23 décembre 2017

Le Coin des tendances du 23 décembre 2017

Contes et mécomptes de Noël

Noël, le Nouvel An, l’épiphanie autant de dates donnant lieu à des échanges de présents, à des repas copieux, à des déplacements à travers toute la France voire au-delà. Cette période appelée à juste titre « trêve des confiseurs » est une période faste pour l’économie et en premier lieu pour le commerce.

Quel est le bilan économique et écologique de cette période très particulière ?

En cette année 2017, tout concourt à ce que ces fêtes de fin d’année confortent l’embellie économique que nous connaissons depuis un an. De nombreux secteurs d’activité dépendent des fêtes de fin d’année. Ainsi, 60 % du chiffre d’affaires de l’industrie du jouet est réalisé en novembre et en décembre. 80 % du chiffre d’affaires des producteurs de foie gras sont liés aux fêtes de Noël et du Nouvel An. Les boulangers-pâtissiers, avec les buches de Noël et les galettes des Rois, assurent en quelques semaines 40 % de leur résultat annuel. Plus de 20 millions de galettes sont vendues en quelques jours par les 30 000 boulangers français. Pour les traiteurs, les fêtes représentent un quart de leur chiffre d’affaires. Pour les maîtres chocolatiers, Noël représente 50 % de leurs ventes annuelles. Les ventes sur les sites de e-commerce progressent de près de 20 % entre les mois de novembre et de décembre. La fin d’année, c’est aussi les étrennes qui améliorent le pouvoir d’achat de certaines professions, c’est aussi le temps de la chasse aux niches fiscales.

Mais, est-ce que les cadeaux et les bons repas font le bonheur d’une économie ?

Selon la théorie keynésienne, une augmentation de la dépense des ménages est favorable à la croissance. Les achats de fin d’année nécessitent de la production et du service en amont. Néanmoins, ces achats contribuent à dégrader le solde commercial français, la grande majorité des jouets étant importés tout comme une partie de l’électroménager, du saumon, du caviar. En revanche, l’industrie agroalimentaire en profite pour exporter ses produits aux quatre coins de la planète. Le vin, le champagne, le foie gras, les huîtres sont partagés sur de nombreuses tables au-delà de nos frontières.

À Noël, le gaspillage est de mise. De peur de manquer, de décevoir des convives, nous prévoyons des plats trop garnis, trop riches. Une partie de la nourriture achetée terminera à la poubelle. Par ailleurs, les excès alimentaires de toute sorte occasionneront des arrêts maladie préjudiciable à l’économie. En outre, les cadeaux échangés ont-ils un réel intérêt ? Au nom de l’efficience économique, il faudrait interdire les cadeaux. En effet, en donnant, nous considérons que la valeur de notre travail est nulle. Logiquement, mais, je n’en suis pas certain, tout présent de Noël est donné sans en attendre de retour, de rendement…. En outre, combien de présents termineront au fond d’un placard ? Certes, aujourd’hui grâce aux plateformes collaboratives, il est possible de s’en débarrasser dès le 25 décembre, en toute discrétion ou presque. Les sites « eBay », « PriceMinister » ou « Leboncoin » connaissent un surcroît d’activité juste après les fêtes. Mais, en offrant des biens dont nous ne sommes pas certains qu’ils soient très utiles pour les bénéficiaires, nous gaspillons des ressources rares.

Si Noël était une réelle source ce croissance, il conviendrait de le dupliquer. Pourquoi ne pas prévoir un Noël au moment du solstice d’été ? Pourquoi ne pas imposer, tous les 25 de chaque mois, un échange de cadeaux, un repas ? Cette mesure de salubrité économique s’accompagnerait de la réouverture des ateliers nationaux avec comme missions la confection de cadeaux labellisés « fabriqués en  France ».

Concentrer « les achats de Noël » à Noël n’est pas sain. En effet, les ménages sont conduits à restreindre leur consommation avant pour pouvoir offrir des cadeaux et festoyer. À partir de la fin du mois de novembre, ils se précipitent dans des magasins, de ce fait, surpeuplés pour tenter de trouver le présent dont étrangement le prix a augmenté de 20 % en quelques jours. Noël, c’est un surcroît de stress. Il faut, en un laps de temps limité, trouver le cadeau idoine. Combien de visites inutiles dans des boutiques ? Combien d’heures de perdues dans les embouteillages, dans les transports en commun bondés, dans les files d’attente interminables aux caisses ? Certes, grâce à Internet, il est possible d’échapper à ces contraintes physiques mais le stress durera jusqu’à la remise des présents. Face à la mine déconfite ou blasée du bénéficiaire, nous serons nombreux à nous répéter « tout ça pour ça » mais cela ne nous empêchera pas de recommencer l’année prochaine, même jour, même heure.

La France entend être en pointe en matière de lutte contre le réchauffement de la planète mais le Gouvernement n’a pas prévu de supprimer Noël qui est une très mauvaise affaire sur le plan écologique. Avant d’arriver dans les cheminées, les cadeaux ont souvent fait le tour de la planète. Ainsi, à titre d’exemple, l’ordinateur que vous allez offrir à votre fille, provenant de Chine, aura pris quatre avions différents avant d’arriver à Paris. Il sera passé par la Corée du Sud, le Kazakhstan, l’Allemagne. C’est sans compter que les pièces détachées qui le composent auront traversé plusieurs océans. La frénésie des achats en ce mois de décembre entraîne un accroissement des émissions de gaz à effet de serre, de particules fines. À cela s’ajoute les transhumances familiales.

Après les agapes, après les cadeaux, vient le temps des bonnes résolutions. Au moment du changement symbolique d’année, nous nous fixons des objectifs, maigrir, pratiquer du sport, être plus efficace au travail, être plus aimable avec nos proches. La mesure statistique de ces bonnes résolutions n’a pas été encore réalisée.

Mais, le bilan de Noël ne saurait être mesuré à l’aune de données statistiques de toute façon contradictoires. Les fêtes de fin d’année en permettant une fois par an de rassembler les familles sont des sources de joie. Pour certains, c’est le plaisir de savoir que l’évènement ne se répète qu’une fois par an ; pour d’autres que c’est un moment rare d’échanges et de convivialité. Pour toutes ces bonnes ou mauvaises raisons, passez de Bonnes Fêtes….

 

Quand le particulier devient un commerçant 

De plus en plus de particuliers recourent aux plateformes collaboratives pour vendre et acheter des objets ou des services. L’hébergement, les transports, le bricolage et bien d’autres domaines sont concernés par cette pratique qui modifie le comportement des consommateurs. Ces plateformes facilitent la rencontre de l’offre et de la demande qui auparavant passait par le bouche à oreille et par les journaux de petites annonces. Elles offrent l’avantage de permettre une localisation rapide des vendeurs ou des prestataires de service et offre des éléments de comparaison des prix ainsi que des systèmes de notation ou de commentaire. Par leur développement, ces plateformes constituent un nouveau segment de distribution qui entre en concurrence avec les canaux traditionnels. Elles représentent un véritable défi pour les administrations publiques car ces ventes, ces prestations de service sont réalisées en-dehors des circuits habituels de taxation. Les manques à gagner en matière de TVA, d’impôt sur le revenu, de CSG, de taxe de séjour et de cotisations sociales ne sont pas mineures. Uber, Airbnb et bien d’autres sont dans le collimateur des pouvoirs publics en France comme chez nos partenaires.

Les statistiques en matière de plateformes collaboratives ne sont pas toutes fiables. D’importants écarts existent selon les instituts, preuves du caractère naissant de ces activités. L’INSEE essaie depuis deux ans de recueillir des données sur les nuitées proposées sur les sites comme Airbnb.

Eurostat a également publié des statistiques sur la quasi-totalité des pays européens pour apprécier l’importance des ventes en ligne entre particuliers en ce qui concerne deux secteurs, l’hébergement et les transports.

Selon les résultats de l’enquête 2017 d’Eurostat, 17 % des personnes vivant au sein de l’Union européenne ont obtenu, via des sites web ou des applications, un hébergement (chambre, appartement, maison, résidence de vacances, etc.) auprès d’un autre particulier à des fins privées. La plupart d’entre eux ont utilisé des sites web ou des applications dédiées, mais d’autres types de sites internet ou d’applications (dont les réseaux sociaux) ont également eu leur part pour faciliter ces activités. Ces services en ligne entre particuliers (« peer-to-peer ») sont parties intégrantes de l’économie dite « collaborative » ou « du partage ». Le recours à ce type de services est moins répandu pour les transports, puisqu’il n’est pratiqué que par 8 % des individus dans l’Union.

L’utilisation des plateformes collaboratives pour voyager, pour se loger est plus forte au sein des jeunes générations. 14 % des jeunes de 16 à 24 ans s’en servent pour se déplacer. Il est à noter que les actifs de 25 à 54 ans sont de plus en plus nombreux à réserver un hébergement via ces plateformes (22 % des individus les utilisent régulièrement). Les locations saisonnières passent de plus en plus par ce canal de distribution.

En Europe, les comportements des ménages ne sont pas identiques d’un État à un autre. L’utilisation des plateformes collaboratives dépend du taux d’équipement à Internet et également de la confiance qu’inspire le numérique.

La réservation en ligne d’hébergement entre particuliers est plus commune au Royaume-Uni et au Luxembourg. Près d’une personne sur trois âgée de 16 à 74 ans a réservé, auprès d’un autre individu privé, un hébergement depuis un site web ou une application au Royaume-Uni (34 %), et environ une sur cinq au Luxembourg (22 %), en Irlande (21 %), à Malte et aux Pays-Bas (20 % chacun). À l’inverse, la République tchèque (1 %) affichait le plus faible pourcentage parmi les États membres pour lesquels les données sont disponibles. Suivaient Chypre (4 %), le Portugal et la Roumanie (6 % chacun).

La proportion la plus élevée d’individus ayant obtenu un service de transport auprès d’un autre individu privé via un site web ou une application a également été enregistrée au Royaume-Uni (27 %), devant l’Estonie (20 %) et l’Irlande (17 %). À l’autre extrémité de l’échelle, les plus faibles proportions ont été relevées à Chypre (1 %), en République tchèque, en Autriche, au Portugal et en Roumanie (2 % chacun).

La France se situe en-deçà de la moyenne européenne tant pour l’hébergement que pour le transport. En outre, selon Eurostat, ce résultat est surestimé du fait de la possibilité d’avoir des doubles comptes. Ces résultats sont très éloignés de ceux indiqués par les plateformes collaboratives.

Dans quasiment tous les États membres, la part des individus utilisant des sites web ou applications pour réserver un hébergement auprès d’un autre particulier était plus élevée que pour l’obtention d’un service de transport. Seules l’Estonie (15 % pour l’hébergement contre 20 % pour le transport) et la République tchèque (1 % pour l’hébergement contre 2 % pour le transport) faisaient figure d’exceptions.