20 août 2016

Le Coin des Tendances du 20 août 2016 – Digital – Emploi – Chine -Energie

Mon emploi sera-t-il digital ou ne sera-t-il pas ?

Pour certains, le digital signifie la mort de millions d’emplois quand, pour d’autres, il pourrait en créer un grand nombre. Nul ne le sait encore vraiment. En revanche, il est communément admis  que le digital modifie en profondeur le contenu de nombreux emplois

Le processus d’automatisation n’est pas nouveau, il est consanguin du développement industriel. Des machines à tisser aux robots, l’automatisation a permis de démultiplier la force et les capacités humaines afin d’augmenter la production et d’en diminuer le coût. La révolution digitale n’est que la suite logique de ce phénomène. La force du numérique est de suppléer l’homme dans des activités tant physiques qu’intellectuelles. Le recours à l’informatique  décisionnelle transfère aux machines des activités pénibles et répétitives.

Comme au 19ème siècle, comme au 20ème siècle, des métiers vont disparaître ou plutôt évoluer. D’après une étude du Roland Berger Institute, sur les 185 métiers que l’on trouve aujourd’hui dans l’industrie, environ 50 % pourraient faire l’objet d’une automatisation dans les 20 ans à venir. Seraient concernés les métiers de régleur, de cariste, de vérificateur qualité usine, d’outilleur, d’opérateur de machines assistées par ordinateur etc. En revanche, de nouvelles qualifications se développeront comme statisticien de maintenance prédictive, formateur de cobots (robots non autonomes), cyber-testeur (tests de produits par simulation) ou paramétreur de systèmes de contrôles etc. Le secteur des services sera également concerné avec la multiplication des automates de gestion, de contrôle et de simulation. De la conception automatisée par itération en fonction des retours « client » aux requêtes commerciales personnalisées à partir des informations recueillies sur les réseaux sociaux, le rôle du digital dans la vie économique s’accroît à toute vitesse.

Pour maintenir un niveau élevé d’employabilité de la population, la formation continue est une ardente obligation. Cette exigence de formation concerne en premier lieu l’industrie comme le souligne Isabelle Martin secrétaire confédérale CFDT et membre du Conseil national de l’industrie, « cette industrie du futur peut être l’occasion d’une montée en gamme des qualifications des salariés ». En raison de l’évolution rapide des techniques et des process, il est de plus en plus important de mettre en œuvre sur une formation tout le long de la vie professionnelle, vie qui est amenée à s’allonger avec le report de l’âge de départ à la retraite. La formation se doit d’épouser son temps en reprenant les codes du numérique, les jeux, l’interactivité, la simulation… La formation s’effectue dans de nombreuses entreprises sur des créneaux horaires particuliers ou durant des périodes de moindre activité. La logique veut que la formation soit permanente, qu’il n’y est plus de distinction entre travail et apprentissage. Le concept de communauté auto-apprenante ou le recours à des robots d’assistance pour apprendre les bons gestes ou les bonnes pratiques se développent. S’il est impossible de prévoir les métiers à 20 ans, en revanche, il est indispensable de former les jeunes actifs à l’adaptabilité. L’inconnu sur le contenu précis des métiers de demain oblige les écoles à apprendre à apprendre. « Aujourd’hui le marché de l’emploi évolue tellement rapidement que l’individu que nous formons est quelqu’un qui a l’appétence et la possibilité de se former et d’apprendre tout seul », indique Laurent Carraro, directeur général d’Arts et Métier ParisTech.

 

Le Brésil et le Mexique, pionniers de la banque digitale

Facebook IQ, la plateforme d’étude marketing du réseau social, a publié une étude sur la montée en puissance au Brésil et au Mexique de la banque digitale. Ces deux pays  ont la particularité du fait de la jeunesse de leur développement d’avoir sauté l’étape du réseau classique et de l’ordinateur fixe. Ils sont par voie de conséquence en avance dans la digitalisation des activités bancaires. Les consommateurs de ces deux pays sont très portés sur les nouveautés digitales. Il n’y a pas le même attachement à sa banque qu’en Europe où le poids des habitudes qui peuvent être familiales est élevé.

En 2015, 76 % des Brésiliens et 59 % des Mexicains sont adeptes de la banque digitale via le téléphone mobile. L’écart entre les générations est faible même si pour des questions de revenus, ce sont les plus les 30 ans qui sont les plus connectés à leurs banques.

Selon l’étude, les utilisateurs de la banque digitale sont ceux qui ont recours le plus à des services complexes : investissements, prêts ou encore assurances. Les facteurs revenus et âge peuvent expliquer que les trois quarts des clients d’une banque digitale utilisent plus de services que les clients des banques classiques. En effet, les clients des banques digitales disposent de revenus supérieurs et sont légèrement moins âgés. Ainsi, ceux qui gagnent plus d’argent sont les plus enclins à utiliser les services numériques des banques : 1,76 fois plus au Brésil et 1,50 fois plus au Mexique.

Pour être en contact avec leur banque digitale, les Brésiliens et les Mexicains passent par le site Internet (90 % d’entre eux), l’application mobile (73 %) et 53 % font appel à un centre d’appel. 90 % ont recours à leur smartphone pour se connecter à leur banque et 45 % à leur tablette.

Sans surprise ; parmi les principales raisons de la connexion arrivent en tête la consultation du solde, la réalisation de virements, la gestion de la carte de crédits et le remboursement de prêts.

Plus des trois quart des Brésiliens et des Mexicains ayant recours à une banque digitale en sont satisfaits et ne pensent pas revenir dans le giron des banques traditionnelles. 71 % considèrent que prochainement il n’y aura que des banques digitales. Plus de 50 % affirment qu’ils sont plus digitalisés que leurs banques jugés pas assez modernes.

 

Chine, un géant africain des énergies renouvelables

Tant sur le plan intérieur qu’à l’extérieur de ses frontières, la Chine s’est engagée pleinement, depuis plusieurs années, dans le développement des énergies renouvelables. Les entreprises chinoises sont ainsi devenues les premiers investisseurs mondiaux dans le solaire, l’éolien et l’hydroélectricité. Elles commencent à jouer un rôle important dans le développement et la gestion des énergies vertes, en particulier, sur le continent africain. S’il y a quelques années, la Chine fournissait essentiellement des équipements, ses entreprises interviennent de plus en plus pour gérer la production et les réseaux.

La Chine consacre depuis 2014 près de 90 milliards de dollars aux énergies renouvelables. L’Afrique est le premier continent d’accueil des investissements chinois réalisés à l’étranger en la matière. Selon le rapport publié par l’Agence Internationale de l’Energie (AIE), la Chine a signé en 2013 pour plus de 13 milliards de dollars de contrats en Afrique. Les entreprises chinoises construisent actuellement 30 % des nouvelles capacités électriques en Afrique subsaharienne (46 % en ne prenant pas en compte l’Afrique du Sud), soit plus de deux cents projets. Les deux tiers de ces investissements sont localisés dans le sud et l’est de l’Afrique. Elles supplantent les entreprises européennes pour la construction des barrages hydroélectriques. Plus de 60 % des barrages construits actuellement en Afrique sont d’origine chinoise.

La Chine applique ainsi les recommandations de Jean-Louis Borloo qui propose l’électrification du continent africain en essayant de réduire au maximum les émissions de CO2. Sur 635 millions d’Africains n’ayant pas accès à l’électricité, 120 millions devraient être prochainement raccordés grâce à la technologie chinoise. Les entreprises françaises, italiennes ou suisses peinent à conserver leurs parts de marché face aux entreprises chinoises qui bénéficient pour le financement de leur projet par l’Exim bank of China. La banque chinoise d’import-export apporte des prêts bonifiés et concessionnels. Elle propose des « offres intégrées » regroupant les études préliminaires, la construction et le financement, et qui sont donc très avantageuses pour des pays en manque de liquidités.

Cette stratégie d’ouverture extérieure de la Chine qui au regard du poids de son économie demeure modeste vise à diversifier les sources de revenus, à créer des réseaux commerciaux et à sécuriser des sources d’approvisionnement. La Chine, en multipliant les investissements à l’étranger, ne fait qu’imiter les occidentaux. Certes, certains considèrent que les entreprises chinoises agissent autant pour elles que pour l’Etat qui les possède ; d’autres mettent en avant que la transparence en particulier au niveau du financement n’est pas garantie. L’arrivée des Chinois, il y a une dizaine d’années, a permis à plusieurs Etats africains de s’affranchir des anciennes puissances coloniales. Mais, aujourd’hui, des tensions apparaissent vis-à-vis des cadres de certaines entreprises chinoises jugées trop envahissantes.