2 avril 2016

Le Coin des tendances du 2 avril 2016

 

Des puces aux puces en passant par l’art

Depuis de nombreuses années, les Français achètent de plus en plus dans les brocantes, les foires ou aux puces. De même, les salons d’antiquités, les galeries d’art ou les ventes aux enchères connaissent des affluences de plus en plus fortes. Mais, ce secteur traditionnel n’échappe pas à la digitalisation. Les puces, les foires, les salons ou les galeries spécialisées sont concurrencés par les plateformes d’échanges.

Chiner rime désormais avec  mulot. C’est déjà le cas pour les 25-40 ans qui privilégient les puces sur Internet. Les seniors de plus de 50 ans s’y mettent également en y réalisant déjà plus de 10 % de leurs achats.

L’achat de produits d’antiquité est un acte de consommation occasionnel mais fréquent. Ainsi 56 % des Français déclarent pratiquer un tel achat deux fois par an en moyenne. 15% des Français réalisent plus de 6 achats dans l’année. Dans plus de 80% des cas, les Français achètent un produit d’antiquité pour eux-mêmes, dans 20 % c’est pour un tiers ou en vue d’une revente. Ces vingt dernières années, le marché s’est profondément modifié. Les classes moyennes et mêmes aisées se sont faites plus rares. Il est avant tout constitué de spécialistes collectionneurs. Néanmoins, un nouveau public apparaît aux puces comme dans les salles de marché, un public composé d’acheteurs recherchant de jolis objets pouvant être utilisés quotidiennement. En effet, les Français se détournent des objets anciens au profit du vintage. La possession de vieux meubles lourds, difficilement transportables diminue. En revanche, les styles années 50, 60 ou 70 sont recherchés. Les jeunes générations pour s’équiper achètent des biens d’occasion aux puces tant par souci de style que par souci d’économies. Aujourd’hui, le choix est entre Ikea ou des meubles achetés d’occasion dont certains peuvent être de style. Jusqu’en 1990, deux tiers des meubles achetés étaient anciens, en 2016, le rapport s’est inversé en faveur des meubles modernes essentiellement prêts à monter mais un rééquilibrage est en cours sous la forme d’un recyclage de biens anciens.

Les plateformes spécialisées ou généralistes comme « leboncoin.fr » sont désormais des espaces de ventes de biens anciens de plus en plus prisés. Ces plateformes profitent de la complexité des espaces traditionnels.

Internet a démocratisé l’accès aux objets anciens. Il offre l’avantage de l’immédiateté. II réduit la chaîne d’intermédiation et permet un lien direct entre acheteurs  et vendeurs.

Les professionnels ont désormais compris l’intérêt de passer par ce canal de distribution. Si le marché des objets anciens et en particulier des meubles s’est mis à l’heure d’Internet, il en est de même pour l’art. Les ventes d’œuvres d’art en ligne dépassent 2,5 milliards d’euros et devraient atteindre compte tenu du taux de croissance de ces dernières années 6 milliards d’euros d’ici 2020 (rapport annuel Hiscox 2015). 50 % des personnes ayant acheté une œuvre d’art affirment qu’une partie ou la totalité de la transaction s’est déroulée en ligne.

Les plateformes et les sites de e-commerce dédiés à l’art se multiplient. Pour maintenir leurs parts de marché, les maisons de vente plus traditionnelles comme Christie’s, Drouot et Sotheby’s ont développé des sites en ligne et des salles de vente aux enchères en ligne. Ce recours au numérique a permis de lever certains freins relatifs aux enchères en salle de vente, comme l’inaccessibilité d’un milieu relativement fermé.

Aujourd’hui, les outils Internet sont obligatoires pour un vendeur d’art. La France qui représente le 4ème marché de l’art après le Royaume-Uni, la Chine et les Etats-Unis dispose de maisons de vente qui ont opté très tôt pour la dématérialisation afin de pouvoir attirer une clientèle par définition internationale. Le recours à des services en ligne est d’autant plus nécessaire que la clientèle en provenance des pays émergents, est plus jeune. Chez le vendeur d’art Tajan, 60% des acheteurs sont des clients étrangers (Russie, Chine, Brésil et Mexique). Les vieilles maisons de vente comme « Chez Millon & Associés » se sont lancées dans la vente en ligne et se sont intégrées à des plateformes comme Barnaby’s qui centralisent les informations des ventes aux enchères à travers le monde en un seul clic. En agrégeant du contenu, les plateformes peuvent réaliser des ventes aves des biens se trouvant aux quatre coins de la planète tout comme les acheteurs. Les notions d’unité de lieu et de temps disparaissent. Les réseaux sociaux sont de plus en plus des vecteurs utilisés pour attirer l’attention des acheteurs potentiels sur tel ou tel évènement. Certes, Internet pose un certain nombre de problèmes techniques et pratiques. Ainsi ; les acheteurs ne peuvent pas inspecter l’œuvre de visu ce qui constitue le principal frein à l’achat d’art en ligne. La difficulté de pouvoir confirmer l’authenticité d’une œuvre est également soulevée tout comme le manque de confiance accordée parfois au vendeur. Parmi les autres problèmes figurent le manque d’informations sur l’objet, les  problèmes de logistique et le manque de possibilités de financement.

Les professionnels de l’art travaillent à lever ces obstacles. Le recours accru à la vidéo avec réalité augmentée (la représentation virtuelle de l’œuvre, animation 3D (rotation) et zoom « haute résolution » pour les œuvres, avec à terme des recherches sur l’expérience du « toucher » à distance constitue une des voies de travail. Afin de surmonter les doutes sur l’authenticité des objets achetés, l’avis de pairs (peer-to-peer et blockchain) deviendra un élément-clé dans la décision d’achat et la confiance accordée au vendeur. L’acheteur doit également pouvoir accéder à toutes les informations souhaitées sur l’artiste, la réalisation de l’œuvre, sa conservation. Les données doivent pouvoir faire l’objet d’un service de traitement qualitatif afin de sécuriser l’acheteur. La logistique, de l’assurance au transport, constitue des enjeux importants mais pas insurmontables des sites de vente d’art en ligne. Comme pour les autres secteurs d’activité, les maisons de vente seront de plus en plus des show-room, des organisateurs d’évènements qui permettront de faire connaître la marque, son sérieux et sa capacité à mobiliser des acheteurs et des vendeurs. Christie’s et Sotheby’s organisent de plus en plus d’évènementiels afin de maintenir leur notoriété.

L’ubérisation du marché de l’art est en route avec l’apparition de nouveaux acteurs qui jouent totalement l’international et la mobilité tout en cassant les prix. Au Royaume-Uni, les antiquaires regroupés au sein de la fédération British Antique Dealers Association, ont décidé de se passer des commissaires-priseurs et de créer leur propre site de vente aux enchères qui sera en ligne en juin prochain. Les acheteurs ne paieront plus de frais d’adjudication comme pour une vente aux enchères. Les vendeurs devront de leur côté payer une commission à la plateforme au taux de 15 %. Des galeristes ou des courtiers en art outre-Manche s’associent à ces antiquaires qui sont déjà plus de 300.

 

Que restera-t-il demain de nos emplois ?

L’automatisation n’est pas un phénomène nouveau. Simplement, ce processus tend à s’accélérer. Si la robotisation des chaînes industrielles est devenue une réalité dans les années 80, elle tend à conquérir l’espace des services.

Le nombre des activités pouvant faire l’objet d’une automatisation s’accroît de jour en jour. Cela concerne tant celles à faible valeur ajoutée (caissières)  que celles reposant sur des compétences élevées. Il en résulte une crainte légitime d’une disparition de nombreux emplois. L’automatisation modifie également en profondeur l’organisation du travail. Elle remet en cause les chaînes de création de richesses.

Le cabinet MacKinzey vient de rendre public une étude sur le sujet de la robotisation et de la digitalisation. Elle démontre que tous les emplois ne seront pas supprimés.  Peu de professions seront automatisées dans leur intégralité dans le court ou le moyen terme. Elle met, en revanche, en avant que l’automatisation permettra de libérer du temps pour la conception, le marketing et le suivi client. Le cabinet de conseil note que l’informatisation a déjà révolutionné le travail depuis les années 60. Ainsi, dans les banques, les caissiers ont laissé la place aux distributeurs de billets sans que cela soit vécu comme un drame. Le travail de saisi des données, la gestion financière, le traitement comptable ont été révolutionné par la généralisation de l’outil informatique.

Au-delà de ces propos rassurants, l’étude MacKinzey indique néanmoins que 45 % des activités peuvent être automatisées assez rapidement. Ces activités représentent aux Etats-Unis 2 000 milliards de dollars de salaires annuels. Le cabinet admet que la technologie actuelle permettrait d’importants gains de productivité. Les avantages procurés par l’automatisation (allant de la production accrue à une meilleure qualité et une fiabilité améliorée, en passant par la possibilité d’effectuer certaines tâches à des niveaux surhumains) sont évalués entre trois et dix fois le coût. Compte tenu de l’ampleur des gains potentiels, la robotisation est donc incontournable pour les entreprises concernées. Le risque concurrentiel en cas de non utilisation des nouvelles techniques est trop important. Le recours à la robotisation s’impose  pour des raisons de sécurité et de gestion de flux de plus en plus nombreux. Ainsi, les transports publics se sont fortement automatisés afin de répondre à une demande en forte croissance et d’améliorer la sécurité. Le transport aérien est une activité qui de la commercialisation des billets au vol est en lui-même très automatisée. Les transports de marchandise et le transport individuel s’effectueront d’ici quelques années sans pilote ou presque.

Au-delà des activités répétitives demandant des facultés d’attention et pouvant donner lieu à une automatisation très facile, les robots prennent également en charge des missions d’analyse ou de synthèse. Cela pourrait concerner 13 % des acticités de travail aux Etats-Unis. Les progrès de l’intelligence artificielle et de ses variantes, comme l’apprentissage par retour d’expérience, ouvrent de nouveaux champs d’intervention à la machine. Le système artificiel de renseignement de « Narrative Science Quill » à partir de l’analyse automatique de données brutes peut générer des rapports de synthèses en quelques secondes quand il faudrait des journées de travail à des auteurs. Des robots édictent des articles financiers avec plus de fiabilité que les journalistes. Face à la multiplication des données, le big data offre des techniques pour sérier les bonnes informations. Ainsi, les avocats ont de plus en plus recours à des techniques d’exploration de textes automatiques afin d’identifier les plus pertinents qui pourraient leur servir dans le cadre de leurs rapports ou plaidoiries. De même, l’analyse des données de vente permet aux directions commerciales de générer rapidement des listes de prospects et d’identifier les opportunités plus probables pour les ventes croisées et upselling. Cette automatisation libère du temps et permet de proposer les offres les plus adaptées aux attentes des prospects.

La flotte de robots Amazon Kiva gère de manière autonome les commandes des entrepôts situés aux quatre coins de la planète et cela de manière quatre fois plus rapide que l’ancien système de l’entreprise. Le système Watson d’IBM via quelques données médicales transmises automatiquement peut effectuer un diagnostic médical et proposer des traitements disponibles. Les robots chirurgiens sont amenés à se développer à grande vitesse en raison du degré de précision de leurs actions.

Selon l’analyse de MacKinzey, moins de 5 pour cent des professions peuvent être entièrement automatisées en utilisant la technologie actuelle. Toutefois, environ 60 pour cent des professions pourrait avoir 30 pour cent ou plus de leurs activités constitutives automatisées. De ce fait, l’automatisation est susceptible de changer la grande majorité des professions. Cela entraînera une redéfinition importante du contenu des emplois et une transformation des processus de production. La mise en place des process technique de production et de vente, le traitement des cas particuliers, la gestion des retours d’expérience, la prise de décisions par rapport aux données récupérées seront au cœur des nouveaux métiers. La montée en gamme du conseil et du contact client est une autre conséquence de l’automatisation. L’important dans un monde assisté par la machine sera de pouvoir gérer l’aléa, l’évènement non prévisible et d’être capable de réagir.

McKinsey considère que même dans les prochaines années les professions les mieux rémunérés feront l’objet d’une automatisation. Plus de 20 % des missions des cadres supérieurs pourraient être remis en cause. L’analyse des rapports et des données pour éclairer les décisions opérationnelles, la préparation des affectations du personnel, les analyses financières et  comptables… pourront faire l’objet de processus d’automatisation. A l’inverse, il existe de nombreuses professions à bas salaires tels que les aides de santé à domicile, les paysagistes et les travailleurs d’entretien, où seul un très faible pourcentage des activités pourrait être automatisé avec la technologie disponible aujourd’hui.

Les fonctions liées à l’innovation ou à la créativité sont difficiles à automatiser même si l’apport du numérique dans ces domaines est de plus en plus importante. Le défi sera de réorienter le temps de travail vers la créativité. Selon une étude américaine, seulement 4 % des activités de travail font appel à  la créativité à un niveau humain médian de performance. De même, seulement 29 % des activités de travail nécessitent de l’émotion, de l’affect et du contact humain.

Le rôle des cadres est amené à évoluer selon le cabinet MacKinzey. Ils seront moins de manages hiérarchiques et de plus en plus des animateurs de réseaux, des gestionnaires de créateurs. Ils auront un rôle clef dans le processus de création et de gestion des relations humaines au sein d’équipes pluridisciplinaires. …

 

L’OCDE au secours du consommateur en ligne !

Le développement du commerce en ligne mais aussi des applications et des transactions électroniques entre consommateurs expose ces derniers à des risques financiers et juridiques nouveaux qui sont encore mal pris en compte par la législation. L’OCDE a récemment invité les Etats membres à clarifier leur réglementation afin de mieux protéger les consommateurs et de mieux déterminer les responsabilités.

Selon l’organisation internationale, les consommateurs en ligne ont droit au même niveau de protection que les acheteurs classiques. Elle souligne que les lois relatives à la protection des consommateurs devraient couvrir les applications et services en ligne offerts gratuitement en contrepartie de l’accès aux données personnelles des consommateurs.

Si 75 % des consommateurs des pays de l’OCDE naviguent tous les jours sur Internet, une personne sur deux seulement a effectué un achat en ligne en 2014. Celles qui s’en abstiennent invoquent des craintes en matière de sécurité et de vie privée. Depuis deux ans, dans les pays les plus connectés, la croissance du nombre d’Internautes achetant en ligne stagnes prouvant que la méfiance d’une partie de la population ne se réduit plus.

L’OCDE demande aux Etats d’imposer une obligation d’identification des entreprises et du lieu de gestion de la requête. Les entreprises ne devraient pas déformer ou dissimuler les clauses ou conditions susceptibles d’influer sur la décision d’un consommateur concernant une transaction. Elles ne devraient pas non plus recourir à des pratiques trompeuses en relation avec la collecte et l’utilisation des données personnelles des consommateurs. L’OCDE réclame que les entreprises apportent un soin tout particulier au marketing à destination des enfants ou des consommateurs vulnérables.

Des dispositions devraient être prises pour faire en sorte que les consommateurs comprennent bien les clauses et conditions applicables à l’acquisition et à l’utilisation de contenus numériques, tels que la musique ou les films en ligne – la catégorie de commerce électronique qui connaît la croissance la plus rapide et qui est souvent assortie de restrictions techniques ou contractuelles. Les consommateurs devraient également avoir accès à des mécanismes faciles à utiliser permettant de résoudre, en temps voulu, les litiges relatifs à une transaction électronique nationale ou internationale.