14 janvier 2017

Le Coin des Tendances du 14 janvier 2017

La croissance mondiale bute toujours sous la barre des 3 %

Selon l’édition de janvier 2017 de Global Economic Prospects (le rapport de la Banque mondiale sur les perspectives pour l’économie mondiale), la croissance économique mondiale devrait rester en-deçà de 3 %,  en n’atteignant que 2,7 % en 2017. Ce dernier chiffre traduit une légère accélération par rapport à 2016, année durant laquelle la croissance a été évaluée à 2,3 %. Néanmoins, par rapport à la prévision publiée au mois de juin dernier, la Banque Mondiale a révisé la croissance de 0,1 point pour cette année. Pour 2018 et 2019, l’institution internationale prévoit une croissance annuelle de 2,9 %.

La croissance des économies avancées devrait légèrement progresser pour s’établir à 1,8 % en 2017 contre 1,6 % en 2016. La relance budgétaire dans les grandes économies, particulièrement aux États-Unis, pourrait provoquer une accélération de la croissance intérieure et mondiale plus forte que prévu, mais les experts de la Banque Mondiale craignent les effets délétères du protectionnisme. Pour 2018 et 2019, la croissance pourrait atteindre 1,8 % en rythme annuel. La croissance devrait se redresser aux États-Unis pour s’établir à 2,2 %, sous l’effet du rebond de l’industrie manufacturière et des investissements après une année 2016 morose. Le rapport s’intéresse à la façon dont la relance budgétaire et les autres initiatives envisagées dans ce pays pourraient avoir des retombées sur l’économie mondiale. Pour la zone euro, la croissance se  tasserait à 1,5 % en 2017 contre 1,6 % de 2016. Pour 2018 et 2019, la Banque Mondiale évalue la croissance de la zone euro à 1,4 %.

Le taux de croissance du Japon resterait faible, 0,9 % en 2017 contre 1 % en 2016. Pour 2019, la Banque Mondiale ne prévoit pour ce pays que 0,4 % de croissance.

La croissance des marchés émergents et des économies en développement, pris dans leur ensemble, devrait passer de 3,4 %, en 2016, à 4,2 % cette année, sur fond de hausse limitée des prix des produits de base. En 2018, elle pourrait atteindre 4,6 % et 4,7 %, en 2019. Le taux de la croissance chinoise continuerait à s’effriter passant de 6,7 % à 6,3 % de 2016 à 2018 quand, sur la même période, celle de l’Inde passerait de 7 à 7,8 %. Après avoir connu une contraction de son PIB de 3,4 % en 2016, la croissance au Brésil pourrait être de 0,5 % en 2017 et de 1,8 % en 2018.

Les pays d’Afrique Sub-saharienne devraient renouer, cette année, avec la croissance qui atteindrait 2,9 % contre 1,5 % en 2016. Les pays du Moyen Orient et du Nord de l’Afrique connaîtraient également une petite embellie du fait de l’appréciation du cours du pétrole, leur taux de croissance passant de 2,7 à 3,1 % de 2016 à 2017. Par ailleurs, la Russie sortirait de récession et enregistrerait une croissance de 1,5 % (-0,6 % en 2016).

La Banque Mondiale met en avant le poids des incertitudes pesant sur l’orientation des politiques publiques dans les grandes économies. Ce climat pourrait peser sur la croissance des investissements.

Inquiétude pour l’investissement

La Banque mondiale s’inquiète des conséquences de la baisse tendancielle de l’investissement depuis la crise de 2008. Elle concerne non seulement les pays économiquement avancés mais aussi les pays émergents.

Le rapport souligne plus particulièrement le tassement récent et inquiétant des investissements dans les pays émergents et les économies en développement, qui représentent un tiers du PIB mondial et rassemblent près des trois quarts de la population de la planète. La croissance des investissements a chuté, n’atteignant que 3,4 % en 2015 contre 10 % en moyenne en 2010, et s’est probablement encore contractée d’un demi-point de pourcentage l’an passé. Cette diminution tient en partie à une correction des niveaux élevés d’avant la crise, mais est aussi due à la baisse des prix pétroliers (pour les pays exportateurs de pétrole), au recul des investissements étrangers directs (pour les importateurs de produits de base) et, d’une façon plus générale, à la charge de la dette privée et le risque politique autant d’obstacles à la croissance auxquels se heurtent les marchés émergents et les économies en développement.

 

Les banques à la recherche d’un nouveau modèle de croissance

La France dispose d’un des plus importants secteurs bancaire d’Europe. BNP Paribas, Crédit Agricole – LCL, Société Générale, BPCE sont classés parmi les banques systémiques par la BCE. Au-delà de ces grands groupes, le secteur bancaire comprenait, en 2014, 490 établissements de crédits, dont 402 agréés par l’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution (ACPR). Les 88 autres sont des succursales d’établissement de crédit de l’espace économique européen (66) ou des établissements de crédit agréés à Monaco (22). Le total de bilan cumulé de l’ensemble des établissements de crédit se monte à environ plus de 8 500 milliards d’euros ce qui représente approximativement 4 fois le montant du PIB de la France. 2 400 milliards correspondent à l’encours des crédits octroyés à la clientèle (ménages et entreprises) et 2 600 milliards à des opérations sur titres, y compris des titres de transaction acquis sur les marchés financiers dans la perspective d’une revente à brève échéance. Les grandes banques françaises représentent 10 % de la capitalisation du CAC 40. Les 3 groupes bancaires français figurant dans le CAC 40 appartiennent aux 50 plus importantes capitalisations boursières mondiales du secteur : BNP Paribas, Crédit Agricole et Société Générale. Le taux de bancarisation est, en France de 99 % ; cela signifie que la quasi-totalité des personnes de plus de 18 ans disposent d’un compte bancaire. Le nombre de comptes atteint 71 millions de comptes courants. Par ailleurs, 150 millions de comptes à terme et sur livrets sont dénombrés.

La France compte près de 36 000 agences, ce qui la place dans les pays les mieux dotés en la matière (55 agences bancaires pour 100 000 habitants). Par ailleurs, les Français ont accès à 60 500 distributeurs de billets. En France, le secteur bancaire emploie 371 000 personnes représentant 2,3 % des salariés travaillant dans le secteur marchand. Les banques sont les premiers employeurs privés en France. Même si les effectifs sont depuis quelques années orientés à la baisse, le secteur a quand même réalisé environ 39 000 embauches en 2015 (35 000 embauches en 2014 après 24 000 en 2013 et 21 000 en 2012).

Du fait de la crise de 2008 et de celle de 2011 qui se sont traduites par l’intervention des pouvoirs publics, les banques ont été plus ou moins explicitement dans l’obligation de différer les plans d’ajustement de leurs effectifs. Elles jouent sur les départs à la retraite pour ajuster leurs effectifs.

La France arrive en troisième position en Europe après l’Allemagne et le Royaume-Uni concernant le poids de son secteur bancaire.

Avec la digitalisation, le secteur bancaire doit faire face à une mutation importante. Cette digitalisation intervient en parallèle du renforcement des règles prudentielles et à la baisse des taux d’intérêt qui élime les marges. Selon le baromètre Deloitte de la relation banques-clients, 24 % des Français ne se rendaient plus, en 2015, dans leur agence bancaire ; ce taux était de 15 % en 2005. Seulement 21 % des personnes interrogées fréquentent leurs agences plusieurs fois par mois, contre 52 % en 2010.

Selon une étude de Citi Group, le secteur bancaire devrait perdre 1,8 million d’emplois en Europe et aux États-Unis dans les 10 prochaines années.

En Europe, les banques du vieux continent emploient près de 2,9 millions de salariés En 2025, ils ne seraient plus, selon cette même étude, que 1,82 million. En France, une agence sur deux pourrait être amenée à fermer. Le réseau de détail emploie aujourd’hui un peu plus de 200 000 salariés sur les 370 000 du secteur bancaire.

Avec 1 agence pour 1 720 habitants, la France est l’un des pays européens ayant le maillage bancaire le plus dense. Toujours selon l’étude de Citi, dans les pays scandinaves ainsi qu’aux Pays-Bas, le nombre d’agences bancaires par habitant est trois fois moins important qu’en Espagne et en Italie et deux fois moins qu’en France. Même si les chiffres sont rares, près de 2000 agences auraient totalement ou partiellement été fermées ces dernières années.

D’ici à 2020, LCL envisagerait de fermer près de 250 agences. À la Société Générale, les syndicats ont évoqué la possibilité de la fermeture d’une agence sur cinq toujours à l’horizon 2020. Se référant à l’étude de Citi, ces plans sont modestes. En retenant l’idée que la moitié du parc d’agences serait en jeu, c’est près de 100 000 emplois qu’il faudrait modifier ou supprimer.

Les banques face aux défis du numérique

Que le client ait décidé de remplacer sa visite en agence par l’ouverture d’une application sur sa tablette ou sur son Smartphone est une chose. Qu’il décide de se passer de sa banque pour réaliser des opérations financières en est une autre. Certes, aujourd’hui, il est possible d’emprunter de l’argent via des plateformes collaboratives, de souscrire des contrats d’assurance et d’accéder à des applications sophistiquées (robot adviser, agrégateurs). Ce développement des activités financières via des plateformes ou via des fintechs indépendantes pose cependant deux questions.

La première est liée au fait que les clients endossent une part majeure du risque en passant par ce type d’outils. En outre, même si les applications se veulent simples, elles exigent un minimum de temps et de compétences.

La seconde question est liée au risque de fragmentation du marché. Les « bons clients » des banques pourraient alors être tentés de trouver de meilleures conditions en dehors des circuits traditionnels. Les banques seraient condamnées à ne conserver que l »es mauvais clients » qui chasseraient « les bons » du fait des surcoûts qu’ils provoqueront.

La révolution digitale modifiera dans les prochaines années les moyens de paiement. La carte bleue qui s’est imposée lentement face aux chèques, aux pièces et aux billets, connait un nouveau concurrent avec le paiement par NFC (Near Field Communication) comme avec Apple pay par exemple). La Blockchain pourrait à terme changer le système de paiement en repensant complètement le concept de garantie. En effet, le système ne reposerait plus sur la centralisation autour de quelques structures bancaires mais sur une multiplication des tiers de confiance. Le développement des paiements en ligne comme Paypal affaiblit également les relations des banques avec les particuliers. Les frontières entre opérateurs téléphoniques et banquiers s’estompent avec le rachat de Groupama par Orange.

Du fait du caractère hautement capitalistique et technique du secteur bancaire, les acteurs traditionnels pensent pouvoir être les maîtres de la digitalisation. Ils s’appuient sur la demande de confiance de la part des clients.

La banque de détail, véritable poids lourd du secteur, a l’impérieuse nécessité de se transformer (au regard des trois piliers cités précédemment). Avec, d’une part, des services proposés, en étant plus proche du conseil en finance que de la simple signature de contrat et grâce, d’autre part, à une relation personnalisée et sans rupture avec le client (l’Omnicanal étant au cœur de cette approche). Les agences bancaires qui s’étaient transformées en coffre-fort avec d’imposants sas à l’entrée redeviennent des lieux de convivialité. Elles se transforment en des espaces de conseils. Sur ce terrain-là, elles doivent affronter la concurrence des agents d’assurance, des réseaux salariés d’assurance, des courtiers et des conseillers en gestion en patrimoine.

Face à ce défi digital, l’ardente obligation de la formation s’impose pour les collaborateurs qui doivent perdre leur image du commercial ou du banquier qui dit non à celle d’un conseiller financier. Cette montée en gamme des activités de détail n’est pas aisée à conduire. Il faut évidemment que les conseillers disposent des outils bureautiques innovants et en maîtrisent l’usage. Compte tenu de la mise à disposition d’outils numériques de plus en plus poussés, ils doivent être de véritables conseillers en outils numériques.

 La recherche publique à la croisée des chemins

Afin de réduire leur déficit et le poids de leur dette publique, les États ont eu tendance à réduire les dépenses en Recherche et Développement (R&D). Certes, en contrepartie, les pouvoirs publics ont privilégié les incitations fiscales en faveur de la recherche et développement privé. Au sein de l’OCDE, la recherche publique pèse moins de 2 % du PIB. Parmi les grands pays, c’est en France où la baisse est la plus importante, plus de 0,7 point de 2000 à 2015. Il est à souligner que, ces dernières années, le Japon et l’Allemagne ont accru leur effort en matière de recherche publique.

Aujourd’hui, les administrations (centres de recherches publics et universités) des pays émergents qui réalisent une part croissante des dépenses publiques de recherche. Plus d’un tiers de la recherche mondiale effectuée par le secteur public et les établissements d’enseignement supérieur intervient dans des économies qui n’appartiennent pas à l’OCDE. En 2014, les dépenses publiques de R&D de la Chine représentaient approximativement le double de celles du Japon. L’Inde, la Russie, le Taipei chinois, l’Iran et l’Argentine possèdent des systèmes scientifiques publics parmi les plus importants au monde.

Au sein de l’OCDE, la recherche fondamentale reste essentiellement publique. Alors qu’ils comptent pour moins de 30 % du total de la R&D dans la zone OCDE, les universités et les établissements publics de recherche assurent, en effet, les trois-quarts des travaux de recherche fondamentale. L’OCDE souligne que la recherche fondamentale reste incontournable pour la diffusion des innovations au sein des économies. L’intelligence artificielle et la médecine personnalisée sont ainsi deux exemples d’innovations nées des avancées de la science et de la technologie rendues possibles par la recherche publique.

Cinq pays – États-Unis, Chine, Japon, Allemagne et Inde – représentaient 59 % de la R&D publique mondiale en 2014, et 25 plus de 90 % du total. Cette prépondérance d’un petit nombre de pays s’explique en partie par leur taille. Les pays appelés à connaître une expansion rapide de leur population et de leur PIB, en Afrique par exemple, ont de bonnes chances de devenir des acteurs importants de la recherche.

Les États concentrent leurs efforts en matière publique sur quelques secteurs qui peuvent différer en fonction des pays. Ainsi, aux États-Unis, les dépenses publiques en faveur de la recherche sont à 24 % réalisées dans la santé contre 22  % au Royaume-Uni et 17 % au Canada. Le secteur de l’énergie concentre 19 % des dépenses publiques de recherche au Mexique, 11 % au Japon et 9 % en Corée du Sud.

Les organismes non institutionnels jouent un rôle croissant dans la recherche

Organismes de bienfaisance, fondations et philanthropes apportent une contribution toujours plus importante au financement de la recherche universitaire depuis quelques années, tout particulièrement dans le domaine de la santé où ils financent souvent l’étude des maladies rares ou tropicales. La Fondation de Bill et Melinda Gates constitue un bon exemple. Elle dispose d’un actif de plus de 43 milliards de dollars. Ses dépenses ont été de presque 4 milliards de dollars en 2014. Elle emploie plus de 1200 salariés.

La France demeure un pays majeur en matière de recherche mais…

L’effort public et privé de recherche était en 2014 de 2,24 % du PIB. Du fait d’une croissance inférieure à celle du PIB, le poids de la recherche a, ces dernières années, diminué. La France occupe néanmoins toujours la cinquième position parmi les pays les plus importants de l’OCDE, derrière la Corée du Sud (4,29 %), le Japon, l’Allemagne et les États-Unis. Pour tous ces pays, l’effort de recherche est, en revanche, en hausse qu’il soit d’origine publique ou privée.

La France devance toujours le Royaume-Uni malgré une hausse de l’effort de recherche de celui-ci, ainsi que l’Italie, le Canada, l’Australie et l’Espagne. La Finlande, la Suède et le Danemark restent les pays qui consacrent la plus grande part de leur PIB à la R&D en Europe.

Avec 9,4 chercheurs et ingénieurs de R&D pour mille actifs en 2014, la France se place toujours derrière la Corée du Sud (13,0 ‰) et le Japon (10,4 ‰). Elle devance en revanche l’Allemagne (8,4 ‰), le Royaume-Uni (8,4 ‰) et les États-Unis (8,3 ‰ en 2013). La Finlande, le Danemark et la Suède, pays moins peuplés de l’Union Européenne, se distinguent avec respectivement 14,2 ‰, 13,9 ‰ et 12,9  ‰ chercheurs et ingénieurs de R&D.

L’Europe aurait tout intérêt à accroître son effort de recherche en mettant en place des programmes communautaires. Cela permettrait une relance budgétaire comme le préconisent le FMI et l’OCDE et d’accroître à terme le niveau de la croissance potentielle.