5 décembre 2020

Le Coin des tendances

De la rareté à l’hyperinflation de l’information

L’information a longtemps été une valeur rare et bien souvent sous contrôle. La transmission des nouvelles se faisait de manière orale. Les premiers textes écrits signifiant la possibilité de stocker des données datent de 5000 ans avant Jésus Christ, en différents endroits du globe, en Mésopotamie, Égypte et un peu plus tard en Chine. Certains spécialistes évoquent une possible apparition de l’écriture, sur des rouleaux d’écorces, il y a plus de 20 000 ans. Les fresques de Lascaux qui datent de 15 000 ans avant Jésus Christ, visaient à transmettre des informations sur la chasse mais, en revanche, elles n’étaient pas mobiles. Les manuscrits se développent certainement à partir du Ve siècle avant notre ère en utilisant les papyrus, les parchemins ou le tissu. Les informations et les savoirs étaient de la compétence des religieux. De nombreux moines étaient des copistes qui travaillaient notamment à la diffusion des textes sacrés. Si les nobles, les seigneurs avaient comme mission de protéger, de défendre les terres et les habitants, le clergé était en charge de l’éducation, fonction qui demeure encore aujourd’hui à travers les écoles privées. Les cérémonies religieuses permettaient de passer des messages Les vitraux dans les églises honorent les saints, et les corporations ayant participé à l’édification de ces dernières tout en distillant des consignes pour le travail des champs ou pour les artisans. Une compétition entre le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel au niveau de la délivrance de l’information et du contrôle des âmes s’est installée en Europe dès le Moyen Âge. Il n’en demeure pas moins que les religieux avaient bien souvent le monopole de la formation des princes. 

Au sein d’une population où un infime minorité savait lire et écrire, la transmission des informations est restée avant tout orale jusqu’au XVIIIe siècle. Les pouvoirs laïques et religieux se méfiaient alors des colporteurs de mauvaises et de fausses nouvelles. Les vagabonds, des représentants de commerce, les marchands, les marins et les soldats qui étaient autant de vecteurs d’informations pouvant potentiellement déstabiliser les populations, étaient surveillés.

Le développement de l’imprimerie en 1450 en Europe avec Gutenberg, qui est certainement intervenue en Asie entre le VIIème et le Xème siècle, constitue une rupture nette dans la diffusion des connaissances et de l’information. A la fin du XVème siècle, on a imprimé environ 25 000 titres, ce qui correspond, avec des tirages à 500 exemplaires, à douze millions de livres.  200 millions de livres sont imprimés, en Europe au XVIème siècle, 500 millions au XVIIème et un milliard au XVIIIème siècle. Les imprimeries nécessitent alors des capitaux importants, ce qui limite leur multiplication. Le travail des ouvriers imprimeurs est difficile et exige des connaissances précises. Les compagnons imprimeurs forment une véritable caste. La maîtrise du latin est nécessaire, de même que la typographie qui sera au cœur de la société de la communication jusqu’à l’arrivée du numérique.

Avec l’essor de l’écrit, la proportion d’illettrés diminue rapidement. En France, elle passe de 65 % en 1730 à 50 % en 1800 pour descendre à 10 % sous la IIIe République. Le passage de l’oral à l’écrit comme moyen de transmission du savoir est concomitant avec la scolarisation croissante des enfants.

En matière de diffusion de l’information, l’autre révolution provient de l’essor de la presse écrite. Le premier journal imprimé en France est La Gazette qui paraît en 1631, à Paris. Il a été créé par Théophraste Renaudot. Il existe encore, aujourd’hui, sous le nom des Petites Affiches. Pour éditer et distribuer un journal, une autorisation royale était nécessaire que Renaudot avait obtenue après une intervention personnelle de Richelieu. Au cours du XVIème siècle, plusieurs publications sont réalisées. Elles relatent les batailles, les visites de dirigeants étrangers et quelques faits divers. La censure pouvait être tout à la fois religieuse et politique. Louis XIV ne se privait pas d’empêcher la publication de livres. Le parlementaire, Denis de Sallo, pourtant chargé par Colbert de rédiger l’hebdomadaire Journal des Sçavans en 1665 fut remercié en 1666 pour avoir critiqué le pape et un écrivain protégé. Malgré ce contrôle étroit, les libelles et les pamphlets se multiplièrent à partir du XVIe siècle en lien avec la Renaissance qui donne lieu à un foisonnement d’idées, et la guerre des religions.

Durant la période révolutionnaire, de nombreux journaux furent créés. Les difficultés financières et le retour de la censure en réduirent assez rapidement le nombre. Napoléon fut un des premiers dirigeants à comprendre et à exploiter la puissance de la presse. Durant la campagne d’Italie, il faisait écrire des comptes-rendus de ses batailles qui étaient expédiés en flux tendus pour diffusion à Paris. Par ailleurs, il écrivait fréquemment en recourant à des pseudonymes dans le journal Le Moniteur fondé en 1789 par Charles-Joseph Panckoucke.

Le XIXème siècle est marqué par une série d’innovations qui modifie en profondeur la transmission des informations. Ainsi, en 1836, Charles Wheatstone crée le premier télégraphe électrique entre Londres et Birmingham, ce qui permet le développement des agences de presse et favorise l’émergence d’une presse quotidienne. Cette même année, Emile de Girardin invente la publicité pour financer le journal « La Presse ». En 1845, l’agence Havas grâce au réseau de Claude Chappe peut émettre et recevoir des informations dans 30 villes en France. La rotative est créée cette même année par l’Américain Richard M. Hoe ; elle permet d’imprimer des dizaines de milliers de quotidiens en une nuit et de faire baisser le coût unitaire de l’édition. La distribution des journaux est amplement facilitée par l’essor du chemin de fer. En 1851, un premier câble sous-marin est installé entre la France et l’Angleterre améliorant le transfert de données entre les deux pays.

A partir de la deuxième partie du XIXème siècle, la liberté de la presse progresse partout en Europe. En France, sous le Second Empire, les décrets du 24 novembre 1866 et 9 janvier 1867 suppriment en particulier l’autorisation préalable. Cette ouverture favorise l’éclosion de nombreux journaux français, certaines publications scientifiques ou littéraires devenant politiques, et des hebdomadaires passant à une publication quasi-quotidienne. La liberté de la presse sera consacrée avec la loi du 29 juillet 1881 affirmant que « l’imprimerie et la librairie sont libres ». Cette loi réglemente l’affichage, le droit de réponse et la diffamation. L’organisation de la profession de journaliste se met en place avec la création de l’Association de la presse républicaine départementale en 1879, suivie en 1880 de l’Association syndicale professionnelle des journalistes républicains français. En 1886, elle cède la place au Syndicat des journalistes français.

La liberté de la presse peut connaître de vicissitudes. Ainsi, en 1893, la vague des attentats anarchistes entraîne l’interdiction des titres de presse libertaires, dont Le Père Peinard et La Révolte. La censure sera également de retour durant les deux conflits mondiaux.

L’avènement de la radio

L’information connaît une mutation importante avec l’arrivée de la radio. Ce nouveau support de communication est lié aux découvertes réalisées à partir du milieu du XIXe siècle sur les ondes électromagnétiques. En 1893, le professeur Alexandre Popov de Saint-Pétersbourg, découvre le principe de l’antenne permettant des liaisons radio à grande distance. En 1895, Guglielmo Marconi expérimente les premières liaisons hertziennes qui est un des inventeurs de la radio.

La radio est sur le point de prendre son essor juste avant la Première Guerre mondiale. En mai 1914, en Belgique, dans une annexe du château d’Albert 1er à Laeken, une  radio diffuse des émissions de manière régulière. La station fut dynamitée sur ordre du roi au début de la guerre pour éviter qu’elle ne passe aux mains des Allemands.

En France, en décembre 1921 Radio Tour Eiffel diffuse un premier concert. Au Royaume-Uni, la BBC est fondée en 1922. Aux Etats-Unis, en 1925, la radio est utilisée pour la première fois pour une campagne électorale par le candidat Herbert Hoover. En 1930, les premiers autoradios apparaissent.

La radio devint un outil de propagande pendant la Seconde Guerre mondiale se démocratise après 1945 avec le déclassement de milliers d’émetteurs et de récepteurs militaires. Rapidement, les récepteurs deviennent « tous courants », sans transformateurs. Ils sont plus légers. A partir de 1954, les premiers postes à transistor sont vendus permettant d’écouter la radio partout. L’information devient immédiate. Les directs deviennent possibles. C’est un changement important dans la perception de l’information. Les pouvoirs comme auparavant avec la presse écrite encadrent la radio qui, par ailleurs, nécessite des moyens importants. En France, l’Etat dispose du monopole de la diffusion. Les stations privées comme RTL, RMC ou Europe 1 émettent depuis l’étranger. La liberté de création des radios sera accordée en 1981 par François Mitterrand. Après une phase de liberté totale aboutissant à une saturation des fréquences, un système d’autorisation d’émettre est institué en 1983.

La télévision, quand l’image se joint au son

La transmission d’images à distance repose sur une série d’inventions qui interviennent des années 1870 aux années 1920. En 1900, lors du Congrès international d’électricité qui a lieu à Paris dans le cadre de l’Exposition universelle, l’ingénieur russe Constantin Perskyi présente une communication appelée « Télévision au moyen de l’électricité » qui est la première apparition du terme en français. En 1926, l’Écossais John Logie Baird effectue, à Londres, la première retransmission publique de télévision en direct. En 1927, le gouvernement Poincaré crée le service de radiodiffusion, rattaché aux PTT. En 1935, le ministre des PTT Georges Mandel, inaugure la première émission officielle  de la télévision française. Dès 1937, la télévision publique émet des émissions quotidiennes françaises entre 20 heures et 20 heures 30. Une centaine de personnes peuvent les recevoir. Toujours, en 1937, le couronnement du roi George VI est retransmis en direct par la BCC. En 1953, plus de 20 millions de Britanniques suivent en direct le couronnement d’Élisabeth II. Des centaines de millions de personnes ont, regardé les premiers pas de l’homme sur la lune en 1969.

La télévision en pouvant relater en direct les images et le son a modifié la perception du monde par les téléspectateurs. Avec des taux d’équipement qui atteint plus de 90 % dans les pays avancés, la télévision est devenue le moyen de communication numéro un à partir des années 1970. Les chaines d’information continue aux Etats-Unis puis en Europe apparaissent dans les années 1980/1990 (LCI est lancée en 1994). La diffusion de l’information s’accélère. Ces chaines permettent aux téléspectateurs de vivre en direct toute une série d’évènements, que ce soit la première guerre du Golfe ou les attentats du World Trade Center.

Par les moyens techniques qu’elle exige, la télévision a fait l’objet d’un contrôle politique ou économique au sein d’un très grand nombre de pays à travers le processus d’attribution des fréquences. La mise en place d’autorité de régulation permet également de créer un cadre pour l’expression des opinions. En France, les temps de paroles entre majorité, gouvernement et opposition sont répartis selon une grille connue de tous.

Les hommes et femmes politiques ont mis du temps à s’adapter à la télévision. En France, cette adaptation est réellement intervenue avec Valéry Giscard d’Estaing. L’information distillée est restée assez conventionnelle jusque dans les années 1990. Les journaux télévisés, notamment le 20 heures, demeurent un rendez-vous incontournable. De grandes émissions comme « l’Heure de Vérité » ou « 7 sur 7 » permettent aux hommes et femmes politiques de débattre durant un temps long comme ils le font à la radio ou à travers d’interview dans la presse écrite. Les canons de la communication publique explosent avec la multiplication des chaines, la téléréalité ainsi qu’avec l’abolition des frontières entre le divertissement et l’actualité.

Internet, le média total

Le développement d’Internet a complètement bouleversé le monde des médias en supprimant la frontière entre émetteurs et récepteurs. L’équipement des ménages en smartphones a été beaucoup plus rapide que pour la télévision. Par nature mobile, ils permettent d’être connectés 24 heures sur 24 partout ou presque. 85 % des Français ont un abonnement Internet et plus de 90 % un téléphone portable.

Avec les réseaux sociaux, toute personne peut produire du texte, du son et des images et les diffuser quand elle le souhaite. L’intermédiation qui était de mise avec la presse écrite, la radio ou la télévision a disparu toute comme les frontières, du moins pour les pays qui n’établissent pas de restrictions dans la circulation de l’information. Le crible passe par les communautés et les algorithmes. Les informations qui sont retransmises sur les pages des réseaux dépendent des recherches sur Internet de leur titulaire et de la communauté de leurs amis. Ce prisme réduit a priori l’ouverture sur l’extérieur et est accusé de conforter les opinions. L’immersion dans la société d’information et de désinformation est totale et sans précédent. La violence verbale qui après la Seconde Guerre mondiale avait reculé reprend ses droits. Sous couvert d’anonymat ou pas, les internautes peuvent commenter et diffamer, sans crainte ou presque d’être poursuivi. Les plateformes tentent de mettre des filtres et des règles pour limiter les dérives. L’assassinat de Samuel Paty a montré les limites du système. Aujourd’hui, un réseau social comme twitter peut censurer ou apprécier la valeur d’une information fournie par un responsable politique. Le diffuseur devient ainsi un organe de presse tout en s’affranchissant des règles en vigueur pour ce secteur d’activité.

Avec le développement des smartphones, les évènements (manifestations, concerts, réunions politiques) peuvent être retransmis en direct tout comme des faits privés. L’intimité a disparu. Les autres médias ont été contraints de suivre le mouvement en jouant de plus en plus sur l’instantanéité et le voyeurisme. Tout s’affiche, la vie privée comme publique. Le réseau Facebook héberge 240 milliards de photos ; 350 millions sont téléchargées chaque jour. Snapchat, le service mobile permettant de partager des photos pendant une durée limite, enregistre-lui 150 millions de nouvelles images téléchargées tous les jours! C’est trois fois plus qu’en décembre 2012. Chaque mois, 1,5 milliard d’utilisateurs regardent des vidéos sur YouTube. Ils le font en moyenne 1h par jour, soit 1,5 milliard d’heures passées chaque jour à voir des vidéos. Chaque jour, plus de 600 000 heures de vidéos sont ajoutés sur ce réseau. La montée des données échangées est exponentielle. Toutes les vies sont réduites à des données transmises et exploitées (géolocalisation, les données de surf sur Internet, les paiements par carte ou en ligne, les liens avec les autres Internautes, etc.). Avec le développement facilité par la diffusion de la 5G des objets connectés et des voitures autonomes, le nombre de données connaîtra un nouvel essor dans les prochaines années.

Un zettaoctets correspond à un milliard de téraoctets.

Cercle de l’Epargne – données Statistica Digital Economy Compass 2019

Les réseaux sociaux, les sites en ligne et les blogs ont modifié, en profondeur, l’accès à l’information. Il s’est individualisé, chacun pouvant se faire son programme, voire le créer. La segmentation est extrêmement fine avec une montée du communautarisme. Les jeunes générations regardent de moins en moins la télévision au profit des médias en ligne. Pour capter cette population, les hommes politiques sont de plus en plus présents sur Internet. Le Président de la République, Emmanuel Macron, a ainsi été interviewé par le site « Brut » après avoir fait un vidéo sur « Tik Tok ». A l’image de Donald Trump, les responsables politiques recourent de plus en plus à Twitter pour diffuser leurs appréciations à défaut de leurs analyses. L’information est plus « brute de décoffrage ». Sa rémanence est également plus faible. Faute de régulation, la violence semble avoir libre cours sur les nouveaux médias. Les pouvoirs publics sont aujourd’hui pris dans de difficiles contradictions entre liberté de l’information et respect de la personne comme le prouve la discussion de l’article 24 du projet de loi sur la sécurité globale.

En guise de conclusion, quelques réflexions émanant de Valéry Giscard d’Estaing et qui datent de l’an 2000 mais qui restent d’actualité « Les Français sont passés d’un relatif silence à un tapage sonore et visuel. Imaginons la vie d’un paysan ou d’un ouvrier français au milieu du XIXème siècle et essayons de compter le nombre de mots qu’il entendait dans une journée. Quelques mots durant le travail, au café, à son retour du travail mais aucun mot pendant les repas ou presque. Aujourd’hui, chez lui, dès son réveil, durant ses déplacements, au travail, puis à son retour, une pluie drue de mots. En cent ans, nos compatriotes ont quitté le silence ancestral pour une présence et une pression sonores quasi ininterrompues. Les médias exercent une influence considérable perçue ou non perçue, consciente ou non consciente ».

Le cœur des métropoles, l’emploi et les revenus

Les grandes agglomérations françaises se sont développées ces trente dernières années en lien avec la tertiarisation des activités. 80 % de la population française vit en milieu urbain.

En France, les emplois sont concentrés au cœur des agglomérations quand les logements tendent à se trouver en périphérie. Ainsi, le centre des agglomérations regroupe la moitié de la population et les deux tiers des emplois. La commune centre des agglomérations concentrent, en moyenne 42 % des emplois. Au cœur des agglomérations, il y a 157 emplois pour 100 habitants d’âge actif ; dans les communes de la première périphérie, il y a autant d’emplois que d’habitants. En revanche, dans les couronnes résidentielles, 67 emplois sont dénombrés pour 10 habitants d’âge actifs.

Plus de quatre ménages sur cinq vivant en couronne habitent dans une maison individuelle

Le choix d’habiter en couronne périphérique obéit à des critères de prix et de surface. Une partie des ménages opte pour la périphérie pour améliorer leurs conditions de logement même si cela occasionne de longs temps de transports pour aller au travail. En France,  plus le logement est éloigné du cœur de l’aire urbaine, plus son prix baisse. Aux Etats-Unis, hormis pour les grandes métropoles, ce phénomène n’est pas aussi net. Le niveau des prix des appartements à Paris est environ deux fois plus élevé que dans les départements de petite couronne, et trois fois plus élevé que dans les départements de grande couronne. En revanche, le parc locatif social est plus développé dans les pôles (dont 21 % des résidences principales sont des HLM), ce qui permet à des ménages plus modestes de se loger au centre. La proportion de ménages habitant dans une maison individuelle augmente avec l’éloignement de la ville centre. 31 % des ménages des communes-centres vivent en maison individuelle, contre 82 % des ménages des couronnes. Dans les petites aires urbaines, 75 % des habitants vivent en maison individuelle. Si les pouvoirs publics, au nom de la densification du territoire et afin de réduire l’artificialisation des sols, encouragent à la réalisation de logements locatifs, les Français continuent à aspirer à acquérir une maison individuelle. La taille des logements est fonction de l’éloignement de la ville centre. Au cœur des agglomérations, seules 64 % des résidences principales font 60 m² ou plus, contre 87 % dans les couronnes.

Dans les communes-centres, les personnes seules sont nettement surreprésentées parmi les personnes de 15 ans ou plus vivant dans un ménage (29 % contre 17 % sur le reste du territoire), en particulier chez les moins de 30 ans (7 % dans les communes-centres contre seulement 2 % sur le reste du territoire). Ayant besoin de logements plus grands, les personnes vivant dans une famille constituée d’un couple avec enfants sont moins présentes dans les communes-centres (29 %) que dans les autres communes en pôle (40 %) et dans les couronnes (42 %). Dans certaines aires, les membres de ces familles sont encore moins présents dans les communes-centres : à Rennes ou à Toulouse, ils représentent 24 % des personnes de 15 ans ou plus vivant dans un ménage. Le poids de la population étudiante peut expliquer cette surreprésentation des célibataires dans ces villes.

Pour les personnes vivant en couple sans enfant, la situation dépend de l’âge. En deçà de 45 ans, elles sont un peu plus concentrées dans les pôles (7 % des personnes de 15 ans ou plus vivant dans un ménage contre 5 % hors des pôles). En revanche, au-delà de 45 ans, elles sont au contraire nettement plus présentes dans les couronnes des aires (28 %) que dans les pôles (19 %). La proportion des personnes vivant dans une famille monoparentale diffère peu selon la catégorie de la commune de résidence. Ces personnes, aux conditions de vie souvent plus précaires, sont toutefois un peu plus présentes dans les pôles (11 %) où les logements sociaux sont plus nombreux, que dans les couronnes des aires ou dans les communes hors attraction des villes (8 %). C’est également le cas pour celles qui vivent dans un ménage composé de plusieurs personnes sans lien familial, mode de cohabitation correspondant typiquement à des étudiants en colocation (5 % dans les communes-centres contre 3 % sur le reste du territoire). Les 15-29 ans, souvent étudiants ou jeunes actifs, sont particulièrement présents dans les pôles des aires, dont ils représentent 21 % des habitants (pour une moyenne nationale à 18 %).

Compte-tenu de la localisation plus centrale de leurs emplois, les cadres et professions intellectuelles supérieures sont fortement représentés parmi les personnes vivant dans les pôles-cœurs 12 % des habitants quand ils représentent 9 % de l’ensemble de la population. Dans les aires de 700 000 habitants, plus, 20 % des habitants des communes-centres sont des cadres, tout comme 15 % des personnes résidant dans la première couronne. Six aires de 700 000 habitants ou plus comptent plus de 12 % de cadres parmi leurs habitants, Paris, Toulouse, Grenoble, Nantes, Lyon et Rennes. Dans la périphérie des grandes villes, d’importantes distorsions sont constatées. Ainsi, si à Dreux, seulement 5 % de la population sont cadres, ce taux est de 20 % à Rambouillet. Dans la couronne de Lyon, Villefranche-sur-Saône accueille 7 % de cadres, contre 18 % dans la commune de Genas. Les ouvriers ont une localisation moins centrale, les pôles d’emploi industriels étant souvent situés en périphérie. Au niveau national, ils représentent 11 % des habitants des cœurs urbains, 14 % de ceux des couronnes et 15 % de ceux des communes hors attraction des villes. Plus l’agglomération est grande, moins les ouvriers sont présents en son cœur. Les employés sont représentés de façon homogène dans toutes les catégories de commune, quelle que soit la taille de l’aire, avec une présence moindre dans les communes-centres des aires de 700 000 habitants ou plus. Les professions intermédiaires sont légèrement moins représentées parmi les habitants des pôles que parmi ceux des couronnes, et leur part dans l’ensemble des habitants décroit avec la taille de l’aire.

Plus une aire est grande, plus la proportion de personnes vivant dans un ménage ayant un niveau de vie modeste ou médian diminue, et plus la proportion de personnes vivant dans un ménage ayant un niveau de vie plutôt aisé ou aisé augmente. La part de personnes aisées parmi les habitants des aires de 700 000 habitants ou plus est nettement plus élevée (15 %), que dans les aires plus petites (moins de 9 %). Cela s’explique notamment par la forte concentration des cadres dans les plus grandes aires. Dans quatre aires, toutes transfrontalières avec la Suisse ou en bordure de la frontière helvète, la situation est encore plus marquée. La région d’Annecy, l’aire de Morteau et des parties françaises des aires de Lausanne, Bâle-Saint-Louis et Genève-Annemasse se caractérisent par une présence importante de personnes à hauts revenus. La proportion de personnes figurant parmi les 10 % les plus aisés de France dépasse 25 %. Elle atteint même 33 % pour le territoire de Genève-Annemasse.