23 septembre 2017

Le Coin des tendances du 23 septembre 2017

À bicyclette…

 Dans les grandes agglomérations, l’usage des véhicules individuels recule. À Paris, un Parisien sur deux n’a plus de voiture. En contrepartie, une hausse de la fréquentation des transports collectifs est constatée. Elle s’accompagne, par ailleurs, d’une croissance des transports non motorisés. Début 2017, près d’un Français sur cinq (17 %) opte pour un mode de transport non motorisé pour effectuer ses trajets quotidiens, que ce soit la marche (14 %) ou le vélo (3 %). La France a rattrapé une partie de son retard vis-à-vis de ses partenaires européens. Les Pays-Bas et la Suisse enregistrent les plus fortes proportions de recours aux transports privés non moto­risés, avec près de 45 % de recours à la marche et à la bicyclette, contre 22 % en France et au Danemark. En Suisse, la marche prédomine avec 40 % des déplacements à pied. Au Pays-Bas, les habitants privilégient la bicyclette (26 %), avant la marche (18 % des déplacements). Le Danemark est juste derrière avec 15 % des trajets effectués à bicyclette. Le Royaume-Uni est le pays, juste derrière la France, qui utilise le moins ce mode, avec respectivement 2 % des déplacements.

Depuis 10 ans, en France, la part du vélo dans les transports augmente de nouveau, tout particulièrement en ville. Entre 2009 et 2013, selon le CREDOC, les voiries urbaines aménagées pour un usage cyclable ont augmenté de 75 %, pour atteindre 74 000 km. Les systèmes de location de vélos en libre-service organisés par les collectivités locales ont favorisé ce retour du vélo. « Vélib’ » à Paris capte 40 % des 300 000 déplacements cyclistes quotidiens.

Néanmoins, la voiture reste de loin le premier mode de transports  quotidiens : 65 % des Français utilisent ce moyen de transport, tout comme 65 % des Européens.

Les agglomérations championnes de la marche et du vélo sont de taille moyenne (inférieures à 100 000 habitants). Le taux de recours aux modes non motorisés atteint alors 26 %, soit 9 points de plus que la moyenne nationale. Dans les grandes agglomérations, cette proportion diminue légèrement au profit des transports en commun (20 % dans les agglomérations de plus de 100 000 habitants hors Paris et 23 % en agglomération parisienne). Dans certaines communes comme Strasbourg, Grenoble ou Bordeaux, l’importance du réseau de pistes cyclables favorise une utilisation importante du vélo : 12 % à 16 % des actifs y recourent pour se rendre sur leur lieu de travail contre seulement 4 % à Paris. Du fait de l’absence de transports publics, de la nécessité de se déplacer sur de longues distances pour accéder aux commerces et aux services ainsi qu’en raison d’un âge moyen des habitants plus élevé, c’est dans les communes rurales que les modes non motorisés sont les moins développés. Dans les petites communes, la voiture capte plus de 85 % des déplacements quotidiens.

Pour des raisons physiques et financières mais aussi par conviction, le vélo et la marche sont privilégiés par les plus jeunes.  20 % des jeunes de moins de 25 ans utilisent le vélo ou pratiquent la marchée à pieds de manière quotidienne pour se déplacer. Le recours au vélo et à la marche est logiquement beaucoup plus développé chez les Français qui ne disposent pas de voiture (39 % contre 17 % de l’ensemble des Français) ou n’ont pas le permis de conduire (31 %).

Selon l’INSEE, le recours à des modes de transport non motorisés répond à un  objectif de santé personnelle (pour 81 % des Français). La réduction des dépenses de transports est citée par 67 % des Français. Le poste transport représente le 2e poste de dépenses après le logement. Par ailleurs, 28 % des Français qui se déplacent à pied ou à vélo choisissent ce mode pour limiter l’impact de leurs trajets sur l’environnement.

Si le recours à des moyens de transports non motorisés peut encore progresser en France, la question de la perte de temps est souvent mise en avant par les résidents des grandes villes. Ainsi. 44 % des résidents des villes de plus de 100 000 habitants et 53 % de l’agglomération parisienne se disent prêts à se déplacer à pied ou à vélo si cela ne leur faisait pas perdre de temps (contre 38 % de l’ensemble des Français). Ils placent ainsi cette contrainte en deuxième position, derrière l’agrément du parcours.

Depuis 10 ans, les grandes villes ont mis en œuvre des politiques favorables au vélo : réalisation de stations de vélos en libre-service, voies cyclables, parkings à vélo, parkings relais à proximité des arrêts de transports en commun, goulottes dans les escaliers pour fluidifier les trajets cyclistes, et ateliers de réparation ou d’entretien de vélo, etc. Le « Plan vélo » (2015-2020) de la Mairie de Paris prévoit le développement d’itinéraires de cyclotourisme, l’aménagement d’un réseau express vélo ou la possibilité de faire immatriculer son vélo pour limiter les vols.

 

Quand le numérique dicte sa loi à l’emploi

Avec la transformation digitale de l’économie, le secteur des nouvelles technologies est l’un des segments du marché du travail les plus dynamiques en Europe. Il emploi entre 3 à 5 % de la population active. Ce ratio ne prend pas en compte tous les emplois liés au numérique au sein des entreprises de tous les secteurs d’activité.

Le nombre des professionnels ou experts en technologies de l’information (analystes système ; développeurs de logiciels, site Web ou application ; gestionnaires de réseau et bases de données, ingénieurs et techniciens en technologie de l’information et communication, support utilisateurs etc.) serait évalué, à partir des données de l’enquête emploi européenne, à 7,5 millions en 2014 dans l’Union européenne. Près de la moitié (48 %) est directement liée au secteur des technologies de l’information et de la communication. L’autre moitié exerce ses fonctions dans divers secteurs : finance, média, administrations publiques, commerce et logistique, services aux entreprises etc. Trois pays regroupent à eux seuls la moitié de ces emplois : le Royaume-Uni (22 %, soit 1,65 million d’emplois), l’Allemagne (16 %, 1,2 million) et la France (12 %, 0,9 million).

Au cours de la décennie 2004-2014, l’emploi d’experts dans le domaine numérique a été particulièrement dynamique. Il a progressé de 2,9 millions dans l’ensemble de l’Union européenne, soit une augmentation moyenne de 4 % par an, dix fois plus rapide que l’emploi total. Cette progression rapide a touché tous les pays de l’Union, notamment l’Allemagne (+765 000), la France (+417 000), l’Espagne (+269 000), la Pologne (+182 000) ou le Royaume-Uni (+162 000).

La digitalisation accélérée de certains secteurs entraîne la création d’emplois mais qui ne peuvent être satisfaits faute de candidats formés. Le déficit de compétences pourrait passer de 365 000 emplois en 2015 à 756 000 en 2020 dans l’ensemble de l’Union européenne. Selon un rapport de la Commission européenne, le déficit pourrait même être de 900 000. L’écart entre l’offre et la demande de spécialistes du numérique dans l’Europe des 27 continuera à s’accroitre de 16,4 % en moyenne par an entre 2013 et 2020.

Les goulets d’étranglement seraient particulièrement présents au Royaume-Uni (161 000), en Allemagne (150 000) et en Italie (135 000), ces trois pays regroupant 60 % des emplois européens non satisfaits. La France occuperait une position intermédiaire avec un déficit de 60 0000 emplois faute de candidats. D’ici à 2020, le potentiel d’emplois non satisfaits serait de 80 000.

En France, l’enquête en besoins de main d’œuvre (BMO), réalisée par Pôle Emploi, montre ainsi l’existence de difficultés de recrutement sévères dans les métiers de l’informatique. Selon l’OCDE, en 2015, 42 % des entreprises qui ont cherché à recruter un spécialiste dans le numérique déclarent avoir eu des difficultés. Ce taux élevé est proche de la moyenne de l’Union européenne qui atteint 38 %. Sur 56 840 projets d’embauche identifiés en 2017 relatifs à cinq familles de métiers de l’informatique, 58 % sont considérés, selon Pôle Emploi,  comme « difficiles ».  Les PME rencontrent le plus de difficultés pour attirer des spécialistes du numérique.

La question de la formation professionnelle des actifs

Au sein de l’Union européenne, 13 % des actifs  n’ont aucune compétence digitale et 24 % un niveau faible. Un tiers des actifs ont des lacunes pour les compétences numériques de base. Ces compétences ne se résument pas aux seules compétences techniques. Elles recouvrent également la capacité à manifester un esprit critique et créatif et à utiliser les technologies digitales de manière responsable, notamment en matière de protection de la confidentialité, de l’environnement ou de la santé.

La France occupe une position proche de la moyenne européenne, malheureusement moins favorable toutefois que l’Allemagne, le Royaume-Uni, la Suède, les Pays-Bas ou le Danemark. En France, 8 % de la population active n’a aucune compétence numérique, 27 % un niveau faible, 33 % un niveau de base, et seulement 29 % un niveau supérieur. En comparaison, le Royaume-Uni a seulement 3 % de sa population active qui n’a aucune compétence, 22 % un niveau faible, 25 % un niveau de base et 44 % un niveau supérieur.

Si les disparités en fonction du sexe et de la situation géographique sont faibles, elles sont en revanche élevées pour l’âge et le niveau de qualification. Ainsi, la proportion de personnes possédant des niveaux de compétence numériques de base décroît avec l’âge. Si 82 % des 16-24 ans ont des compétences numériques de base ou supérieures, ce chiffre passe à 74 % pour les 25-34 ans, 61 % pour les 35-44 ans, 53 % pour les 45-54 ans, 40 % pour les 55-64 ans, et 29 % pour les 65-74 ans.

Le  niveau d’éducation est positivement corrélé au niveau de compétences numériques, seules 31 % des personnes peu qualifiées ont des compétences numériques de base ou supérieures, quand ce chiffre est de 56 % pour les personnes moyennement qualifiées et de 84 % pour les personnes très qualifiées.

Avec l’allongement des durées de cotisation pour la retraite et donc du travail, le recours à la formation continue devient indispensable pour assurer l’employabilité de tous les actifs de 15 à 67 ans. Le recours croissant aux techniques numériques suppose donc un effort tout particulier qui ne pourra s’accroître dans les prochaines années. La France comme la  majorité des États européens sont en retard en matière de digitalisation, les crises de 2008/2009 et de 2011/2012 ayant pesé sur les investissements. Un rattrapage est attendu mais il pourrait buter sur le goulet d’étranglement des compétences.