14 septembre 2019

Le Coin des Tendances du 14 septembre 2019

Pêcher de manière responsable, une impérieuse nécessité

Entre 12 500 et 7 500 ans avant Jésus Christ, l’homme se sédentarise. Des petites communautés humaines commencent à se grouper dans des villages permanents en développant l’agriculture en complément de la chasse, de la pêche et de la cueillette. Elles pratiquent ensuite l’élevage et enfin cultivent les arts du feu, notamment la poterie et la métallurgie du bronze. Les humains deviennent ainsi des producteurs qui renouvellent ce qu’ils consomment (graines, gibier) par les semis et l’élevage. La pêche, en parallèle des activités de cueillette ou de chasse, continue à se développer. Elle reste un des piliers de l’alimentation humaine. Par sa nature, le pêche quand elle est excessive détruit l’écosystème qui la nourrit. Très rapidement, cette activité a été encadrée.

Les premières traces de pêche datent du paléolithique (40 000 ans avant Jésus Christ). Les poissons d’eau douce ont été les premiers à être consommés. La lance, le filet, la ligne et la canne semblent apparaître en Égypte vers 3500 ans avec Jésus Christ. Les Égyptiens ont développé la pêche tant sur le Nil qu’en mer. Les Romains sont de grands consommateurs et commerçants des ressources de la Méditerranée. Ils pêchent principalement au moyen de filets. Le poisson non consommé est fermenté et transformé en garum, un condiment, pour être conservé. Durant le Moyen Âge européen, la pêche est placée sous l’autorité des seigneurs. La pêche en rivière est réglementée afin d’éviter la pénurie de poissons. Les communautés religieuses dont le régime alimentaire est rythmé par des périodes maigres jouent un rôle important dans la réglementation de la pêche. Les communautés bénéficient de la part des seigneurs d’importantes donations.

Dès le milieu du XXIe siècle en France, la construction d’étangs se développe, laissant présager un début de pisciculture. Au XVème siècle, la pêche en haute mer et le commerce de poissons s’étendent. Les Néerlandais constituent des flottes de harenguiers qui, traînant un long filet dérivant, peuvent rester en mer des semaines durant. Ils sont ravitaillés par des bateaux cargos qui récupèrent les prises.  Les premiers chalutiers apparaissent en Grande-Bretagne au XVIIe siècle. Le chalutage prend son essor dès le XIXe siècle avec l’abandon des voiles au profit de la machine à vapeur. Les bateaux deviennent plus grands et plus puissants permettant de traîner d’amples filets dans des eaux profondes. La réfrigération remplace le sel pour conserver le poisson qui peut être distribué sur un large territoire.

Le développement de la population humaine est lié à la sédentarisation et au passage de l’économie de la chasse et de la cueillette à celle de la culture. La pêche est, en revanche, une économie de la cueillette.

En 2015, 160 millions de tonnes de poisson ont été pêchées pour se nourrir. Entre 1960 et 2015, la consommation par personne est passée de 9,9 à 21 kilogrammes par an. Les produits de la mer apportent 17 % des besoins en protéine. Pour certains pays, en particulier en Afrique, ce taux atteint 70 %.

Pour satisfaire la demande, les volumes pêchées ont été multipliés par cinq des années 1950 à 1990. Depuis, du fait du problème de la surexploitation, ce volume stagne voire diminue légèrement. En revanche, les poissons d’élevage jouent un rôle croissant. Plus de 74 millions de tonnes de poissons proviennent de fermes aquacoles.

Les États-Unis le Japon et l’Union européenne consomment 35 % des captures mondiales hors fermes aquacoles. Les deux tiers des prélèvements sont effectués dans l’hémisphère sud. La majorité de ces prélèvements est affrétée vers le Nord. Le poisson est une des ressources naturelles les plus échangées à l’échelle internationale.

Selon le rapport SOFIA de l’ONU, 90 % des espèces seraient pleinement exploitées, 30 % sont surexploitées. En 1974, seuls 10 % des espèces étaient dans cette situation. Dans l’atlantique du Nord Est, la ressource est divisée par 6 de 1950 à 1990. La flotte mondiale a la capacité de pêcher jusqu’à quatre fois la quantité, mettant ainsi en danger de nombreuses espèces (source FAO).

La problématique des ressources halieutiques n’est pas nouvelle. Selon l’écrivain Tiphaine de la Roche (1722/1774), les premières surexploitations des mers et des océans sont constatées dès le XVème siècle. Dès le début du XXème siècle, la création, en 1902, du Conseil International pour l’Exploration de la Mer (CIEM) à Copenhague fait suite à une prise de conscience générale. La nécessité de réguler la pêche s’impose. Des mesures sont progressivement prises sur la taille des filets, le tonnage des chalutiers, le niveau des prises afin d’éviter la disparition des espèces. Depuis les années 50, des réglementations ont été prises au niveau européen pour éviter l’épuisement de certaines espèces. La coquille Saint Jacques fait ainsi l’objet d’une surveillance poussée de ces stocks. Le tonnage, la taille des coquillages ou des poissons prélevés, les jours de pêche ou la durée des campagnes sont fixés au niveau de la Commission et donnent lieu à des contrôles. Le sommet de la terre de Rio de 1992 et celui de Johannesburg de 2002 fixent des objectifs pour la pérennité de certaines espèces de pêches. Un code de conduite pour une pêche responsable à l’échelle mondiale est établi en 1995 par le FAO. Entre 2016 et 2018, de nombreuses mesures ont été prises pour réduire la pêche du thon et notamment le thon rouge de méditerranée. L’Approche Ecosystémique de la Pêche (AEP) issu du sommet de Rio s’est progressivement imposée. Elle est admise par 47 pays et elle a été intégrée à la politique commune de la pêche de l’Union européenne. Au nom de cette approche, il est tenu compte de l’évolution des stocks mais aussi des interactions entre les espèces.

La biodiversité marine est aujourd’hui au cœur des préoccupations. 11 300 Aires Marines Protégées (AMP) ont été instituées à l’échelle mondiale. Ces AMP ne couvrent pour le moment que 3,7 % de la surface des mers. Au sein de ces zones, les activités de prélèvements sont soit interdites, soit limitées ou soumises à une stricte réglementation.

Le recours aux poissons d’élevage devient incontournable. Plus de 74 millions de tonnes de poisson sont ainsi élevées chaque année. Le premier producteur mondial est la Chine. Ces fermes aquacoles ne sont pas sans poser des problèmes. Elles génèrent des nuisances avec les déchets et l’injection d’antibiotiques. Par ailleurs, l’alimentation des poissons d’élevage nécessite en amont une pêche abondante. Pour produire fournir un kilo de poisson d’élevage consommé par les hommes, il faut jusqu’à 7 kilos de poissons. 30 millions de tonnes d’anchois et de sardines sont pêchées et transformées en sardine et en huile pour l’élevage.

Le débat du maintien de la diversité marine et de la lutte pour la protection des mers ainsi que des océans mobilisent un grand nombre d’Etats. Les négociations en cours, sous l’égide des Nations Unies concernent les activités en haute mer. Un projet d’accord réglementant l’accès aux ressources en haute mer est à l’étude. La Russie est pour le moment totalement opposée. Les Etats-Unis sont en retrait sans être viscéralement hostiles à un accord. Le Japon, l’Islande et le Canada sont sceptiques. L’Union européenne et la Chine y sont le plus favorables. La haute mer représente 64% de la surface maritime. Bien commun de l’Humanité, elle est libre d’accès et donc menacée de toutes les surexploitations. La nécessité d’un cadre juridique constitue pour de nombreux experts une nécessité.

Travail des seniors en France, le compte n’y est toujours pas

La France se caractérise par un nombre élevé de personnes inactives de plus de 50 ans. Au sein de l’OCDE, elle arrive en troisième position après la Grèce et l’Italie. En 2018, le taux était de 60 % contre 42% en moyenne dans l’OCDE. Bien que l’âge médian de la population française soit légèrement supérieur à celui de la moyenne des pays de l’OCDE, la raison principale de ce ratio élevé provient du très fort décrochage de la participation au marché du travail après 60 ans. La France a actuellement l’âge moyen de sortie du marché du travail le plus bas des pays de l’OCDE avec le Luxembourg.

Depuis 2000, le taux d’emploi des 55-64 ans a malgré tout augmenté de 18 points en France comme dans la moyenne des pays de l’OCDE en supprimant de nombreux dispositifs de préretraite et en reportant l’âge légal de 60 à 62 ans. La France ne rattrape néanmoins pas son retard en comparaison internationale. La situation atypique de la France provient de son âge légal de départ à la retraite qui est l’un des plus faibles de l’OCDE, ainsi que des faiblesses structurelles dans le fonctionnement du marché du travail qui pénalisent les travailleurs âgés. Les actifs de plus de 50 ans éprouvent les pires difficultés à retrouver du travail.

L’OCDE préconise que dans le cadre de la réforme des retraites en cours de discussion l’âge minimum de départ à la retraite soit lié à l’espérance de vie. L’organisation demande la fin des dispositifs des départs précoces dans les régimes spéciaux. Elle encourage le Gouvernement à favoriser la retraite progressive et le cumul emploi/retraite. Afin d’éviter des situations d’abus, elle recommande de délier les indemnités chômage de l’âge du bénéficiaire. Elle souligne que des salariés avec l’appui de certaines entreprises utilisent l’indemnisation chômage comme antichambre de la retraite avant de percevoir leurs pensions.

L’OCDE appelle les pouvoirs publics à agir en faveur de la formation sans tenir compte de l’âge des actifs. Une lutte contre les discriminations en fonction de l’âge devrait être menée. La formation et l’apprentissage au cours de l’ensemble de la carrière devraient être généralisés avec des dispositifs de validation des compétences. La vie professionnelle reste, en France, trop conditionnée par le diplôme acquis à la fin des études. Il conviendrait que les acquis professionnels soient reconnus et valorisés dans le cadre des recherches d’emploi.

Quand les « solos » deviennent un enjeu de marketing

Un nombre croissant de Français ne vivent pas en couple. Ils sont célibataires ou constituent une famille monoparentale. Selon les critères retenus, la France compterait entre 8 à 18 millions de personnes célibataires. Cet écart important est lié à la prise en compte des familles monoparentales et des personnes se déclarant en couple mais vivant séparés pour des raisons professionnelles ou personnelles. En retenant l’état matrimonial, 41 % des personnes de plus de 15 ans sont célibataires selon l’INSEE mais 20 % vivraient en union libre, ce qui conduit à 21 % de célibataires réels parmi lesquels un grand nombre de personnes âgées. En 2015, 36,7 % de femmes et 43,6 % d’hommes vivaient seuls (en tout cas pour l’état-civil), un chiffre en hausse de trois points pour les deux catégories depuis 2006. En quarante ans, le nombre des célibataires a doublé.

Selon une enquête du cabinet d’études sociologiques, Sociovision, les célibataires représentent 31,5 % des Français âgés entre 15 et 74 ans et se décomposent notamment en deux sous-ensembles les « solos sans enfant » qui représentent 14 % des 15-74 ans (moyenne d’âge de 38 ans, avec 57 % d’hommes) et les « solos monoparentaux » qui représentent 7,5 % des 15-74 ans (moyenne d’âge de 43 ans, avec 80 % de femmes).

Avant 30 ans, les célibataires sont des étudiants ou de jeunes travailleurs qui quittent le foyer familial pour s’installer seuls. L’allongement de la durée des études a fait reculer l’âge moyen du mariage, ce qui explique une forte proportion de célibataires entre 20 et 30 ans. L’allongement de la durée de la vie reste néanmoins la principale cause de la tendance au célibat. Plus de la moitié des personnes seules ont plus de 60 ans, en grande majorité des femmes.

Dans une société de plus en plus individualiste, le célibat devient un mode de vie en tant que tel. Il n’est plus rare que les membres d’un couple conservent leur appartement. La notion même de couple est en pleine décomposition/recomposition. Les notions d’époux et d’épouse, de chef de famille ou de mère de famille sont de plus délaissées au nom de l’égalité entre les sexes. Aujourd’hui, le ménage reste une communauté de destin, les enfants étant son principal ciment. Néanmoins, le célibat est dans un grand nombre de cas subi. Les agriculteurs et plus généralement les ruraux ont plus de difficultés à s’installer en couple que les urbains. Dans les grandes métropoles, le coût du logement, les contraintes horaires liés aux transports et le rythme de vie génèrent également un célibat subi.

La population des célibataires est loin d’être homogène tant au niveau de l’âge qu’à celui du niveau de vie. Les professionnels du marketing s’intéressent avant tout aux célibataires de 35 à 50 ans habitant dans les métropoles. Ces derniers sont une cible intéressante du fait de leur pouvoir d’achat et de leur réactivité par rapport à des offres spécifiques. Cette catégorie de célibataires est fortement utilisatrice d’Internet. Les sites de rencontres en ligne sont les premiers à s’intéresser au filon. La restauration avec les plats cuisinés ou les professionnels du voyage ainsi que l’industrie des loisirs ont suivi. Les distributeurs de produits alimentaires ont modifié leur packaging en proposant des boîtes de conserve plus petites et des portions pour client seul.

Les célibataires de 25 à 50 ans entendent ne pas être stigmatisés. Ils refusent d’être montrés du doigts mais demandent à être traités équitablement. Durant l’été 2019, des voies se sont élevées pour dénoncer les discriminations tarifaires dont font l’objet les célibataires, en particulier pour l’hébergement et les voyages.

Les personnes seules sont consommatrices de services de proximité, faute de temps et grâce à un pouvoir d’achat souvent plus élevé. Elles sont des adeptes des salles de sports et des activités culturelles. À majorité urbaines, elles sont les archétypes des « bobos » à forte sensibilité écologique.