25 août 2023

Le Coin des tendances – Allemagne – boulangerie – BRICS

LE COIN DES TENDANCES 

« De brics et de broc »

Le club des Brics qui rassemble des pays émergents a admis six nouveaux membres l’Arabie Saoudite, l’Argentine, les Emirats d’Arabe Unis, l’Iran, l’Egypte et l’Ethiopie. Ces pays rejoignent la Chine, la Russie, l’Inde, l’Afrique du Sud et le Brésil. L’objectif est clair est de constituer un contrepoids au G7 et peser sur le cours de l’économie mondiale. A compter du 1er janvier 2024, les BRICS rassembleront 3,7 milliards d’habitants soit 45 % de la population mondiale, contre 775 millions d’habitants pour le G7 qui réunit l’Allemagne, le Canada, les Etats-Unis, la France, l’Italie, le Japon et le Royaume-Uni. En matière de PIB, les pays du G7 conservent un avantage, 43 000 milliards de dollars contre 30 000 pour les BRICS. La dynamique est en revanche en faveur des seconds. En 1975, les pays du G7 représentaient plus des deux tiers du PIB mondial contre 43 % en 2022. Dans le même temps, le PIB des BRICS est passé de 5 % du PIB mondial (pays initiaux) à 30 %. En revanche, l’écart en matière de PIB par habitant demeure élevé, le rapport étant de 1 à près de 4. Au niveau du commerce mondial, les BRICS sont devenus incontournables et font jeu égal avec les pays occidentaux. La Chine est devenue en quelques décennies la première puissance commerciale mondiale. L’Arabie saoudite, les Emirats Arabes Unis et la Russie sont les principaux exportateurs d’énergies fossiles. En concentrant un grand nombre d’usines, les onze pays émergents figurent parmi les principaux émetteurs de gaz à effet de serre, 22 millions de tonnes équivalent pétrole en 2022, contre quelque 9 millions de tonnes équivalent pétrole pour le G7. Ces émissions sont en partie réalisées pour le compte des pays importateurs. Il n’en demeure pas moins que la transition énergétique est un défi majeur pour ces pays.

Les BRICS se distinguent des pays du G7 par leur hétérogénéité. Ils rassemblent des Etats autoritaires comme la Chine ou la Russie et des démocraties comme l’Inde, le Brésil ou l’Afrique du Sud. Ce bloc comprend des Etats à forte imprégnation religieuse comme l’Iran ou l’Arabie saoudite. Les Etats membres de ce groupe entretiennent parfois des relations complexes. L’Inde et la Chine ont de nombreux différends qui dans le passé se sont traduits par de nombreux incidents militaires. L’Iran et l’Arabie saoudite, la première étant chiite et la seconde sunnite, ont longtemps entretenu de mauvaises relations. Ces deux pays se sont opposés indirectement au Yémen. Si la Chine, le Brésil et dans une moindre mesure le Brésil sont des pays ayant une industrie puissante, il n’en est pas de même pour l’Egypte, l’Afrique du Sud ou la Russie. Les niveaux de vie diffèrent de manière plus importante qu’au sein du G7. Entre l’Egypte, l’Ethiopie et le Brésil, les écarts de niveau de vie sont élevés. Le point de convergence de ces pays est actuellement leur défiance à l’encontre des pays occidentaux et la volonté de promouvoir un autre ordre mondial moins dépendants des Etats-Unis. Sur ce terrain, des nuances existent également. Si la Russie est en opposition totale à l’Occident depuis le début de la guerre en Ukraine, les autres pays sont plus prudents. La croissance de l’Arabie Saoudite, des Emirats Arabes Unis, de l’Ethiopie, de la Chine et de l’Inde dépend des importations du G7. L’Egypte a besoin des aides occidentales en particulier pour assurer sa sécurité. L’Arabie Saoudite souhaite s’affranchir de la tutelle américaine mais sans pour autant casser les liens. En face, les pays du G7 partagent un même idéal démocratique et sont membres des mêmes alliances militaires. Ils ont montré leur unité lors de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

La montée en puissance des pays émergents et leur volonté de peser sur les rapports de force géopolitique est assez logique. L’absence de cohérence du groupe et les intérêts divergents constituent des freins à son affirmation.

L’Allemagne, touchée mais pas coulée !

Les années 2010 furent une décennie d’or pour l’Allemagne avec à la clef l’absence de chômage, des excédents commerciaux sans précédent et une croissance supérieure à celle de ses partenaires. Depuis la crise covid, le modèle allemand qui repose sur l’industrie et les exportations s’enraye. Les échanges avec la Chine qui est devenue son premier client sont remis en cause avec la multiplication des sanctions commerciales et par le ralentissement de la croissance de ce pays. L’industrie est confrontée à la montée des prix de l’énergie et des matières premières. Cette dernière doit, en outre, gérer le défi de la transition énergétique.

Quelques années après été qualifiée d’Etat malade de l’Union européenne, l’Allemagne, a vécu à partir de 2003 un deuxième miracle économique après celui des années 1950/1960. La crise financière de 2008/2009 a, à peine, entravé la croissance. Ce miracle a été imputé, en partie, aux réformes du marché du travail initiées par Gerhard Schröder, chancelier de 1998 à 2005 associées à la restauration des comptes publics. L’économie allemande a profité du décollage des pays de l’Asie du Sud-Est. Sa spécialisation coïncidait avec les besoins de ces pays en biens d’équipement et en voitures de luxe. 7 millions d’emplois ont été créés pour satisfaire la demande en provenance des pays émergents. Du milieu des années 2000 à la fin des années 2010, le PIB allemand a progressé de 24 %, contre 22 % pour celui du Royaume-Uni et 18 % pour la France. Cette période a été marquée par un consensus important au sein de la population avec une convergence de vue entre les employeurs et les syndicats. Angela Merkel a représenté pendant une dizaine d’années cette Allemagne qui gagne avec comme symbole la victoire de la Mannschaft à la coupe du monde de football en 2014. L’Allemagne supplante tous les autres Etats de l’Union européenne au point qu’Outre-Atlantique, de nombreux experts en géopolitique estiment que l’Europe est désormais allemande. Lors du début de l’épidémie de covid, l’Allemagne dont les finances publiques sont saines, ne connaît pas les mêmes problèmes que l’Italie ou la France. Moins touchée par la première vague, elle n’est pas confrontée au problème du manque de lits. Les autorités ne décident pas l’instauration d’un confinement strict ce qui permet d’éviter un arrêt brutal de l’économie. Le pays sera, en revanche, plus durement frappé par le covid à l’occasion des deuxième et troisième vagues. Les confinements locaux perdureront plus longtemps que dans la moyenne des pays de la zone euro. Nul n’imagine alors que la réussite allemande puisse être rapidement remise en cause. Pour à l’image de l’équipe d’Allemagne de football qui connait déconvenues sur déconvenues depuis huit ans, les atouts de l’économie allemande se fissurent les uns après les autres. Cette dernière est entrée, en 2023, en récession et connaît sur ces cinq dernières années, une expansion moins rapide que la France ou l’Espagne.

Une industrie fragilisée par l’augmentation des prix de l’énergie

Avant la guerre en Ukraine, près de la moitié du gaz naturel consommée par le pays provenait de Russie et un quart du pétrole. L’industrie allemande a prospéré dans les années 2000 grâce à un accès abondant et relativement peu coûteux à des deux énergies carbonées. En quelques mois, elle a dû trouver de nouveaux fournisseurs au prix d’un surcoût non négligeable. La Russie était hors Union européenne le quatrième pays d’exportation pour l’Allemagne. Celle-ci absorbait 2,5 % des importations allemandes. L’industrie allemande dont l’intensité énergétique est élevée a été contraint de diminuer sa production en 2022 en raison du doublement du prix de l’énergie. Des usines ont été contraintes de fermer. Face à l’augmentation des coûts, des entreprises des secteurs de la chimie, du verre, de la céramique ou du papier ont décidé de fermer des usines. Le gouvernement allemand s’est résigné à verser 2 milliards d’euros au sidérurgiste, ThyssenKrupp, afin qu’il maintienne ses aciéries en activité, tout en les rendant plus vertes. Intel est en négociation avec les fournisseurs d’électricité locaux afin de stabiliser le prix à 100 euros le mwh pendant deux décennies afin de continuer de fabriquer des microprocesseurs. L’indice manufacturier des directeurs d’achats est au plus bas depuis les premiers mois du covid. Des enquêtes telles que l’indice IFO montrent que les chefs d’entreprise allemands ne croient guère à un renversement de tendance. Le FMI estime que l’économie du pays ne croîtra que de 8 % entre 2019 et 2028, à peu près aussi vite que la Grande-Bretagne, mais moins vite que la France (+10 %), les Pays-Bas (+15 %) et les Etats-Unis (+17 %).

L’Allemagne face à un nouvel ordre international

Le premier défi auquel l’Allemagne est confrontée est d’ordre géopolitique. Les Etats-Unis et de nombreux Etats membre de l’Union européenne souhaitent repenser les chaînes d’approvisionnement afin d’être moins dépendantes d’un seul fournisseur non occidental, en particulier la Chine. Cette dernière, en réaction, entend également limiter l’accès à son marché aux entreprises occidentales. L’Allemagne risque d’être la principale perdante, à terme, de cette segmentation du commerce international. .es exportations vers la Chine représentait, en 2022, 3,2 % du PIB, contre 2,2 % du PIB pour les Pays-Bas, 1,8 % du PIB pour le Royaume-Uni et 1,4 % du PIB pour la France. Le ralentissement de la croissance de l’économie chinoise freine les importations allemandes. Par ailleurs, la Chine entend réduire ses achats en Occidents et développe des productions de substitution. L’électrification du parc automobile qui s’effectue à grande vitesse a changé le rapport de force. La Chine qui dispose d’un quasi-monopole sur la production de batteries en profite pour imposer ses voitures à l’exportation. En parallèle, les importations de véhicules à moteur thermique, la spécialité allemande, se réduisent.

L’Allemagne face à la concurrence chinoise réagit. Des entreprises implantent sur son territoire des usines de microprocesseurs ou de batteries. Le fabricant américain de véhicules électriques, Tesla, a déjà construit une usine près de Berlin et prévoit de l’agrandir. Intel a accepté de créer un centre de fabrication de microprocesseurs à hauteur de 30 milliards d’euros à Magdebourg, dans le centre de l’Allemagne. Le constructeur taïwanais TSMC et trois autres fabricants de microprocesseurs ont annoncé le 8 août dernier un projet de construction d’une usine de 10 milliards d’euros à Dresde. Ces implantations sont obtenues en contrepartie d’importantes subventions de la part des pouvoirs publics. L’Etat allemand a offert 10 milliards d’euros de subventions à Intel et 5 milliards d’euros à TSMC sans espoir de pouvoir les récupérer sur le terrain fiscal.

Le difficile virage de la transition énergétique

L’Allemagne est une économie qui a toujours reposé sur les énergies carbonées, le charbon, le pétrole ou le gaz. Au XIXe siècle, le pays tire sa richesse de la sidérurgie et de la construction navale. Au XXe siècle, l’industrie automobile et la chimie ont pris le relais. Son empreinte carbone est élevée ; elle est supérieure de 50 % à celle de la France. Si depuis des années, des politiques d’économies d’énergie sont mises en place, elles n’ont pas réussi à changer la donne. La guerre en Ukraine a nécessité la réouverture de centrales au charbon qui ont accru les émissions de gaz à effet de serre. L’atteinte de la neutralité carbone d’ici 2050 constitue pour l’Allemagne un réel défi. Le plan initial, imaginé dans les années 2010, était de remplacer l’énergie nucléaire par des énergies renouvelables et du gaz russe bon marché. Le gaz russe a disparu et les investissements dans les énergies renouvelables ont été insuffisants. L’interconnexion des réseaux électriques demeure imparfaite, les Länder d’Allemagne du Nord et de l’Est ne souhaitant pas financer ceux du Sud jugés riches et consommateurs (Bavière, Bad Württemberg). Comme dans le reste de l’Europe, les populations locales s’opposent à l’installation d’éoliennes et de panneaux solaires et déposent de multiples recours pour retarder les projets en cours. Or, quatre à six éoliennes terrestres devraient être installées par jour pour atteindre l’objectif officiel de 80 % d’électricité renouvelable d’ici 2030.

Les constructeurs automobiles allemands – BMW, Mercedes, Porsche, Volkswagen – ont pris du retard en matière d’électrification de leur gamme. Ils sont concurrencés par les constructeurs chinoises et par l’entreprise américaine, Tesla. La capitalisation boursière combinée des quatre sociétés représente désormais moins de la moitié du fabriquant américain. La Chine a vendu 2,7 millions de véhicules à l’étranger en 2022, contre moins de 400 000 en 2015. Les deux cinquièmes étaient électriques ou hybrides. Les entreprises allemandes en acquièrent de plus en plus. Sixt, une société de location de voitures allemande, a récemment commandé 100 000 véhicules au constructeur automobile chinois, Byd.

La contrainte aigue du vieillissement démographique

L’Allemagne, plus que tout autre pays de l’OCDE, est confrontée au problème du vieillissement de sa population Sa population en âge de travailler représente 64% du total, soit la même proportion qu’aux Etats-Unis mais, l’âge médian y est de 45 ans, contre 39 pour les seconds. L’Allemagne n’a pas bénéficié en raison des restrictions imposées après la Seconde Guerre mondiale et des décès occasionnés par celle-ci d’un baby-boom aussi puissant qu’au sein des autres pays de l’OCDE. Depuis une dizaine d’années, à l’exception de la brève période du covid, l’économie allemande souffre d’un manque de main d’œuvre. Compte tenu de la pyramide des âges, le marché du travail perdra 7 millions de ses 45 millions de travailleurs d’ici 2035. Le pays ne peut plus compter sur l’immigration en provenance des pays d’Europe de l’Est qui sont également confrontés à des pénuries de main d’œuvre. L’Allemagne multiplie les lois en faveur de l’immigration extra-européenne afin de permettre aux entreprises de recruter. Le pays est devenu en quelques années le premier pays d’accueil d’immigrés en Europe loin devant la France, l’Italie ou l’Espagne.

Un retard marqué dans le numérique

Les Allemands ne sont des adeptes du digital. Pour les paiements, ils préfèrent le numéraire. Ils sont nombreux à avoir demandé à Google maps à flouter leur maison. Selon les statistiques d’Eurostat, seuls les Bulgares, les Italiens et les Roumains utilisent moins les services gouvernementaux numériques que les Allemands. Cette faible appétence au numérique est un frein aux gains de productivité. Elle est une aussi une contrainte compte tenu du déficit de main d’œuvre. L’intelligence artificielle fait l’objet, dans le pays, de beaucoup de réserves.

Une administration à faible efficience

Le poids de la bureaucratie est de plus en plus perçu comme un handicap. Manfred Bischoff, l’ancien Président d’Airbus soulignait avec délice que l’administration allemande avait par rapport à celle de la France un atout indéniable sa médiocrité. Elle n’attire pas les meilleurs étudiants et rechignent à se moderniser. Cela avait, à ses yeux, comme avantage de permettre au secteur privé diriger l’économie quand en France, l’administration s’est emparée de cette mission. La faible efficacité de l’administration semble se retourner contre l’économie allemande. Les permis de construire prennent 50 % de plus que la moyenne de l’OCDE à être délivrés. Les essais cliniques sont presque impossibles à réaliser en Allemagne obligeant les entreprises de biotechnologie d’ouvrir des centres de recherche à l’étranger. Les demandes d’agrément l’installation produisant de l’énergie peuvent s’étaler sur plus d’une année. A raison 70 % des Allemands pensent que l’État, faute de s’être modernisé, est incapable de répondre aux demandes des particuliers ou des entreprises. L’inertie administrative devient un véritable goulet d’étranglement. L’opposition croissante entre les Länder et l’Etat fédéral pèse sur l’économie, les décisions étant lentes et pouvant donner lieu à des remises en cause. Angela Merkel a ainsi éprouvé d’importantes difficultés à imposer ses vues durant la crise sanitaire.  La structure fédérale allemande a créé un patchwork de fiefs numériques farouchement gardés. Les systèmes informatiques ne sont pas interconnectés et ne facilitent pas les transferts de données

Sur le terrain politique, l’Allemagne doit gérer la montée de l’extrême droite au sein des Länder de l’Est. Alternative für Deutschland, a recueilli à certaines élections 20 % des voix. L’effritement du consensus s’il est moindre que dans d’autres pays comme la France ou l’Italie, constitue une nouveauté pour l’Allemagne. Des dissensions apparaissent au sein de la majorité qui associent le SPD, les verts et les libéraux. Certains veulent relancer l’économie en multipliant les aides quand d’autres restent fidèles à l’orthodoxie financière.

L’Allemagne reste l’Allemagne

Le succès du pays a longtemps masqué l’insuffisance de ses institutions et de son administration. Malgré tout, l’Allemagne dispose d’atouts indéniables. Son taux d’endettement public demeure inférieur à celui des autres grands pays européens, la France, l’Italie ou l’Espagne. Même s’ils ont été rognés, elle continue à dégager d’importants excédents commerciaux. Les entreprises soutenues par leurs banques et leurs actionnaires disposent de capacités d’investissement élevés leur permettant de relever le défi de la transition énergétique. L’Allemagne grâce à son industrie est capable de générer facilement des gains de productivité à la différence de la France qui est un pays tertiaire. Les revenus sont Outre-Rhin bien plus élevés qu’en France. L’écart est de plus de 15 % et les prélèvements obligatoires sont de 5 points plus faibles. Si l’Allemagne est un pays blessé, elle est loin d’être défaite.

La France, le pays de la baguette et des gâteaux

La France compte plus de 39 000 boulangeries artisanales. Ce nombre a baissé de 1970 jusqu’aux années 2000 passant de 45 500 à 33 000 avant de remonter progressivement. Le renouveau des boulangeries est liée à leur développement sur le créneau des plats à emporter et sur celui des pains spéciaux à forte valeur ajoutée. Les boulangeries se sont, par ailleurs, implantées, en périphérie des villes sur les ronds-points ou au sein des centres commerciaux. Le secteur s’est industrialisé avec l’apparition de chaines de franchises et avec une concentration de plus en plus marquée. Les 39 000 boulangeries relèvent de 33 000 entreprises, ces dernières pouvant avoir plusieurs établissements.

Un secteur économique puissant et en pleine mutation

En 80 ans, la consommation de pain a fortement évolué. Aliment de base et de première nécessité, ce dernier est devenu un produit plaisir. En 1950, chaque Français consommait en moyenne 900 grammes de pain par jour. Aujourd’hui, cette consommation est estimée à 94 grammes par jour et par personne. Pour autant, le territoire continue d’avoir un réseau dense de boulangeries (1 boulangerie pour 1800 habitants). La boulangerie-pâtisserie se classe au premier rang des entreprises du commerce de détail alimentaire. Chaque année, ce sont plus de 6 milliards de baguettes qui sortent des fournils auxquelles il faut ajouter les baguettes issues des boulangeries industrielles. Le chiffre d’affaires de la boulangerie-pâtisserie s’élevait, en 2019, à plus de 11 milliards d’euros selon l’INSEE. Le chiffre d’affaires moyen par entreprise est d’environ 300 000 euros. Des écarts importants existent entre les boulangeries en fonction de leur localisation et de leurs activités. Le secteur emploie plus de 180 000 personnes dont 100 000 salariés, 29 000 apprentis et 60 000 chefs d’entreprise (+conjoints). 51 % des salariés sont des femmes, employées majoritairement à la vente. Les hommes sont majoritairement employés à la fabrication. La forte proportion d’apprentis en boulangerie-pâtisserie en fait un secteur très jeune, la moyenne d’âge des femmes salariées est de 33,6 ans, celle des hommes est de 30,2 ans.

En 2022, les ouvertures de nouvelles boulangeries ont excédé de 2 538 les fermetures. En Ile-de-France, le nombre de boulangeries a progressé de 20 % de 2017 à 2022. Cette région en compte désormais plus de 5 400 boulangeries. Paris avait, en 2022,1 360 établissements, ce nombre ayant progressé de 9 % depuis 2017.  En Seine-Saint-Denis, la progression atteint 35 %, en Val-de-Marne, +27 % et dans le Val-d’Oise, +26 %. Les autres régions connaissent également de forte croissance. En Auvergne Rhône-Alpes, près de 1700 ouvertures de boulangeries ont été, selon le cabinet d’études économiques Altares. enregistrées depuis 2018 et plus de 1 300 en région Provence Alpes Côte d’Azur tout comme en Nouvelle-Aquitaine,

Les boulangeries – pâtisseries ont résisté à la grande distribution qui propose de la vente de pains. Selon les données de la Confédération nationale de la boulangerie-pâtisserie française (CNBPF), le secteur artisanal représente 60 % des ventes de pain en France, contre 31 % pour les terminaux de cuisson et 9 % seulement pour les grandes surfaces. Les boulangeries ont étendu la gamme des produits proposés. Elles vendent désormais des sandwichs, des sales, des pizzas, des tartes salées, etc. Elles se sont dotées d’espaces de consommation sur place. Elles ont ainsi concurrencé les « fast-food ». Le pain ne représente plus que 40 % de l’activité globale du secteur. Les boulangeries suivent les mouvements de la population en s’installant en périphérie et notamment près des grands axes de circulation. Ce choix d’implantation permet d’être au plus près des consommateurs et de réduire le coût du foncier. Des chaines de boulangerie se sont ainsi développées rapidement. Créé en 2004 dans le sud de la France, le groupe « Marie Blachère » a ouvert plus de 700 établissements en moins de deux décennies et a réalisé, en 2022, 800 millions d’euros de chiffre d’affaires. Le groupe « Ange » compte ainsi désormais plus de 200 boulangeries et le groupe « Louise » une centaine. Les employés de la chaine « Cyril Avert » servent des baguettes aux automobilistes au volant, en pur service drive. Jules & John fait de même dans plus de 20 villes de France. Ces chaînes de franchises utilisent les méthodes marketing de la grande distribution (large choix, prix bas, produit gratuit…) au monde de la boulangerie traditionnelle. Ils permettent une standardisation de la production tout en veillant à maintenir un certain niveau de qualité. En multipliant rapidement les points de vente, ces chaînes entendent capter une part de marché importante et réduire ainsi la concurrence. Comme dans d’autres secteurs, les indépendants risquent d’être de moins en moins nombreux. Dans les grandes agglomérations, aidés en cela par les entreprises de meunerie, une concentration est également en cours. Des boulangers rachètent plusieurs établissements afin d’atteindre une taille critique et pouvoir ainsi concurrencer les chaines comme « Paul » ou « Kaiser ».

La pâtisserie connaît un essor important avec la médiatisation des chefs pâtissiers. Elle offre de solides marges aux propriétaires de boulangers et constitue un élément clef du chiffre d’affaires. De nombreux chefs ont ainsi ouvert leur établissement (Cyril Lignac, Pierre Hermé, Christophe Michalak, etc.). La pâtisserie est soumise à des exigences d’ouverture plus faibles que les boulangeries permettant la multiplication des points de vente. Si l’appellation « boulangerie » exige une fabrication sur place, il n’en est pas de même pour celle de « pâtisserie », il en résulte une industrialisation croissance de cette dernière. Un nombre croissant d’entre-elles passerait par des centres de production industrielle qui distribuent leurs produits en boutiques, en grandes surfaces ou en restaurants et cafés. Les marges sont confortables et les durées de conservation des produits fabriqués plus longues que dans la boulangerie. Dans le prolongement des pâtisserie, il convient également de souligner le développement de réseaux de chocolatiers qui ont réussi à industrialiser un savoir-faire artisanal (Patrick Roger, La Maison du Chocolat, Jean-Paul Hévin, Alain Ducasse, etc.).

Un métier attractif mais difficile

Avec le développement des points de vote, le secteur de la boulangerie attire de nombreux jeunes. Le nombre d’apprentis en boulangerie-pâtisserie est ainsi passé de 21 000 en 2021 à 29 000 en 2022. Les femmes représentent désormais plus de 30 % des jeunes en apprentissage dans ce secteur. Le succès des émissions culinaires comme « Le meilleur pâtissier » contribue à attirer de nombreuses personnes. Au-delà de cette attractivité, le métier reste difficile. 25 % des apprentis abandonnent dès la première année.

Des fonds de commerce recherchés et chers

Si de nombreux commerces n’arrivent pas à trouver de repreneurs, ce n’est pas le cas des boulangeries-pâtisseries. Les fonds se vendent à hauteur de 60 à 110 % du chiffre d’affaires annuel voire plus pour certains établissements particulièrement bien situés. Certains peuvent se vendre jusqu’à plusieurs millions.

L’achat d’une boulangerie est soumis à certaines conditions. L’exploitant doit disposer d’un diplôme de boulanger – pâtissier (CAP, baccalauréat professionnel, brevet de spécialité ou attestation de spécialité professionnelle). Il doit d’inscrire soit en tant qu’artisan ou en tant qu’artisan -commerçant.

Les boulangeries face à la guerre en Ukraine

Les boulangeries ont subi la forte augmentation du prix de l’énergie et des céréales. Elles ont eu accès aux aides mises en place par le ministère de l’Economie (bouclier tarifaire, amortisseur du relèvement du prix de l’électricité, aides au paiement des factures). Une partie des augmentation des coûts a donné lieu à des augmentations des prix de vente des produits. Depuis un an, une augmentation du nombre de défaillances est constatée mais qui ne conduit pas à une destruction nette de boulangeries, le mouvement de création demeurant important.

Le secteur de la boulangerie connaît, depuis vingt ans, de multiples évolutions. Face à l’émergence de véritables chaines industrielles disposant de nombreux points de vente, les artisans boulangers ont réagi en s’affiliant à des chaines de franchises ou en constituant des groupes comportant plusieurs établissements. L’élargissement de l’offre de produits a été une solution pour maintenir et développer le chiffre d’affaires. Les boulangeries se sont mises ainsi à concurrencer les fast-foods, les snacks et les restaurants. La dernière tendance est à l’installation de boulangeries en périphérie des centres urbains. Dotées de vaste parking, elles proposent une large gamme de pains et permettent aux automobilistes sur des tranches horaires larges d’acheter et de consommer sur place.