25 juin 2016

Le Coin des Tendances du 25 juin 2016

Les leçons américaines et japonaises sur la révolution digitale

La France, tout comme l’Allemagne, sont en retard par rapport aux États-Unis, le Japon et l’Europe du nord en matière de digitalisation de leur économie.

 

  Poids du numérique

 dans le % du PIB

Corée du Sud 10,1
Royaume-Uni 10,0
Chine 9,2
États-Unis 8,0
Japon 7,6
Inde 7,1
Suède 7,0
France 5,5
Allemagne 5,3

 

Le secteur du digital emploie 3,5 % de la population active contre 5 % au sein des pays les plus avancés dans mutation technologique. En Europe, les TIC représentent 3,7 % des emplois contre 4,5 % aux États-Unis. Ce taux est de 3,5 % en France, de 5 % aux Pays-Bas, de 7 % en Finlande.

Certains considèrent que la France comme le reste de l’Europe continentale devraient dans les prochaines années rattraper les pays en tête. D’autres jugent l’adaptation indispensable afin de pouvoir monter en gamme l’outil productif français. Il est prévu que le poids du digital devrait passer, en France, de 5 à 7 % voire 9 % du PIB d’ici 2020. Cet alignement est-il souhaitable au regard des résultats de nos partenaires plus engagés que nous dans la mutation digitale ?

Que ce soit aux États-Unis, au Japon ou au Royaume-Uni, la montée en gamme par le recours accru aux techniques numériques s’est révélée néfaste pour les salariés. En effet, sous l’effet de l’automatisation des tâches, le marché du travail se segmente de plus en plus ; d’un côté des salariés très qualifiés produisant ou gérant les Nouvelles Technologies, de l’autre, un grand nombre de salariés peu qualifiés repoussés dans les services peu sophistiqués.

Aux États-Unis, les emplois cadres moyens, d’employés qualifiés ont diminué de plus de 15 % depuis vingt ans. Sur la même période, ces emplois ont reculé de plus de 10 % au Danemark ou au Royaume-Uni. Ils ont diminué de 9 % en France et de 7 % en Allemagne.

 

Les raisons du retard de la France

L’effort de R&D a été plus important, ces dernières années, aux États-Unis, au Japon ou en Europe du Nord qu’en France. Les dépenses de recherche et développement se sont élevées à 2,26 % du PIB en 2014 en France contre 3,58 % au Japon et 2,75 % aux États-Unis. L’investissement dans les NTIC, hors logiciels, représente en France 0,5 % du PIB contre 1,4 % aux États-Unis. Le nombre de robots industriels achetés pour 1000 emplois industriels a été, en 2015, de 1,2 en France contre 3,17 au Japon et de 2,4 aux États-Unis.

Sans que cet effort d’investissement ne soit la seule raison, les salaires n’ont progressé aux États-Unis de 2002 à 2015 que de 5 % quand la productivité par tête a augmenté de plus de 25 %. Au Japon, le salaire réel a augmenté de 7 % et la productivité par tête de 12 % sur la même période. En France, le salaire réel s’est amélioré de 14 % et la productivité de 10 % ce qui n’est pas sans posé, par ailleurs, un problème de compétitivité… La France est un des pays ayant perdu le plus de parts de marché à l’exportation au cours de ces vingt dernières années.

L’emploi manufacturier a, de 2002 à 2016, diminué dans les trois pays. La baisse est de près de 25 points en France, de 20 points aux États-Unis et de 13 points au Japon.

Si les États-Unis ont retrouvé une situation de plein emploi, c’est au prix d’une augmentation des emplois à faible qualification et à faible rémunération au sein des secteurs de la distribution, des loisirs, des services à la personne où le pouvoir de négociation des salariés est faible.

Cette mutation du marché du travail est-elle temporaire en relation avec la diffusion de nouveaux processus de production ou est-ce un phénomène durable. Dans le premier cas, de nouveaux emplois avec des qualifications plus élevées devraient se multiplier permettant une élévation de la croissance ; dans le second cas, la segmentation du marché du travail posera de plus en plus de problèmes sociaux et de croissance.

 

Les salariés français et le numérique, font-ils bon ménage ?

Selon une récente enquête réalisée par TNS Sofres, les Français, actifs, ont plutôt une vision positive du numérique. Ainsi, 57 % des salariés estiment qu’il représente une opportunité pour eux comme pour leur entreprise. Ce taux monte à plus de 66 % chez les cadres supérieurs. Les dirigeants d’entreprise sont près des trois quarts (72 %) à considérer que le digital est une opportunité pour leurs collaborateurs. Ils sont 83 % à penser que le numérique est positif pour leur entreprise.

Les salariés français ne font pas montre d’allergie vis-à-vis du numérique. Ils sont 87 % à se déclarer à l’aise. Ce taux est de 93 % chez les dirigeants d’entreprise.

Les salariés pensent avant tout que le numérique est une source de simplification et de souplesse. En les questionnant sur les aspects négatifs du numérique, les salariés mettent en avant, le stress et la difficulté à intégrer le process. Pour les dirigeants d’entreprise, le numérique signifie simplification, opportunité et souplesse.

Deux tiers des salariés estiment que leur entreprise est en phase avec l’évolution numérique de la société. Ce taux est de 83 % chez les dirigeants d’entreprise ; Il y a néanmoins un salarié sur trois qui estime que son entreprise est en retard.