1 juillet 2017

Le Coin des tendances du 1er juillet 2017

Quand les Français déménagent !

 Les Français privilégient de plus en plus les régions littorales. Les migrations concernent les actifs, essentiellement les ménages dont les membres sont âgés de 35 à 45 ans et les seniors. Les villes comme Nantes, Montpellier, Ajaccio voire Bordeaux profitent de ces mouvements de population. La densité le long des côtes augmente ce qui n’est pas sans poser des problèmes d’environnement, d’infrastructures et de services. Ces migrations qui sont en cours depuis le milieu des années 70 et qui se sont accélérées depuis vingt ans contribuent à redessiner la répartition démographique de notre pays.

Les Français de plus en plus mobiles

L’étude des déménagements en 2014 démontre les évolutions en cours. Ainsi, durant cette année-là, 7,3 millions de personnes ont changé de logement, soit 12 % de la population. Ces dernières années, ce taux a tendance à s’accroître. Plusieurs facteurs contribuent à cette évolution : l’accès au travail, l’augmentation du nombre des étudiants, les migrations des retraités, les divorces et les recompositions des familles.

Les mobilités résidentielles à l’intérieur d’un même département restent les plus nombreuses en représentant 74 % de l’ensemble des mobilités. Quand les personnes changent de département de résidence, dans la majorité des cas (56 %) elles s’installent dans une autre région.

 

Les jeunes et les actifs, les premiers concernés par les migrations

Certaines catégories de populations sont surreprésentées dans ces migrations interdépartementales. Les étudiants, qui représentent 17 % des nouveaux arrivants or ils ne représentent que 3 % dans la population totale. De leur côté, les actifs représentent 58 % des nouveaux arrivants (leur poids étant de 48 % dans la population totale), quand les retraités sont à l’origine de 9 % des migrations (leur poids étant de 22 % dans la population totale). En revanche, pour ces derniers, une hausse des déménagements est enregistrée depuis quelques années

Contrairement à une idée reçue, les changements de domicile ou de logement obéissent avant tout à des critères d’ordre personnel. Les migrations pour raison professionnelle sont majoritaires en ce qui concerne les mobilités de longue distance (changement de département ou de région).

 Tous vers l’Ouest et le Sud

Depuis 1990, cette géographie a peu évolué : l’attractivité des départements du littoral méditerranéen et de la façade atlantique se confirme, avec des taux de migration positifs très élevés sur toute la période. Inversement, depuis 1990, les départements du Nord et de l’Est présentent des soldes migratoires négatifs.

Les migrations interdépartementales s’effectuent donc du Nord et de l’Est vers l’Ouest et le Sud. Néanmoins, quelques départements de régions d’accueil enregistrent plus de départs que d’arrivées comme dans les Bouches-du-Rhône, le Vaucluse, les Alpes-Maritimes et les Hautes-Pyrénées. Les difficultés économiques et l’absence de liaison rapide avec une métropole expliquent ces cas particuliers.

Les départements du Nord affichent des soldes négatifs tant pour les actifs que pour les retraités.

En Île-de-France, en revanche, certains départements comme les Hauts-de-Seine et la Seine-et-Marne, connaissent des soldes migratoires positifs pour les actifs mais négatifs pour les retraités. Paris, en raison des prix enregistre une diminution du nombre d’actifs. La capitale se caractérise par des flux d’entrées et de sorties très importants. Le taux d’entrée est de 53 pour 1000 actifs présents contre une moyenne de 33 pour l’ensemble des départements français. Les cadres sont surreprésentés dans les entrées parisiennes, 30 % des entrants contre une moyenne de 12 % pour l’ensemble de la France. De nombreux jeunes actifs diplômés s’installent à Paris intramuros avant de déménager en banlieue.

Les retraités, cap au Sud et à l’Ouest

Si les retraités choisissent sans hésitation le Sud et l’Ouest, il y a quelques exceptions. Le département de la Somme attire les retraités malgré son positionnement nordique. Ce département profite de la qualité du cadre de vie et de la proximité de Lille et de Paris. Il bénéficie de l’arrivée de natifs qui ont travaillé au sein des grandes agglomérations voisines ainsi que de retraités ne disposant pas de moyens suffisants pour migrer vers le littoral ou optant pour un logement en milieu rural dans une région à climat très tempéré. Le département du Jura enregistre également l’arrivée de nombreux retraités qui fuient les centres urbains avoisinant. Dans le Sud, la Haute-Garonne est désertée par les retraités qui partent de Toulouse au profit des départements se situant à proximité. Marseille comme d’autres grandes métropoles connait un exode de retraités. 

Les étudiants se concentrent au sein des grandes agglomérations

Compte tenu de la concentration des établissements d’enseignement supérieur au sein des grands centres urbains, les étudiants sont amenés à effectuer des migrations après l’obtention du baccalauréat. En 2013, 310 000 étudiants se sont installés dans un nouveau département, que ce soit à l’occasion de leur entrée dans l’enseignement supérieur ou en cours d’études, soit 13 % des étudiants en France. Parmi ces départements d’accueil, 36 hébergent 80 % de ces étudiants. Cette mobilité interdépartementale présente un maximum pour les étudiants de 18 ans (19 % d’entre eux changent de résidence au moment de l’entrée dans l’enseignement supérieur). Après cet âge, la propension à changer de département est plus faible et fluctue entre 10 % et 14 %. Sans surprise, l’Île-de-France (Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne, Paris), la Meurthe-et-Moselle avec Nancy, le Rhône avec Lyon, la Gironde avec Bordeaux ou la Haute-Garonne avec Toulouse. Parmi les autres grands pôles universitaires attirant des étudiants des autres départements figurent également Rennes, Dijon, Grenoble, Reims, Poitiers et Tours. En revanche, Rouen, Caen ou Orléans, du fait de la proximité de Paris, n’enregistrent pas de flux net d’entrées d’étudiants. Le Sud de la France, à l’exception de Montpellier ne dispose pas de pôles d’enseignement supérieur rayonnant au-delà des limites départementales. Les Bouches du Rhône, disposent de la deuxième ville française dégagent un flux positif mais de faible ampleur.

 

2050, une France post-baby-boomer

En prenant en compte les évolutions de ces vingt dernières années, l’INSEE a établi des projections démographiques à 30 ans en retenant dans son scénario un solde migratoire avec l’étranger de + 70 000 personnes par an, une fécondité stable  1,9 et des gains d’espérance de vie constant. À l’échelle nationale, l’espérance de vie des femmes et des hommes atteindrait respectivement 90,3 ans et 86,8 ans en 2050, contre 85,0 ans et 78,7 ans en 2013.

 La Corse en tête

 En retenant ces hypothèses, en 2050, la France compterait, selon une étude de l’INSEE, 74,0 millions d’habitants, soit 8,2 millions de plus qu’en 2013. D’ici 2050, toutes les régions devraient enregistrer une progression de leur population mais avec des écarts importants. Le nombre d’habitants progressera le plus faiblement en Normandie et dans le Grand Est, moins de 0,1 % par an en moyenne de 2013 à 2050, contre 0,3 % pour l’ensemble de la France. Dans ces deux régions, la population se stabiliserait, puis baisserait à partir de 2040.

Dans certaines régions, en particulier à l’ouest et au sud du pays, la croissance serait au contraire plus soutenue que la moyenne nationale. Entre 2013 et 2050, elle serait d’au moins 0,5 % par an en Corse, Occitanie, Auvergne-Rhône-Alpes et dans les Pays de la Loire.

La forte progression de la population en Corse n’est pas sans conséquence politique par crainte d’une perte d’identité. Les migrations vers l’Île de Beauté concernent tant des Corses d’origine qui sont allés étudier et travailler sur le continent que d’halogènes décidant de s’y installer pour leur retraite ou pour y travailler.

En 2050, le classement des régions selon la population pourrait être modifié : la Bretagne pourrait dépasser la Normandie quand l’Occitanie et la Nouvelle-Aquitaine auraient plus d’habitants que les Hauts-de-France. En revanche, pour les deux premières régions conforteraient leur position. L’Île-de-France devrait compter 13,2 millions d’habitants (12,0 millions en 2013) et la région Auvergne-Rhône-Alpes 9,5 millions (7,8 millions en 2013).

L’évolution démographique serait nettement plus contrastée dans les départements d’outre-mer (DOM). En Guyane et à Mayotte, la croissance serait élevée, soutenue par la fécondité. En revanche, en Guadeloupe et en Martinique, la population baisserait fortement, tandis que La Réunion serait dans une situation intermédiaire.

D’ici 2050, le solde naturel, (différence entre naissances et décès) deviendrait négatif pour la très grande majorité des régions françaises. Seules quatre régions conserveraient un solde positif : les Pays de la Loire et en Auvergne-Rhône-Alpes, en Île-de-France et dans les Hauts-de-France

En Corse et, dans une moindre mesure, en Nouvelle-Aquitaine, en Bretagne et en Occitanie, l’excédent migratoire serait important et compenserait largement le solde naturel déficitaire.

Plus de 20 millions de plus de 65 ans en 2050

 Au 1er janvier 2050, la France compterait plus de 20 millions de personnes de 65 ans ou plus, soit 8,6 millions de plus qu’en 2013. Cette population senior augmenterait nettement plus que l’ensemble de la population : + 1,5 % en moyenne par an entre 2013 et 2050, contre + 0,3 %.

Les régions les plus concernées par le vieillissement sont la Corse, les Pays de la Loire, la Bretagne, l’Occitanie, l’Auvergne-Rhône-Alpes, l’Île-de-France et les DOM. Cette forte hausse des seniors concernerait également les régions où la population augmenterait peu comme le Grand Est et la Normandie (+ 1,4 % par an en moyenne).

La progression du nombre de seniors serait moins importante en Bourgogne-Franche-Comté, en Provence-Alpes-Côte d’Azur et dans le Centre-Val de Loire (entre + 1,2 % et + 1,3 % par an).

Ce vieillissement généralisé est la conséquence de la montée en âge des générations du baby-boom. L’accroissement sera particulièrement rapide de 2017 à 2030, le pic de naissances ayant été atteint en 1964. La hausse de la population des seniors passerait progressivement de + 2,5 % en moyenne annuelle entre 2013 et 2020 à + 0,6 % entre 2040 et 2050.

Si l’Île-de-France accueille de nombreux étudiants et jeunes actifs, son solde migratoire est négatif pour les plus de 65 ans. Beaucoup de séniors quittent la région pour d’autres régions ou pour l’étranger. Entre 2013 et 2050, les mouvements migratoires conduiraient l’Île-de-France à perdre, en moyenne, 23 200 seniors chaque année. Le déficit migratoire des seniors resterait également important dans les Hauts-de-France, le Grand Est et en Auvergne-Rhône-Alpes. À l’inverse, deux régions littorales profiteraient de cette migration des seniors : la Bretagne et la Corse. Ainsi, la Bretagne accueillerait en moyenne près de 2 300 séniors en plus par an via les migrations. Les régions Occitanie, Pays de la Loire et Nouvelle-Aquitaine seraient dans une configuration analogue, avec un excédent relatif toutefois moins élevé.

 

La marché inexorable du vieillissement diffère selon les départements

 En France, la proportion de séniors atteindrait 27,2 % en 2050, soit une hausse de 9,7 points par rapport à 2013. Les régions qui « vieilliraient » le plus, au sens de cette proportion, ne sont pas nécessairement celles où le nombre de séniors croîtrait le plus fortement. En effet, la proportion de séniors reste stable quand le reste de la population augmente au même rythme. Ainsi, l’Île-de-France, l’Auvergne-Rhône-Alpes et l’Occitanie seraient caractérisées par un moindre vieillissement alors même que la hausse de la population des séniors y serait soutenue. La proportion de séniors y augmenterait moins qu’à l’échelle nationale : de + 8,1 points en Auvergne-Rhône-Alpes à + 9,2 points en Occitanie. À l’opposé, les régions Bourgogne-Franche-Comté, Grand Est et Normandie connaîtraient un vieillissement plus prononcé qu’ailleurs. La part de séniors y augmenterait de plus de 10 points à l’horizon 2050. Ce vieillissement plus important s’expliquerait par une baisse du reste de la population quand bien  même la hausse de la population des séniors y serait parmi les plus faibles du pays. Enfin, en Bretagne, dans les Pays de la Loire et, de manière encore plus marquée, en Corse, le vieillissement plus élevé que la moyenne serait dû à une augmentation de la population des séniors particulièrement soutenue.

Au sein des séniors, les plus 75 ans, un segment en forte croissance

 La France compterait 12,1 millions de personnes âgées de 75 ans ou plus en 2050, soit 16,4 % de la population, contre 9,0 % en 2013. Quelle que soit la région, la hausse serait plus soutenue que pour les personnes de 65 ans ou plus. Elle pourrait dépasser 2 % par an en Auvergne-Rhône-Alpes, Île-de-France, Bretagne, dans les Pays de la Loire et en Corse. Dans le Centre-Val de Loire et en Bourgogne-Franche-Comté, où la hausse serait la moins prononcée, elle atteindrait 1,7 % par an. En 2050, la proportion de personnes âgées de 75 ans ou plus serait supérieure à 18,0 % dans la moitié des régions métropolitaines, avec un maximum de 21,5 % en Corse.

Les 20–64 ans représenteraient seulement un habitant sur deux en 2050

En France, le nombre de personnes de 20 à 64 ans, soit l’essentiel de la population en âge d’être active, baisserait de 588 000 personnes entre 2013 et 2050. À cet horizon, elles représenteraient seulement la moitié de la population, soit une diminution de 7,3 points par rapport à 2013. Les régions où cette population baisserait correspondent globalement aux régions les moins dynamiques démographiquement. En particulier, le recul serait assez fort dans le Grand Est et en Normandie. Même dans les régions où la population d’âge actif augmenterait, le poids relatif de cette population baisserait en raison de la forte hausse du nombre de seniors.

Une relative stabilité du nombre de jeunes de moins de 20 ans

En 2050, la France compterait seulement 265 000 jeunes de plus qu’en 2013. Les moins de 20 ans représenteraient alors 22,3 % de la population, soit 2,3 points de moins qu’en 2013. Cette baisse concernerait toutes les régions. Comme pour les 20–64 ans, les régions à croissance lente comme les Hauts-de-France, le Grand Est ou la Normandie seraient les plus concernées par la baisse de la part des jeunes, inversement aux régions plus dynamiques démographiquement comme les Pays de la Loire, l’Occitanie ou l’Auvergne-Rhône-Alpes.

En raison de ces écarts entre les différentes tranches d’âge, le rapport entre population âgée et population jeune progresserait fortement d’ici à 2050. À l’échelle nationale, il s’établirait en 2050 à 122 personnes de 65 ans ou plus pour 100 personnes de moins de 20 ans. En 2013, ce ratio était de 71 seniors pour 100 jeunes. Outre la Guadeloupe et en la Martinique, le ratio seniors/jeunes s’accroîtrait particulièrement dans certaines régions métropolitaines, en particulier en Corse et, dans une moindre mesure, en Bretagne, régions où la population des seniors augmenterait fortement. La hausse du ratio serait également soutenue en Normandie, du fait de la forte baisse de la population jeune. À l’inverse, le ratio augmenterait nettement moins qu’ailleurs en Île-de-France et en Auvergne-Rhône-Alpes. Pour cette dernière, cette moindre hausse reposerait sur un accroissement important de la population jeune. Quelle que soit la région, la hausse du ratio serait surtout marquée jusqu’au début des années 2030. Elle serait moins prononcée au-delà, compte tenu de la fin progressive des effets du baby-boom.

Le vieillissement de la population dans les DOM

 L’évolution démographique à venir serait très différente d’un DOM à l’autre. La croissance de la population serait particulièrement vigoureuse en Guyane et à Mayotte, portée par le solde naturel. Ces deux territoires ont une fécondité très élevée : plus de 3,5 enfants par femme contre 2,0 en métropole. Les habitants y sont, de ce fait, particulièrement jeunes. La Guyane compte par exemple 43 % de jeunes de moins de 20 ans en 2013, contre moins de 5 % de seniors de 65 ans ou plus (respectivement 24,4 % et 17,7 % en France métropolitaine). En dépit d’un fort accroissement de la population senior dans les années à venir, la population demeurerait bien plus jeune qu’en France métropolitaine. Ainsi, en 2050, la Guyane et Mayotte compteraient respectivement 45 et 20 seniors pour 100 jeunes (respectivement 122 seniors pour 100 jeunes en métropole).

En Guadeloupe et en Martinique, la population baisserait d’ici à 2050. Dans ces deux régions, le déficit migratoire serait important. Par ailleurs, le solde naturel deviendrait, comme dans la plupart des régions métropolitaines, négatif dans les années à venir. Le vieillissement de la population serait en outre très nettement accentué sur ces deux territoires, du fait à la fois d’une baisse marquée de la population de moins de 65 ans et d’une hausse conséquente de la population des séniors. Quand la Guadeloupe et la Martinique comptent, en 2013, 54 et 66 seniors pour 100 jeunes, ces proportions passeraient respectivement à 197 et 251 en 2050.

Enfin, la Réunion serait dans une situation intermédiaire : la croissance démographique serait faible à l’horizon 2050 ; le solde naturel, relativement dynamique, serait atténué par un déficit migratoire. Le vieillissement serait moins prononcé qu’en Guadeloupe et en Martinique. La Réunion compterait ainsi 82 séniors pour 100 jeunes en 2050 contre 29 en 2013.

 

La croissance verte se fait attendre

 

Dans le cadre de son rapport 2017 sur la croissance verte, l’OCDE a étudié les progrès des différents pays membres en matière de développement durable en retenant un grand nombre d’indicateurs qui concernent tous les secteurs d’activité et émissions de polluants ou de CO2 ainsi que la recherche. Selon ce rapport, depuis 1990, tous les pays de l’OCDE et du G20 ont accru leur productivité globale corrigée de l’environnement (qui mesure la productivité économique en tenant compte des pressions telles que la pollution et l’utilisation des ressources naturelles). Le Danemark, l’Estonie, le Royaume‑Uni, l’Italie et la République slovaque sont les pays ayant réalisé le plus de progrès en la matière depuis 2000. L’OCDE souligne que la productivité environnementale est modeste et demeure insuffisante pour respecter les objectifs fixés par les accords de Paris de 2015.

 

La productivité du carbone (PIB par unité de CO2 émis) s’améliore, la moitié des 35 pays membres de l’OCDE « découplant » leurs émissions et leur croissance, ce qui signifie que leurs émissions n’augmentent plus parallèlement à leur expansion économique. Ce sont la Suisse et la Suède qui affichent la productivité du carbone la plus élevée, et la République slovaque, la Lettonie et la Pologne ont toutes trois réduit leurs émissions de CO2 alors que leur PIB grimpait. Le bilan est plus nuancé lorsque les flux commerciaux sont pris en considération et si les émissions sont envisagées du point de vue de la consommation finale. La plupart des pays de l’OCDE sont importateurs nets d’émissions de CO2, de sorte que, si l’on comptabilise le CO2 émis aux stades de la production des biens et services à l’étranger, seuls 12 pays de l’OCDE ont découplé leurs émissions et leur PIB.

 

Le rapport montre qu’aucun des pays étudiés n’obtient des résultats satisfaisants dans toutes les dimensions de la croissance verte et que la plupart d’entre eux n’ont pas encore complètement rompu le lien entre croissance économique, d’une part, et consommation d’énergie fossile et émissions polluantes, d’autre part. Les avancées sont souvent insuffisantes pour préserver le capital naturel ou atténuer la pression exercée sur les écosystèmes et les services fournis par le milieu naturel, comme l’épuration de l’eau et la régulation du climat.

 

Pour obtenir 1 000 USD de PIB, les pays de l’OCDE consomment en moyenne environ 420 kg de matières non énergétiques et 111 kg d’énergie (en équivalent pétrole), et émettent à peu près 260 kg de CO2.

 

Sur les 46 pays étudiés, c’est en Islande, au Costa Rica et en Suède que les énergies renouvelables occupent la plus grande place dans le mix énergétique. La proportion moyenne des énergies renouvelables est plus élevée dans les grands pays émergents, (14.8 %) que dans les pays de l’OCDE (9.6 %), mais elle a chuté dans les premiers depuis 1990, quand elle augmente dans les seconds.

 

La Chine et les États-Unis demeurent les deux pays qui extraient le plus de matières premières non énergétiques, suivis de l’Inde et du Brésil (surtout de la biomasse), puis de l’Afrique du Sud et du Canada (principalement des métaux). L’extraction de matières a augmenté de plus de 200 % depuis 1980, en grande partie du fait du développement massif de l’exploitation des minéraux non métalliques. La productivité matérielle la plus élevée est obtenue par les Pays‑Bas, le Royaume-Uni et le Japon.

 

Les zones urbaines grandissent rapidement, y compris dans certains pays déjà très urbanisés, et, dans l’ensemble de la zone de l’OCDE, les zones bâties croissent plus vite que la population. La superficie occupée par les bâtiments a gagné 30 % depuis 1990. Globalement, une surface égale à celle du Royaume‑Uni a été bâtie depuis cette date. Empiéter sur les terres pour construire diminue la superficie agricole, appauvrit la biodiversité et a des effets négatifs sur le cycle de l’eau.

 

La pollution de l’air se maintient à un niveau dangereusement élevé. Moins d’un pays membre de l’OCDE sur trois respecte les valeurs guides de l’OMS concernant les concentrations de particules fines, et le niveau de pollution déjà élevé en Chine et en Inde est en train d’empirer.

 

Au début des années 2000, une poussée de l’innovation et des technologies vertes a stimulé la productivité et la croissance, mais depuis 2011, l’activité inventive a ralenti dans tous les grands domaines technologiques liés à l’environnement. Environ 90 % des technologies vertes ont leur origine dans les pays de l’OCDE, mais les contributions de la Chine et de l’Inde augmentent vite.

 

Les pays recourent davantage aux taxes liées à l’environnement, mais la contribution de celles‑ci aux recettes fiscales totales diminue depuis 1995. Elles ont rapporté 5.2 % des recettes fiscales dans les pays de l’OCDE, soit beaucoup moins que les impôts sur le travail.