9 février 2024

Le Coin des tendances Biden – réseaux sociaux

Fin d’adolescence difficile pour les réseaux sociaux

Facebook fête ses vingt ans. Le bel âge ? Pas tout à fait…. Le premier réseau social mondial a, sans nul doute, révolutionné la communication en permettent à tout chacun de développer des liens avec des connaissances, des amis, des membres de la famille en partageant des informations. Avec le temps, Facebook comme les autres qui sont nés dans son sillage ont évolué en système de communication de masse permettant la diffusion d’informations, de musiques, de vidéos, de publicités et d’annonces diverses et variés. Le concept de communauté d’amis a explosé. Les réseaux se sont transformés en télévision interactive ouverte à toute les influences et manipulations. La place du village des débuts a cédé la place à une jungle, un bar du commerce où tout ou presque est autorisé. Les réseaux sociaux sont accusés de favoriser la diffusion d’idées complotistes, d’être la porte d’entrée de nombreux trafics (drogue, prostitution, pédophilie, etc.). Les dérives des réseaux sociaux conduisent certains internautes à en sortir comme Anne Hidalgo de X. Pour autant, Facebook, X, Instagram, etc. sont devenus incontournables tant pour les grandes marques, les stars de la musique que les femmes et les hommes politiques.

Les réseaux sociaux font-ils encore rêver ?

Les applications sociales occupent près de la moitié du temps d’écran mobile des internautes. Ces derniers passent un quart de leur vie éveillée au sein de ces réseaux, soit 40 % de plus qu’en 2020. L’épidémie de covid a provoqué une augmentation sensible de l’utilisation des réseaux sociaux. Deux décennies après sa création, Facebook, reste néanmoins le premier mondial, avec plus de 2 milliards d’utilisateurs quotidiens soit le quart de la population mondiale. Ce nombre a progressé de 6 % en 2023. Mais, son aura est en baisse. Il est devient de plus en plus un repère de seniors. Les adolescents le boudent. Aux États-Unis, le nombre d’adolescents sur la plate-forme a diminué de 13 % en deux ans. En France, si, en 2018, 65 % des élèves de seconde déclaraient utiliser Facebook, ils ne sont plus que 31 % en 2023. Les jeunes privilégient YouTube, Instagram, Snapchat, TikTok et les boucles WhatsApp ou Telegram. Pour eux, Facebook est le réseau de leurs parents et de leurs grands-parents. Facebook est également devenu le réseau des classes populaires. Les cadres, les indépendants, les professions libérales l’utilisent de moins en moins. Facebook fait l’objet de nombreuses polémiques qui ont nui à son image. Il est ainsi accusé d’utiliser les données de ses abonnée à des fins personnels, pratique qui est également d’usage au sein des autres  réseaux. Le Président directeur général de Facebook, Mark Zuckerberg, a dû présenter des excuses à des familles de victimes, lors d’une audition au Sénat américain sur la question de la lutte contre l’exploitation sexuelle des mineurs.

Des réseaux sociaux de moins en moins sociaux

Meta, la société mère de Facebook, malgré l’accumulation de problèmes, vaut, en bourse, plus de 1 000 milliards de dollars. Les réseaux sociaux qui au départ reposaient sur des modèles ludiques sont devenus des affaires lucratives pour leurs propriétaires. Les médias sociaux sont de moins en moins sociaux et de plus en plus professionnels. Les algorithmes sont bâtis en fonction du comportement de visionnage de l’utilisateur, et non de ses connexions sociales. Ils sélectionnent désormais toutes les informations présentées aux abonnés que ce soient les vidéos et les publicités. L’information adressée aux membres des réseaux est de plus en plus orientée. Ces membres mettent de moins en moins d’informations personnelles sur les réseaux par crainte d’exploitation ou par le fait qu’elles ne sont plus visibles par leurs proches. Ces informations transitent désormais sur des  plateformes fermées, telles que WhatsApp et Telegram. Il n’y aurait plus que 28 % des Américains qui auraient mis, en 2023, des informations personnelles sur Facebook contre 40 % en 2020. Les algorithmes encouragent le sensationnel, la montée aux extrêmes. Un message choc sera plus consulté et mis en avant par l’algorithme. Le recours à des titres racoleurs est monnaie courante pour générer du flux. Des sociétés se sont spécialisées dans la réalisation de messages provocateurs, complotistes, avec des intentions pas toujours avouables afin de peser sur la constitution des opinions. Auparavant, pour être placés en première page, les messages devaient être republiés ; dorénavant, ce sont le nombre de personnes qui l’ont regardé qui compte ce qui modifie bien évidemment la donne. Ce changement donne un avantage certain aux provocateurs en tout genre. Les réseaux informent de moins en moins. Ils sont de plus en plus le relais de marques commerciales. Les actualités ne représenteraient plus que 3 % des messages regardés par les abonnés. Les seniors sont les derniers à partager des informations sur les réseaux tout en le faisant de moins en moins. Si les jeunes de moins de 25 ans déclarent que l’information sur les plateformes n’a aucun intérêt, ils indiquent cependant que ces dernières sont leur principale source d’accès à l’actualité.

Les applications de messagerie avant les réseaux sociaux

Les responsables des différents réseaux ont été appelés par les pouvoirs publics à surveiller et à réguler les messages, les informations qui y sont placés. Face à la mise en œuvre d’une certaine forme de contrôle sur les grands réseaux, les internautes sont de plus en plus amenés à adhérer à des groupes privées sur des messageries comme WhatsApp ou Telegram. Cryptées, ces messageries sont moins surveillées que les places publiques que sont Facebook ou LinkedIn. Les conversations dans des groupes sont assimilées à des appels téléphoniques et soumis à la règle du secret mais quand une boucle Telegram rassemble 200 000 personne, celle-ci s’apparente à un réseau non réglementé. Ces groupes sont utilisés par des organisations criminelles pour vendre de la drogue ou par des responsables politiques pour véhiculer des fausses informations sur leurs concurrents. Au sein des dictatures, en revanche, ces groupes sont des outils indispensables afin de permettre aux populations de communiquer, autant que possible, librement.

Le monde du numérique est en permanente modification rendant sa régulation compliquée. Aujourd’hui, le danger provient de plus en plus des boucles privées que des applications sociales traditionnelles. La question des limites de la liberté de publier et de communiquer se pose une fois de plus. Autrefois, la presse écrite fut accusée d’inciter au crime en pratiquant la diffamation et en véhiculant de fausses informations. En France, un cadre légal de la presse a été institué avec la loi du 29 juillet 1881. Cette loi a défini les libertés et responsabilités de la presse française. Avec Internet, le problème est mondial rendant plus complexe les modalités de contrôle et de régulation. Or, aujourd’hui, les applications sociales sont devenues les cibles d’officines en lien avec des services secrets et de réseaux mafieux. Les pouvoirs publics sont condamnés à instituer un cadre légal faute de quoi ils pourraient être remis en cause. La démocratie est en première ligne car son principe est d’autorisé toutes les opinions même celles qui s’opposent à elle.

Quel programme pour Joe Biden ?

Aux États-Unis, les adversaires de Joe Biden se focalisent sur son âge en soulignant que le Président ne serait pas totalement apte pour exercer ses fonctions. Le bilan du premier mandat est pour le moment passé sous silence. Or, celui-ci peut apparaître globalement bon avec une croissance de 2,6 % en 2023, une augmentation des rémunérations, un retour rapide au plein emploi après la crise sanitaire et une baisse du taux de pauvreté. Les investissement dans le secteur manufacturier ont atteint un niveau record de 2 000 milliards de dollars. Cette croissance soutenue a néanmoins un prix, la progression du déficit public qui a dépassé 7 % du PIB en 2023.  L’argent public dépensé pourrait déboucher sur d’importants gaspillages. La dette publique a atteint 32 000 milliards de dollars. Les pouvoirs publics ont opté pour une politique d’inspiration keynésienne. Joe Biden n’a remis en cause que partiellement les mesures protectionnistes décidées par son prédécesseur. Les subventions accordées aux entreprises pour investir aux États-Unis suscitent l’hostilité de leurs partenaires économiques. La population américaine doute du bienfondé de la politique de Joe Biden. Une majorité estime que la situation économique s’est dégradée. La baisse du chômage, et la hausse des revenus ne sont pas portés au crédit du gouvernement. En revanche, celui-ci est considéré comme responsable de l’augmentation des prix.

Terminer le travail ou pas

Si Donald Trump appelle les électeurs à « rendre sa grandeur à l’Amérique en matière d’économie, d’éducation, et social » (« to make America great again economically, educationally, and socially »), la devise de Joe Biden  est « nous pouvons terminer le travail ». Ce slogan vise à conforter les électeurs démocrates qui craignent une orientation plus droitière de la politique économique. Les équipes de Joe Biden veulent s’appuyer sur les syndicats afin que ces derniers puissent obtenir pour les salariés des augmentations de salaire. Elles entendent poursuivre la hausse des dépenses en faveur de l’éducation de la petite enfance. Elles souhaitent renforcer la concurrence en luttant contre les monopoles et les oligopoles afin de réduire le pouvoir des grandes entreprises. Elles appellent à poursuivre  l’effort en faveur de l’investissement afin d’accélérer la transition écologique. Cette politique rencontre l’hostilité des dirigeants des grandes entreprises et des contribuables aisés qi craignent une augmentation de la pression fiscale. Joe Biden estime que l’élection se joue sur les classes populaires et moyennes qui sont de plus en plus séduites par le discours populiste de son concurrent. La poursuite de la mise en œuvre de la politique de Joe Biden suppose qu’il puisse compter sur un minimum de soutien au Congrès. Les démocrates se doivent donc de conserver la présidence et d’obtenir la majorité à la Chambre des représentants, ce qui est, en l’état des sondages, loin d’être évident.

Joe Biden ne manque pas de souligner que l’application de son programme de 2019 a été freinée par les divisions au sein du Congrès et la majorité républicaine à la Chambre des Représentants depuis le début de l’année 2023. Les démocrates ont dû abandonner plusieurs mesures sociales afin de sauver le plan en faveur de l’aide aux entreprises. Ils ont réussi à faire adopter trois textes législatifs sur les infrastructures, les semi-conducteurs et les technologies vertes. Ces trois textes portent sur 2 000 milliards de dollars. Compte tenu de leur caractère pluriannuel, ces derniers devraient, quoi qu’il arrive, surmonter les élections du mois de novembre prochain. Même en cas de défaite au Congrès des démocrates, ces textes pourraient continuer à s’appliquer d’autant plus si Joe Biden est réélu. Ce dernier ne manque pas de rappeler que ces mesures ont contribué à la baisse du chômage et à la hausse des salaires.  Le Congrès a néanmoins les moyens de bloquer, en partie, leur mise en œuvre. Logiquement, l’industrie des microprocesseurs doit bénéficier, dans les prochaines années, de 50 milliards de dollars de subventions et près de 200 milliards de dollars sont également prévue pour le financement de la recherche et le développement dans les technologies de pointe (matériaux composites, l’informatique quantique). Ces aides n’ont été qu’autorisées, et non affectées, ce qui signifie que le Congrès a le dernier mot. Les Républicains tentent par tous les moyens de limiter les crédits pour ces programmes. Ils ont ainsi réduit les enveloppes annuelles destinées aux agences fédérales de recherche. La National Science Foundation n’a reçu, en 2023, que 70 % des crédits initialement prévus. L’hostilité est moins importante en matière de financement des  infrastructures et d’aides aux semi-conducteurs. Faute de nouveau vote au Congrès, les crédits disponibles seront épuisés d’ici 2028. Les Républicains pour limiter l’ampleur du programme d’aides mettent en avant les effets d’aubaine. Ils estiment que ces mesures soutiennent des entreprises qui réalisent déjà d’importants bénéfices et qui offrent les meilleures rémunérations. Ils soulignent également le danger de la trajectoire budgétaire compte tenu de la dérive des dépenses publiques. Plusieurs membres républicains de la Chambre des représentants ont annoncé leur intention de déposer une proposition de loi abrogeant l’Inflation Reduction Act. L’administration de Joe Biden réplique en soulignant que de plus en plus de capitaux privés financent la réindustrialisation du pays. Elle justifie les aides aux secteurs de pointe au nom de la souveraineté nationale. La concurrence de la Chine est mise en avant pour rallier des élus républicains à sa cause.

Un second mandat plus social

« Terminer le travail » signifie pour Joe Biden de mettre en œuvre le volet social de son programme de 2019. Pour cela, il aura besoin d’une majorité démocrate à la Chambre des Représentants. Joe Biden défend l’idée de la gratuité à l’école maternelle pour les enfants de trois et quatre ans et l’attribution d’aides pour la garde d’enfants. Il souhaite améliorer la couverture sociale des personnes âgées afin de faciliter l’accès aux soins. Il a proposé l’instauration d’un crédit d’impôt élargi pour les familles avec enfants et d’un congé parental. Janet Yellen, la secrétaire au Trésor, souligne qu’un effort accru en faveur de l’éducation augmenterait la productivité des travailleurs américains. Les investissements dans les soins et les aides aux familles augmenteraient le taux d’emploi notamment des femmes. Or, les États-Unis, malgré un solde migratoire positif, connaissent d’importantes pénuries de main-d’œuvre. Le programme social de Joe Biden a l’inconvénient d’être coûteux, plus de 100 milliards de dollars par an, soit l’équivalent de 0,5 point de PIB qui se rajouterait au montant du déficit ( 7,5 % du PIB en 2023). Le développement des services de gardes et de soins fait craindre d’importants problèmes de recrutement et une hausse des salaires.

Joe Biden s’est montré, durant son premier mandat, sensible aux thèses défendues par les syndicats. Il a ainsi soutenu les travailleurs de l’automobile en grève près de Détroit en septembre dernier. Il s’est prononcé en faveur d’une subordination des aides aux entreprises aux emplois créés. Pour son éventuel second mandat, Joe Biden pourrait reprendre la proposition des syndicats visant à promouvoir la négociation collective en réduisant le pouvoir des employeurs. Les opposants de Joe Biden craignent que les mesures suggérées par les syndicats remettent en cause la flexibilité du marché du travail qui est une source de résilience pour l’économie américaine.

L’administration démocrate est accusée d’être anti-entreprises. Or, les sociétés américaines ont, depuis quatre ans, réalisé des bénéfices sans précédent et ont, depuis 2021, créé un nombre important d’emplois. Les dirigeants d’entreprise sont surtout hostiles au programme visant à favoriser la concurrence. Les contrôles de de Federal Trade Commission (FTC) sont mal vécus. Les pouvoirs de la FTC pourraient être accrus en ce qui concerne la réglementation sur les fusions d’entreprises. Les équipes de Joe Biden réfléchissent à la création d’une banque nationale de développement, visant à faciliter le financement de la politique industrielle décidée par le Gouvernement. L’État fédéral se doterait ainsi de l’équivalent de la Caisse des Dépôts et Consignations française. Les élus républicains estiment qu’une telle mesure contribuerait à accentuer le dirigisme économique.

Une politique commerciale protectionniste

L’administration démocrate n’a pas réellement remis en cause la politique protectionniste de Donald Trump. Les tensions commerciales avec la Chine sont restées fortes et les négociations commerciales avec l’Union européenne sur les minéraux critiques (minéraux indispensables pour la fabrication des batteries) n’a pas avancé. La décision du Président, le 26 janvier, de suspendre les autorisations de création de nouveaux terminaux pour les exportations de gaz naturel liquéfié a été perçue comme une démonstration des instincts protectionnistes des États-Unis. Cette décision aurait été prise au nom de considérations écologiques mais dans les faits elle vise à peser sur le prix de l’énergie dans le pays. Pour son éventuel second mandat, les Démocrates pourraient réduire les droits de douane sur les biens de consommation de base chinois, tout en les augmentant sur les produits de haute technologie. Donald Trump entend de son côté instituer une taxe de 10 % sur tous les produits importés et dénoncé certains accords commerciaux.

L‘immigration, thème de conflit majeur

Donald Trump accuse Joe Biden d’avoir remis en cause sa politique et d’être ainsi responsable de l’insécurité dans le pays. Les Républicains à la Chambre américaine des représentants ont échoué le mardi 6 février dernier à inculper le ministre de Joe Biden chargé de l’immigration, Alejandro Mayorkas. Ils l’accusent d’avoir provoqué une crise migratoire à la frontière entre les États-Unis et le Mexique. «C’est l’architecte en chef de la catastrophe», a souligné Mike Johnson, le chef de la Chambre des représentants. Joe Biden s’en est pris à son prédécesseur jugeant ses positions sur l’immigration d’irrationnelles et indiquant que les États-Unis avaient besoin de travailleurs étrangers. Donald Trump entend faire du thème de l’immigration un des axes majeurs de sa campagne.

Le problème du financement

Le programme de Joe Biden se chiffre en centaines de milliards de dollars. Or, le déficit actuel dépasse 7 % du PIB. Pour financer les nouvelles dépenses, Joe Biden a indiqué qu’il souhaitait augmenter les impôts des contribuables les plus aisés, en particulier ceux gagnant plus de 400 000 dollars par an. Il est également favorable au relèvement des impôts sur les entreprises. En parallèle, l’équipe démocrate se prononce pour une réduction en dix ans du déficit de 3 000 milliards de dollars soit de 0,75 % de PIB par an.

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Comme au sein de nombreux pays occidentaux, la population se radicalise et est de plus en plus segmentée. Joe Biden souhaite mobiliser l’aile gauche de son électorat potentiel qui pourrait être tentée par l’abstention avec le risque de perdre des électeurs modérés. Les enquêtes d’opinion semblent indiquer que les pertes en ligne sont plus importantes à gauche qu’au centre. Les équipes démocrates estiment que leur parti doit reconquérir les ménages modestes pour espérer l’emporter. Donald Trump, avec son programme anti-impôts, anti-immigration, anti-mondialisation, a réussi à capter des électeurs au profil disparates. Ils trouvent de larges soutiens chez les ouvriers, les cadres moyens, les descendants d’immigrés et chez les personnes aisées. Le défi des Démocrates est de réussir à rallier certains des électeurs séduits par le discours basique de Donald Trump sachant qu’ils doivent tout à la fois expliquer le bilan du Président sortant et gérer les différents courants de leur parti (wokiste en particulier).