21 octobre 2017

Le Coin des Tendances du 21 octobre 2017

Digital, du retard au rattrapage

L’affaissement de la croissance, ces dernières années, s’est accompagné d’un ralentissement de l’investissement. Les entreprises ont différé la modernisation d’un certain nombre de leurs équipements et ont aussi retardé la digitalisation de leurs activités. Ce retard est assez marqué pour certains pays de l’Union européenne dont la France, l’Italie mais aussi l’Allemagne. Par ailleurs, les ménages ne sont pas, au sein de l’OCDE, à égalité en ce qui concerne l’utilisation d’Internet via leur Smartphone. En raison du rôle accru des applications mobiles et des objets connectés, il est de plus en plus admis que le développement digital passera par l’Internet mobile. La capacité de transmission et l’utilisation de données sans fil dans de bonnes conditions et à grande vitesse est primordiale. La diffusion de la 4G commence à concurrencer les connexions filaires. Avec la 5G, il est fort probable qu’un basculement vers le tout sans fil intervienne.

La France à la traîne

La France reste très mal classée en matière de connectivité selon l’indice publié par la Commission européenne en 2017 (24ème place dans l’Union européenne sur la couverture moyenne des opérateurs en 4G, 26ème place sur le déploiement du très haut débit fixe). Depuis une dizaine d’années, il y a un sous-investissement chronique dans le secteur. Il convient également de souligner que la France est en retard en matière de diffusion des radios via le numérique. La migration de la bande FM vers le numérique a été constamment repoussée du fait de la faiblesse financière des radios dont les recettes publicitaires sont en baisse continuelle.

 

L’Europe et la fibre, un réel retard

 

La part moyenne de la fibre dans les réseaux haut débit fixes de la zone OCDE reste peu élevée, à 21 %. Elle est de 2 % ou moins en Autriche, Belgique, Allemagne, Grèce, Irlande et Israël, mais atteint 74 % en Corée et 75 % au Japon. La France est en retard pour la fibre après en avoir été un ardent partisan. Moins de 8 % des foyers sont en France abonnés à la fibre. 2,6 millions d’abonnements sont, en effet, décomptés. Certes, son déploiement s’accroît : +37% en un an, avec près de 2,5 millions de prises installées. Au total, 8,9 millions de logements sont désormais éligibles à la fibre. Un effort particulier est entrepris pour permettre sa diffusion en milieu rural. Ainsi 4,4 millions de prises sont situées en dehors des zones très denses et 1 million éligibles via des réseaux d’initiative publique. Si l’équipement progresse, en revanche, la montée en puissance des abonnements est plus lente.

L’accès au haut débit mobile, un symbole de la digitalisation de l’économie

Au sein de l’Union européenne, en 2016, deux internautes sur trois ont utilisé leur téléphone pour se connecter à l’internet, contre un sur quatre en 2011. En décembre 2016, en moyenne au sein de l’Union, 99 abonnements au haut débit mobile pour 100 habitants sont dénombrés contre 91, fin 2015. Le Japon est en tête avec un ratio de 152 abonnements pour 100 habitants. La Corée et les pays d’Europe du Nord suivent de près. La France et l’Allemagne apparaissent en léger retrait.

 

L’utilisation des données mobiles par abonnement a connu un essor rapide. Le volume moyen en Finlande (11 Go) est 15 fois plus élevé que celui relevé en République slovaque (0.7 Go). La Lettonie, l’Autriche, la Suède et le Danemark affichent eux aussi des chiffres supérieurs à la moyenne de l’OCDE. La France est en dessous de la moyenne de l’OCDE avec un volume moyen de 1,62 Go.

Baisse des prix mais danger pour l’investissement

Les prix de l’accès Internet haut débit continuent de baisser, en particulier pour les forfaits permettant d’échanger des volumes importants de données. La concurrence a, ces dernières années, provoqué une chute de prix au point mettre en danger l’investissement. Le secteur de la télécommunication est de plus en plus fragile, les opérateurs imposant à tous les acteurs des baisses de prix notamment aux fabricants de mobile.

Le coût moyen d’un abonnement mensuel fixe de 200 Go a chuté de 15,4 % entre juin 2013 et juin 2016, passant de 43 USD à 37 USD (à parité de pouvoir d’achat). Le coût d’un forfait mobile 2 Go a quant à lui diminué de 71 USD en mai 2013 à 39 USD en mai 2016.

Un rattrapage attendu et craint

La détermination du poids des activités digitales est compliquée compte tenu de leur pénétration au sein de tous les secteurs économiques. En retenant la définition de l’OCDE qui prend en compte les entreprises productrices de biens et de prestations à dominante numérique, il apparaît que la France et l’Allemagne sont à la traîne des autres grandes puissances. Un rattrapage est attendu en Europe continentale, ce qui pourrait amener à de profondes évolutions en ce qui concerne l’emploi (secteur bancaires en particulier).

 

Poids du digital dans le PIB des différents pays en %
Corée du Sud 10,1
Royaume-Uni 10,0
Chine 9,2
États-Unis 8,0
Japon 7,6
Inde 7,1
Suède 7,0
France 5,5
Allemagne 5,3

Source : OCDE

 

En France comme en Allemagne, la distribution devrait continuer à se digitaliser. En effet, le e-commerce a capté 8 % des achats des ménages français. Ce canal de distribution devrait atteindre sa maturité autour de 15 %. La concurrence numérique devrait également modifier les structures commerciales physiques qui  seront de plus en plus des « showroom » et des lieux de services. La réduction des effectifs est probable avec une accélération, sans nul doute, du processus d’automatisation des caisses.

Dans le secteur des transports, la révolution est pour demain, avec le développement des véhicules sans conducteur. Cela pourrait modifier l’organisation des transports routiers et du transport de passagers. L’automatisation des lignes de métro devrait s’accélérer (passage de la ligne 4 en automatique sur le modèle de la ligne 1 à Paris).

Le e-commerce, une affaire d’âge ?

Le e-commerce est devenu un réseau de distribution à part entière. Tous les secteurs de la consommation sont concernés, de l’habillement au médicament en passant par les loisirs. Les craintes liées à la communication des données bancaires s’estompent. Néanmoins, les habitudes de consommation en ligne diffèrent, comme pour les autres circuits de distribution, en fonction de l’âge.

Selon une enquête réalisée par l’OCDE, en 2016, 83 % des adultes des États membres de l’organisation ont accédé à l’internet, et 73 % à un rythme quotidien, contre respectivement 56 % et 30 % en 2005. Au sein de l’Union européenne, parmi les personnes ayant utilisé Internet dans l’année précédant l’enquête réalisée par Eurostat en 2016, 66 % ont réalisé des achats en ligne, contre 50 % en 2007. Plus de 8 internautes sur 10 au Royaume-Uni (87 %), au Danemark (84 %) et en Allemagne (82 %) ont fait des achats en ligne au cours de l’année précédente. La France est en-deçà de ces scores mais progresse rapidement.

Les achats en ligne sont fréquents dans tous les groupes d’âge. La proportion la plus élevée de cyberacheteurs a été observée chez les internautes de 25 à 34 ans (75 %), chez les 35 à 44 ans (69 %) ainsi que chez 16 à 24 ans (68%). Parmi les internautes âgés de 65 à 74 ans, 53 % avaient acheté des biens ou des services en ligne au cours de la dernière année. Au cours des dix dernières années, la part des consommateurs électroniques a augmenté pour tous les groupes d’âge, mais surtout pour les jeunes internautes âgés de 16 à 24 ans (de 44 % en 2007 à 68 % en 2016).

Les vêtements en tête de gondole numérique

Environ 6 acheteurs sur 10 dans l’Union ont acheté des vêtements ou des articles de sport en ligne au cours de l’année précédant l’enquête de 2016, ce qui en fait la meilleure catégorie d’achats en ligne. Ces achats devancent ceux liés aux voyages et aux locations de vacances (52 % des acheteurs en ligne), aux biens d’équipement ménager (44 %) et les billets d’événement (38 %). Les achats en ligne de nourriture ou d’épicerie (23 % des acheteurs en ligne) et de médicaments (13 %) étaient moins courants. Parmi les États membres de l’Union, les plus fortes proportions d’acheteurs en ligne ayant commandé des vêtements ou des articles de sport au cours de l’année 2016 ont été observées en Bulgarie (78 %), à Malte et au Royaume-Uni (72 % dans les deux cas). Les jeunes de moins de 25 ans sont les plus présents pour les achats en ligne de vêtements et d’articles de sport (70 % des acheteurs en lignes de moins de 25 ans). Ce taux est de 89 % en Bulgarie et de 81 % en Slovaquie.

Les seniors se rattrapent avec les achats en ligne de produits touristiques

76 % des acheteurs en ligne au Luxembourg et 71 % de ceux du Danemark ont commandé des billets de transports ou réservé des locations de vacances ; ce taux est de 64 % au Royaume-Uni et de 53 % en Allemagne. Les voyageurs en ligne âgés de 45 à 74 ans réservent en ligne majoritairement en ligne leurs voyages. Étant les plus nombreux à se déplacer, ils représentent la cible numéro un des spécialistes en ligne du tourisme. 

Les jeunes actifs s’équipent en ligne

Pour les achats d’articles ménagers, les adeptes d’Internet se situent chez les 35/44 ans. Ce résultat est assez logique car ce sont les jeunes couples qui s’équipent le plus en produits électroménagers. En Europe, plus de la moitié de cette tranche d’âge a au moins acheté un produit électro-ménager en ligne. La République tchèque (60 %) et la Lituanie (57 %) affichaient la plus forte proportion d’acheteurs en ligne ayant acheté des articles ménagers sur Internet.

La pharmacie en ligne, une réalité en Allemagne

Si des pharmacies ont obtenu l’autorisation de ventes de médicaments par Internet en France, le volume des ventes y reste faible. L’ordre des pharmaciens a, en revanche, dénombré plus de 185 sites illégaux. Chez nos partenaires européens, la distribution de médicaments en ligne tend à se développer. Ainsi 29 % des acheteurs en ligne en Allemagne avaient acheté des médicaments via Internet contre quelques pour cents en France. Toujours en liaison avec les habitudes de consommation, les 65-74 ans étaient les plus susceptibles d’avoir commandé des médicaments via Internet (19 %). Sont dénombrés les médicaments avec ou sans ordonnance.

Les Britanniques mangent en ligne

Au Royaume-Uni, 35 % des acheteurs en ligne avaient acheté de la nourriture ou des produits d’épicerie en ligne. En revanche, en France, ce ratio est moins élevé mais progresse avec le développement des services de livraisons à domicile.

Les Européens satisfaits du e-commerce

Plus des deux tiers (68 %) des acheteurs européens n’ont pas déclaré avoir rencontré de problème particulier avec leurs commandes réalisées en ligne. Parmi les problèmes rencontrés, les plus fréquents sont les retards de livraison (17 % des cas) et les défaillances techniques des sites web (13 %).