités aident également leurs aînés. Parmi les retraités les plus aisés, près de 40 % affirment effectuer des donations, principalement au sein de la famille. Plus de la moitié de ceux gagnant 3 500 euros net par mois en ont réalisé une contre près d’un quart pour ceux vivant avec moins de 2 500 euros. Afin de venir en aide à leur famille, les retraités maintiennent un effort d’épargne. Ils sont ainsi 55 % (enquête du Cercle de l’Épargne – Amphitéa – AG2R LA MONDIALE) à continuer d’épargner pour améliorer leur pension. Parmi les motivations, figurent la possibilité d’aider ses proches, le financement des dépenses de santé et de dépendance et la constitution d’un patrimoine pour ses enfants.

Le soutien des retraités n’est pas que monétaire. Ils interviennent surtout de manière gratuite en gardant les petits-enfants après l’école ou durant les vacances. Ils sont souvent appelés à l’aide pour des travaux de bricolage. Leur rôle est d’autant plus important qu’ils vivent à proximité de leurs enfants. Quand le trajet entre le domicile des parents et celui de leurs enfants dépasse 30 minutes, leur soutien diminue fortement (écart de 34 points).

Selon la direction des études du Ministère des Solidarité et de la Santé, les grands-parents effectuent 16,9 millions d’heures de garde par semaine auprès des enfants de moins de 6 ans, 70 % des enfants de moins de 6 ans sont gardés au moins occasionnellement, d’après leurs parents, par un membre de la famille dans neuf cas sur dix par les grands-parents.

Les interventions des grands-parents peuvent être de nature très diverse. Trois grandes catégories d’aides sont distinguées : les recours réguliers, qui s’inscrivent dans le cadre de l’organisation hebdomadaire de la garde de l’enfant (« organisation régulière »), les recours ponctuels, motivés par des contraintes imprévues de l’organisation quotidienne (« dépannage ») et les recours occasionnels (« vacances et week-ends »), motivés en partie par le souhait de créer du lien entre les jeunes enfants et les grands-parents ou par le manque d’autres modes de prise en charge durant ces périodes de l’année. Au regard de l’étude du Ministère des Solidarité et de la Santé, les grands-parents interviennent essentiellement durant les vacances, 64 % des grands-parents s’occupant de leurs petits-enfants sont ainsi sollicités. Néanmoins, les grands-parents sont également appelés à l’aide au cours de l’année sur le mode du dépannage (63 % des grands-parents s’occupant de leurs petits-enfants concernés. En revanche, seuls 28 % sont amenés à garder de manière organisée leurs petits-enfants. 8 % des enfants de moins de 6 ans sont confiés aux grands-parents à la fois de façon régulière, en dépannage et pour les vacances.

Le recours aux grands-parents dépend aussi de la situation professionnelle des mères. Si elles sont actives, cadres et diplômées de l’enseignement supérieur, la probabilité que les enfants soient gardés par les grands-parents est forte. Les grands-parents ont par ailleurs plus de chances d’être sollicités sur une base régulière dans les ménages monoparentaux. Durant les vacances, l’intervention des grands-parents est dictée tout à la fois par des considérations de liens familiaux et d’absence de structures publiques d’accueil ainsi que par des motivations financières.